David Lagarde – Donner à voir le monde des camps

David Lagarde
Donner à voir le monde des camps

Lorsque Michel Agier et Olivier Clochard m’ont proposé au printemps 2013 de réaliser une « carte globale des camps » dans le cadre du projet de recherche Mobglob, j’ai trouvé leur sollicitation aussi séduisante que périlleuse. En tant que cartographe, il ne me semblait pas exister de meilleur moyen pour alerter l’opinion publique sur la banalisation du phénomène d’enfermement des populations migrantes. Mais au vue du temps et de l’énergie consacrée par les membres du réseau Migreurop à la réalisation de la carte des camps en Europe se lancer dans le recensement de l’ensemble des lieux d’enfermement d’étrangers de la planète me semblait être un projet extraordinairement ambitieux. En effet, on dénombrait à l’époque environ 500 camps de réfugiés, 1 500 camps de déplacés internes et 1 000 centres de rétention administrative, sans compter les camps de travailleurs et les campements auto-installés par les migrants et les réfugiés à proximité des frontières. En partant de ce constat, la première question que nous nous sommes posée était de savoir comment cartographier ce paysage global de camps de la manière la plus précise et objective qui soit.

Des données qui ne donnent à voir qu’une image très réduite de l’encampement du monde

Nos objectifs de rigueur scientifique et d’harmonisation des données nous ont contraint de procéder par élimination. Nous avons donc choisi de laisser de côté un certain nombre de camps « éphémères » ou au statut informel particulièrement difficiles à identifier et donc à recenser avec précision. Pour cette raison, les camps de déplacés internes, les camps de travailleurs ou bien encore les « squats » et les campements de migrants aux frontières n’ont pas été pris en compte dans cette étude. Quitte à donner une vision « à minima » de la réalité de ce phénomène, le message nous paraissait plus fort en ne faisant apparaître sur la carte que des camps dont nous étions certains de l’existence et de leur caractère pérenne.

Ce dernier critère nous a également amené à faire des choix dans notre travail de recensement des camps de réfugiés. En ce qui concerne cette catégorie, seuls les lieux ayant une reconnaissance institutionnelle ont été répertoriés. Parmi eux, l’écrasante majorité est constituée de camps gérés par le Haut commissariat aux réfugiés des Nations Unies (HCR). Viennent ensuite les camps administrés par les autorités du pays où ils sont installés. C’est le cas notamment en Inde où 101 camps de réfugiés tamouls sont gérés par le gouvernement indien dans le sud du pays et au sein desquels le HCR n’intervient pas. Parmi les autres formes de camps de réfugiés que nous avons laissés de côté, on trouve les centres d’accueil pour demandeurs d’asile (installés essentiellement dans les pays occidentaux), les centres de transits (localisés à proximité des frontières et dans lesquels les réfugiés sont maintenus pour une durée limitée en attendant d’être transférés dans des camps), ou bien encore les campements auto-établis par les réfugiés (qui sont de loin les plus nombreux et aussi les plus précaires).

En ce qui concerne les centres de rétention administrative, seuls les lieux utilisés de manière régulière et d’où les migrants ne peuvent absolument pas sortir ont été pris en compte. Dans le but d’harmoniser les données dont nous disposions à l’échelle mondiale, nous n’avons recensé que les centres à la capacité connue et supérieure à 50 places. Si nous disposions d’informations précises sur les « petits » lieux d’enfermement en Europe grâce au travail du réseau Migreurop, à l’échelle mondiale, il est plus difficile d’identifier ce type de structures. Pourtant, elles ont tendance à se multiplier, en particulier dans les pays du sud et au sein des États fédéraux qui réservent souvent quelques dizaines de places dans des prisons de droits communs pour y enfermer des étrangers en situation irrégulière. Dans le cas de l’Allemagne, de la Suisse, du Canada ou bien encore des États-Unis, même si nous disposions d’informations sur ce type de lieux, ils n’apparaissent toutefois pas sur la carte.

Une division nord-sud du monde visible à travers la localisation des différents types de camps

Une fois cette liste de critères établie, l’essentiel du travail a été de se procurer des informations sur ces lieux d’enfermement et d’identifier précisément leur localisation. Un travail de fourmi qui a nécessité plus d’un mois de recherches. Je me suis pour cela essentiellement basé sur des rapports publiés par des organisations internationales, des ONG et des associations de défense des Droits humains. Les informations concernant les centres de rétention en Europe et sur le pourtour méditerranéen proviennent intégralement du site Close the camps. Si dans ce cas précis les données sont assez exhaustives, ce n’est pas le cas pour toutes les régions du monde. En l’absence d’informations en ligne sur les centres de rétention de plusieurs pays d’Asie du sud-est, j’ai réussi à contourner cette limite en établissant des contacts directs avec des organisations ayant accès à ces lieux et qui ont accepté de partager leurs données avec nous. Toutefois, il faut souligner l’existence d’importantes zones d’ombres sur la carte. C’est le cas en particulier pour l’Amérique du sud, la Russie et les autres États d’Asie centrale où, même s’il existe très probablement des lieux d’enfermement d’étrangers, je n’ai pas réussi à les identifier tant l’opacité règne autour de ces structures de mise à l’écart.

Au total, plus de 400 camps de réfugiés ont été cartographiés. Au niveau de leur localisation, ils sont majoritairement implantés dans les pays du sud, plus particulièrement en Asie et en Afrique où résident aujourd’hui 85% des réfugiés de la planète. Notons que sur le continent africain, la majorité des camps sont auto-installés par les réfugiés et ne figurent donc pas sur cette carte. C’est le cas également au Liban où le HCR répertoriait à l’époque près de 350 campements informels de réfugiés syriens. Sur le millier de centres de rétention estimé à l’échelle planétaire, seuls 315 ont été cartographiés. Le nombre de lieux représentés est donc très en dessous de la réalité du phénomène, puisqu’à l’échelle du continent européen et du pourtour méditerranéen, plus de 411 centres ont été identifiés en 2012. Ainsi, même si cette carte ne représente qu’une vision réduite du phénomène d’encampement du monde, on voit qu’un paysage global de camps se dessine à l’échelle de la planète. Comme le faisait remarquer Nicolas Demorand sur France Inter au moment de la sortie du livre Un monde de camps dans lequel figure une ancienne version de cette carte, la division du globe qu’elle donne à voir entre centres de rétention au nord et camps de réfugiés au sud « en est presque caricaturale ».

Entre ces deux mondes, on distingue l’émergence de zones tampons où se multiplient les campements de migrants en transit vers l’Occident. A l’image des camps de réfugiés et des centres de rétention, ces lieux d’attente tendent eux-aussi à s’inscrire durablement dans l’espace et dans le temps. Ils constituent ainsi des étapes qui structurent les parcours migratoires et les biographies de dizaines de milliers d’individus qui y séjournent de quelques jours à plusieurs années. Situés dans les interstices des villes ou à proximité des frontières, il est toutefois difficile de les localiser avec précisions. C’est pourquoi nous avons décidé de réaliser une deuxième version de la carte originale – qui accompagne ce texte – à l’occasion du colloque Un paysage global de camps. Avec l’aide de Tristan Bruslé, cette seconde édition nous a permis de représenter les principales zones d’implantations de campements de migrants et de camps de travailleurs. Ce projet est donc à considérer comme le point de départ d’un travail collectif à poursuivre et à enrichir afin d’obtenir une vision exhaustive de cette réalité du monde contemporain qui fait des camps l’expression physique d’une politique constante de mise à l’écart des indésirables.

Biographie

David Lagarde est doctorant en géographie au sein du LISST (Laboratoire interdisciplinaire solidarités, sociétés, territoires) à l’Université de Toulouse. Ses recherches visent à identifier les réseaux de lieux et les réseaux de personnes autour desquels s’articulent les mobilités des réfugiés syriens à différentes échelles de l’espace euro-méditerranéen (locale, régionale, transnationale). La cartographie, occupe une place importante dans ses recherches et lui permet de mieux appréhender la complexité et la diversité des dynamiques socio-spatiales qui résultent de la mise en mobilité des Syriens depuis 2011.

David Lagarde is a Phd candidate in geography at the LISST (Laboratoire interdisciplinaire solidarités, sociétés, territoires) in Toulouse University. His researches question the links between social and spatial networks in Syrian refugees’ journeys, focusing mainly on the conditions of movement at different scales of the Euro-Mediterranean space (local, regional and transnational). On the other hand, his work pays a particular attention to the question of cartography and visualization in order to represent the complexity and diversity of these spatial and social dynamics.

Atelier 1 : Réseaux et frontières

26-27 janvier 2012
Maison des Astronomes,
IMéRA,
2 PLace Le verrier,
13004 Marseille

Organisation: Nicola Mai (London Metropolitan University), Cédric Parizot (IMéRA, IREMAM, Aix Marseille Université, CNRS)

Approche en réseau et étude de cas

In this session, through the presentation of three case studies we will discuss the relevance of different conceptualizations and theories of networks in understanding both state control mechanisms and circumvention processes deployed by actors on the ground. What kinds of boundaries do networks challenge and reproduce? How can they become controlled and manipulated by state powers? How can they in turn control and manipulate the mobility of people and the surveillance targeting them?

Olivier Clochard (Géographe, programme Terrferme / ADES / Univ. Bordeaux 3)
Construction de réseaux dans le contrôle frontalier de l’Union européenne

Francesca Sirna (Sociologue, ANSO-UCL) (Anthropologist, Reader in Migration Studies at London Metropolitan University)
Réseaux, espaces et mobilités : le cas des Piémontais et des Siciliens en Provence

Nicola Mai
Of trafficking and other networks: the moralist criminalisation of migrant networks supplying the sex industry

Conceptualiser, analyser et gérer les réseaux

The participants of this session will try to provide a general view of mechanisms, techniques and methodologies by which state authorities, smugglers and hard scientists conceptualize networks of data, mobilities and materialities. Whose interests do these technologies and governmentalities serve? What forms of political resistance and complicity can emerge in the process?

Lionel Pascal (expert douanier (OMD et FMI), Bordeaux IV-Montesquieu)
Réseaux et frontières : des contrôles deterritorialisés

Cédric Parizot (Anthropologue, IREMAM, CNRS, Aix Marseille Université)
Individualizing control, duplicating borders: Biosocial profiling, sponsorship and smuggling networks between Israel and the West Bank

Représenter des réseaux et les pratiques de réseaux

This third session will address the ways by which networks could be represented through different images and devices and the implications these representation have at different levels. How do we represent networks? Who do they represent? What are the differences and similarities emerging between the political and the scientific dimension of the representation of networks? Can we transcend subjectivity and politics in understanding and representing networks?

Wouter Van den Broeck, chercheur et designer (ISI Foundation, Turin, Italie; Addith.be)
The language of network representations

Christophe Bruno (artiste et commissaire d’expositions)
Art et réseau, cartographie de flux, cycles et échelles

Antoine Vion (Sociologue, LEST, AMU)
What does the representation of ‘transnational networks’ refer to ? Reconsidering data, contexts, and borders

Résumés

Olivier Clochard, géographe (programme Terrferme / ADES / Univ. Bordeaux 3)
Construction de réseaux pour renforcer le contrôle frontalier de l’Union européenne

Selon Claude Raffestin, les réseaux sont une forme d’inscription d’un pouvoir sur l’espace. Ainsi les évolutions techniques comme les bases de données informatiques et les centres de rétention administrative transforment la frontière plus qu’elles ne la suppriment, en la déplaçant de part et d’autre des limites internationales, en la dilatant à l’échelle d’une région frontalière et la connectant à d’autres lieux. Quelles relations peut-on alors établir entre les reconfigurations des frontières européennes entamées depuis les années quatre-vingt-dix, l’évolution des centres de rétention administrative européens et l’établissement des bases de données informatiques ? Comment la mise en réseau de ces différents dispositifs se rapporte-t-elle à l’établissement de frontières migratoires ?

Francesca Sirna (Sociologue, ANSO-UCL)
Réseaux, espaces et mobilités : le cas des Piémontais et des Siciliens en Provence

L’objectif de cette intervention est de reconstruire les séquences génératives de comportements migrants dans des contextes donnés, en essayant de détailler et d’expliquer les différences entre immigration « de proximité » (Piémontaise) et de « longue distance » (Sicilienne).

Le choix d’installation des Piémontais et des Siciliens en Provence relève également de questions d’ordre différent. Quel est leur rapport au territoire d’émigration et d’immigration ? Est-ce que l’ancienneté de la présence en pays d’immigration peut déterminer des modes d’insertion différents dans les pays d’accueil ? Est-ce que les Piémontais et les Siciliens, en partageant le même lieu d’immigration, se côtoient, s’aident, font partie du même réseau migratoire, du même groupe de «migrants italiens » ? Est-ce que le départ a le même rôle pour les deux groupes et pour leurs familles restées dans les villages d’origine ? Quel type de liens unit les migrants et les sédentaires ?

J’ai voulu privilégier la dimension processuelle, dynamique et historique du phénomène migratoire, afin de montrer les tâtonnements, les incertitudes et les revirements de trajectoires certes individuelles, mais insérées dans un entrecroisement de relations qui partent du village d’origine pour s’étendre au niveau international.

Nicola Mai (Anthropologist, Reader in Migration Studies at London Metropolitan University)
Of trafficking and other networks: the moralist criminalisation of migrant networks supplying the sex industry

The granting of asylum and the social protection of vulnerable migrant groups have become strategic borders between the West and those of the Rest of the world. In the process, state benevolence and fundamental rights are allocated on the basis of the performance of ‘true’ victimhood scripts according to well-rehearsed politics of compassion. Anti-trafficking moral panics and social interventions play a strategic role within the deployment of these neoliberal governmentalities. By criminalising the involvement of young female and male migrants in the sex industry and the personal and professional networks they use to migrate in terms of trafficking and exploitation, the anti-trafficking paradigm enforces new embodied borders and hierarchies of mobility. Paradoxically, these reinforced borders and the parallel criminalisation of the networks of migrants working in the sex industry produce the exploitative conditions that anti-trafficking rhetoric and social interventions aim to eradicate.

Lionel Pascal (Expert douanier OMD et FMI, Bordeaux IV-Montesquieu )
Des contrôles déterritorialisés

Le passage en frontière est un franchissement « à la carte » ! Tout est fait pour obtenir des informations (renseignements) sur les personnes, les moyens de transport et les marchandises  avant que ces éléments se présentent.  Pour cela, les services utilisent leurs réseaux pour recueillir les données permettant de choisir la forme de contrôle adaptée aux risques présumés par une analyse informatique obligeant les agents à suivre les directives résultant de cette analyse. Les données recueillies arrivent de tous les autres services en charge de la sécurité et du croisement avec d’autres éléments archivés. Les inconnus et les suspects feront l’objet d’un contrôle approfondi.

Cédric Parizot (Anthropologue, IREMAM-CNRS, IMéRA)
Individualizing control, duplicating borders: Biosocial profiling, sponsorship and smuggling networks between Israel and the West Bank

This presentation focuses on sponsorship that Palestinians need from an Israeli citizen in order to apply to an entry permit into Israel. It shows that this rule makes the belonging to a network often more relevant than the bio-social profile of an individual regarding mobility access. Yet, this study does not merely assess the impact of an administrative procedure on people practices and rights. Based on ethnographic investigations carried out since the mid 1990s between Israel and the West Bank, studies the ways by which Israeli, Palestinian and international actors have taken over these regulations, and the power relations they entail, in order to serve their own interests and develop new economic activities. Relying on the assumption that personal networks are constitutive of mobility access, this presentation will explore the ways these re-appropriations of local actors and these networks restructure people relationships to space, territory and borders.

Wouter Van Den Broeck (Designer, Data-driven Exploration of Dynamical Networks)
The language of network representations

In this presentation I will outline a bottom-up analysis of the applications, mechanisms and constraints of network representations. This analysis will lead us from the basic nature of data and information, over the mechanisms of visual representation of information in general, to the grammar and semantics of network representations in particular.  Its aim is to provide a common ground for reasoning about networks and their representations across disciplines.

Christophe Bruno (artiste et commissaire d’expositions)
Art et réseau, cartographie de flux, cycles et échelles

Ses travaux (détournements, installations, performances, œuvres conceptuelles…) proposent une réflexion critique sur les phénomènes de réseau et de globalisation dans les champs du langage et de l’image. Il présentera quelques-unes de ses œuvres, notamment divers détournements de structures globales du Web 2.0, comme le « Google Adwords Happening », performance au sujet du prix des mots sur le réseau. Il montrera également ses projets plus récents comme le Dadamètre (www.iterature.com/dadameter) qui traite de cartographie des concepts sur le Web, et Artwar(e) (en collaboration avec le philosophe Samuel Tronçon, www.artwar-e.biz). Ce dernier projet concerne la gestion des risques et l’analyse de tendances dans le champ de l’art. S’inspirant à la fois de méthodes marketing comme les « cycles de hype », des « cycles de Kondratiev » du système-monde à grande échelle, et de la théorie contemporaine des réseaux,  Artwar(e) a pour objectif de détecter les phénomènes d’émergence, d’obsolescence et d’import-export de concepts, en particulier sur les réseaux sociaux. Il parlera aussi des travaux qu’il poursuit actuellement en tant que commissaire de l’espace virtuel du Jeu de Paume, avec les expositions « identités précaires » et « blow-up ».

Antoine Vion (Sociologue, LEST, Aix Marseille Université)
What does the representation of ‘transnational networks’ refer to ? Reconsidering data, contexts, and borders

A growing set of network studies is applied to transnational networks. Ontologically, the transnationality of links which structure such networks often seems to be taken for granted. This first calls for a conceptuel framework of transnational dynamics. But even if it is provided, paying attention to transnational networks supposes a sharp examination of data. A first question in this field is thus the reliability of the data collected. A second problem is related to the meaning which is carried out by representing transnational networks. Following Goodman & Elgin, referring to any object cannot be separated to the context within which it may be understood. This poses problems for designers and readers of graphical representations of transnational networks used in comparative or longitudinal studies. Sharing common backgrounds on contexts especially requires common abilities to spot the evolving political or social borders showed out by the graphs. Making these borders more explicit and discernible remains a huge challenge in this field, and demands a complex integration of data properties, context shifting and of social ways of  border-making.

« A quoi réfère la représentation des réseaux transnationaux ? Pour un nouvel examen des données, des contextes, et des frontières »

Les études de réseaux sont marquées par l’émergence d’un pan de plus en plus important d’analyses traitant de réseaux transnationaux. Ontologiquement, la question de la transnationalité des liens qui structurent de tels réseaux semble souvent tenue pour acquise, alors même que le modèle conceptuel qui sous-tend l’idée de dynamique transnationale doit être précisé. Mais même lorsque cela est établi, l’attention aux réseaux transnationaux suppose un examen scrupuleux des données, et de leur fiabilité au regard des critères définis. Un deuxième problème est lié au sens que produit la représentation des réseaux transnationaux. En suivant Goodman & Elgin, on rappellera que toute forme de référence est difficilement séparable d’un contexte qui rend possible une compréhension de l’objet. Cela pose à ceux qui dessinent ou lisent une représentation graphique de réseaux transnationaux un défi particulier lorsque les graphes appuient une étude comparative ou longitudinale. Partager des connaissances d’arrière-plan est nécessaire pour repérer les frontières politiques ou sociales que font ressortir les graphes, ce qui suppose des dispositions que tout le monde n’a pas. Il y a donc un enjeu à outiller la représentation graphique de ces frontières pour les rendre plus explicites et discernables, ce qui suppose l’intégration complexe de propriétés propres aux données, de changement de contexte et des modes d’existence sociale de la frontière.

Partenariat

IMéRA (Aix-Marseille Université), Ecole supérieure d’Art d’Aix-en-Provence, Laboratoire PACTE (Université de Grenoble), Institut de Recherche et d’Etudes sur le Monde Arabe et Musulman (IREMAM, CNRS-AMU), Laboratoire Méditerranéen de Sociologie (LAMES, CNRS-AMU), Aix-Marseille Université, Réseau Français des Instituts d’Etudes Avancées (RFIEA), Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, CNRS

Photo: Cédric Parizot, Le mur de séparation, Sud de la Cisjordanie, 2006