Pratiques de l’écoute, écoute des pratiques #17: Composer le son à distance

Mercredi 22 janvier 2020,
9h30 : accueil
10h-13h : conférences et débats
IMéRA, Maison Neuve
2 Place Le verrier
13004 Marseille
Entrée libre
Ce séminaire se tiendra en anglais.

Composer le son à distance

Brona Martin, compositrice électroacoustique, artiste sonore et chercheuse

Pratiques de l’engagement communautaire, écoute, improvisation et composition.
Le domaine des « soundscape studies » est un champ de recherches interdisciplinaires passionnant qui permet des collaborations entre artistes, chercheurs, scientifiques et la communauté. Les chercheurs ont réussi à promouvoir la recherche dans ce domaine au delà du milieu universitaire par la participation collective à des projets de marche sonore, d’enregistrement sur le terrain, de cartographie et de patrimoine sonore.

Les marches sonores sont une première étape très utile pour ceux qui choisissent de se lancer dans le champ des « soundscape studies ». C’est aussi une façon d’ouvrir ce sujet à de nouvelles communautés et c’est un outil utile pour travailler avec ceux qui n’ont jamais pensé à leur relation sonore avec leur propre environnement.

L’engagement dans des projets collectifs est aussi un outil de recherche extrêmement utile pour les compositeurs et les chercheurs. Ils donnent l’occasion d’en apprendre beaucoup sur des environnements sonores spécifiques et sur ce qu’ils signifient pour la communauté. Nous pouvons apprendre comment les paysages sonores ont changé au fil du temps en relation avec les développements économiques et sociaux et aussi comment les gens pensent leurs paysages sonores domestiques. Nous pouvons également ré-imaginer les paysages sonores du passé grâce au son.

Cette présentation portera sur deux projets récents fondés sur l’engagement collaboratif. Je parlerai des diverses techniques et compétences que les participants ont acquises et de la façon dont ils ont eu l’occasion d’improviser, de créer, de jouer et de discuter de leurs paysages sonores locaux et domestiques.

Brona Martin est une compositrice électroacoustique et artiste sonore de Banagher, en Irlande. Elle est actuellement chercheuse en musique à l’Université de Southampton. Ses compositions explorent la narration dans les domaines de la musique électroacoustique, de l’écologie acoustique et des techniques de spatialisation, à travers la création de représentations métaphoriques et réelles de paysages sonores.

Ananda A. L. Costa, compositrice et chercheuse
Écouter la marge
A l’époque coloniale, les opéras ont colporté de nombreux malentendus culturels, avec des cas abyssaux de fausses représentations des peuples autochtones. Au-delà de la distance géographique, en partie surmontée par la technologie et le tourisme, la différence culturelle est toujours un objet de débat dans la création artistique, où les perceptions d’éloignement, de marginalité et d’infériorité sont encore dangereusement reliées. En supposant que l’éloignement soit une question de hiérarchie entre le centre – où La culture occidentale est établie – et les marges – là où par exemple les cultures amérindiennes ont été historiquement maintenues – écouter à distance peut être un acte puissant d’inversion des pôles et de création de proximité. Mais peut-on vraiment atteindre la marge à partir du centre ? L’écoute nous permet-elle de surmonter ou de concilier nos incompréhensions mutuelles ? Cette conférence vise à aborder à ces questions, en apportant des exemples tirés d’opéras, des mouvements artistiques brésiliens et de mon expérience personnelle.

Ananda A. L. Costa est une compositrice et chercheuse en musique basée à Berlin, originaire de Salvador (Brésil). Elle a étudié le journalisme et la composition musicale à l’UFBA (Universidade Federal da Bahia) et, en 2014, elle a reçu une bourse de la fondation pour les arts, FUNARTE, pour la recherche d’instruments électroniques pionniers en Allemagne.
Son projet Armes Soniques d’Amérique Latine a été sélectionné pour le projet « Comment sonne le Sud ? Hospitalité des ambiances sonores et de pratiques acoustiques » se déroulant au CRESSON à Grenoble.

Ananda A. L. Costa, Brona Martin avec Étienne Noiseau sont artistes en résidence à Locus Sonus, ESA-Aix, PRISM pour l’année 2020 (de janvier à avril).

Comité d’organisation

Jean Cristofol (ESAAix, PRISM AMU/CNRS), Elena Biserna (ESAAix, PRISM AMU/CNRS), Christine Esclapez (AMU, PRISM AMU/CNRS), Peter Sinclair (ESAAix, PRISM AMU/CNRS)

Le séminaire intitulé « Pratiques de l’écoute, écoute des pratiques » définit clairement son projet dans l’énoncé de son titre : il s’agit d’abord de s’intéresser à l’écoute et aux pratiques de l’écoute, c’est à dire aux pratiques qui à la fois supposent, engagent et déterminent des formes d’écoute. (lire la suite)

Marges et Numérique/Margins and Digital Technologies

Journal des anthropologues, n° 142-143

Dossier coordonné par Tristan Mattelart, Cédric Parizot, Julie Peghini et Nadine Wanono
 
Lire l’introduction en anglais/Read the introduction in English

Résumé

Les enjeux sociaux, politiques, culturels et économiques que recèlent les outils numériques sont le plus souvent analysés à partir des réalités des jeunes adultes urbains les plus instruits et aisés d’Amérique du Nord ou d’Europe occidentale. L’appel à propositions pour ce numéro du Journal des anthropologues s’est inscrit à rebours de ce prisme. Nous voulions inviter à décentrer la perspective en interrogeant les défis dont sont porteurs ces instruments issus du numérique depuis les « marges ». Il s’agissait d’abord d’étudier nord-américains et européens, de cerner celles-ci dans des espaces construits comme étant à la marge du monde. Quelles formes diverses prend, dans ces espaces, l’économie liée au numérique, qu’elle se diffuse au travers des circuits formels ou informels ? Comment les individus s’y approprient-ils la variété des produits provenant de cette économie ? L’objectif était également de saisir la manière dont, tant à la « marge » qu’au « centre » du système global, des acteurs minorisés mobilisent les outils du numérique à des fins d’intervention sociale, politique, culturelle ou économique, tout en se montrant toutefois attentifs à saisir les limites de cette mobilisation.

Abstract

The social, political, cultural and economic issues raised by digital tools are usually seen from the perspective of highly-educated and wealthy young urban adults in North America and Western Europe. The call for papers for this issue of Journal des Anthropologues sought to encourage authors to take a different approach. We wanted them to problematize the challenges raised by digital technologies and their utilization ‘at the margin’. Thus, contributors were first asked to seize the significance of the digital technologies outside American and European societies or, at least, at the margins of these societies. What forms does the digital economy take in these spaces? How do individuals adopt products in this economy? Our objective was also to understand how, whether at the ‘margin’ or in the ‘centre’ of the global system, minority actors mobilize digital technologies to achieve their social, cultural and political goals, while being conscious of the limits of these mobilizations.