Recherche, art et pratiques numériques #15: Post cinéma et anthropologie

10h-13h Mercredi 31 Janvier
IMéRA,
2 place Le verrier
13005 Marseille

Comité d’organisation : Jean Cristofol (Ecole Supérieure d’Art d’Aix en Provence), Jean-Paul Fourmentraux (Centre Norbert Elias – CNRS/AMU/EHESS), Manoël Pénicaud (IDEMEC, CNRS/AMU), Cédric Parizot (IREMAM,CNRS/AMU)

Recherche, art et pratiques numériques est une séminaire transdisciplinaire qui s’intéresse aux perturbations productives que génèrent les collaborations entre les chercheurs en sciences humaines et les artistes dans le domaine du numérique. Il s’inscrit dans la suite des réflexions et des expérimentations que nous avons menées à l’IMéRA dans le programme antiAtlas des frontières depuis 2011 tout en élargissant notre questionnement au-delà de la seule question des frontières. (Lire la suite)

Post cinéma et anthropologie

Pascal Cesaro, chercheur et documentariste, PRISM, Aix-Marseille Université / CNRS, Pierre Fournier, Sociologue, Laboratoire méditerranéen de sociologie, LAMES / Aix-Marseille Université / CNRS

Sur les traces des atomistes. Un pas de côté pour un sociologue de terrain

A partir d’extraits du film documentaire Sur les traces des atomistes (Pascal Cesaro et Pierre Fournier, 90mn, 2016) nous reviendrons sur notre usage d’images d’archives comme outil de recherche en sciences sociales. Nous présenterons comment à partir d’une archive audiovisuelle issue d’une série de fiction de la fin des années 1960 mettant en scène la vie de travailleurs d’un centre nucléaire en Provence on espère mieux comprendre ce que veut dire venir travailler dans cette industrie. Montrer des extraits de ce feuilleton à des gens vivant aujourd’hui près du même centre, permet-il de dépasser les représentations abstraites du débat public sur ce sujet polémique ou le silence derrière lequel se retranchent parfois les personnes vivant près des centres nucléaires ?

[Power point de la présentation]

Krista Lynes, communication studies, Concordia University, Canada / résidente de l’IméRA, Marseille

Notes sur l’Index : penser le « réel » à l’ère numérique

La question de l’indexicalité des images-médias est devenu centrale dans les méthodes de recherche en sciences humaines autant que pour les formes d’art politique ou engagé, portant particulièrement sur leur capacité de rendre compte fidèlement de la vie sociale. De ce fait, le problème de l’indexicalité des images s’avère doublement épistémologique et éthique. Renvoyant à un pari risqué, toujours instable, le concept d’indexicalité est aujourd’hui malmené par les changements technologiques, culturels, économiques et politiques : passage des médias ‘analogues’ aux médias ‘numériques’ (avec la mutabilité inhérente de ces derniers) ; passage de la surface du monde visuel vers le ‘big data’ (et donc vers les paradigmes algorithmiques du réel, non plus liés au champ visuel, mais à la statistique). Il y a néanmoins toujours plus d’images en circulation, davantage de visualisations algorithmiques (‘beautiful data’), qui accompagnent la transformation du champ visuel en base de données. Ma présentation cherchera à explorer cette charge de l’indexicalité dans la recherche interdisciplinaire et artistique, elle sera centrée plus précisément sur les projets médiatiques entourant la ‘crise migratoire’ (Forensic Architecture, the Visual Social Media Lab, UNITED, ainsi que d’autres tactiques visuelles).

Jeff Daniel Silva, artiste-chercheur, Sensory Ethnographic Lab, Harvard University, Centre Norbert Elias (CNE) AMU/EHESS/CNRS.

Linefork (2016) : Recherche visuelle et cinéma anthropologique

Membre correspondant du Centre Norbert Elias depuis décembre 2016, futur résident à l’IMéRA (2018-2019), Jeff Silva est un réalisateur américain, professeur et programmeur originaire de Boston. Associé depuis son origine au Laboratoire d’Ethnographie Sensoriel (SEL) à Harvard University, il a contribué aux côtés du fondateur et directeur Lucien Taylor au développement d’un programme d’études et de méthodologie appuyé sur la réalisation filmique. Ses travaux – réalisations et recherches anthropologiques – s’attachent à documenter plutôt qu’a expliquer et utilisent pour cela l’ambiguïté et la connaissance implicite. A l’articulation du cinéma documentaire et expérimental, sa communication mobilisera des extraits commentés du film Linefork (2016) et questionnera la part d’intimité dans la relation qu’entretien le documentariste avec son sujet. Ses films les plus récents « Linefork » (2016), « Ivan & Ivana » (2011) et « Balkan Rapsodies: 78 Measures of War » (2008)

Image extraite du film Havarie de Philip Scheffner, 2016 © Philip Scheffner

Pratique de l’écoute et écoute des pratiques

Comité d’organisation

Jean Cristofol (ESAAix, PRISM AMU/CNRS), Elena Biserna (ESAAix, PRISM AMU/CNRS), Christine Esclapez (AMU, PRISM AMU/CNRS), Peter Sinclair (ESAAix, PRISM AMU/CNRS)

Thématique du séminaire

Le séminaire intitulé « Pratiques de l’écoute, écoute des pratiques » définit clairement son projet dans l’énoncé de son titre : il s’agit d’abord de s’intéresser à l’écoute et aux pratiques de l’écoute, c’est à dire aux pratiques qui à la fois supposent, engagent et déterminent des formes d’écoute.

Ces pratiques sont nombreuses et très différentes les unes des autres. Elles appartiennent à des domaines de la connaissance infiniment variés. Toutes supposent une relation au son ou au moins à des phénomènes ondulatoires qui sont de l’ordre du sonore – même s’ils défient les limites de la perception humaine et qu’ils impliquent la mise en œuvre de technologies qui étendent, déplacent et transposent les potentialités du sensible. Toutes aussi impliquent de mettre en place une logique dans laquelle la réception, la sensibilité et l’attention sont mobilisées comme des formes essentielles de l’expérience et de la connaissance, comme des moments qui déterminent et structurent notre relation à notre environnement, comme des vecteurs de notre capacité d’action, de représentation et d’invention.

Bien sûr, la musique et plus généralement les pratiques sonores en art sont essentielles à notre réflexion et nous nous sentons héritiers du tournant qui a consisté, par exemple avec John Cage, à placer l’écoute au cœur d’une pensée de l’esthétique comme expérience. Mais bien au-delà de la musique ou des arts du son et de l’audio, il existe de nombreuses pratiques, qu’elles soient empiriques ou expérimentales et rationnellement formalisées, qui mettent en jeu de façon déterminante la question de l’écoute.

L’acoustique est évidemment la première d’entre elles et elle se trouve chaque fois impliquée d’une façon ou d’une autre. Mais notre énoncé suggère aussi que l’écoute n’existe vraiment que dans et par une pratique. De ce point de vue là, l’écoute s’apprend, se développe, s’affine et s’oriente dans la relation à un ensemble organique où l’expérience et la théorie doivent trouver les modalités de leur dialectique. Toute écoute prend sens dans le contexte d’une situation qui engage la relation entre des acteurs et le milieu mouvant dans lequel ils évoluent. Elle contribue à donner sens à ce milieu et elle présuppose l’orientation d’une perception qui ne reçoit que parce qu’elle attend et s’interroge. L’écoute est éveil, exercice, pensée, mouvement, relation aux autres et au monde. Elle mobilise du savoir et le met à l’épreuve d’une situation signifiante. Elle s’inscrit dans une histoire qui est aussi l’histoire des disciplines qui la mettent en œuvre.

L’écoute est donc une notion à la fois transversale et toujours inscrite dans des pratiques spécifiques, qu’elles soient scientifiques ou artistiques, formalisées ou empiriques. Si elle engage des pratiques déterminées et multiples, elle ouvre aussi un espace de discussion, de partage et d’échange entre ces pratiques et ces savoirs, entre les arts et les sciences.

Partenariat

Institut d’Etudes Avancées d’Aix Marseille Université (IMéRA)
(PRISM)

Les nouveaux besoins et les nouvelles solutions pour la surveillance des frontières terrestres,

Hervé Braik – Thalès, France

Face à l’augmentation générale des activités illégales et criminelles aux frontières voire pour certains États des attaques terroristes, de nombreux pays sont dans l’obligation de renforcer les contrôles aux frontières afin de ne pas handicaper leur développement et/ou d’assurer leur sécurité intérieure. Devant impérativement améliorer l’efficacité des dispositifs et ne pouvant la plupart du temps recruter des milliers de personnes pour assurer ces missions, les administrations choisissent de plus en plus de s’équiper avec des systèmes intégrés de surveillance.

Stones and nodes

Stones and Nodes: the Working Out of the Separation between Israel and Palestine (2014)

Stones and Nodes is a dynamic visualization of informal networks surrounding the wall that separates Israelis and Palestinians. Based on an in depth ethnographic investigation carried out between 2005 and 2010, this art – science work provides an alternative mapping of Israeli – Palestinian spaces. It also offers a unique perspective on the border networks structuring the regime of mobility that Israel has imposed on Palestinians over the last 20 years.

An art-science work by Cédric Parizot – IREMAM, CNRS/Aix-Marseille Université, Antoine Vion – LEST, CNRS/Aix-Marseille Université, Mathieu Coulon – LAMES, CNRS/Aix-Marseille Université, Guillaume Stagnaro – ESAAix

Outsourcing Border Control

Federica INFANTINO, 2016, Outsourcing Border Control. Politics and Practice of Contracted Visa Policy in Morocco. Palgrave MacMillan US, Mobility and Politics Series.

This book explores the everyday practices of border control and implementation of mobility policy in the European Schengen area by analyzing consular visas services on the edges of the territory. Using an original case study, private contractors that implement EU visa policy on governments’ behalf, the author focuses on visa application centers located in Morocco and run by the two major contractors of European Member States, the transnational corporations VFSGlobal and TLSContact. The analysis builds on ethnographic research that encompasses the making of EU visa policy at the European, national and local levels. It aims at uncovering the reasons that have led to the adoption of outsourcing as a normal and legitimized mode to implement EU visa policy and the effects of that choice.

Dr. Federica Infantino is FNRS postdoctoral research fellow at the Group for Research on Ethnic Relations, Migration and Equality (GERME), Université Libre de Bruxelles. She holds a PhD in political and social sciences from Université Libre de Bruxelles and a PhD in political science, comparative political sociology, from Sciences Po Paris. Federica’s main research interest focus on the day-to-day implementation of migration and border control in comparative perspective.