Pratiques de l’écoute, écoute des pratiques #15: Musiques, Histoires, Reconstructions virtuelles des espaces acoustiques

Mercredi 20 novembre 2019,
9h30 : accueil
10h-13h : conférences et débats
IMéRA, Maison des Astronomes
2 Place Le verrier
13004 Marseille
Entrée libre

Comité d’organisation: Jean Cristofol (ESAAix, PRISM AMU/CNRS), Elena Biserna (ESAAix, PRISM AMU/CNRS), Christine Esclapez (AMU, PRISM AMU/CNRS), Peter Sinclair (ESAAix, PRISM AMU/CNRS)

Le séminaire intitulé « Pratiques de l’écoute, écoute des pratiques » définit clairement son projet dans l’énoncé de son titre : il s’agit d’abord de s’intéresser à l’écoute et aux pratiques de l’écoute, c’est à dire aux pratiques qui à la fois supposent, engagent et déterminent des formes d’écoute. (lire la suite)

L’écoute comme pratique sociale et comme comportement

François Delalande, responsable du programme de recherches en sciences de la musique au sein du GRM (Groupe de Recherches Musicales, Institut National de l’Audiovisuel)

L’écoute musicale comme pratique sociale et comme conduite. Implications pour l’analyse musicale.
La première tâche de l’analyse musicale est de déterminer quel « objet » elle entend analyser. Or, la définition même de l’objet, concrètement sa délimitation –ce qu’on met dedans, ce qu’on en exclut- est fonction des pratiques sociales que l’on prend en compte. Les pratiques sociales d’écoute musicale, souvent « instrumentées », sont variées et évoluent. Si l’on s’en tient à une écoute « linéaire attentive », souvent prise comme référence par les musiciens, on observe qu’elle s’analyse chez les auditeurs en différentes « conduites d’écoute », qui chacune « construit » l’objet à sa manière. C’est l’une des difficultés d’une analyse esthésique, qui partage les analystes.

Jean-Pierre Moreau, compositeur, chercheur (PRISM AMU-CNRS ; ADEF AMU), président du laboratoire Musique et Informatique de Marseille (MIM)

La rigueur théorique et la pratique du flou : au sujet du discours et de la méthode.
Je m’exerce depuis 2007 à un art en émergence, la vidéomusique. Forme d’œuvre qui allie « musique et image en mouvement dans une expression sensorielle unifiée » – selon la définition qu’en donne le compositeur Jean Piché, inventeur du néologisme -, elle se présente à moi comme le fait la musique, c’est-à-dire comme un système dynamique, qui se déploie dans le temps. L’écoute, du compositeur comme de l’audio-spectateur, de par l’hybridité et la nécessité de chercher à comprendre ce qu’ils ne perçoivent qu’intuitivement, se trouve ainsi remise en question : comment écouter ce qui se donne à voir ?
Afin d’être en possibilité de proposer des réponses aux questions posées par ce nouveau devenir commun du visuel et du musical, j’ai animé pour le laboratoire MIM un atelier de recherche destiné à permettre à l’ensemble des personnes partageant cette expérience, d’échanger de façon argumentée, sourcée et contradictoire, dans la continuité d’une pratique d’analyse musicale qui a permis en d’autres temps l’invention des Unités Sémiotiques Temporelles (laboratoire MIM, 1996). Nous avons ainsi élaboré en co-construction un vocabulaire et un système de représentation de ce qui, potentiellement, est à l’œuvre dans la relation audiovisuelle perçue par l’audio-spectateur.
Les moyens de l’analyse, maintenant constitués, permettent au compositeur de faire retour sur l’œuvre vidéomusicale – réalisée ou en cours de réalisation – également de fédérer plusieurs créateurs – compositeur, artiste vidéo et auteur – dans une réalisation dont les lignes de force ont été préétablies en commun.

Photo: Jacques Mandelbrojt, Encre