Fabien Fischer, Lauriane Houbey, Marie Moreau, Sarah Mekdjian, Anne-Laure Amilhat-Szary – Crossing Maps, cartographies transverses

Fabien Fischer, Lauriane Houbey, Marie Moreau, Sarah Mekdjian, Anne-Laure Amilhat-Szary
Crossing Maps
Installation

Crossing Maps is a device at the intersection of humanities and art resulting from an experimental and participatory mapping workshop. This workshop was held in Grenoble between May and June 2013 and involved twelve participants including asylum seekers and refugees, three artists – Fabian Fischer, Lauriane Houbey and Marie Moreau, the ex.C.es Association, two researchers in geography – Sarah Mekdjian and Anne-Laure Amilhat-Szary ( Lab – PACT Project EUborderscapes http://www.euborderscapes.eu/ ), the organizer Coralie Guillemin – and a photographer – Mabeye Deme.

Asylum Seekers, refugees, artists and researchers address mapping as a creative technique highlighting people’s experiences. The maps produce and evoke memories of travel and migration adventures. CROSSING MAPS is a workshop, a fieldwork and an installation.

The installation consists of texts, audio-visual and choreographic works: Marie Moreau’s ‘Atlaslocal’ installation; ‘Travel Legends’, an installation by Sarah Mekdjian, Anne -Laure Amilhat – Szary and Gladeema Nasrudden ; ‘Not Here Yet’, a sound installation by Fabian Fischer (not shown in the exhibition ); and ‘From Here to There in the Middle’ a walking sound installation by Lauriane Houbey (not shown in the exhibition).

Sarah Mekdjian : enseignante-chercheuse, maître de conférences en géographie à l’Université Pierre-Mendès-France, Grenoble II et au laboratoire PACTE, Sarah Mekdjian travaille sur les géographies critiques de l’immigration, en particulier sur les modes de figuration (contre-)cartographique des migrations internationales contemporaines.

Marie Moreau : vit et travaille à Grenoble. Plasticienne, aventurière et vidéaste. Ses installations et ses films lèvent les questions de l’errance, des non-lieux, des terrains vagues et autres espaces de possibles, oubliés, cachés, exclus. Ses travaux prennent la forme d’une quête, comme un voyage au quotidien, une fresque épique pour un dépaysement local. http://moromari.free.fr/BDD/; www.syndicatinitiatives.free.fr

Anne-Laure Amilhat Szary : Spécialiste de géographie politique, professeur de Géographie à l’Université Joseph Fourier et chercheur au sein du laboratoire PACTE (CNRS UMR 5194), membre junior de l’Institut Universitaire de France (2010-2015).   Après plusieurs années consacrées à l’analyse des dynamiques frontalières en Amérique Latine et en Europe, qui l’ont conduite à formuler la notion de « frontière mobile », ses dernières recherches concernent les interrelations entre art
et culture dans les lieux contestés.

Lauriane Houbey : artiste chorégraphique et plasticienne, formée en danse contemporaine au CNR de Grenoble. Je m’engage dans des projets tissant enjeux du collectif et élaboration d’un penser et d’un mouvoir ensemble, nourrissant ma recherche sur les liens entre partition en danse et cartographie des territoires. Je mène, avec l’ex.C.es et Marie Moreau, divers projets d’expéditions, d’éditions, d’installations. Depuis 2012, je développe avec Laurie Peschier-Pimont le projet chorégraphique Matrice, créé à l’ESBANM.

Fabien Fischer : diplômé de sociologie, Fabien Fischer s’oriente vers le cinéma documentaire en suivant une formation à l’Université Paris VII-Jussieu à Paris. Depuis, il travaille l’image animée et le son où bien souvent sont en jeu des individus mis de force à l’abri du regard.

Migreurop – Carte dynamique des étrangers détenus aux frontières des États

Migreurop
Carte Dynamique des Etrangers Détenus aux Frontières des États
Cartographie, 2013

La carte des lieux de détention en Europe et dans les pays méditérranéens réalisée par Migreurop est à la base du projet d’établissement d’une cartographie dynamique de l’enfermement des étrangers. Le but est de décrire ces entités géographiques avec leurs corollaires d’attributs [1], tout en prenant en compte la dimension temporelle (1980 – 2012) qui est un facteur important pour comprendre l’évolution du confinement des migrants qui s’opère au sein de l’Union européenne et au-delà de ses frontières, dans les pays voisins. Comme dans tout système d’information géographique, la base de données mise en place vise à mieux identifier, décrire et localiser les lieux d’enfermement. L’idée est de présenter une analyse cartographique et dynamique des camps contemporains à différentes échelles, allant du plan de l’établissement à une carte régionale ou européenne en passant par des strates intermédiaires. Le projet ambitionne également de proposer des outils pratiques tant pour les détenus que pour les familles ou amis qui souhaiteraient contacter des proches.

Ce travail est réalisé par Lydie Arbogast (Migreurop),Alessandra Capodanno (Migreurop), Olivier Clochard (Migrinter, université de Poitiers / Migreurop), Agathe Etienne(Migreurop), Thomas Honoré (Pôle Carto, Incittà, Marseille), David Lagarde (Lisst, université de Toulouse 2 / Migreurop),Nicolas Lambert (Riate, université Paris 7 Denis Diderot / Migreurop), Nicolas Pernet (Cimade), Laurence Pillant(Telemme, université d’Aix-Marseille) Louise Tassin (Urmis, université Paris 7 Denis Diderot / Migreurop), Ronan Ysebaert(Riate, université Paris 7 Denis Diderot). Ces auteurs ont déjà travaillé ensemble depuis 2011, dans le cadre de l’Atlas des migrants en Europe. Géographie critique des politiques migratoires (paru chez Armand Colin en novembre 2012, 144 p.) et sur la carte des camps.

Lucas Bambozzi – Do Outro Lado Do Rio / Across the River

Lucas Bambozzi
Do Outro Lado Do Rio
Documentaire, 2004

Do Outro Lado Do Rio (Across the River) est une enquête sur la zone frontière entre les villes de Oiapoque (Brésil) et Saint Georges de l’ Oyapock (Guyane française). La ville d’Oiapoque constitue une porte des portes d’entrée principale vers la France et l’Europe. Les personnes qui vivent dans la région et leurs histoires sont au centre de ce documentaire. Obstinées, désespérées et insatisfaites de leurs conditions de vie en Amazonie, elles entretiennent un rêve fragile et incertain : celui de passer un jour de l’autre côté de la rivière…

Lucas Bambozzi est un artiste multimédia basé à São Paulo, au Brésil. Ses œuvres sont constituées de pièces d’une grande variété de formats, installations, vidéos, courts métrages, projets interactifs. Elles ont été présentées dans des expositions personnelles et collectives dans plus de 40 pays. Il a été artiste invité au Centre CAiiA-STAR à l’Université de Plymouth, Royaume-Uni. Il a participé en tant que commissaire d’exposition à différents projets (Festival SonarSound (2004); Digitofagia (2004); Life Goes Mobile (Nokiatrends 2005 et 2006), Art & Music Festival MOTOMIX (2006), O Lugar dissonante (2009)). Il est l’un des initiateurs de la arte.mov, International Mobile Media Art Festival (2006-2011). En 2011, le Laboratorio Arte Alameda de Mexico DF, lui a consacré une rétrospective.

Micha Cárdenas – The Transborder Immigrant Tool

Micha Cárdenas
The Transborder Immigrant Tool
2009

Transborder Immigrant Tool est un projet de détournement de téléphones portables élaboré par le Electronic Disturbance Theater 2.0 (Ricardo Dominguez, Brett Stalbaum, Amy Sara Carroll, Micha Cárdenas, Elle Mehrmand). L’ajout d’un logiciel sur des appareils bon marché ou usagés, pourvus d’antennes GPS, offre un kit de navigation de survie. En guidant les migrants déshydratés vers des sites d’eau salubre mis en place par des activistes, ce kit fournit une “alimentation” audio poétique. Transborder Immigrant Tool est donc un projet à la fois militant et culturel, qui met en lumière les questions de sécurité publique générées par les politiques d’immigration des États-Unis, un sujet crucial pour de nombreuses communautés dans la ville refuge de San Francisco.

Voir également une conversation avec Ricardo Dominguez sur hyperallergic.com à propos du Transborder Immigrant Tool, présenté à l’exposition antiAtlas des frontières au Musée des Tapisseries à Aix-en-Provence en octobre 2014.

Micha Cárdenas

Micha Cárdenas est artiste et théoricienne, elle travaille sur les pratiques sociales dans leur relation avec des dispositifs électroniques portables. Elle est doctorante en arts médiatiques (IMAP) à l’Université de Californie du Sud et membre de l’ Electronic Disturbance Theater 2.0. Elle a publié en 2012 un essai intitulé Transreal: Political Aesthetics of Crossing Realities, qui traite d’art et de réalité augmentée, ainsi que de l’intersection des pratiques artistiques avec les politiques du genre, dans un contexte transnational. Micha Cardenas a exposé et donné des performances dans différentes biennales, musées et galeries (Los Angeles, San Diego, Tijuana, New York, San Francisco, Montréal, Colombie, Égypte, Équateur, Espagne, Suisse, Irlande).

Stephanos Mangriotis – Europa Inch’Allah

Stephanos Mangriotis
Europa Inch’Allah
2009 – 2010

Patras est un lieu de transit. Cette ville portuaire à l’ouest de la Grèce, concentre de nombreux migrants, venus d’Afghanistan, d’Irak, d’Iran, d’Erythrée, de Somalie, du Soudan, de l’Algérie et du Maroc. Ils guettent le moment adéquat pour se cacher dans un camion afin de monter à bord d’un bateau pour l’Italie. Déterminés, mais confrontés à la peur d’être attrapés, ils attendent des mois voire des années pour passer cette étape de leur voyage clandestin. Tout en sachant que d’autres barrières les attendent sur la route d’une Europe rêvée, «Europa inch’Allah».

Stephanos Mangriotis est un jeune photographe indépendant, co-fondateur du collectif Dekadrage. Ses origines grecques et sud africaines l’ont amené dès ses débuts à travailler autour des notions de frontière, identité et migration. Il a grandit à Athènes, étudié les mathématiques et la philosophie à Bristol puis la photographie à Paris. Désormais, il vit et travaille à Marseille.

Daar – Decolonizing Architecture

Daar
Decolonizing Architecture
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En septembre 1993, à Washington, Israéliens et Palestiniens déclaraient officiellement la fin des hostilités et l’amorce de négociations de paix. Ce processus a donné lieu au redécoupage des Territoires Palestiniens occupés par Israël, définissant trois types de zones en Cisjordanie: la zone A, placée sous administration de l’Autorité palestinienne nouvellement crée, la zone B placée sous contrôle civile palestinien et sous contrôle militaire israélien, la zone C, restant sous contrôle israélien. En 2000, quand le processus de négociation échoua et que cette organisation spatiale, conçue au départ comme temporaire, s’est solidifiée en une géographie éclatée faite d’interdiction multiples, un quatrième type de zone a été découvert: celle comprise entre la largeur des lignes séparant ces zones. D’une épaisseur de moins d’un millimètre sur une carte à l’échelle de 1:20000, elle s’étend sur un espace de 5 mètres de large dans l’espace réel. Le projet DAAR se focalise sur cette épaisseur de la ligne dont le tracé évolue le long des limites des villes et des villages palestiniens, à travers les champs d’olives et les vergers, les jardins, les crèches, les stades de football, les mosquées ainsi que dans un large château récemment construit.

DAAR est un collectif artistique et architectural basé à Beit Sahour (Palestine) qui accueille des chercheurs, des artistes et des architectes en résidence. Son travail porte sur les discours, les interventions spatiales, l’éducation, l’apprentissage collectif, des réunions publics et les défis juridiques. L’objectif de DAAR est de répondre au défi de se positionner à la fois comme un acteur émettant un point de vue critique tout en élaborant des propositions d’actions dans un environnement où les forces politiques sont profondément distordues. Ses membres ont recourt à la subversion, la détournement et le recyclage d’infrastructures existantes de l’occupation coloniale. Les projets de DAAR ont été exposés dans plusieurs biennales et musées (Venise, Bruxelle, Berlin, Istanbul, Rotterdam, Beirout, Innsbruk, Londres, Oslo, ainsi que le Centre Pompidou à Paris). En 2010, DAAR a reçu le Claus Prize d’architecture, le Art intiative Grant et préselectionné pour le Prix Chrnikov.

Francis Alÿs – The Green Line

Francis Alÿs
The Green Line
Vidéo, 2004 – 2005
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Une action de Francis Alÿs menée les 4 et 5 juin 2004 à Jérusalem. Il marche du Sud au Nord de la ville en suivant la frontière qui avait été de facto reconnue après l’armistice de 1949 entre Israël et les Etats Arabes, la ligne verte : frontière aujourd’hui gommée, abolie par la colonisation, absente des cartes officielles israéliennes. Il marche pendant deux jours, sur 24 kilomètres, utilisant 58 litres de peinture qu’il laisse négligemment couler d’un pot tenu au bout de son bras, inscrivant la carte même sur la terre. Il passe devant les soldats qui n’y voient rien, devant des enfants qui rient, devant des adultes qui ne comprennent pas. Neuf mois plus tard, il demande à onze personnes, journaliste (Amira Hass), activiste (Michel Warschawski), cinéaste (Eyal Sivan, auteur de Route 181), architecte (Eyal Weizman) ou députée à la Knesset (Yael Dayan, fille du militaire qui participa à la définition du tracé de la Ligne verte sur la carte en 1949) de réagir à son action, de l’insérer dans le contexte de leur histoire, de leurs opinions, de leur actions.

Francis Alÿs naît en 1959 à Anvers. Il suit une formation d’architecte à l’Institut supérieur d’architecture Saint-Luc à Tournai, puis à l’IUAV, à Venise. En 1987, il est ingénieur au Mexique pour participer à un projet de secours du gouvernement belge pour la capitale Mexico détruite par un tremblement de terre. Il s’y établit. La base de ses activités trouve sa source dans ses promenades à travers la ville. Son œuvre, à la fois performances, vidéos, dessins, peintures et sculptures, se développe dans plusieurs villes, dont New York, Londres, Lima et Jérusalem. Avec des actions simples, ironiques et significatives, il étudie l’influence de l’art sur la vie dans la ville. En 2011, il est classé, par le magazine Newsweek, 7e dans leur classement des 10 artistes les plus importants au monde.

Boats 4 People & Forensic Oceanography – Watch the Med

Forensic Océanographie
Watch the Med
Plateforme cartographique en ligne, 2012

WatchtheMed est une plateforme en ligne mise en place pour cartographier les violations des droits des migrants aux frontières maritimes de l’UE. « Tour de contrôle civile » pour observer le Méditerranée, WatchTheMed tente de documenter les incidents en mer en puisant dans de nombreuses sources tels que des images satellites, les signaux de détresse envoyés par les gardes côtes, les informations fournies par les marins, la presse et les témoignages des migrants. Ces incidents sont inscrits dans la structure complexe de la Méditerranée: zones SAR qui se chevauchent, patrouilles maritimes, couvertures des radars, routes maritimes, zones de pêche, plateformes pétrolières. En assemblant ces différentes sources et en spatialisant ces données, la plateforme WatchTheMed vise à devenir un nouvel outil pour exercer un droit de regard en Méditerranée et mettre un terme à l’impunité qui y règne concernant le traitement des migrants.

Forensic Océanographie (FO) est un projet de recherche de l’Université de Goldsmiths à Londres, sur les conditions qui ont causé la mort de plus de 1500 personnes fuyant la Libye à travers la Méditerranée centrale au printemps 2011 (estimation par le HCR). FO a jusqu’ici apporté son expertise en analyse spatiale pour un certain nombre d’organisations et d’institutions qui effectuent des enquêtes sur ces décès. Le projet va encore chercher à élaborer des moyens technologiques et médiatiques pouvant être utilisés pour documenter les violations des droits de l’homme en mer et accroître leur décompte à l’avenir.

Masaki Fujihata – Field Work @Alsace

Masaki Fujihata
Field Work@Alsace
Installation interactive, 2004 – 2005
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Masaki Fujihata associe images de synthèse et données GPS pour générer un système de coordonnées topographiques et temporelles de l’Alsace. Dans Field-work@Alsace, c’est la frontière entre l’Allemagne et la France qui est explorée. Devant nos yeux, défilent, comme suspendues à un rang de perles, des séquences composites de paysages et de personnages. Une interface qui évoque immanquablement les platines d’un DJ invite l’utilisateur à naviguer le long des données GPS ordonnées de manière linéaire dans un espace tridimensionnel. Sa cartographie vidéo, tridimensionnelle ouvre un espace topographique concret d’expérimentation cognitive, visuelle et émotionnelle. Le visiteur commence une excursion virtuelle. Avec la profusion de ses perspectives, Field-Work@Alsace présente une topographie d’une diversité impressionnante.

Masaki Fujihata Depuis une dizaine d’années, Masaki Fujihata est une figure majeure de l’art contemporain au Japon. Sa recherche porte principalement sur des thèmes interculturels et sur de nouvelles formes de visualisation de la connaissance, de l’espace et du temps. Aujourd’hui Masaki Fujihata vit et travaille à Tokyo. Professeur à l’Université des Arts de Tokyo, il dirige ces recherche dans le domaine des nouveaux médias.

Heath Bunting – BorderXing

Heath Bunting
BorderXing
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“L’invisibilité est normalement le privilège d’une élite” – Heath Bunting.
BorderXing est une investigation qui vise à fournir un guide pour franchir les frontières illégalement, à la fois pour les militants et pour ceux qui n’ont pas de papiers. Le site documente des passages à pied à travers des frontières nationales, avec des indications précises, détaillées (photos, plans) où l’artiste a évité la police et la douane. C’est à la fois une base de données et un carnet de voyage à travers les frontières, essentiellement européennes.

Une plate-forme en ligne existe pour suivre le projet BorderXing, qui n’autorise que de façon limitée l’accès de ses visiteurs – il faut demander à l’artiste une accréditation ou se déplacer physiquement à l’un des endroits énumérés dans une liste d’habilitation. De cette façon, le site reflète ironiquement dans son fonctionnement les formes du contrôle territorial des Etats : les frontières sont réputées inviolables et internet ouvert à tous.

Heath Bunting est un artiste britannique contemporain né en 1966. Basé à Bristol, il est le fondateur du site irational.org (avec Daniel García Andújar, Rachel Baker et Minerva Cuevas) et a été l’un des fondateurs du Net.art dans les années 1990. Le travail de Bunting est basé sur la création de systèmes ouverts et démocratiques en utilisant les technologies de communication. En 1997, son travail en ligne le “Guide des visiteurs de Londres” a été inclus dans l’exposition de la 10e Documenta de Kassel. Comme militant, il a créé un site factice pour le laboratoire européen du Collision Network (CERN) et il travaille au maintien d’une liste de stations de radio pirates à Londres.

Sigalit Landau – Barbed Hula

Sigalit Landau
Barbed Hula
2000

Cette action – faire tourner un cerceau de fil de fer barbelé autour du corps nu de l’artiste – est une performance effectuée au lever du soleil sur une plage du sud de Tel-Aviv, où les pêcheurs et les personnes âgées viennent commencer leur journée et leurs exercices. La plage est la seule frontière calme et naturelle dont Israël dispose. Le danger est généré par l’histoire incorporée dans la vie et dans le corps. Dans cette vidéo en boucle Sigalit Landau joue une danse du ventre au hula hoop. Il s’agit d’un acte personnel, sensible et politique concerné par les frontières invisibles, sous-cutanées, qui entourent le corps activement et sans fin. Tout son travail est lié, d’une façon ou d’une autre, à une perte d’orientation. La douleur ici, s’échappe par la vitesse de l’acte, et le fait que les pointes des barbelés sont principalement tournées vers l’extérieur.

Sigalit Landau a passé sa jeunesse entre Israël, Angleterre et les États-Unis. Elle est diplomée de l’académie des beauxarts et du design Bezalel, à Jérusalem. Sigalit Landau a représenté Israel à la biennale internationale de Venise en 1997 et en 2011 ; elle a participé à de nombreuses expositions internationales, parmi lesquelles la Documenta X à Kassel en 1997 et l’Armory Show à New York en 2005.

Dana Diminescu – E-diasporas

Dana Diminescu
E-diasporas
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L’Atlas augmenté des e-diasporas, est une expérience unique en matière de recherche sur les diasporas, ainsi que dans l’édition, une première dans la restitution des résultats scientifiques et leur présentation. Les évolutions récentes du phénomène migratoire montrent que les parcours des migrants d’aujourd’hui passent aussi – et parfois bien avant d’investir le parcours physique – par les territoires numériques. L’un des changements majeurs intervenu depuis les années 80 dans le domaine des diasporas tient à la multiplication des communautés en dispersion dans l’espace physique et à leurs nouvelles formes de regroupement, d’action et d’occupation dans les territoires numériques. Ces nouvelles pratiques communicationnelles des migrants ont produit dans les dernières années un vaste corpus, dont l’exploration, l’analyse et l’archivage n’ont jamais été tentée auparavant. Le résultat des efforts de plus de 80 chercheurs du monde entier, l’Atlas e-diasporas est le premier de son genre, avec environ 8.000 sites Internet migrants archivés et observé dans leurs interactions .

Dana Diminescu , sociologue, enseignant-chercheur à Telecom ParisTech. Depuis 2003, elle est le directeur scientifique du programme TIC Migrations à la Fondation Maison des Sciences de l’Homme, Paris. Ce programme a largement contribué à la théorisation et à l’analyse du «migrant connecté».

Till Roeskens – Videomappings : Aida, Palestine

Till Roeskens
Videomappings: Aida, Palestine
2009

Till Roeskens a demandé aux habitants du camp Aïda à Bethléem d’esquisser des cartes de ce qui les entoure. Les dessins en train de se faire ont été enregistrés en vidéo, de même que les récits qui animent ces géographies subjectives. À travers six chapitres qui forment autant de courts-métrages potentiellement indépendants, les visiteurs découvrirent pas à pas le camp de réfugiés et ses environs, suivent les trajets de quelques personnes et leurs tentatives de composer avec l’état de siège sous lequel ils vivent. Un hommage à ce qu’il appelle la résistance par contournement, à l’heure où la possibilité même de cette résistance semble disparaître. Grand Prix de la Compétition Française, Festival International du Documentaire FID Marseille 2009.

Amateur de géographie appliquée, Till Roeskens appartient à la famille des artistes-explorateurs. Son travail se développe dans la rencontre avec un territoire donné et ceux qui tentent d’y tracer leurs chemins. Ce qu’il ramène de ses errances, que ce soit sous la forme d’un livre, d’un film vidéo, d’une conférence-diaporama ou autres formes légères, se propose comme un questionnement permanent sur ce qu’il est possible de saisir de l’infinie complexité du monde.

Gold Extra – Frontiers, The Game

Gold Extra
Frontiers, the Game
Jeu vidéo, 2012
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Sous-titré « You’ve reached fortress Europe », ce jeu vidéo met en scène les barrières aux frontières européennes, soit dans le rôle d’un émigré ayant fuit son pays et cherchant l’asile en Europe, soit dans celui d’un policier des frontières contrôlant l’immigration. Dans les deux cas, le joueur est amené à découvrir la réalité des barrières à l’entrée de l’Europe et prendre conscience de la vie qui s’y déroule. Les auteurs tentent de remettre la question de l’immigration en contexte dans le but d’améliorer la perception et la compréhension de la situation des émigrés au-delà du niveau superficiel des nouvelles catastrophiques. La route présente le Sahara algérien, l’enclave de Ceuta du côté marocain, un port maritime sur les côtes espagnoles jusqu’à la destination finale, un port industriel de Rotterdam. Les artistes ont aussi modélisé des profils d’émigrés, que les joueurs incarneront.

Gold extra est un collectif artistique autrichien qui produit des œuvres interdisciplinaires, entre performance, musique et médias hybrides. Ils ont créé un grand nombre de projets qui transcendent les frontières entre beaux-arts et art de la performance, présentés dans des festivals tels que le Nightline Ars Electronica, le European Media Art Festival, CYNETart Dresde, le Doppelgängerfestival (capitale culturelle Linz09). Le collectif a reçu le prix des arts interdisciplinaires du ministère autrichien de l’Education et de l’Art 2012 et le prix pour l’art des médias de la région de Salzbourg 2012. Les membres du collectif sont : Reinhold Bidner, Tobias Hammerle, Georg Hobmeier, Doris Prlic, Sonja Prlić, Karl Zechenter.

RBYN – ADM8

RBYN
ADM8
2011
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ADM8 est un robot de trading, conçu pour investir et spéculer sur les marchés financiers. Basé sur un algorithme d’intelligence artificielle, ce programme peut lancer des ordres d’achat et de vente de manière totalement autonome. Son système de décision et de prédiction lui permet de rechercher, d’identifier et d’anticiper des tendances au sein des oscillations financières chaotiques. Mis en service le 31 aout 2011, le programme dispose d’une mise de fond de départ de 10,000 dollars. Il continuera son activité jusqu’à la banqueroute.

ADM8 a été réalisé avec le soutien du DICRéAM / CNC, du ZKM Karlsruhe (Institut fur Bildmedien/GAM), et de la Gaîté Lyrique / TAQ, Paris.

RBYN est un collectif artistique pluridisciplinaire créé en 2000, basé à Paris, spécialisé dans la réalisation d’installations, de performances et d’interfaces faisant autant référence aux systèmes codifiés de la représentation artistique (peinture, architecture, contre-cultures) qu’aux phénomènes humains et physiques (géopolitique, socio-économie, perception sensorielle, systèmes cognitifs). Issu de la communauté Open Source, RYBN s’intéresse aux contre-modèles et aux moyens de révéler « ce qui se cache derrière» l’opacité des systèmes.

Philippe Rekacewicz – Et l’Europe se fond dans l’Asie en une immense étreinte

Autant les limites occidentales de l’Europe sont facile à déterminer, autant trouver les lieux réels de ses limites orientales relève du défi. « Ceux qui se disent européens trouvent que l’Europe des patries, ce n’est pas assez, et que l’Europe de l’Atlantique à l’Oural, c’est trop. Et vous, vous sentez-vous européen ? », demande le journaliste Michel Droit à Charles de Gaulle en décembre 1965… « Alors, répond le président, on ne fait pas de politique autrement que sur des réalités : bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant “l’Europe ! l’Europe ! l’Europe !” Mais ça ne signifie rien ! » De Gaulle affirmait que l’Europe allait « de l’Atlantique à l’Oural ». Cette définition mythique ne reposait en effet sur rien d’autre que sa propre vision européenne : la « belle et bonne alliance » avec Moscou contre l’Allemagne. Les limites de l’Europe sont multiples : avec ou sans la Turquie, avec ou sans Israël, avec ou sans l’Arménie… Il y a ceux qui attendent derrière les portes de Schengen, comme la Roumanie ; ceux qui en rêvent la nuit, comme la Géorgie ; ceux qui, comme les Grecs, s’interrogent sur une Europe qui les a trahis. Puis, il y a nos lointains voisins d’Asie centrale, membres d’institutions européennes. De tous ceux-là, qui sont les plus européens ? Et si, simplement, l’Europe à l’est était sans fin. Et si l’Europe venait juste se fondre dans l’Asie en une immense étreinte ?

Philippe Rekacewicz, né en novembre 1960 à Paris, est géographe, cartographe et journaliste. Après avoir achevé ses études de géographie à l’université de Paris I (Panthéon-Sorbonne) en 1988, il devient un collaborateur permanent du mensuel français le Monde diplomatique. De 1996 à 2007, il a dirigé le département de cartographie d’une unité (délocalisée en Norvège) du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE-GRID-Arendal). Spécialisé en géopolitique, il s’intéresse à toutes les nouvelles formes de représentation du monde, aux relations qui unissent la cartographie avec l’art, la science et la politique, et enfin l’utilisation de la carte comme objet de propagande et de manipulation. Depuis 2007, tout en continuant d’assurer ses activités au Monde diplomatique, il participe à divers projets carto-artistiques un peu partout en Europe et expose dans de nombreux musées.

Ian Howard – Chinese Border Fence

Ian Howard
Chinese Border Fence Lujiagou

L’œuvre présentée s’intéresse à la frontière entre la Chine et la Corée du Nord, délimitée par la rivière Yalu au Sud et la rivière Tumen à l’Est, toutes deux trouvant leur source sur le Mont Changbai. La frontière entre les deux pays est aussi diversifiée topographiquement qu’elle est contrôlée logistiquement et politiquement. De la mer Jaune au Sud jusqu’à la mer du Japon à l’Est, cette frontière est le théâtre de relations inter-personnelles nombreuses et variées: tueries aléatoires aux postes de frontières, journées officielles pour l’immigration, réunions familiales clandestines ou encore petits vols commis par des gardes-frontières nord coréens affamés… Ces relations dépendant nettement de la chaleur des relations entre Pyongyang, Seoul et Washington.

En Juillet 2012, Ian Howard dirige un groupe de recherche (composé d’artistes, d’un documentariste et de nombreux locaux) du delta de Yalu au nord du mont Changbai jusqu’à l’Est où la Chine et la Corée du Nord rencontrent la Russie à Fanchuan. Leur travail s’est concentré sur 10 sites, sélectionnés du fait de la nature « variable » de chaque site. La nature et le thème de ce travail est de chercher à comprendre comment les relations transfontalières sont conduites dans un environnement instable, dans un contexte physique, culturel et politique varié.

Ian Howard est actuellement Doyen du College of Fine Arts (COFA), University of New South Wales, Sydney, Australie et Président de l’Association australienne pour les Arts VIsuels (NAVA). Diplômé des universities de Sydney (Diploma of Art Education), Londres (Graduate Diploma of Advanced Studies, Film and Television) et Montreal (Master of Fine Arts), son travail est aujourd’hui présenté dans des expositions internationals. Il se présente comme un artiste praticien, travaillant sur la relation entre cultures civiles et militaires, à partir notamment des frontières politiques, des murs et barrières tout comme des véhicules blindés, tanks et avions.

Stéphane Rosière – Planisphère des frontières fermées

Stéphane Rosière
Planisphère des frontières fermées
Cartographie, 2012

Cette carte présente une esquisse globale des frontières fermées dans le monde à l’aube du 21e siècle. Elle donne ainsi une vision générale du processus de « blindage» des frontières linéaires à l’heure de la globalisation. Trois catégories de fermeture sont prises en compte: les « barrières » frontalières formées le plus souvent de clôtures (renforcées par différents dispositifs) ou plus rarement de murs en béton, qui sont dotés de check points pour filtrer les entrées ; les lignes de front, gardés par des armées, plus classiques et généralement infranchissables (parfois aucun de point de passage) ; enfin, les détroits fermés sont des bras de mer placés sous forte surveillance pour empêcher l’immigration illégale, ces détroits deviennent des zones de forte létalité. Publié une première fois en 2009, ce planisphère sera réactualisé à l’occasion de l’exposition.

Stéphane Rosière est géographe et spécialiste de géographie politique et géopolitique. Il est professeur des universités depuis 2006 au département de Géographie de l’université de Reims Champagne-Ardenne. Depuis 2010, il est aussi professeur à la faculté de Relations internationales et sciences politiques de l’Université Matej Bel (Banska Bystrica, Slovaquie). Il dirige la revue en ligne L’Espace Politique, revue de géographie politique et géopolitique référencée par l’AERES. Membre du conseil du Comité national français de géographie, il représente la France dans le cadre de la Commission de géographie politique de l’Union géographique internationale.

Claude Chuzel – X-ray

Claude Chuzel
X-Ray
2006

Dans X-ray, la peinture vient interroger l’image photographique et devient le signe même du regard. Une photo de passagers clandestins dans un camion de bananes destinée à la promotion d’un matériel sophistiqué de détection aux rayons X devient le canevas sur lequel vont s’inscrire des formes peintes, provoquant des intentions de regard, de la compassion à la mise à distance. Cette peinture sur photo interroge les frontières du visible, à travers l’utilisation des rayons X, le contexte de mondialisation économique et le champ artistique, par la confrontation des médiums.

Claude Chuzel artiste protéiforme, montre le monde du doigt, par la vidéo, la photo ou la peinture. Plasticienne, agrégée de lettres, elle vit et travaille à Paris. Ses travaux traversent la photo, l’écriture, la vidéo, la peinture comme un voilà des choses. Un mode de production par mutations. À travers différents états et traitements de l’image se produit un dérèglement des codes de la représentation, une effraction.

Hackitectura – Cartographie Critique de Gibraltar

Hackitectura
Cartographie Critique de Gibraltar
2004

En 2004, une équipe de collaborateurs a développé le projet d’une cartographie des territoires géopolitiques du détroit de Gibraltar. Deux cartes papier présentent des lectures alternatives de ce territoire unique. Parallèlement aux flux migratoires passant les frontières, Hackitectura propose une cartographie des réseaux qui se déploient dans le détroit: ceux liés au complexe militaro-industriel, les réseaux financiers, de communication et de surveillance.

Hackitectura (2001 – 2012) est un groupe d’architectes, de programmeurs, d’artistes et d’activistes qui se consacrent à l’étude théorique et pratique des corps en mouvement et des flux électroniques, dans les territoires émergents qui incluent un espace physique. Se déplaçant en douceur entre l’espace numérique et physique, utilisant des logiciels libres, et explorant de nouvelles formes de grille de production, le noyau se compose de Pablo Soto, Sergio Moreno et Jose Perez de Lama, alias osfa. Ces derniers travaillent régulièrement avec des personnes de réseaux différents et à géométrie variable, locale et globale. Parmi les projets auxquels ils ont collaboré, on retrouve le GISS (Stream Global Support indépendant, 2005-2007), Indymedia Détroit (2003-2007), Fadaiat (Tarifa – Tanger, 2004-2005), Emerging Géographies TCS2, Estrémadure (2007) ou Libertés Plaza, Sevilla (2005-2007).