Pratiques de l’écoute, écoute des pratiques # 1 : son, image, cinéma

Mercredi 15 novembre
IMéRA,
2 place Le Verrier
13004 Marseille

Comité d’organisation: Jean Cristofol (ESAAix, PRISM AMU/CNRS), Elena Biserna (ESAAix, PRISM AMU/CNRS), Christine Esclapez (AMU, PRISM AMU/CNRS), Peter Sinclair (ESAAix, PRISM AMU/CNRS)

Le séminaire intitulé « Pratiques de l’écoute, écoute des pratiques » définit clairement son projet dans l’énoncé de son titre : il s’agit d’abord de s’intéresser à l’écoute et aux pratiques de l’écoute, c’est à dire aux pratiques qui à la fois supposent, engagent et déterminent des formes d’écoute. (lire la suite)

Son, image et cinéma

Daniel Deshays, ingénieur du son, responsable de l’enseignement du son à l’Ecole Nationale des Arts et Techniques du Théâtre à Lyon et à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris
Les écoutes des gestes

L’écoute est un acte, une « action simulée » , l’écoute est l’établissement d’une construction ; nous l’effectuons relativement à la réalité sonore d’un lieu. C’est un parcours réalisé dans la durée, par prélèvements discontinus d’évènements le plus souvent brefs, tenus entre surgissement et disparition. C’est aussi un retour à notre mémoire par nécessité de reconnaître ce que l’on a déjà vécu. L’écoute est un cheminement affectif, cette subjectivité échafaude une interprétation d’évènements qui nous est propre, là se construit notre réel, situé entre une perception commune du mouvant et la profondeur inconsciente de notre mémoire entendue comme mémoire d’affects. C’est enfin une remise à jour permanente de cette mémoire (qui n’est pas une mémoire sonore mais une mémoire globale).

Écouter les pratiques supposerait une pratique préalable de l’écoute, si l’on entend que celle-ci soit une écoute des pratiques d’écoute. Ecouter les pratiques suppose un approfondissement suffisamment avancé de chacune d’elles permettant d’apercevoir ce qui les différencie. Chaque champ du sonore possède ses propres pratiques. Il faut beaucoup d’expériences d’écoute pour pouvoir aborder cette chose si complexe qu’est l’écoute. Car les questions surgissent surtout dans les pratiques, il faudrait dire dans « l’épuisement des pratiques du son » auquel on arrive après des années ; cet épuisement révèle ce que l’on ne peut d’ordinaire constater, tant « l’objet de l’écoute, le contenu » nous détourne de la « conscience de l’écoute » que nous effectuons au même moment.
L’écoute est un préalable à toute relation. Je me mets au silence pour que l’écoute puisse advenir et cette pratique décisive est celle qui est première : c’est parce que j’entends si fort l’écoute de l’autre que ma parole peut émerger.

L’écoute est un lieu de pensée, de pensée du différent. C’est en conséquence aussi un lieu de partage social : l’échange est déterminé par ce lieu lui-même. C’est une écoute comme lieu d’échange filtrant les données qui circulent dans un espace social.
L’écoute partagée n’est pas considérée en soi, les salles d’écoute de quelques sortes qu’elles soient (de spectacle ou autre) sont, elles aussi, de véritables lieux d’échange dans l’écoute.
… Voici quelques données pour amorcer le défrichage de ce qui travaille chez tous et chez chacun en tache de fond et qui est le lieu majeur du partage du sensible.

Rémi Adjiman, maitre de conférence, directeur département SATIS AMU, chercheur au laboratoire PRISM
Les intentions d’écoute portées sur les ambiances sonores : le cas du rapport image – son

Pour différentes raisons, la bande sonore des films s’est historiquement principalement structurée autour des voix, des bruits et des musiques. Les ambiances, bien que présentes dès l’origine du sonore, se sont particulièrement développées durant ces 30 dernières années. Nous allons plus spécifiquement nous y intéresser.
L’objectif de cette intervention est de réfléchir à la façon dont les ambiances sonores – souvent constituées de bruits contingents qui ne sont pas synchrones ni visibles – s’associent à l’image. Il ne s’agit pas ici de faire une analyse filmique ou esthétique mais bien davantage d’analyser dans le cours d’action comment l’ambiance est perçue isolément et comment elle s’associe à différentes images fixes. Dans une perspective sémio-pragmatique, nous essayerons d’adopter différentes intentions : celle du cobaye d’une expérimentation, celle du spectateur de cinéma, celle du monteur son, pour cerner les relations qu’entretiennent les contextes, les différentes écoutes et les interprétations sui generis.