Pratiques de l’écoute, écoute des pratiques #3 : Écoutes incarnées

Mercredi 17 janvier 2018,
9h30-12h30
Maison des Astronomes, IMéRA
2 Place Le verrier
13004 Marseille

Comité d’organisation: Jean Cristofol (ESAAix, PRISM AMU/CNRS), Elena Biserna (ESAAix, PRISM AMU/CNRS), Christine Esclapez (AMU, PRISM AMU/CNRS), Peter Sinclair (ESAAix, PRISM AMU/CNRS)

Le séminaire intitulé « Pratiques de l’écoute, écoute des pratiques » définit clairement son projet dans l’énoncé de son titre : il s’agit d’abord de s’intéresser à l’écoute et aux pratiques de l’écoute, c’est à dire aux pratiques qui à la fois supposent, engagent et déterminent des formes d’écoute. (lire la suite)

Ecoutes incarnées

Sylvain Brétéché, musicologue, enseignant à l’Université d’Aix-Marseille, chercheur au laboratoire PRISM-AMU/CNRS

L’écoute extra-ordinaire. Sentir le sonore, voir le musical : l’expérience musicale sourde

Dans sa conception ordinaire, l’écoute se trouve prioritairement associée à l’oreille qui semble seule à même de rapporter les événements sonores et les réalités sonnantes qui animent le réel. Cependant, que devient l’écoute lorsque l’oreille « dysfonctionne » ? Lorsque le rapport privilégié au monde ne repose plus sur l’auralité ? Dépassant le voile opaque de l’oreille, les conditions de surdité tendent à révéler une facette singulière de l’écoute qui, dans un silence prétendu, se présente produit du corps et de l’œil, réalité asonore incarnée, visuelle et mouvante. Cette intervention s’attachera à présenter les facettes extra-ordinaires de l’écoute que nous dévoilent les pratiques musicales des Sourds qui, au-delà du paradoxe, nous donnent à entendre la complexité du sonore dans ses qualités sensibles, vibrantes et visuelles.

Natacha Muslera, musicienne, poète, improvisatrice et compositrice

Ecoutes possédées

Le choeur offre un potentiel inouï et constitue un outil adéquat pour interroger, pratiquer, expérimenter des rapports d’écoutes multiples, mais surtout il ouvre à l’écoute possédée. Proche de la transe, cette écoute dissout l’opposition entre sujet et monde. Dans un premier temps, geste : s’affranchir de l’écoute prépondérante-passive, afin d’inclure ce qui habituellement est exclu dans nos rapports d’écoutes.

Le choeur suscite des tentatives d’écoutes allant de l’expérience individuelle à celle du commun, oscillant sans cesse et se faisant cabane d’écho du réel, mouvement de va et vient constant, désordonné (non systématisé), entre le dehors et le dedans.

Danse et transe des écoutes sans hiérarchie, celle des espaces, des biotopes, des écosystèmes, des langues, des chants, des molécules, des os, des organes, des températures, des flux, des ondes, des langues, des chants, des ambiances, des luttes. Ecoutes sauvages, incandescentes et abandonnées, écho actif du choeur dithyrambique.

Photo: Natacha Muslera, Choeur tac-til 2 Trompe l’oeil