Musée des Tapisseries, Aix-en-Provence, 2013

Exposition collective
du 1er octobre au 3 novembre 2013
Musée des Tapisseries, Aix-en-Provence

Avec Ian Howard, Amy Franceschini, Ken Rinaldo, Hackitectura, Claude Chuzel, Stéphane Rosière, Philippe Rekacewicz, RYBN, Gold Extra, Till Roeskens, Dana Diminescu, Nicola Mai, Sigalit Landau, Heath Bunting, Joana Moll & Heliodoro Santos, The Electronic Disturbance Theater 2.0 / b.a.n.g. lab., Micha Cardenas, Brett Stalbaum, Ricardo Dominguez, Amy Sara Carroll, Elle Mehrmand, Francis Alys, Fabien Fischer, Lauriane Houbey, Sarah Mekdjian et Anne-Laure Amilhat-Szary, Marie Moreau, Simona Koch. Commissariat Isabelle Arvers.

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Photos © Myriam Boyer

Projet

L’exposition L’antiAtlas des frontières est un projet construit en relation avec un processus de recherche consacré aux mutations du fonctionnement et du vécu des frontières au 21e siècle. Cette recherche s’est développée sur deux années, elle a rassemblé des chercheurs de différentes disciplines, de différents pays, mais aussi des artistes et des auteurs, dans une démarche profondément interdisciplinaire. L’une des caractéristiques de cette démarche a été le choix de ne pas opérer de hiérarchie préalable entre les formes de savoir, de faire se rencontrer des disciplines différentes, mais aussi de ne pas considérer les dimensions symboliques, culturelles ou les pratiques de création comme des épiphénomènes secondaires. Il s’est agi de réunir les différentes approches, celles des disciplines scientifiques, des acteurs de terrain, des artistes, comme des éléments indispensables à la compréhension de transformations qui ne touchent pas seulement à tel ou tel secteur de la vie sociale, mais aux représentations que nous nous faisons du monde dans lequel nous vivons et de nos propres identités.

L’exposition vise à rendre sensible la réalité complexe de ces mutations. Associant des productions élaborées en collaboration entre des chercheurs en sciences humaines et en sciences dures, des professionnels et des artistes, elle propose aussi un véritable décloisonnement entre les champs de la connaissance. Cette « hybridité » conduit l’exposition « antiAtlas des frontières » à proposer plusieurs niveaux de lecture et de participation. Différents moyens d’accès aux contenus sont ainsi mis à la disposition du public : des œuvres dont certaines ont été créées pour l’exposition, des expérimentations interactives, des cartes, des témoignages, un espace de documentation transmedia. L’exposition trouve dans son site internet (antiatlas.net) une extension virtuelle. Ce site est aussi un espace de recherche et de ressources, un lieu de débat et de partage des connaissances et des expériences.

Scénario des expositions

Escalade sécuritaire et technologique à la frontière

On a pu penser, avec la chute du mur de Berlin, que les frontières disparaissaient. Depuis, on n’a jamais autant construit de murs et de barrières. L’escalade sécuritaire aux frontières, sur terre, en mer, dans les airs et sur la toile, en Europe et dans le reste du monde, a radicalement transformé la nature des frontières et leur mode de fonctionnement. Dans le contexte du développement des flux de personnes, de marchandises et d’informations, les dispositifs de contrôle se détachent des territoires pour donner aux frontières des formes réticulaires, ponctiformes, ou même s’inscrire dans le corps des individus. C’est ce qu’il s’agit d’expérimenter au travers de Finger Print Maze de l’artiste Amy Franceschini. Donner son empreinte digitale pour ensuite pouvoir jouer dans le labyrinthe de notre identité. Ou nous faire prendre en photo à notre insu par les Paparazzi bots de Kenneth Rinaldo tout en nous plongeant dans la cartographie des frontières fermées  de Stéhane Roziere ou en nous enfermant dans l’installation X Ray de Claude Chuzel.

Frontières, flux et réseaux

Les dispositifs de contrôle créent des disjonctions entre les flux de personnes, de marchandises et les mouvements financiers, ainsi que des disjonctions entre leurs niveaux de fluidité. Si les circulations des marchandises et des flux financiers sont facilitées, celles des hommes sont en revanche assujetties à des contrôles de plus en plus stricts. Ces dispositifs ont bouleversé et profondément réorienté les flux et les dynamiques migratoires. Ils ont enfin multiplié les drames humains aux frontières. RYBN avec son robot trader ADM9 nous invite à découvrir les flux financiers qui dépassent frontières et vitesse de la lumière, la carte dynamique des étrangers détenus d’Olivier Clochard nous permet quant à elle une prise de conscience du marché global de la rétention humaine.

Contrôles, espaces et territoires

Le durcissement du contrôle des mobilités, dans un monde où se développent des moyens de communication de plus en plus rapides, favorise la création d’espaces et de mondes asymétriques et décalés. Il s’agira ici de montrer comment les populations mobiles, mais aussi ceux qui décrivent leurs expériences (chercheurs et artistes) réagissent et s’adaptent en développant de nouvelles formes de sociabilités et de pratiques de l’espace. Les oeuvres exposées souligneront également les limites de la cartographie classique pour cerner les espaces vécus et reconstruits par les populations frontalières et mobiles. Tels Francis Alys se jouant de la ligne verte ou Tll Roeskens proposant à des habitants de camps en Palestine de se réapproprier leur espace au travers du dessin.

Incorporation et biographisation de la frontière

En se complexifiant, la frontière tend à se disséminer, à se déployer au delà de son rapport au territoire pour s’inscrire jusque dans les corps. L’individualisation du contrôle et la définition de profils bio-sociaux et psychosociaux ne conduit pas uniquement à créer de nouvelles hiérarchies définissant des droits à la mobilité distincts entre les citoyens et les non citoyens. Elle provoque également une incorporation du contrôle et une « biographisation » de la frontière. Pour ne plus être identifiés ou fichés par l’intermédiaire de leurs empreintes digitales certains migrants n’hésitent pas à se brûler ou se limer les doigts ; d’autres entreprennent de transformer leur identité nationale, leur histoire personnelle et parfois leur identité sexuelle pour pouvoir bénéficier de programme de protection et d’assistance humanitaire, et ainsi ne pas être victimes de déportation.  C’est le cas de Samira, personnage réel rejoué pour l’installation Emborders de Nicola Mai  . Parce qu’il veut devenir femme, il doit fuir l’Algérie et obtient alors le statut de réfugié politique. Lorsqu’il souhaite revenir au pays, c’est à la transformation inverse qu’il procède afin d’obtenir des papiers et une nouvelle identité de chef de famille.

Détournements de frontières

L’État n’est cependant plus le seul acteur aux frontières. Les politiques migratoires et les systèmes de contrôle  sont mis en œuvre dans le cadre de coopérations complexes entre les États et une multitude d’acteurs infra et supra-étatiques, publics et privés. De même, le renforcement du contrôle pousse les populations vivant aux frontières et celles qui les traversent à réajuster leurs activités, leurs parcours et leurs modes de passage. Faute de moyens, ces populations sont souvent contraintes de se tourner vers des individus ou des groupes spécialisés dans le contournement des obstacles physiques (murs, barrières, etc.), des systèmes de surveillances (radars, drones, systèmes biométriques), des réglementations juridiques (visas, systèmes de permis de déplacement, contrats de travail, etc.) ou encore des barrières virtuelles. L’escalade sécuritaire à la frontière ouvre donc toujours des opportunités pour des passeurs, des contrebandiers, des fabricants de faux papiers, mais aussi pour des agences spécialisées dans le recrutement d’employés étrangers, etc. En tirant profit de cette demande et des failles de ces systèmes, ces acteurs contribuent à faire émerger une économie sociale et politique complexe. Que ce soit pour l’étudier, la perturber ou encore mettre en lumière les dynamiques qui la structurent, les chercheurs et les artistes participent directement à cette économie. The Transborder Immigrant Tool imaginé par The Electronic Disturbence Theater, est une application d’aide aux migrants pour déjouer les contrôles à la frontière mexicaine. Le collectif Forensic Oceanography imagine quant à lui une application en ligne pour documenter de manière participative les morts des migrants en mer médierranée.

L’antiAtlas des frontières  constitue l’une des « étapes» du parcours Ulysses, événement majeur de Marseille-Provence 2013 porté par le Frac (Fonds régional d’art contemporain). L’ensemble de la manifestation est co-produite par l’Institut Méditerranéen de Recherches Avancées (IMéRA), l’École Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence (ESAA), le laboratoire PACTE (Université de Grenoble-CNRS), le lieu de création La compagnie, et Isabelle Arvers, commissaire d’exposition indépendante.

Artistes et travaux de recherche exposés

Francis Alys, Sometimes doing something poetic can become political and sometimes doing something political can become poetic, 2004-2005

Heath Bunting, BorderXing, 2002

Claude Chuzel, X-ray, 2006

Dana Diminescu, E-diasporas, 2012

The Electronic Disturbance Theater 2.0 / b.a.n.g. lab., Micha Cardenas, Brett Stalbaum, Ricardo Dominguez, Amy Sara Carroll, Elle Mehrmand, The Transborder Immigrant Tool, 2009

Fabien Fischer, Lauriane Houbey, Sarah Mekdjian et Anne-Laure Amilhat-Szary, Marie Moreau, Crossing Maps, Cartographies transverses, 2013

Amy Franceschini, Finger Print Maze, 2003

Gold Extra, Frontiers the game, 2012

Hackitectura, Cartographie critique de Gibraltar, 2004

Ian Howard, Chinese Border Fence, 2004-2011

Simona Koch, Borders, 2010

Sigalit Landau, Barbed Hula, 2000

Nicola Mai, Samira (Emborders 1), 2013

Joana Moll & Heliodoro Santos, The Texas Border, 2010

Philippe Rekacewicz, Cartographie, 2012

Ken Rinaldo, Paparazzi Bots, 2009

Stéphane Rosière, Planisphère des frontières fermées, 2012

Till Roeskens, Videomappings : Aida, Palestine, 2009

RYBN, Robot ADM8, 2011

Galerie en ligne

Cette galerie vient compléter et augmenter les expositions avec des œuvres de net.art, des œuvres interactives en ligne, des oeuvres de vidéastes ou de photographes qui traitent des questions posées par l’antiAtlas :

Alban Biaussat, The Green(er) Side of the Line

Julie Chansel et Michaël Mitz, La machine à expulser

Magali Daniaux & Cédric Pigot, Cyclone Kingkrab & Piper Sigma

Magali Daniaux & Cédric Pigot, Arctic tactic

Martin De Wulf, Migrations map

Ben Fundis, Clara Long, John Drew, Border stories

Olga Kisseleva, Arctic Conquistadors

Romain de L’Ecotais, Au pied du mur

L’atelier Limo (Simon Brunel, Nicolas Pannetier et Maya Keifenheim), Border Bistro et Enquête frontalière

Patrick Lichty, The private life of a drone

Joana Moll, AZ: move and get shot

Presse

La frontière en question, Digitalarti

L’antiAtlas des frontières explore les mutations du XXIè siècle!, Marseille Face B

AntiAtlas des frontières, Télérama Plus, sept. 2013

Ventilo

Antiatlas de las fronteras, El proyecto es contraste con las libertades humanas logradas en buena parte del planeta, La Opinion, sept. 2013

Temps libre, avec Jean Cristofol sur l’antiAtlas des frontières, Radio Grenouille, 27 septembre 2013

Lettre d’information de l’INSHS (CNRS) N°25

Bypassing cartography, interview d’Isabelle Arvers par Marc Garett pour Furtherfield

Aux confins des frontières, Mouvement

Intervention d’Isabelle Arvers , Pechakucha

La frontière en ligne de mire, Poptronics

Extrait du journal 19/20, France 3 : reportage de M. Frey, R. Gasc, B. Joubert

L’antiAtlas des frontières, à la pointe du dialogue art-science, Lettre d’AMU, no. 16, septembre 2013, p. 20

L’antiAtlas des frontières, présentation par Cédric Parizot dans Perspectives, le journal du RFIEA (télécharger le numéro entier)

A La compagnie, un antiAtlas pour faire reculer les frontières, La Provence

Deuxième épisode de l’antiAtlas des frontières à Marseille, Digitalarti

Evénement, Paris Art

Evénement Marseille-Provence 2013

L’antiAtlas des frontières #2, MCD

L’antiAtlas des frontières, Marseille expos

Migreurop lance le site participatif closethecamps.org, Migreurop

Interventions créatives entre art et science, Causes communes

Les frontières et leur antiAtlas, Med’in Marseille

Le (sens dessus) dessous des cartes, Ventilo n. 330, p. 21

L’armée des drones, article d’Annick Rivoire sur Arte Creative

antiAtlas des frontières, Carnets de l’IREMAM

Production

Institut Méditerranéen de Recherches Avancées (AMU), Marseille
Ecole Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence
Laboratoire PACTE (Université de Grenoble Alpes/CNRS)
Isabelle Arvers, commissaire d’exposition indépendante, Marseille
La compagnie, lieu de création à Marseille

Partenariats

Aix-Marseille Université (AMU), Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Réseau Français des Instituts d’Études Avancées (RFIEA), Labex RFIEA+, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Euborderscapes (Union Européenne, FP7), Institut de Recherches et d’Études sur le Monde Arabe et Musulman (IREMAM – AMU/CNRS), Laboratoire Méditerranéen de Sociologie (LAMES – AMU/CNRS), Laboratoire d’Économie et de Sociologie du Travail (LEST- AMU/CNRS), Laboratoire d’Études et de Recherche sur le Monde Anglophone (LERMA-AMU), Laboratoire d’Arts, Sciences, Technologies pour la Recherche Audiovisuelle Multimédia (ASTRAM-AMU), Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme (MMSH), LabexMed, Information Media production, Aviso Events, MarseilleProvence 2013 (MP 2013), ville d’Aix-en-Provence, Organisation Mondiale des Douanes (OMD)