Colloque – No(s)Limites : Capter, penser, (re)transmettre les espaces et leurs frontières

13,14, 15 Décembre 2021
Ecole supérieure d’Art d’Aix-en-Provence
Rue Emile Tavan
13100 Aix-en-Provence

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ID de réunion : 919 7165 1990
Code secret : 695493

Journées Thématiques

Organisées par Anna Guilló, Cédric Parizot et Peter Sinclair avec le partenariat de l’Ecole Supérieure d’Art Félix Ciccolini d’Aix-en-Provence, de l’Institut de Recherche et d’Etudes sur les Mondes Arabes et Musulmans (Aix Marseille Université/CNRS), du Laboratoire d’études en sciences des arts (LESA, Aix-Marseille Université) avec le soutien de la Fondation Amidex.

Ces journées sont ouvertes au public sur inscription et dans la limite des places disponibles. Envoyer un mail à: cedric [.] parizot [at] gmail [.] com

Étalées sur trois jours, ces journées thématiques réuniront des chercheurs, des enseignants et des artistes pour s’interroger sur la manière dont les différents dispositifs de perception et de captation (médias) organisent notre manière d’être au monde. L’accent sera porté sur la question des limites et des espaces de nos sociétés contemporaines. Ces échanges permettront d’aborder les articulations étroites entre les processus de perception, de production, les technologies et les dynamiques politiques, économiques et culturelles qui traversent nos sociétés.

Au cours de ces trois jours, les participants évoqueront les collaborations qui se sont établies entre l’ESAAix et les laboratoires de la Maison méditerranéenne des sciences, ainsi que la convergence récente entre Locus Sonus et l’antiAtlas des frontières. De même, elles invitent d’autres artistes et d’autres chercheurs dont les pratiques expérimentales visent à prendre connaissance du monde à travers des démarches qui se démarquent également des pratiques académiques conventionnelles.

Ces journées thématiques s’inscrivent dans le programme “La recherche par l’écoute: expérimentations artistiques et dispositifs critiques” mis en oeuvre par Locus Sonus Locus Vitae LSLV (ESAAix), l’Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans (Aix Marseille Université/CNRS) soutenu par l’accord cadre entre le ministère de la Culture et le CNRS, et le Laboratoire d’études sur les arts (LESA, Aix Marseille Université/CNRS). Cet événement est également soutenu par la Fondation Amidex.

Lundi 13 décembre 2021

9h00 Introduction

Anna Guilló – LESA ; Cédric Parizot, anthropologue, IREMAM (Aix Marseille Université/CNRS) ; Peter Sinclair, artiste enseignant, Locus Sonus (École supérieure d’art d’Aix-en-Provence)

10h00-12h00 Session 01 : Réinventer le documentaire

Baptiste Buob – anthropologue, Lesc (Université Paris Nanterre/CNRS).

– Jean Rouch : des limites de la captation aux voies de la ciné-transe

Considéré, selon ses propres dires, comme un anthropologue par les cinéastes et un cinéaste par les anthropologues, Jean Rouch déborde allègrement les limites étroites du jeu des assignations disciplinaires. En présentant quelques-unes des facettes de cet homme pluriel, il s’agira plus particulièrement ici de traiter de sa « mystérieuse » ciné-transe, notion qui contribue à libérer la pratique filmique du vernis naturaliste que l’anthropologie tend encore, parfois, à lui appliquer.

Le laboratoire des hypothèses : collectif constitué de Nelly Catheland, Ce Soir (Hugo & Lise), Pauline Charpentier, Jocelyn Desmares, Fabrice Gallis, Eddy Godeberge, Charline Guyonnet, Romaric Hardy, Arthur James, Sophie Lapalu, Lou Lapalu Gallis, Émilie Launay, Margaux Lecoursonnois, Frédéric Leterrier, Théo Levillain, Virginie Levavasseur, Marthe Mauny et Sopi N’Guia

– Sommes-nous seul⋅es dans l’univers ?

La pluralité des mondes fascine les savants depuis des millénaires, de Démocrite jusqu’à Carl Sagan, en passant par Giordano Bruno. Aujourd’hui, pour la première fois dans l’histoire de notre espèce, nous possédons la science et la technologie requises pour éclairer cette question, notamment grâce à la découverte de milliers d’exoplanètes et d’une profusion de « super-Terres ». Reste à savoir si d’autres intelligences que la nôtre peuplent l’Univers et comment communiquer avec elles, voire les rejoindre. Le laboratoire développera ces hypothèses en regard de ces questions.

14h00-16h00 Session 02 : À l’écoute du monde

Peter Sinclair, ESAAIX, Locus Sonus

– Le son, quelles limites?

Cet exposé explore l’idée qu’une approche audio centrée peut changer la perception de nos limites en livrant une réflexion sur la perception de l’espace et du temps, entendus plutôt que vus. De quels a priori devons-nous nous débarrasser pour ce faire? Où commencent, où se terminent, quelles sont la direction, la perméabilité et la continuité de nos écoutes? Enfin, comment cette approche par l’écoute peut-elle être appliquée au quotidien aussi bien qu’à nos recherches puisqu’elles concernent, peut-être avant tout, nos façons d’aborder notre monde?

Roberto Barbanti, Professeur émérite au département Arts plastiques de l’Université Paris 8
– Penser l’akousis, une nouvelle façon d’entendre ?

En se basant sur l’observation visuelle du monde, la théorie – « théoria (au sens grec de “forme de connaissance” qui vient du regard) », comme écrit le géographe Eugenio Turri – a forgé l’histoire esthétique-épistémologique occidentale. Il s’agit d’une lecture du réel qui montre aujourd’hui des limites infranchissables. Un autre devenir esthétique-épistémologique fondé sur l’akousis, l’action d’entendre, pourrait être interrogé afin d’engendrer une forme de connaissance adéquate à notre temps.

Mardi 14 décembre 2021

10h00-12h00 Session 03 : Dérives

Ximena Alarcon, Independent Sound Artist. Résident à The Studio, Enterprise and Innovation Hub à l’université de Bath Spa.
– INTIMAL: a telematic « embodied » system for listening to our migrations

INTIMAL est un système incarné pour écouter nos voyages migratoires, pour sentir le lieu et la présence, se connecter avec les autres à travers des endroits éloignés. Dans cette conférence, je décrirai le processus créatif de l’application INTIMAL, qui détecte de manière synchrone les rythmes de marche des gens et les sonifie pour qu’ils soient perçus comme une respiration : une téléprésence incarnée. L’application révèle également des extraits d’histoires de migration qui pourraient déclencher une réponse de l’auditeur : construire un chemin au fur et à mesure que des relations émergent entre les voix et les fréquences sonores.

Carlos Casteleira, artiste/ enseignant ESAAix et François Parra, artiste/ enseignant ESAAIX

Walking the Data I Plotmap : un dispositif pour démarches pédagogiques situées

En 2015, nous entreprenons de développer une démarche et un dispositif conjoints, Walking-the-Data et Plotmap. Walking-the-Data est une démarche d’investigations des territoires qui s’efforce de mettre en lien propositions artistiques, engagements citoyens, savoirs et lieux patrimoniaux. Elle doit beaucoup aux diverses pratiques de la marche. Plotmap est un dispositif d’édition numérique de médias géo-localisés. L’articulation entre ces deux éléments est au coeur de ce projet de recherche. Il donne lieu en 2020 à une édition papier.

14h00-16h00 Session 04 : Dépasser les limites de la représentation

Jean Cristofol – Philosophe, antiAtlas des frontières.

Dans la trame

À l’ère de l’anthropocène, en pleine extinction du vivant et d’éclatement politique, la question de notre relation à l’espace est devenue critique. Les façons de produire « l’espace », de modeler notre milieu de vie, sont des enjeux à la fois politiques et écologiques, mais aussi théoriques et épistémologiques. Il faut donc re-penser les usages et les pratiques de l’espace, ce qui s’y tisse de liens visibles et invisibles, ce qui s’y articule de représentations.

Anna Guilló – Artiste, Enseignante, Chercheuse LESA AMU, et Cedric Parizot – anthropologue, IREMAM (Aix Marseille Université/CNRS).

– Israël Palestine: essais cartographiques

De nombreuses cartes ont été produites par des chercheurs, des organisations internationales ou des ONG afin de documenter l’évolution du conflit israélo-palestinien au cours des trente dernières années. En mettant cette cartographie en perspective avec quelques essais de cartographie expérimentale que nous avons réalisés, nous proposons une réflexion sur la manière dont ces formes conventionnées de représentation ont affecté de manière très spécifique les façons de penser et d’analyser les relations entre Israéliens et Palestiniens, ainsi que la nature des frontières qui les séparent.

16h30-17h30 Session 05 : Table Ronde

Compagnie Dodescaden et Baptiste Buob – Animé par Cédric Parizot

Laurence Maillot & Jeremy Demesmaeker — DODESCADEN : formé au théâtre et musicien professionnel, mû par le désir de créer un espace de transversalité artistique, Jeremy Demesmaeker fonde la compagnie Dodescaden en 2004. La compagnie devient progressivement un espace propice à la porosité des médiums et à l’expérimentation. En 2009, il s’associe avec Laurence Maillot, danseuse et chorégraphe. Après l’obtention du prix de la recherche 2013 du Centre de Développement Chorégraphique National les Hivernales, ils mettent en place un dispositif qui convie des chercheurs à venir nourrir et questionner leurs travaux au sein de la compagnie (Rues Intérieures 2014, Karoshi–Animal Laborans 2016, Les Maîtres fous 2017).

Mercredi 15 décembre 2021

9h00-12h30 Session 06 : Visualiser les espaces israélo-palestiniens et au-delà

Modérateur: Cédric Parizot, anthropologue, IREMAM, CNRS, Aix Marseille Université

Clémence Vendryes, doctorante en géographie et anthropologie, IREMAM, Aix-Marseille Université & Institut Français du Proche-Orient dans les Territoires Palestiniens

Le cimetière palestinien : du territoire à la ligne

Tout comme la tombe, le plan du cimetière localise et assigne le mort à résidence. Il rappelle la dimension fondamentalement et fixement territoriale du cimetière. Partant de cette proximité fonctionnelle apparente de la carte et du cimetière, j’ai dessiné des plans de tombes en Palestine — avant de me rendre compte que les morts s’éparpillent. Au-delà de la carte, le cimetière est entretenu par des signes matériels et éphémères des vivants qui prennent soin de leurs morts. Mes représentations spatiales se sont peu à peu défaites, puis fragmentées, à l’image de la terre palestinienne. Objet, geste, partage, palme, parole : le but à présent est de les relier. Dans le réseau ou le filet, le lien est ligne. Mais la ligne lisse l’espace relationnel et ses vécus. Comment quitter la flèche, sa dimension graphique et téléologique ?

Jérôme Courduriès, anthropologue, LISST, Université Toulouse Jean Jaurès

Ego et ses relations significatives dans les familles contemporaines : l’épreuve des schémas de parenté

Depuis les débuts de leur discipline, les anthropologues de la parenté ont élaboré des outils pour traduire de façon graphique l’écheveau des relations de parenté. Il s’est toujours agi pour eux de rendre compte de la manière dont les personnes sont reliées au groupe de leurs consanguins et au groupe de leurs alliés. Trois types de relations sont au fondement de ces schémas de parenté : la filiation, la germanité et l’alliance. Ces schémas étaient moins faits pour rendre compte avec précision de la réalité vécue des relations familiales que des règles et des structures sous-jacentes. Les changements intervenus dans les familles contemporaines dans de nombreuses sociétés ont compliqué singulièrement la tâche des anthropologues qui souhaitent schématiser les liens qui les caractérisent. C’est à cette difficulté et aux manières de la résoudre que je propose de réfléchir.

Théo Borel, doctorant en histoire, MESOPHLHIS/IREMAM, IEP Aix en Provence, Aix-Marseille Université.

Du réseau au filet : les migrations militaires entre la France et Israël

L’enrôlement francophone dans l’armée israélienne jalonne l’histoire de l’État d’Israël et correspond à un phénomène migratoire spécifique. Afin de réaliser une étude historique de ces circulations je mobilise une approche en termes de réseaux pour en révéler le caractère multi-situé et considérer l’importance des relations interpersonnelles. A partir d’une évaluation de l’influence de cette forme graphique sur ma démarche et dans la perspective d’envisager les apports de celle du filet (meshwork), cette présentation vise à interroger les retombées heuristiques qu’offre l’usage alternatif de ces deux modèles visuels.

14h00-16h00 Session 07 : Partager les espaces d’écoute virtuels

Caroline Boë, doctorante en pratique et théorie de la création artistique. Laboratoire PRISM UMR 7061, Aix-Marseille Université, CNRS, ministère de la Culture.

– Petit musée virtuel de la Pollution sonore : la sonothèque anthropohony.org

La sonothèque collaborative anthropophony.org archive des sons de pollution sonore de faible intensité pour les dénoncer. Ces sons infimes, filtrés par notre habituation auditive (Mosberg), sont inframinces (Duchamp) et s’y intéresser relève de l’endotique (Augoyard). Avec un système de commentaires d’utilisateurs de la sonothèque, le son physique archivé est augmenté d’une dimension perceptive-communicative (Barbanti). Les commentaires montrent que, malgré un souhait de dénonciation, nous esthétisons nos perceptions.

La Pulpe – Ludmila Postel, doctorante, Aix Marseille Université, PRISM-CNRS, ESAAix et Crys Aslanian, doctorante en recherche-création, Université Gustave Eiffel, EA LISAA, Artiste-Chercheuse, ESA Clermont-Ferrand Métropole, La Coopérative de Recherche.

– Le seuil entre mondes physique et virtuel comme espace relationnel

Lors de cette présentation à deux voix, Crys et Ludmila parleront de leurs recherche-créations respectives et de la manière dont elles ont fait naître un projet commun. Le collectif La Pulpe cherche la porosité des limites entre les mondes sonores physique et télématique en mélangeant plateau radio et monde 3D en ligne. En passant par la l’improvisation sonore et narrative, les frontières s’ouvrent pour créer de nouveaux espaces de partage, comme le projet de choeur trans*média « Chanson de Toile » qui vit actuellement ses premières expérimentations.

19h Session 8 : Les Maitres Fous – Un spectacle de danse par la compagnie Dodescaden présenté à 3bisF

– Les Maitres Fous

Les Maitres Fous nous parlent d’aujourd’hui. Ou plutôt, parlent de leurs préoccupations d’aujourd’hui : confusions du discours politique, commentaires et sur-commentaires de l’actualité, sur-présence des médias, les migrants, l’inertie, absurdité, le pouvoir, les réseaux sociaux….La performance Les Maitres Fous s’inspire d’un rituel de possession filmé par Jean Rouch en 1954. Les performeurs ne rejouent pas le film de Rouch mais s’approprient ce rituel pour créer leur propre espace de transgression, un espace avec leurs propres règles, leur espace exutoire dans lequel sont conviés les spectateurs. Les Maitres Fous, ce sont des bouffons, des clowns satiriques qui questionnent le présent en incarnant des figures monstrueusement contemporaines.

https://dodescaden.com/Les_Maitres_Fous.html

Image principale: Copyrigth US Navy – FA-18 Hornet breaking sound barrier (7 July 1999)