10h-13h00 Mercredi 26 avril 2017,
IMéRA,
2 place Le verrier
13004 Marseille
Comité d’organisation : Jean Cristofol (Ecole Supérieure d’Art d’Aix en Provence), Jean-Paul Fourmentraux (LESA, AMU, Centre Norbert Elias, EHESS), Cédric Parizot (IREMAM, CNRS/AMU), Manoël Penicaud (IDEMEC, CNRS/AMU)
Recherche, art et pratiques numériques est une séminaire transdisciplinaire qui s’intéresse aux perturbations productives que génèrent les collaborations entre les chercheurs en sciences humaines et les artistes dans le domaine du numérique. Il s’inscrit dans la suite des réflexions et des expérimentations que nous avons menées à l’IMéRA dans le programme antiAtlas des frontières depuis 2011 tout en élargissant notre questionnement au-delà de la seule question des frontières. (Lire la suite)
Demo (or die!) Technologie, art, science ?
Claude Rosental (anthropologue, CEMS CNRS/EHESS)
Usages des démos dans le domaine des sciences et des technologies
Dans le cadre de ma communication, j’analyserai un certain nombre de pratiques de démos dans le domaine des sciences et des technologies. Je montrerai comment de nombreux scientifiques et ingénieurs utilisent aujourd’hui les démonstrations publiques de technologies comme des outils d’échange et de coordination, des dispositifs cognitifs et relationnels, des instruments de mobilisation et de concurrence, ainsi que des ressources pour la conception, la gestion et l’évaluation de projets. Je m’appuierai pour cela sur des enquêtes que j’ai réalisées sur les usages des démos par des scientifiques et des ingénieurs américains et européens. Ces enquêtes illustreront la manière dont des démo-craties – régimes qui utilisent les démonstrations pour la gestion des affaires publiques – se sont développées dans les sociétés contemporaines.
Etienne Cliquet (Artiste et chercheur – ISDAT – Ecole des beaux arts Toulouse)
La démo non théâtrale
Dans un texte intitulé « La performance non théâtrale » paru en 1976, l’artiste américain Allan Kaprow à propos des performances de ses contemporains se demandait si elles relèvent ou non du théâtre. Je voudrais à mon tour poser cette question à propos de la démo aujourd’hui. Comme lui, je partirai d’exemples précis de démos en incluant ma propre expérience de la chose. Pour le reste, j’éviterai la recherche d’une typologie de la démo comme ce fût le cas de la performance (happening, events, etc.). Impliquant une réflexion sur la place d’Internet et du numérique, il faut se demander quelles sont les raisons historiques, les implications politiques et les conséquences d’un art non conventionnel, sans public mais en public, c’est à dire non théâtral.
Samuel Bianchini (Artiste et chercheur, EnsadLab, Paris)
Démonstrateur(s) : concevoir et expérimenter des dispositifs artistiques interactifs avec des affordances sans usage et sans fins
De Douglas Engelbart au fameux “Demo or Die” du MIT analysé par Peter Lunenfeld, le terme “démo” explicite le principe d’une démonstration qui vise à faire comprendre les ressorts d’une action réussie, le plus souvent avec un objet technique, et, par ce biais, cherche à convaincre l’auditoire de la qualité de l’objet technique en question. Le terme “démonstrateur” est, quant à lui, plus polysémique ; il est difficile de savoir s’il s’agit de la personne qui réalise la démonstration, du dispositif technique qui supporte cette démonstration ou de ce même agencement technique offert en test à un public choisi et accompagné. En effet, le terme “démonstrateur” est couramment utilisé en ingénierie pour désigner un premier dispositif suffisamment fonctionnel pour être soumis à des expériences d’usage. Dès lors, lorsque des collaborations entre ingénierie et art conduisent à réaliser un dispositif en commun, est-il possible de considérer ce dernier comme démonstrateur du point de vue des ingénieurs et comme œuvre pour les artistes ? Si une telle différence d’appréciation peut exister, les attentes des uns et des autres sont-elles si différentes lorsque l’on sait à quel point les œuvres à forte composante technologique nécessitent d’être testées ? L’exposition peut-elle être alors considérée comme un espace de tests où l’expérience du public est autant celle qu’il produit pour lui-même, son expérience esthétique, qu’une expérience à laquelle il contribue, une sorte de test “utilisateur” ? Une sorte seulement, car si les œuvres opèrent, elles ne sont pas pour autant mues par des fonctions : ici, nuls modes d’emploi, tâches à accomplir ou objectifs à remplir. Comment concevoir des agencements et agentivités, envisager des affordances, pour des expériences esthétiques sans fins ? Ce sont ces quelques questions qui seront abordées à partir de l’expérience de l’auteur, à la fois de son point de vue d’artiste et de chercheur.
Photographie : Temps libre installation interactive, 2004, Samuel Bianchini, Sport Factory, exposition collective, La Gare Saint-Sauveur, Lille, France, mai – septembre 2012. Photographie : © Samuel Bianchini.