Recherche, arts et pratiques numériques #7: quoi de neuf du côté des androïdes ?

10h-13h Mercredi 07 décembre,
IMéRA,
2 place Le verrier,
13004 Marseille

Comité d’organisation : Jean Cristofol (Ecole Supérieure d’Art d’Aix en Provence), Jean-Paul Fourmentraux (Centre Norbert Elias, LESA, AMU, EHESS), Cédric Parizot (IREMAM,CNRS/AMU), Manoel Penicaud (IMERAM, CNRS/AMU).

Recherche, art et pratiques numériques est une séminaire transdisciplinaire qui s’intéresse aux perturbations productives que génèrent les collaborations entre les chercheurs en sciences humaines et les artistes dans le domaine du numérique. Il s’inscrit dans la suite des réflexions et des expérimentations que nous avons menées à l’IMéRA dans le programme antiAtlas des frontières depuis 2011 tout en élargissant notre questionnement au-delà de la seule question des frontières. (Lire la suite)

Quoi de neuf du côté des androïdes ?

Emmanuel Grimaud, anthropologue, Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (LESC), Université Paris Ouest Nanterre La Défense, CNRS
La Vallée de l’Etrange. Mises a l’épreuve d’un mystère expérimental, entre robotique et anthropologie

Mon intervention reviendra sur la théorie du roboticien japonais Masahiro Mori, et le rôle moteur qu’elle a joué dans la robotique humanoïde contemporaine. J’aborderai aussi les expérimentations auxquelles nous nous sommes livrés avec l’artiste Zaven Paré, autour du Geminoid au Japon ainsi que l’expérience Ganesh yourself en Inde (un robot qui permet de se mettre à la place de Dieu et d’avoir avec lui une conversation). Je parlerai par ailleurs de la manière dont on a essayé de repenser la vallée de l’Etrange avec l’exposition Persona (MQB). On y confrontait arts premiers et robotique, invitant le spectateur à faire toute une série d’expériences sur les modalités d’attribution d’un statut de personne à des ‘non humains’.

[Lire l’article d’Emmanuel Grimaud]

France Cadet, artiste, professeure à l’école supérieure d’art d’Aix en Provence
Robot mon Amour

France Cadet est une artiste de l’hybridation qu’une armée de robots chien a propulsée sur la scène artistique internationale. Ses animaux de compagnie, elle les a génétiquement modifiés par le code informatique. Leurs mouvements singuliers, tout comme les cartels qui les identifient, nous incitent à repenser notre relation aux machines autonomes qui investissent notre quotidien. Elle poursuit dans la série Robot mon Amour ses hybridations avec des créatures mi-femme mi-robot où vivant et artificiel, chair et mécaniques s’entremêlent. Y a-t-il encore une femme dans la machine ? La question du genre, évidemment, est une problématique sous-jacente du travail de cette artiste aux multiples identités qui nous incite à repenser plus largement notre conception du vivre ensemble.

Angelica Lim, ingénieure en intelligence artificielle, SoftBank Robotics Europe, Kyoto University
Comment construire le cerveau d’un robot depuis l’intelligence artificielle jusqu’à l’intelligence émotionnelle ?

Que reste-t-il à accomplir pour que C3P-0 et Rosie le Robot deviennent réalité ? Angelica Lim explorera les éléments qui composent le cerveau d’un robot, autrement dit son programme interne, en regardant sous la capuche d’un vrai robot compagnon humanoïde

Micha Cardenas – L’outil transfrontière pour le migrant, la science de l’opprimé


Micha Cardenas – University of Southern California, USA

La science de l’opprimé est un terme qui a d’abord été utilisé par la philosophe féministe de Monique Wittig et qui a été plus tard adopté par les collectifs « artivistes » groupe particules et Electronic Disturbance Theatre 2.0. Ils proposent une approche de la production de connaissances qui ne revendique pas une position objective ou une approche motivée par le profit, mais qui est informée par une expérience de l’oppression et vise à contribuer à la justice sociale. Dans cette présentation performative, je vais présenter le travail de création du Transborder imigration tools effectué en collaboration avec le Electronic Disturbance Theater 2.0. A la fois outil médiatique perturbateur et virus pour les médias, il est conçu pour pourvoir à la subsistance poétique et physique des personnes qui traversent la frontière Mexique / Etats-Unis. Mon travail sur ce projet m’a permis de développer des pratiques inédites de science de l’opprimé, notamment dans le cadre d’un projet intitulé Réseaux d’Autonomie Locale/Autonets. Le but de ce second projet était de faire construire aux communautés locales des réseaux à la fois numériques et post-numériques, pour prévenir la violence contre les femmes transgenres de couleur, les personnes handicapées et les travailleurs du sexe. Autonets étend la science de l’opprimé à Femme Science et Femme Disturbance, utilisant le développement de relations comme stratégie pour à construire un monde sans prisons.

Voir le programme complet du colloque antiAtlas, Aix-en-Provence 2013

Nicola Mai – En assemblant Samira : une installation art-science sur l’incorporation des frontières humanitaires


Nicola Mai – LAMES, AMU/CNRS, France, London Metropolitan University, UK

La protection humanitaire des groupes de migrants vulnérables a imposé de nouvelles frontières biographiques. Les migrants cherchent à obtenir la bienveillance de l’Etat et un statut légal en réalisant et incorporant des discours humanitaires mettant l’accent sur la victimisation et de la souffrance. Seuls ceux dont les performances de souffrance en tant que sujets dignes de protection humanitaire sont jugés crédibles et bénéficient d’une telle protection. Genre et sexualité sont devenus des répertoires narratifs stratégiques à travers lequel les frontières humanitaires et biographiques sont inscrites sur les corps des migrants. Le projet Emborders, à la fois projet de realisation cinématographique et de recherche scientifique, reproduit les différentes représentations et les récits des migrants ciblés par la protection humanitaire tels qu’ils ressortent des entretiens avec les autorités, avec des chercheurs en sciences sociales ainsi qu’avec les autres migrants et les familles. Il s’appuie sur des histoires vraies et des gens réels, qui sont jouées par des acteurs afin de protéger l’identité des personnes interrogées originaux et refléter la nature intrinsèquement fictive de toute narration de soi. En utilisant des acteurs pour reproduire de vraies personnes et des histoires de la vie réelle, le projet remet en cause ce qui constitue finalement une réalité crédible et acceptable en termes scientifiques, filmiques et humanitaires. Samira est une installation d’art-science à deux écrans, présentant l’histoire de Karim. Elle assemble différents moments et scripts ethnographiques tels qu’ils sont apparus à travers le travail de terrain à Marseille. Karim est un homme migrant algérien commerçant le sexe, tout comme SAMIRA, la nuit à Marseille. Il a quitté l’Algérie comme un jeune homme dont les seins commençaient à se développer à la suite de la prise d’hormones ce qui lui a permis d’obtenir l’asile en France, en tant que femme transgenre. Vingt ans plus tard, alors que son père se meurt et que Samira/Karim est en passe de devenir le chef de la famille, elle se fait chirurgicalement enlever les seins et se marie avec une femme afin d’obtenir un nouveau passeport lui permettant de retourner en Algérie pour assumer son nouveau rôle.

Slides de la conférence, l’installation Samira.

Voir le programme complet du colloque antiAtlas, Aix-en-Provence 2013