APPEL À COMMUNICATION, (D’)écrire les mondes arabes et musulmans

Cet appel concerne le colloque du second Forum du GIS Moyen-Orient et mondes musulmans qui aura lieu du 1er au 4 octobre 2018
Ecole supérieure du professorat et de l’éducation – Aix Marseille Université
2 Avenue Jules Isaac
13626 Aix en Provence

Tous les deux ans, le Groupement d’intérêt scientifique Moyen Orient et mondes musulmans (http://majlis-remomm.fr/) organise un forum destiné à engager un dialogue entre les chercheurs travaillant sur cette aire culturelle et les acteurs de la société civile (enseignants du secondaire, journalistes, associations, grand public, etc.).

Interroger les modalités de production et de circulation de la connaissance

A l’automne 2018, ce forum portera sur les pratiques d’écriture à travers lesquelles chercheurs, enseignants, mais aussi d’autres acteurs de la société (artistes, blogueurs, journalistes, éditeurs, traducteurs, réalisateurs) pensent, représentent et discutent des mondes arabes et musulmans. L’écriture ici est envisagée dans une acception élargie pour englober les textes, les arts plastiques, les films, les documentaires, le théâtre, les dispositifs numériques, etc.

Interroger les pratiques d’écritures présente un triple intérêt :
– d’une part, celui de mieux comprendre les processus d’élaboration du savoir.
Les recherches sur les textes académiques ont montré combien ceux-ci sont consubstantiels à la production de la connaissance scientifique, et combien l’écriture est au cœur du processus de construction de nos objets de savoir. Sur le terrain ou lors de recherches dans les archives, c’est à travers elle que sont consignées les données récoltées ainsi que les premières réflexions. Les processus de classement et d’indexation participent à des mises en forme et « font sens », faisant de nos pratiques d’écriture des dispositifs à la fois d’objectivation et de subjectivation.

– d’autre part, celui de mieux cerner ses modalités de circulation du savoir.
Loin d’être neutres, les textes académiques sont profondément normés, standardisés. Depuis le 17ème siècle, l’écriture scientifique s’est progressivement constituée en opposition à la littérature en excluant un certain nombre de mécanismes expressifs de son répertoire légitime (la rhétorique, la fiction et la subjectivité). Forte de ces conventions et de celles que leur ont imposées progressivement les différentes disciplines, les formes d’écritures académiques ont fonctionné comme de puissants facteurs de reproduction sociale et ont régulé les conditions de production et de circulation du savoir. En définissant les façons légitimes de rendre compte du réel, les conventions d’écriture qui régissent la production des textes scientifiques fonctionnent comme autant de répertoires de distinction et de hiérarchisation. Ils jouent un rôle fondamental dans la reproduction des frontières entre les disciplines, mais aussi entre le monde académique et le reste de la société.

– et enfin, celui de mieux comprendre les modalités de formation et d’enseignement.
Les mondes arabes et musulmans constituent également un objet de l’histoire scolaire que les événements récents ont parfois conduit à appréhender au seul prisme du problème et de l’urgence, gommant l’appréhension d’enjeux culturels et artistiques indispensables à la compréhension plus fine du monde contemporain. La valorisation de telles approches passe par l’usage de nouveaux supports de transmission qui convoquent les outils numériques autant que la production artistique pour une mise en récit renouvelée.
En somme, en s’interrogeant sur les formats d’écritures ce forum réfléchira aux modes de production, de circulation et de diffusion de la culture scientifique.

Thématiques retenues

– Les écritures contemporaines : enjeux épistémologiques, méthodologiques et politiques,
– Les défis des écritures contemporaines à l’aune d’expériences passées,
– Traduction, édition, diffusion, valorisation : les passeurs de savoir,
– Supports et formats de l’enseignement,
– Écritures et expérimentations art-science,
– Recherche et écritures dans le monde numérique.

Un format au croisement de la recherche et de la création

Afin d’engager une réflexion critique autour des pratiques d’écritures sur les mondes arabes et musulmans, ce forum adoptera un format inédit en articulant sur les mêmes lieux et pendant une période de de 7 jours (28 septembre 4 octobre) sept dispositifs de communication et d’échanges avec le public. L’imbrication de ces dispositifs vise à mettre en perspective et en tension les différents modes d’écriture sur lesquels elles reposent:
(1) deux workshops de 3 jours avec des artistes-enseignants
(2) un colloque international,
(3) des ateliers de formation,
(4) des représentations de spectacles vivants,
(5) une exposition éphémère d’œuvres arts-sciences,
(6) projections de film,
(7) un parcours éducatif.

Le premier objectif de cet événement n’est donc pas de valoriser une forme d’écriture aux dépends d’une autre, ni de revendiquer une nouvelle doxa, mais plutôt d’articuler et de confronter différentes modalités de production de la connaissance et de la création qui se rencontrent encore trop rarement. Ce faisant, le forum du Groupement d’intérêt scientifique Moyen-Orient et mondes musulmans ouvrira un espace d’expérimentation au sein duquel l’ensemble des participants pourront aborder et mettre à l’épreuve librement des formes d’échange et de circulation de la connaissance qui ne sont pas toujours reconnues comme légitimes dans leurs champs respectifs.
Deuxièmement, en nous appuyant sur les partenariats entre nos différentes institutions ainsi que sur des supports permettant de réunir différents publics autour d’un même événement, nous cherchons à recréer du lien entre l’université, le secondaire et le milieu culturel et artistique.

Intervenants

Cet appel à communication s’adresse aux étudiants, enseignants et aux chercheurs de toutes disciplines, ainsi qu’à l’ensemble des acteurs impliqués dans la production d’écritures sur les mondes arabes et musulmans : artistes, éditeurs, blogueurs, journalistes, réalisateurs, documentaristes, etc.

Envoi des projets de communication

Les projets de communication seront envoyés au comité de sélection à l’adresse suivante forumgismom@sciencesconf.org avant le 2 avril 2018 sous la forme d’un résumé de 300 à 400 mots. Les projets artistiques ou documentaires pourront être appuyés par des visuels (formats PDF) ou des liens vers des vidéos.

Sélection

La sélection des communications sera faite par le comité scientifique et artistique du Forum. Les résultats seront communiqués aux candidats le 2 mai 2018.

Membres du comité scientifique et artistique

Cédric Parizot (IREMAM, CNRS/AMU ; IMéRA, AMU)
Katia Boissevain (IDEMEC, CNRS/AMU)
Eric Chaumont (IREMAM, CNRS/AMU)
Jean Cristofol (Ecole supérieure d’art d’Aix en Provence)
Sylvie Denoix (Orient Méditerranée)
Karima Direche (TELEMME, AMU, CNRS)
François Dumasy (IEP, Aix-en-Provence)
Aurélia Dusserre (IREMAM, AMU, CNRS)
Benoit Fliche (IDEMEC, CNRS/AMU)
Anna Guilló (LESA, AMU)
Juliette Honvault (IREMAM, CNRS/AMU)
Richard Jacquemond (IREMAM, CNRS/AMU)
Julien Loiseau (IREMAM, AMU/CNRS)
Elise Massicard (CERI, CNRS/Sciences Po, GIS MOMM)
Christine Mussard (IREMAM, CNRS/AMU)
Manoël Pénicaud (IDEMEC, CNRS/AMU)
Audes Signoles (IEP, Aix-en-Provence)

Comité d’organisation

Cédric Parizot (IREMAM, CNRS/AMU; IMéRA, AMU)
Katia Boissevain (IDEMEC, CNRS/AMU)
Jean Cristofol (Ecole supérieure d’art d’Aix en Provence)S
Sylvie Denoix (Orient Méditerranée)
Karima Direche (TELEMME, AMU, CNRS)
François Dumasy (IEP, Aix-en-Provence)
Aurélia Dusserre (IREMAM, AMU, CNRS)
Aurelie Fillod Chabaud (IREMAM, CNE, AMU, CNRS)
Benoît Fliche (IDEMEC, CNRS/AMU)
Anna Guilló (LESA, AMU)
Juliette Honvault (IREMAM, CNRS/AMU)
Frédéric Leval (DAAC, Académie d’Aix Marseille)
Julien Loiseau (IREMAM, AMU/CNRS)
Elise Massicard (CERI, CNRS/Sciences Po, GIS MOMM)
Christine Mussard (IREMAM, CNRS/AMU)
Manoël Pénicaud (IDEMEC, CNRS/AMU)
Boris Petric (CNE, EHESS/CNRS/AMU)
Audes Signoles (IEP, Aix-en-Provence)

Coordination, coordination

Joel Belouet, Ecole supérieure d’art d’Aix en Provence, chargé de communication, relations extérieures et partenariats
Jeanne Cadieux, responsable administrative du site de l’Ecole supérieure de professorat et d’éducation d’Aix en Provence
Carole Le Cloierec, IDEMEC (CNRS/AMU), chargée de la Culture, Communication, Production et diffusion des savoirs
Julie Karsenty, Ecole supérieure d’art d’Aix en Provence, chargée des relations internationales et de la recherche
Isabelle Lenoir, IREMAM (CNRS/AMU), Gestionnaire administrative et financière
Marie Pierre Oulié, IREMAM (CNRS/AMU), chargée de communication et webmaster
Rihab Wafa, IREMAM (CNRS/AMU), coordination

Partenariats

IREMAM (UMR 7310)
IDEMEC (UMR 7307)
CHERPA, Institut d’étude politique d’Aix en Provence
Centre Norbert Elias (UMR 8562)
Ecole supérieure d’art d’Aix en Provence (Mairie d’Aix en Provence)
Ecole supérieure du professorat et de l’éducation (Aix Marseille Université)
Groupement d’intérêt scientifique Moyen Orient Monde Musulman (CNRS)
Institut d’études avancées d’Aix Marseille Université (IMéRA)
Le projet LabexMed
Maison méditerranéenne des sciences de l’homme (USR 3125)
Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (Tunis)
Centre Jacques Berque (Rabat)
antiAtlas des frontières
Revue Moyen Orient

Image: Mohamed Abusal, « Un métro à Gaza », installation photographique 2011

Exposition : Thierry Fournier, Machinal, Villa Henry, Nice

Exposition personnelle
Villa Henry, Nice
Commissaire d’exposition Isabelle Pellegrini

Du 25 mars au 28 avril 2018, sur RV
Vernissage en présence de l’artiste le 24 mars de 14h à 19h
Suivi d’une rencontre de 16h à 17h avec Thierry Fournier, Isabelle Pellegrini et Fabienne Grasser-Fulchéri, commissaire d’exposition et critique d’art, directrice de l’Espace de l’Art Concret à Mouans-Sartoux

*

Isabelle Pellegrini présente Machinal à la Villa Henry, une exposition personnelle de Thierry Fournier qui fait suite à son accueil en résidence pour la création de En Vigie, associée ici à trois autres œuvres.

Aujourd’hui, de nombreuses images ne sont plus produites en relation immédiate avec l’œil humain, mais réalisées de manière autonome par des machines et des programmes. La plupart de ces « visions assistées » se déploient dans le domaine militaire ou sur le web (Google, Apple, Facebook…), la détection et l’anticipation du comportement employant souvent des moyens similaires à des fins sécuritaires ou mercantiles. Ces « machines intelligentes » analysent les images mais peuvent aussi réaliser des actions autonomes, comme dans le cas des drones. Dans ce contexte, comment se définit encore notre propre regard et où se place notre responsabilité ? Quel est notre rôle lorsque nous avons affaire à des systèmes qui ne prolongent plus seulement notre propre visée mais l’anticipent, voire s’y substituent ? Attendons-nous des machines qu’elles regardent à notre place – voire qu’elles nous regardent et nous définissent ? Que cherche-t-on à voir (ou à ne pas voir) à travers elles ?

La démarche de Thierry Fournier pose fréquemment l’hypothèse fictionnelle que les choses (objets, paysage, réseau, machines…) seraient dotées d’une vie propre, en instaurant des situations de déplacement ou de confrontation avec elles. Avec l’exposition Machinal, il fait dialoguer quatre œuvres où notre regard est indissociable de celui de ces appareils. Le terme de machinal désigne ici aussi bien une pensée qui ne prêterait plus attention à son objet (ou dont l’attention serait absorbée et captée par des dispositifs, comme sur internet) – que le regard produit par les machines elles-mêmes, de manière autonome : machinal comme on dirait animal. Les cadres classiques du regard comme la perspective et l’horizon se redéfinissent alors comme un territoire partagé, voire négocié, entre notre propre vision et celle que des dispositifs déploient sur le monde et sur nous-mêmes.

En Vigie / Nice (2018) est une vidéo générative où un programme scrute un paysage d’horizon, en déployant un suspens cinématographique qui nous invite à épouser sa propre logique. L’installation Just in Case (2017) imagine ironiquement qu’un programme serait légitime pour détecter si nous sommes bien humains, nous rivant au spectacle de son calcul et à l’attente de son verdict. Avec Penser voir (2018), une caméra de surveillance visant une plage témoigne par une voix de synthèse de son incapacité à détecter quoi que ce soit. La série d’images numériques Non-Lieu (2016) utilise des photographies de bombardements trouvées sur le web et remplace tout ce qui permet d’en identifier le lieu par un motif de fond d’écran. À travers cet ensemble de quatre pièces, l’exposition propose une réflexion plus générale sur les liens et les limites entre l’humain et les machines, notre responsabilité et notre regard.

Autour de l’exposition

Rencontre le 24 mars de 16h à 17h avec Thierry Fournier, Isabelle Pellegrini et Fabienne Grasser-Fulchéri, commissaire d’exposition et critique d’art, directrice de l’Espace de l’Art Concret à Mouans-Sartoux.

Pandore Édition publie également un catalogue comprenant un texte de la critique et philosophe Céline Flécheux (L’horizon, Klincksieck, 2014 ; L’horizon, des traités de perspective au Land Art, P. U. de Rennes, 2009), un entretien avec Isabelle Pellegrini et une documentation sur les œuvres.

Thierry Fournier | Non-lieu 2

TRANS//BORDER, Les enseignements de Nathalie Magnan

Du 16 au 18 mars 2018
Mucem

Du 12 au 15 mars
Ateliers Mucem/I2MP et Zinc/Friche la Belle de mai

À l’image de Nathalie Magnan, TRANS//BORDER réunit une cinquantaine d’artistes, chercheur.e.s, (h)acktivistes et étudiant.e.s, d’ici et d’ailleurs, dans la perspective d’interroger les frontières/borders, sur terre et sur mer, entre les sexes, entre les espèces, entre les générations, entre les vivants et les morts, et les conditions de circulation des personnes, de l’information, des technologies, des idées…

À Marseille, une exposition, des tables rondes et projections du 16 au 18 mars au Mucem, précédées d’ateliers sur inscription du 12 au 15 mars au Mucem et à Zinc (Friche la Belle de mai), serviront de terrain de labour des territoires que la pionnière du cyberféminisme en France explorait.

Théoricienne des médias, réalisatrice et navigatrice, Nathalie Magnan, également enseignante généreuse, à l’esprit indiscipliné, transmettait aux jeunes artistes que l’art peut être une pratique de la liberté. Marseillaise et Méditerranéenne, de naissance et de cœur, elle tissait constamment des liens entre les États-Unis, l’Europe et la France.

Fidèle à ses choix et à ses travaux, cet événement s’intéresse ainsi à l’espace méditerranéen, aux relations humain/animal/machine, aux modes de reproduction, à la maîtrise des outils techniques (navigation, information, médical) dans une préoccupation écologique et des perspectives féministe et d’émancipation.

Datvisualisation de la constellation Nathalie Magnan

Exposition: Les (Cyber)mondes de Nathalie Magnan

Du 16 au 18 mars de 11h à 21h Mucem – Forum du J4 – Entrée libre

Cette exposition offre une déambulation dans l’espace et le cyberespace à la découverte de différents travaux de Nathalie Magnan (films, photos, conférences, textes) et de celles et ceux dont la démarche rejoint la sienne : oeuvres sonores, filmiques ou numériques de Isabelle Arvers, Chloé Desmoineaux, Louise Drulhe, Maria Ptqk pour l’Espace virtuel du Jeu de Paume, Quimera Rosa, Ilana Salama Ortar, cartes et vidéos de l’antiAtlas des frontières sélectionnées par Isabelle Arvers (oeuvres de Harckitektura, Charles Heller, Simona Koch, Nicolas Lambert), ainsi que des travaux d’étudiant.e.s des écoles d’art d’Aix-en-Provence, Arles, Bruxelles (Erg), Lyon, Metz, Poitiers, Saint-Étienne, Strasbourg, Toulon, TourcoingDunkerque et de l’université de Rennes 2.

Cartographie critique du Détroit de Gibraltar, Hackitectura

Table ronde: Frontières et technologies en mer Méditerranée

Vendredi 16 mars de 15h à 18h30 Mucem – Auditorium – Entrée libre
Conception, animation : Isabelle Arvers (commissaire d’expositions)

Les Technologies de contrôle et le droit en mer
Avec Charles Heller (Watch the Med), Malin Björk (eurodéputée), Violaine Carrère (Gisti), Erwan Follezou (SOS MEDITERRANEE)

Les Technologies alternatives et open source
Avec Nicola Triscott (Arts Catalyst), Pablo DeSoto (architecte et chercheur), Tim Boykett (Time’s up Research), Marthe Van Dessel (Seed Journey Project)

TRANS//BORDER, Les Enseignements de Nathalie Magnan est une production Kareron, en partenariat avec le Mucem, Bandits-Mages, De la mule au web. Une coproduction ZINC – Arts et cultures numériques et Reso-nance Numérique, dans le cadre du projet Risk Change, cofinancé par le programme Europe créative de l’Union européenne.
Avec la participation du DICRéAM-CNC, de la Ville de Marseille, du ministère de la culture (DRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur et DGLFLF-Fonds Pascal). Conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Autres partenariats : Bibliothèque nationale de France, Institut national de l’audiovisuel, FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur, Opera mundi, Jeu de Paume (Paris), Générik Vapeur, FAI-AR, FIFF Créteil, Centre LGBT Paris ÎdF, ESAAIX, ENSP Arles, ENSA Bourges, ERG Bruxelles, Ateliers des horizons Grenoble, ENSBA Lyon, ESADMM Marseille, ESA Lorraine, Villa Arson Nice, ESAD Saint-Étienne, HEAR Strasbourg, le programme de recherche Migration/Murmuration (EESI Poitiers-Angoulême), ESAD Toulon Provence Méditerranée, ESÄ Tourcoing-Dunkerque, Université Rennes 2, L’École(s) du Sud.

Programme complet de l’événement à consulter sur le site du Mucem
http://www.mucem.org/programme/exposition-et-temps-fort/trans-border

Photo principale: Nathalie Magnan par Reine Prat

Anxiété cartographique: Une exposition du collectif HIC SUNT

Du 9 février au 17 mars 2018
Arondit – 98, rue Quincampoix, 75003 Paris
Vernissage le jeudi 8 février 18 – 21 h

Hic sunt dracones (ici sont les dragons) est une locution latine apparue en 1510 sur le Globe de Lenox signalant les lieux réputés dangereux car non cartographiés, peuplés de dragons, de tigres et de lions.

Les quatre artistes du collectif HIC SUNT – Lucile Bertrand, Katrin Gattinger, Valentine Gouget et Anna Guilló – sont toutes préoccupées par la question des territoires et par les notions de tracés et de cartographie qu’elles abordent à travers dessins, performances, installations, sculptures et vidéos. Leurs productions artistiques ont en commun d’explorer ce que les cartes disent des limites de notre monde afin, justement, d’offrir une autre manière de l’appréhender, de le ré-ouvrir et de le mettre en partage. Et si les œuvres interrogent la représentation des frontières – politiques, spatiales, mentales, langagières, etc. –, elles ne cherchent pas nécessairement à proposer des réponses figées. Il s’agit d’abord de provoquer poétiquement, et même, d’ouvrir de nouvelles problématiques. En cela, HIC SUNT explore aussi bien la finalité que la finitude des cartes.

Dans un article reprenant l’essentiel de leur ouvrage Border as Method, or the Multiplication of Labor, Sandro Mezzadra et Brett Neilson écrivent que le débat contemporain autour des frontières est imprégné d’un « sentiment d’anxiété cartographique ». Cette relation anxieuse à la frontière et à l’instabilité des contours fait l’objet de cette première exposition du collectif HIC SUNT sur les deux étages de la galerie Arondit. À cette occasion, une artiste invitée, Caroline Andrin, propose une œuvre en dialogue avec les projets du collectif.

On y découvre, par exemple, les instruments ayant enregistré graphiquement les tentatives d’une des artistes de franchir les frontières des 160 ambassades situées à Bruxelles, pour réclamer chaque fois que le sceau du pays soit apposé sur le dessin en train d’être tracé (Borderknots).

La vidéo Les Sirènes de Schengen offre un brouhaha sonore par la superposition des hymnes des 26 pays de l’espace Schengen et du « Chant 12 » de l’Odyssée dit en grec ancien, miroir d’une Europe qui a bien du mal à se constituer contre les réflexes protectionnistes des pays qui la constituent.

Un filet de pêche (Vergogna), réalisé à partir d’un bateau pneumatique découpé en lanières, évoque la relation ambiguë entre les réfugiés qui tentent d’atteindre les côtes européennes, et les pêcheurs, tantôt sauveteurs tantôt passeurs.
Une fausse carte maritime (Question de perspective) dessinée à la mine de plomb questionne avec ironie le langage dédié aux déplacements, qui induit différentes connotations selon d’où l’on part, mais surtout selon d’où l’on parle.

Anna Guilló, White Nights, 2018. Dessin au stylo 3D sur armature de tente, 120 x 200 x 100. (Détail).

Anna Guilló, Découpe, 2017. Dessin mural, dimensions variables.

Katrin Gattinger, Borderknots – Consulats Strasbourg, 2013. 1 dessin, encre sur papier gaufré, 60,9 x 44 cm. Machine à dessiner (caisse en bois, traceurs).

Performance : 26 août 2013 (date correspondant à l’adoption du dernier article de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789).
En se déplaçant en vélo et à pied selon un parcours déterminé à l’avance, l’artiste fait le tour des consulats strasbourgeois et tente d’y pénétrer. Les tampons appliqués sur le dessin témoignent de sa présence aux consulats. Parcours de 36 consulats, reçue dans 26 consulats, tampons de 21 consulats (+ 1 signature de consul). Sceaux des consulats et consulat généraux des pays suivants : Belgique, Luxembourg, Japon, Maroc, Roumanie, Monaco, Pologne, Danemark, Chili, Etats-Unis, Lettonie, Allemagne, Russie, Autriche, Turquie, Pérou, Espagne, Portugal, Serbie + 2 autres

Katrin Gattinger, Borderknots – Europa Hin und Zurück (“Europe, aller-retour”). Dessin, encre sur papier gaufré, 41,5 x 29,4 cm. Performance, juillet 2013. Petite caisse en bois avec 1 traceur.
Traversée en vélo aussi vite que possible 28 fois (pour chaque pays européen une fois) le pont de l’Europe à Strasbourg, et donc la frontière franco-allemande. Machine à dessiner sur le porte-bagage.

Lucile Bertrand, Touristic Route/Survival Route, 2017. Peinture acrylique et feutre sur couverture de survie. 210 x 160 chacune.

Lucile Bertrand, Question de Perspective, 2016. Mine de plomb, feutre noir et impression rouge sur papier. 73 x 110 cm.

Lucile Bertrand, Question de Perspective, 2016. Détail.

Valentine Gouget, Vergogna, 2017. Bateau pneumatique découpé en fines bandes, cartons, élastiques, 400 x 200cm. Photographie : Théodore Markovic.

Valentine Gouget, À l’horizon, 2017. Vidéo diffusée en boucle, 9’31, écran plat de télévision, 50 x 30 cm. Photographie: Théodore Markovic.

Pour plus de renseignements :
www.lucilebertrand.com
www.katrin-gattinger.net
www.cargocollective.com/valentinegouget
www.annaguillo.org
http://carolineandrin.com
www.facebook.com/collectifHICSUNT/
arondit.com

Les artistes seront présentes au vernissage et le samedi 10 février à partir de 11h

Pratiques de l’écoute et écoute des pratiques #2: perception et déséquilibre dans l’espace acoustique

9h30 à 12h30 Mercredi 20 décembre 2017,
Fondation Vasarely, Aix-en-Provence.

Comité d’organisation: Jean Cristofol (ESAAix, PRISM AMU/CNRS), Elena Biserna (ESAAix, PRISM AMU/CNRS), Christine Esclapez (AMU, PRISM AMU/CNRS), Peter Sinclair (ESAAix, PRISM AMU/CNRS)

Le séminaire intitulé « Pratiques de l’écoute, écoute des pratiques » définit clairement son projet dans l’énoncé de son titre : il s’agit d’abord de s’intéresser à l’écoute et aux pratiques de l’écoute, c’est à dire aux pratiques qui à la fois supposent, engagent et déterminent des formes d’écoute. (lire la suite)

Bande de Möbius. Perception et Déséquilibre dans l’espace acoustique

Au cours de cette séance se mettront en place des dialogues croisés autour de l’installation sonore expérimentale de Marlène Puccini présentée à la Fondation Vasarely du 7 au 28 décembre 2017 : Bande de Möbius. Perception et Déséquilibre dans l’espace acoustique

Le projet Bande de Möbius. Perception et Déséquilibre dans l’espace acoustique a été développé dans le cadre du Labex-Arts-H2H de l’Université de Paris 8, en partenariat avec l’ENS-Louis Lumière le CNRS-Prism, Marseille, L’ISM, le Lapcos, Université Nice 98, La Fondation Vasarely. Il est porté par Marlène Puccini. L’exposition est permise grâce au soutien de ESAAix, Hexalab, Seconde Nature, Zic in Off, Générali St Victoret

Intervenants: Pierre Cassou-Nogues, philosophe, Marlène Puccini, artiste, Jean-Michel Vives, psychanalyste. Modération : Jean Cristofol, philosophe

La question de l’écoute est souvent pensée dans son rapport à l’environnement, comme une exploration par une personne de la relation perceptive au monde que le son génère. Elle se trouve déplacée par l’expérimentation que nous propose Marlène Puccini vers une situation de laboratoire où l’espace sonore est entièrement reconstruit et proposé à la perception d’un sujet mis en situation par le dispositif. Il y a donc d’un côté un travail de soustraction ou d’abstraction qui nous extrait du monde et de l’autre la reconstruction ou la recomposition d’un environnement dans lequel le son n’est pas seulement matière et signe, mais aussi espace et représentation. Il s’agit alors de rendre sensible le champ acoustique comme un espace construit et de jouer avec les potentialités que cette situation tout à fait particulière nous ouvre. Il s’agit de nous confronter à la relation de notre corps avec un espace perceptif dont les modulations peuvent être constituées comme les éléments d’une matière poétique. Marlène Puccini voudrait creuser l’écart de cette enveloppe coutumière où les limites de soi au monde se nouent et se perdent.