Atelier 4 : Représenter les frontières

6-8 juin 2012
Maison des astronomes
IMéRA
2, place Le Verrier
13004 Marseille

Organisation: Cédric Parizot (IMéRA/CNRS-IREMAM), Anne Laure Amilhat-Szary (PACTE, Université Joseph Fournier, Grenoble), Isabelle Arvers (Curatrice indépendante, Marseille), Jean Cristofol (École Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence), Nicola Mai (IMéRA/London Metropolitan University)

L’objectif de ce séminaire de recherche est d’ouvrir un chantier de réflexion sur les difficultés, modalités, voire impossibilités de représenter les frontières dans leur complexité (éclatement, flexibilisation, frontières ponctiformes, virtualisation, etc.), leurs vécus de plus en plus asymétriques, et les nouveaux modes de contournement qu’inventent les populations.

6 Juin : Session 1

Nicola Mai (Anthropologist, IMéRA/London Metropolitan University)
Présentation en exclusivité du projet film / recherche Emborders : problématiser l’humanitarisme sexuel à travers la création d’un film expérimental

Heath Bunting
Atelier de construction d’une identité nouvelle

7 juin: Session 2 – Cartographier la frontière et ses transgressions

Olivier Denert (Secrétaire Général de la Mission Opérationnelle Transfrontalière)
Cartographie des régions transfrontalières, présentation de l’Atlas de la MOT : Contexte, méthode, conséquences et usages

Aurélie Arnaud & Michel Chiappero (Institut d’Urbanisme et d’Aménagement Régional, AMU, laboratoire LIEU, Marseille)
Cartographie d’objets complexes : la frontière

Ron Terrada (Artiste, Canada)
Voir l’autre côté du signe

7 juin : Session 3 – Pour une approche non-représentationnelle des frontières

Anne-Laure Amilhat Szary (PACTE, Université Joseph Fournier, Grenoble)
Incorporer la frontière : une approche non représentationnelle des frontières

Cédric Parizot (IMéRA/CNRS-IREMAM) et Ariel Handel (Tel Aviv University)
Indexer des espaces incertains : les Palestiniens de Cisjordanie confrontés aux systèmes de contrôle israéliens (2005-2010)

Jérôme Epsztein (INMED-INSERM U901)
Des réseaux neuronaux pour représenter l’espace et ses frontières

8 juin: Session 4 – La frontière en scène

Patrick Bernier et Olive Martin (Artistes, France)
À travers champs: une certaine façon de faire l’école buissonnière

Norma Iglesias Prieto (San Diego State University)
‘Transborderism’ and Social Imaginary in the U.S.-Mexican Border from antiAtlas of Borders

Atelier LIMO (Simon Brunel & Nicolas Pannetier, collectif d’artistes-architectes et cinéastes, Berlin)
« Border Speaking » : de la notion abstraite à l’espace de projet

7 juin : Table ronde – Transgresser la recherche sur les frontières

Quelles premières conclusions sur le possible renouvellement des analyses frontalières peut-on tracer à partir de cette première année de dialogues méthodologiques entre sciences, technologies représentations et art ?

The panelists will summarize and discuss the outcomes of the workshops that were previously held in the context of the ‘Borders in the 21st Century’ transdisciplinary project. These workshops address strategic issues such as the role of networks, technology and dynamics of materialization / dematerialization in the transformation and representation of borders in contemporary times. Altogether, the project shows that formal and experimental scientific and artistic theories, models and techniques provide useful conceptualization tools that can productively be intersected with social science analyses. These innovative conceptualizations were presented to people involved in the control and management of borders (customs authorities, government officials, security industrials or military representatives) and were recognized as useful tool to discuss the practical, social, political and ethical implications of the different forms of contemporary border transformations examined in the context of the project. They constitute important steps toward the publication of an Anti-Atlas of Borders at the Turn of the 21st Century, an initiative that will showcase the outcomes of the ‘Borders in the 21st Century’ transdisciplinary project through an innovative art/science platform, including a book, an interactive website and an exhibition.

Résumés / Abstracts

Nicola Mai (Anthropologist, IMéRA/London Metropolitan University)
Emborders : problématiser l’humanitarisme sexuel par le cinéma expérimental

L’augmentation et la diversification contemporaines des flux migratoires à l’échelle mondiale coïncident avec l’apparition de formes de gouvernance humanitaire. Celles-ci gèrent des groupes de migrants «indésirables», qui sont stratégiquement construits comme vulnérables. Parce que des politiques plus restrictives encadrent les migrations mondiales, l’octroi de l’asile et la protection sociale des groupes de migrants vulnérables sont devenus de nouvelles frontières corporelles entre l’Occident et le reste du monde. Des droits fondamentaux sont attribués sur la base de la performance dans le répertoire de ‘vraie victime’, dans lequel la mise en scène du corps souffrant du migrant devient un outil stratégique pour susciter la compassion et la solidarité. Dans la gouvernance humanitaire globalisée des migrations, le genre et la sexualité sont devenus des répertoires narratifs stratégiques. A travers ces répertoires, les hiérarchies entre les origines ethniques et les classes sociales, ainsi que les barrières à la momobilité qui y sont associées, se trouvent renforcées. « L’humanitarisme sexuel » peut se définir comme l’accent mis sur la dimension sexuelle pour construire comme vulnérables et contrôler des groupes spécifiques de migrants par des interventions humanitaires.

L’augmentation et la diversification contemporaines des flux migratoires à l’échelle mondiale coïncident avec l’apparition de formes de gouvernance humanitaire. Celles-ci gèrent des groupes de migrants «indésirables», qui sont stratégiquement construits comme vulnérables. Parce que des politiques plus restrictives encadrent les migrations mondiales, l’octroi de l’asile et la protection sociale des groupes de migrants vulnérables sont devenus de nouvelles frontières corporelles entre l’Occident et le reste du monde. Des droits fondamentaux sont attribués sur la base de la performance dans le répertoire de ‘vraie victime’, dans lequel la mise en scène du corps souffrant du migrant devient un outil stratégique pour susciter la compassion et la solidarité. Dans la gouvernance humanitaire globalisée des migrations, le genre et la sexualité sont devenus des répertoires narratifs stratégiques. A travers ces répertoires, les hiérarchies entre les origines ethniques et les classes sociales, ainsi que les barrières à la mobilité qui y sont associées, se trouvent renforcées. « L’humanitarisme sexuel » peut se définir comme l’accent mis sur la dimension sexuelle pour construire comme vulnérables et contrôler des groupes spécifiques de migrants par des interventions humanitaires.

Le film et projet de recherche Emborders problématise l’efficacité et les finalités de l’humanitarisme sexuel en comparant les expériences de deux groupes de migrants: ceux qui travaillent dans l’industrie du sexe et ceux qui appartiennent à des minorités sexuelles. Les deux groupes sont respectivement ciblés par l’humanitarisme sexuel comme victimes potentielles de traite et comme réfugiés sexuels. Emborders assemble les récits de victimisation et d’émancipation que les migrants des deux groupes produisent dans le cadre des interviews de recherche. Le projet présente de vraies histories de vie et de vraies personnes, qui seront jouées par des acteurs pour protéger l’identité des interviewés et pour reproduire la dimension performative qui caractérise leur auto-représentation dans le contexte des interviews. Emborders est une mise en scène scientifique des histoires de vie des migrants ciblés par l’humanitarisme sexuel. Il est également une réflexion artistique sur la nature intrinsèquement fictionnelle de toute narration de soi. En utilisant des acteurs pour mettre en scène de vraies personnes et de vraies histoires de vie, le projet problématise ce qui constitue une réalité crédible et acceptable en termes scientifiques, filmiques et humanitaire.

Heath Bunting
Atelier de construction d’une identité nouvelle

Heath Bunting présentera tout d’abord le projet Status, initié en 2004, et qui propose un système numérique de production d’identités. Il se compose d’une base de données contenant plus de 5.000 entrées sur les différents éléments d’identification d’une personne. Ce système est disponible sur le site irational.org. A partir de l’interconnexion de toutes ces données, il produit des cartes représentant des réseaux et permettant de générer un statut social. L’ensemble de nos actes et déplacements sont tracés. Pour prendre un abonnement à la bibliothèque, une carte de transport ou encore faire des achats en ligne, nous remplissons en permanence des formulaires où nous laissons de manière anodine des données nous concernant: nom, adresse, numéro de carte bancaire, téléphone… En combinant l’ensemble des données disponibles sur une personne, il est alors possible de lui attribuer un statut social. Status révèle comment de telles constructions influencent ensuite notre mobilité au sein de l’espace social en ligne ou hors ligne. Ensuite, l’artiste organisera un atelier de réflexion avec le public pour tester les multiples possibilités de jeu et de production de nouvelles identités.

Olivier Denert (Secrétaire Général de la Mission Opérationnelle Transfrontalière)
Cartographie des régions transfrontalières, présentation de l’Atlas de la MOT : Contexte, méthode, conséquences et usages

La MOT a publié sa première carte transfrontalière en 1999, qui donnait pour la première à voir les flux de travailleurs frontaliers entre la France et ses pays voisins. Un atlas comportant une centaine de planches a été publié en 2001 puis augmenté et réédité en 2007, ses cartes sont depuis lors régulièrement remises à jour. Il s’agit de montrer la portée novatrice, tant sur le plan technique que politique d’une telle démarche, les nombreuses difficultés techniques auxquelles est confronté tout producteur et concepteur de données transfrontalières dans leur dimension tant statistique et cartographique, la voie ouverte par ce type de document dont l’approche est restée jusqu’à présent sans équivalent en France ni dans les différents pays européens, et les différents usages et impacts d’un tel outil sur la connaissance transfrontalière.

Aurélie Arnaud & Michel Chiappero (Institut d’Urbanisme et d’Aménagement Régional, AMU, laboratoire LIEU, Marseille)
Cartographie d’objets complexes : la frontière

La production cartographique a considérablement évolué ces dernières années, notamment avec l’avènement de la géovisualisation. Cependant, la carte statique reste un moyen de communication encore très prisé pour représenter les phénomènes de transfrontaliarités : par exemple les Atlas du Monde et les atlas de l’atelier de cartographie de SciencePo Paris. Hélas, ces derniers témoignent d’un manque de réflexion sur la représentation cartographique de l’objet « frontière » qui contient à la fois une dimension temporelle, incertaine, de nombreux attributs thématiques à représenter simultanément, etc. Bien que le langage cartographique édicté par Bertin en 1967 reste valide, un vide sémiologie limite sa représentation. En tenant compte des recherches sur l’organisation de l’information et la représentation cartographique des phénomènes de transfrontaliarités entamées par le projet Hypercarte (Grasland et alii, 2005), nous proposons une étude des représentations cartographiques des transfrontaliarités. Quels thématiques/objets sont traités sur les cartes ? Quelles représentations graphiques sont attribuées à ces objets ? Quels types de légendes sont affectés à ces cartes ? Afin de répondre à notre questionnement nous tenterons dans un premier temps de construire des diagrammes objets/classes génériques à deux territoires transfrontaliers distincts par leur culture, géolocalisation, politique et environnement naturel, mais comportant des similitudes. En effet, dans les deux cas il s’agit d’une échelle internationale terrestre et maritime : les Andes (Chili-Pérou-Bolivie-Argentine) et la Méditerranée. Cette échelle est encore peu étudiée dans ce domaine. La perspective de ces diagrammes est leur utilisation par les cartographes et géomaticiens réalisant des applications sur des zones transfrontalières. Dans un second temps, nous réaliserons un état de l’art critique des représentations des objets frontaliers à travers des références conceptuelles connues en utilisant des grilles de sémiologie graphique (Bertin, 1967 et la grille de Béguin et Pumain, 2000) et une grille chorématique (Brunet, 1986). La perspective de ce travail est d’orienter des choix de représentations intégrables aux diagrammes. L’objectif final de cette recherche est d’entamer une réflexion sur une méthode universelle de cartographie des transfrontaliarités.

Ron Terrada (Artiste, Canada)
Voir l’autre côté du signe

En tant qu’artiste visuel, mon premier matériau est le langage et le texte. Ceux que j’utilise dans mon travail sont considéré comme familiers et peut-être négligés ; je traite la langue comme un ready-made culturel. Partant de propositions soulevées par le pop-art et l’art conceptuel, mon travail a évolué de la peinture sur impression, à la diffusion de musique pop et diverses formes de signalisation – tant au sein de galeries que dans le cadre d’interventions dans la sphère publique. Ce travail n’opère pas uniquement au sein du champ de la consommation et de la circulation spécifique au monde de l’art, mais aussi au sein de champs politiques et sociaux larges et complexes. Pour Ré-imaginer ou ré-imaginer les frontières, ma discussion se concentrera sur la signalisation, et plus spécifiquement sur deux travaux clefs liés aux frontières : Entering City of Vancouver (2002) et You Have Left American Sector (2005). Les deux sont des panneaux de signalisation de type autoroutiers qui cherchent à mettre l’accent sur l’idée de frontière et suggèrent un changement symbolique au sein d’un paysage.

Anne-Laure Amilhat Szary (PACTE, Université Joseph Fournier, Grenoble)
Incorporer la frontière : une approche non représentationnelle des frontières

Au-delà de la critique du regard qu’ont engagée les géographes féministes, c’est l’irruption du corps dans l’analyse du paysage qui est en jeu. C’est l’ensemble du corps humain qui ressent et vit son environnement, et fait le paysage. Certains spécialistes du paysage ont de plus en plus intégré leur parcours et les sensations provoquées par ces itinérances : « Quand je regarde, je vois avec le paysage. »[1] (Wylie 2007). On pourrait aller jusqu’à accorder au paysage une nature performative plus complexe que celle qui consiste à affirmer que le paysage impose le pouvoir. Cette approche, travaillée depuis une dizaine d’années, a récemment été qualifiée d’« approche relationnelle du paysage » (Crouch 2010). Ce terme a l’avantage de mettre en avant l’interaction entre les composantes matérielles et sensorielles de l’environnement, tout en contournant le problème de leur représentation, critiquée pour la distance qu’elle impose. Si ces travaux s’appuient sur la phénoménologie, c’est pour en critiquer un aspect important, la notion même de représentation, mettant en avant le fait que la construction d’un concept à partir de la perception n’a pas forcément besoin de la médiation d’une représentation.
Le paysage illustre cette difficulté : à la fois signifiant et signifié, on ne peut le saisir qu’en dépassant l’analyse sémiologique. Le travail que je mène sur le lien que construisent les artistes visuels contemporains avec les espaces frontaliers s’inscrit dans une démarche que Nigel Thrift (Thrift 2008) a caractérisée sous le terme de « théorie non-représentationnelle ». Une telle démarche de mise en valeur de la valeur pratique du paysage pouvait néanmoins avoir l’inconvénient de gommer presque totalement l’éventuelle finalité esthétique du paysage. Une approche par l’œuvre d’art permet d’accompagner la compréhension du paysage d’une analyse de l’image, sans réduire l’une à l’autre. Je propose ainsi de travailler sur l’image que construit le tracé des frontières-murs ainsi que sur sa transformation par des artistes visuels. Les recherches sur la production culturelle sur les espaces frontaliers permettent ainsi de travailler le statut de l’image-icône-simulacre dans les relations entre espace et pouvoir.

édric Parizot (IMéRA/CNRS-IREMAM) et Ariel Handel (Tel Aviv University)
Indexer des espaces incertains : les Palestiniens de Cisjordanie confrontés aux systèmes de contrôle israéliens (2005-2010)

Depuis le déclenchement de la seconde Intifada (2000), les autorités israéliennes ont introduit un grand degré d’incertitude dans les déplacements quotidiens des Palestiniens. Entre 2000 et 2005, la multiplication et le caractère aléatoire des contrôles déployés par Israël en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, empêchent les Palestiniens de prévoir le temps et l’orientation de leurs trajectoires. Il leur est impossible de se projeter dans une réalité cartographiable. Ces contrôles apparaissent d’autant plus aléatoires que leurs agents ne sont pas toujours visibles. Les tours de guets et systèmes de caméras produisent un effet panoptique. Enfin, le droit de se déplacer n’est jamais acquis. La multiplication des régulations et des autorités chargées de leur application donnent lieu à des injonctions contradictoires fréquentes renforçant le sentiment d’arbitraire. Si les années post-Intifada (2005-2010) connaissent un relâchement relatif de ces systèmes de contrôle, les trajectoires des Palestiniens restent encore marquées par un certain degré d’incertitude.

Les recherches qui ont tenté d’évaluer l’effet ces systèmes de contrôle israéliens sur le rapport à l’espace des Palestiniens sont nombreuses. Si certaines se contentent de postuler l’effet de tel ou tel dispositif (tel que l’effet panoptique), d’autres évaluent cet impact à travers des récits d’expériences extrêmement riches. Cependant, en insistant sur les effets de ces dispositifs plus que sur les réactions et les ajustements des Palestiniens, ces recherches se limitent à une sociologie du pouvoir. En nous concentrant au contraire sur des exemples d’adaptations et de contournement de ces mécanismes de contrôle, nous proposons d’analyser la manière dont les Palestiniens développent des formes alternatives d’indexation de l’espace et de leurs trajectoires. Il ne s’agit pas de négliger l’effet perturbateur des dispositifs de contrôle israéliens sur la vie quotidienne des Palestiniens, mais d’envisager comment des acteurs confrontés à des espaces incertains peuvent réintroduire un degré de certitude et recouvrir une maîtrise relative de leur trajectoire.

Jérôme Epsztein (INMED-INSERM U901)
Des réseaux neuronaux pour représenter l’espace et ses frontières

La façon dont nous nous représentons l’espace ainsi que notre position dans cet espace est un objet de réflexion épistémologique depuis des siècles. Récemment, avec le développement de la psychologie expérimentale et des neurosciences, nous avons commencé à aborder cette question d’un point de vue expérimental. Les travaux réalisés au cours des trente dernières années ont permis de révéler un certain nombre de régions du cerveau et de réseaux de neurones impliqués dans le codage et la mémorisation de l’information spatiale. Les « cellules de lieu » sont des neurones de l’hippocampe, une région située dans le lobe temporal du cerveau, qui sont actifs uniquement lorsqu’un animal se trouve dans un endroit donné de son environnement. Au contraire, l’activité des « cellules de grille» du cortex entorhinal, une autre région du lobe temporal, est modulée de façon périodique selon une matrice de triangles équilatéraux qui couvre tout l’environnement. Les « cellules de direction de la tête » sont actives lorsqu’un animal est orienté dans une direction donnée alors que d’autres neurones sont activés spécifiquement par des frontières géométriques présentes dans l’environnement. L’activité de cet ensemble de cellule pourrait déterminer la façon dont nous nous représentons et mémorisons notre position dans l’espace.

Patrick Bernier et Olive Martin (Artistes, France)
À travers champs: une certaine façon de faire l’école buissonnière

En partant de notre expérience personnelle d’artistes motivés par l’exploration transdisciplinaire et la présentation de plusieurs de nos projets, nous essaierons de partager et d’interroger ce désir de frottement, de métissage de notre champ d’activité, celui de l’art contemporain, avec d’autres, soit proches, comme le cinéma (Manmuswak, film, 16′, 2005), soit plus lointains, comme le droit (Plaidoirie pour une jurisprudence, performance, 45′, 2007)

Norma Iglesias Prieto (San Diego State University)
‘Transborderism’ and Social Imaginary in the U.S.-Mexican Border from antiAtlas of Borders

Mon point de départ est que la frontière – à la fois dans sa dimension géopolitique et symbolique – marque la vie et l’expérience des sujets et que cette condition affecte, à son tour, la manière dont nous représentons la frontière. L’imaginaire social est construit à partir d’une série de représentations sociales qui répondent à différentes conditions de frontière. Mon travail analyse les degrés de transfrontiérisme (transborderism) et leur relation aux niveaux de complexité des représentations sociales à la frontière américano-mexicaine, en particulier dans la région de Tijuana-San Diego. Dans ma présentation, je parlerai tout d’abord de l’énoncé théorique qui fonde la notion de frontière et de transfrontiérisme ; ensuite, j’analyserai différentes expressions culturelles (art visuel, récits oraux, animations cinématographiques) qui montrent différent niveaux de complexité des représentations sociales sur cette frontière particulière.

Atelier LIMO (Simon Brunel & Nicolas Pannetier, collectif d’artistes-architectes et cinéastes, Berlin)
« Border Speaking » : de la notion abstraite à l’espace de projet

Nous proposons dans cette intervention de présenter la méthodologie que nous avons développée pour appréhender l’objet frontière en décortiquant les différentes phases de notre projet « Border Speaking » sur lequel nous avons travaillé de 2006 à 2009. Du parcours initiatique à l’organisation d’événements culturels dans les lieux symboliques de la frontière en passant par le relevé photographique de plus de 200 postes de contrôles, cette présentation pourra s’articuler de la manière suivante:
– appréhender un concept par le parcours > 3 mois de voyage
– représenter en construisant des points de repères > 238 points de frontière
– visible et invisible : la frontière et sa mémoire > le film
– la frontière, espace de projet > ré-interprétation des lieux frontaliers
Ces quatre points seront illustrés par une présentation de la base de données database.atelier-limo.eu, un extrait du film documentaire « La frontière intérieure » et une vidéo de trois minutes présentant le projet « Border Speaking ».

Partenariats

IMéRA (Aix-Marseille Université), Ecole supérieure d’Art d’Aix-en-Provence, Laboratoire PACTE (Université de Grenoble), Institut de Recherche et d’Etudes sur le Monde Arabe et Musulman (IREMAM, CNRS-AMU), Laboratoire Méditerranéen de Sociologie (LAMES, CNRS-AMU), Aix-Marseille Université, Réseau Français des Instituts d’Etudes Avancées (RFIEA), Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, CNRS

Photographie : Myriam Boyer, 2012