10h30-12h30
Mardi 20 novembre 2018
Salle André Raymond
IREMAM
Maison méditerranéenne des sciences de l’homme
5 rue du château de l’horloge
13094 Aix en Provence
Spatialités et temporalités palestiniennes
Organisation: Julien Loiseau, Cédric Parizot et Sbeih Sbeih
Ce séminaire interrogera les modalités de construction de la Palestine comme objet d’étude et leurs effets sur la structuration du champ de la recherche. Cette démarche est nécessaire dans un contexte où le conflit israélo-palestinien continue de structurer fortement les cadres à travers lesquels nous pensons, nous analysons et nous représentons la Palestine. En confrontant des travaux récents d’historiens, d’anthropologues, de politistes, de sociologues, de géographes ou de littéraires nous fixons deux objectifs principaux. D’une part, il s’agira de mettre en évidence les multiples constructions spatiales et temporelles auxquelles renvoie la Palestine et les dépayser. D’autre part, nous nous efforcerons de développer une réflexion critique sur nos propres approches, méthodes et objets de recherche.
Sbeih Sbeih, sociologue, Aix-Marseille Univ, CNRS, IREMAM, LabexMed
– Le temps du développement en Palestine : rationalisation économique dans un espace confisqué
À travers l’analyse d’un projet agricole de développement exécuté par une multiplicité d’acteurs locaux, en particulier des ONG, sous l’égide d’une agence internationale, l’article étudie la temporalité du développement en Palestine. Conçue autour de l’idée d’un futur prospère et fondée sur la rationalité économique, la conception temporelle du développement consiste à rompre avec le passé et rentre en opposition avec la temporalité coloniale chargée d’incertitudes. Elle met l’accent sur les compétences des « professionnels du développement » et leur capacité à maîtriser le temps. En transformant l’incertitude en risque mesurable, ces derniers adoptent des modalités de travail qui font l’impasse sur les expériences vécues par les acteurs et les bénéficiaires du projet. Cette conception temporelle s’élargit à l’échelle de l’espace social créé par les projets collectifs financés par les bailleurs de fonds : le monde du développement. Sans faire aucune référence à la domination ou à la situation coloniale, ces projets tracent l’histoire de ce monde. Si celle-ci est perçue comme vérité par les « développeurs » ayant incorporé la lecture du développement, elle se révèle comme illusion pour ceux qui conçoivent la réalité à travers l’incertitude qui bouleverse leur vie quotidienne.
Photo: Eduardo Soteras, 2010