HDR: Israël Palestine, un antiAtlas

Cédric Parizot
Habilitation à diriger des recherches
soutenue le 27 septembre 2021
Aix-Marseille Université
Institut d’ethnologie et méditeranéenne, européenne et comparative
Sous le parainage scientifique de
Dionigi Albera, Directeur de recherche, IDEMEC (CNRS, Aix-Marseille Université)

Télécharger le Vol 1 Synthèse des travaux et les volumes annexes:
– Vol 2 Recueil de publications
– Vol 3 Expérimentations
– Vol 4 Au seuil de la frontière, replier les espaces israélo-palestiniens (Introduction et la table des matières)
– Vol 5 Jeu de cartes
– Vol 6 Jeu vidéo

JURY

Dionigi Albera, Directeur de recherche au CNRS, IDEMEC (Aix-Marseille Université, CNRS)
William Berthomière, Directeur de recherche au CNRS, PASSAGES (CNRS, Université Bordeaux Montaigne)
Riccardo Bocco, Professeur, IHEID, Genève
Lætitia Bucaille, Professeure des universités à l’INALCO, CESSMA (INALCO, IRD, Université de Paris)
Aline Caillet, Maîtresse de conférences (HDR), ACTE (Université Paris 1 — Panthéon-Sorbonne)
Frédérique Fogel, Directrice de recherche au CNRS, LESC (CNRS, Université Paris Nanterre)
Nicolas Puig, Directeur de recherche à l’IRD, URMIS (IRD, CNRS, Université de Paris)

Palestine Israël #2: De l’Inde à Israël (reporté)

Mardi 18 mai 2021
10h-12h
Compte tenu de la situation en Israël Palestine, nous avons choisi de reporter la tenue de ce séminaire.

L’appropriation du judaïsme par les Bnei Menashe

Cécile Guillaume Pey, anthropologue, chargée de recherche au CNRS, Centre d’Études de l’Inde et de l’Asie du Sud (EHESS/CNRS, Paris)

Chez les Kuki et les Mizo, groupes tribaux parlant des langues tibéto-birmanes qui résident de part et d’autre des frontières entre l’Inde, la Birmanie et le Bangladesh, émergent des revendications d’une identité juive à partir des années 1930. De nos jours, plusieurs ‘‘mouvements judaïsant’’ se côtoient au sein de ces groupes. Parmi eux, je m’intéresserai plus particulièrement aux Bnei Menashe, qui se présentent comme les descendants d’une tribu perdue d’Israël. Depuis le début des années 1980, plusieurs milliers d’entre eux ont quitté leur pays natal pour s’installer en Israël avec l’aide d’organisations qui se donnent pour mission de faciliter l’aliyah de juifs « perdus » ou « cachés » disséminés à travers le monde. Il s’agira d’analyser les modes d’appropriation du judaïsme au sein de ce groupe en suivant le parcours de Bnei Menashe originaires du nord-est de l’Inde et devenus citoyens israéliens.

Organisation

Cédric Parizot, anthropologue, chargé de recherche au CNRS, IREMAM (CNRS/Aix Marseille Univ) et Julien Loiseau, historien, Professeur des universités, IREMAM (CNRS/Aix Marseille Univ)

Photo: Cécile Guillaume Pey

Palestine Israel : Spatial Relationality and the Fallacies of Methodological Nationalism

Jeudi 17 décembre 2020
10h-12h00
En visio-conférence,
Pour vous inscrire et recevoir le lien de la visioconférence envoyer un mail à cedric.parizot [at] gmail.com

Theorizing Urban Space and Binational Sociality in Jewish-Arab “Mixed Towns”

Daniel Monterescu, Associate Professor of urban anthropology at the Department of Sociology and Social Anthropolog, Central European University, IMéRA (Aix Marseille université), Leader of the Gerda Henkel Stiftung project « Cities Lost and Found »

This presentation develops the analytic vocabulary needed to examine how urban space, Jewish-Arab sociality and local/national identities have been both represented and produced in ethnically mixed towns since the establishment of the state of Israel to the present. A bi-national borderland in which Arabs and Jews live together, these cities bring to the fore, on the one hand, the paradox of Palestinian citizens in a fundamentally Jewish state, while simultaneously suggesting, by the very spatial and social realization of “mixed-ness,” the potential imaginary of its solution. Through ethnographic and historical research centered in Jaffa, the argument posits mixed towns as a political and theoretical challenge to the hegemonic ethno-nationalist guiding principles of the Israeli state, which fails to maintain homogeneous, segregated and ethnically-stable spaces. This failure, I argue, results in the parallel existence of heteronomous spaces in these towns, which operate through multiple and often contradictory logics of space, class and nation. Analyzed relationally, these spaces produce peculiar forms of quotidian social relations between Palestinians and Israelis, enacting circumstantial coalitions and local identities that challenge both Palestinian and Jewish nationalisms. Overcoming the limitations of methodological nationalism, which can only describe such spaces as historical anomalies, the paper outlines the contours of a dialectic theory of socio-spatial relations in contested cities.

Organisation: Julien Loiseau, historien (IREMAM, CNRS/Aix Marseille Université) et Cédric Parizot, anthropologue (IREMAM, CNRS/Aix Marseille Université)

Livre: Sur les murs de Palestine. Filmer les graffitis aux frontières de Dheisheh, Clémence Lehec

Sur les murs de Palestine. Filmer les graffitis aux frontières de Dheisheh
Metis Presses, collection «vues d’ensemble Essais», 2020
Clémence Lehec

Le graffiti palestinien a une histoire et des spécificités aussi particulières que méconnues. Né dans les camps de réfugiés à la fin des années 1960, le graffiti y est encore largement répandu aujourd’hui. Il est pratiqué par des graffeurs ne se revendiquant pas tous comme artistes et mobilisant des thèmes éminemment politiques. Sur les murs de Palestine nous emmène au sein du camp de Dheisheh pour nous révéler les dessous de ce mouvement aux prises avec les multiples enjeux de la frontière, dans un espace où celle-ci est systématiquement contestée.

Ce livre nous raconte également l’histoire de la création d’un film documentaire, coréalisé avec la cinéaste palestinienne Tamara Abu Laban, qui explore les rues du camp et fait entendre ses voix. À travers le récit et le parcours d’une chercheure au plus près de son terrain d’étude, cet ouvrage fait l’éloge du travail en collectif et contribue au renouvellement de la méthodologie d’enquête, en décortiquant la dimension politique qui s’y cache.

Un dispositif transmédia

Préface et carte de Philippe Rekacewicz.
Cet ouvrage inclut l’accès à une version numérique enrichie, et au film coréalisé par Clémence Lehec et Tamara Abu Laban Les murs de Dheisheh.
(Sélection 2019: Karama Beirut Human Rights Film Festival, Beyrouth; 19e festival Cinéma Méditerranéen, Bruxelles; Red Carpet Human Rights Film Festival, Gaza et Jérusalem et 2020 : Al Ard Film Festival, Sardaigne où il a été primé). Pour plus d’information sur le film

Clémence Lehec

Clémence Lehec est docteure en Sciences de la société, mention géographie et environnement. Ses recherches dans l’espace israélo-palestinien ont débuté en 2013 et se sont concentrées sur le graffiti palestinien dans les camps de réfugiés de Cisjordanie. Le concept de frontière est un élément clef de son travail, tout comme l’échelle du corps et l’expérimentation en géographie. Cultivant une approche collective et extradisciplinaire, ses recherches sont une hybridation entre production scientifique et cinéma documentaire.

Image: Clémence Lehec

A Crossing Industry, un jeu vidéo documentaire et artistique

Recherche ethnographique, création artistique et technologie vidéo-ludique

Intitulé A Crossing Industry, ce jeu porte sur le fonctionnement du régime de séparation israélien en Cisjordanie dans les années suivant la fin de la seconde Intifada (2007-2010). Son élaboration, toujours en cours, est effectuée par une équipe transdisciplinaire composée d’un anthropologue (Cédric Parizot), d’un artiste (Douglas Edric Stanley), d’un philosophe (Jean Cristofol) et de onze étudiants et anciens étudiants de l’École supérieure d’art d’Aix-en-Provence. Cette expérimentation essaie d’envisager comment la technologie vidéo ludique permet d’articuler une démarche documentaire dont l’objectif est de modéliser une analyse ethnographique, avec une démarche artistique animée par ses propres enjeux esthétiques et poétiques.

Les premières réflexions autour du contenu et de la forme du jeu ont commencé début 2013. Elles ont été menées au sein de l’École d’Art d’Aix-en-Provence. Nous avions pris l’habitude de nous retrouver chaque semaine dans l’Atelier Hypermédia de Douglas, dans lequel il expérimente avec ses étudiants la programmation dans leur pratique artistique.

En octobre 2013, le projet a adopté un langage graphique intégrant des objets 3D simplifiés (low-poly), un fond uni en nuances de gris — plutôt vide et sans sol visible —, et des couleurs primaires pour représenter les différents types de lieux (zones sous contrôle israélien, zones palestiniennes, etc.) et les différents statuts des personnes (Palestiniens, Palestiniens de citoyenneté israélienne, Juifs israéliens, soldats, garde-frontières, etc.). En distribuant ces objets sur une carte inspirée de celle que Cédric Parizot leur avais dessinée, l’équipe a pu élaborer la première ébauche de l’espace de navigation.

Cependant, cette première ébauche nous a fait prendre conscience de la dimension irréconciliable des écarts prévalant entre la proposition scientifique de Cédric et celles, artistiques, élaborées par Douglas et les étudiants. C’est à partir de là que nous avons pris conscience du fait que nous devions repenser nos positions respectives. Cédric ne pouvait plus se cantonner dans le rôle d’un passeur de savoir, tandis que les artistes tenteraient de l’objectiver à travers le codage du langage graphique, du texte et des règles d’interactions. Nous devions nous investir dans une réflexion plus profonde pour comprendre comment nous pourrions composer avec ces écarts.

Un documentaire artistique et critique

En septembre 2014, nous avons alors exploré de nouvelles pistes d’articulation, ainsi qu’un nouveau scénario. De son côté, Cédric s’est efforcé de s’approprier le langage graphique réalisé à partir de Unity et les logiciels d’écriture du scénario. Les réflexions suscitées par ces tentatives lui ont permis d’opérer un retour critique sur le caractère hégémonique qu’avaient pris certains régimes de visibilité, comme la cartographie, dans sa réflexion. Ces échanges ont également permis d’appréhender la nature contingente et intersubjective du processus de construction d’une argumentation à travers un jeu vidéo. Enfin, ils ont contribué à repenser les formes d’intervention que nous offrait A Crossing Industry. C’est en ce sens que ce jeu a joué pleinement son rôle de documentaire critique: non pas tant dans sa capacité de documenter une situation sur le terrain mais en nous conduisant à réfléchir à nos modes d’accès et de construction du réel.

Cédric Parizot, Douglas Edric Stanley – A Crossing Industry 2014 from antiAtlas Journal on Vimeo.

Cette seconde ébauche devait pouvoir mettre en scène l’histoire d’un jeune Palestinien revenant vivre dans son village d’origine au lendemain de la seconde Intifada (2000-2004). Après quelques années d’absence à l’étranger, il découvre non seulement que celui-ci se trouve enclavé entre des colonies israéliennes et le mur de séparation, mais également que les restrictions de mouvement autour de celui-ci ont été drastiquement renforcées. Mais les Israéliens ne sont pas les seuls à règlementer les déplacements des personnes et des marchandises. Reprenant progressivement ses repères, il découvre toute une économie informelle de l’intermédiation et du passage impliquant des Palestiniens, des Israéliens, et parfois même des internationaux.

Pour plus d’éléments sur ces premières étapes du processus d’élaboration du jeu voir: Parizot, Cedric, Stanley, Douglas Edric, « Recherche, art et jeu vidéo, Ethnographie d’une exploration extra-disciplinaire », antiAtlas Journal, 01 | 2016, [En ligne], publié le 13 avril 2016

Un autre format d’écriture et d’enseignement

En 2016, compte tenu des écarts persistants entre les propositions graphiques et le scénario et de la difficulté de progresser, nous avons choisi de repartir à zéro. Cédric Parizot à alors changé de medium pour penser le cadre du scénario. De l’écrit, il est passé au dessin d’une dizaine de scènes. Sur cette base, l’histoire a été complètement repensée, de même que l’interface graphique. Ce nouveau projet implique dorénavant Cédric Parizot, Douglas Edric Stanley et Robin Moretti.

Le nouveau scénario s’articule autour d’un jeune anthropologue français qui quitte une ville israélienne dans le désert du Néguev pour se rendre de l’autre côté du mur, dans un village palestinien. Il doit y rencontrer un dernier interloculteur pour finaliser son enquête sur les réseaux de passeurs qui facilitent le passage des ouvriers Palestiniens en Israël. Cependant, il ne rencontrera jamais cette personne. Faute d’informateur, il doit improviser et chercher de nouveau contacts auprès de ses proches et de ses relations. Ce faisant, il réalise qu’Israéliens et Palestiniens sont bien plus interconnectés que ne le laisse entendre le projet de séparation israélien.

Partant de cette histoire, l’objectif est de produire un documentaire ludique à partir d’une approche artistique et critique sur le fonctionnement du régime de séparation israélien imposé aux Palestiniens des Territoires occupés. L’enjeu est également d’expérimenter et de développer des pratiques inédites d’écriture qui associe recherche, art et technologie vidéo-ludique pour :
– construire et mettre en forme une connaissance issue d’une recherche
ethnographique
– créer des supports de formation à l’attention des jeunes artistes et des
jeunes chercheurs en sciences humaines
– développement de nouveaux outils d’écriture et de narration non-linéaire à
destination des chercheurs et des artistes indépendants.

Partenariat

Institut de recheche et d’études sur le monde arabe et musulmans (UMR7310, Aix Marseille Université, CNRS)
Ecole supérieure d’art d’Aix en Provence
Institut d’études avancées d’Aix Marseille Unuversité (IMéRA)
Ministère de la Culture

Cédric Parizot – Israël Palestine, un antiAtlas

Ethnographie d’un régime de séparation connecté (2005-2010)

A l’occasion de ce séminaire, je présenterai une approche inédite des transformations des espaces israélo-palestiniens au cours des 30 dernières années. Fondée sur des expérimentations art-science menées à l’IMéRA, depuis 2011, et inspirée de la théorie de l’acteur-réseau et de la physique quantique, cette approche opère une série de déplacements épistémologiques et ontologiques par rapport aux travaux qui ont étudié les recompositions des espaces israéliens et palestiniens à l’aube du 21ème siècle. L’enjeu de ces déplacements n’est pas de substituer un récit à ceux préexistants, mais de remettre en jeu notre rapport à cet objet déjà particulièrement analysé et documenté pour relancer et poursuivre la réflexion à son propos.

Cette présentation a été effectuée le 6 décembre 2017 dans le cadre du séminaire Rercherche, art et pratiques numériques#14

Cédric Parizot est anthropologue du politique, chercheur à l’Institut de Recherches et d’Etudes sur les Mondes Arabes et Musulmans (IREMAM, CNRS/Aix Marseille Université) et à l’IMéRA (Institut d’études avancées d’Aix Marseille Université)

Recherche, art et pratiques numériques #14 : Israël Palestine, un antiAtlas

Mercredi 6 décembre 2017
10h00-13h00
IMéRA, maison des astronomes
2 place Le Verrier
13004 Marseille

Comité d’organisation : Jean Cristofol (Ecole Supérieure d’Art d’Aix en Provence), Jean-Paul Fourmentraux (LESA, AMU, Centre Norbert Elias, EHESS), Cédric Parizot (IREMAM, CNRS/AMU), Manoël Penicaud (IDEMEC, CNRS/AMU)

Recherche, art et pratiques numériques est une séminaire transdisciplinaire qui s’intéresse aux perturbations productives que génèrent les collaborations entre les chercheurs en sciences humaines et les artistes dans le domaine du numérique. Il s’inscrit dans la suite des réflexions et des expérimentations que nous avons menées à l’IMéRA dans le programme antiAtlas des frontières depuis 2011 tout en élargissant notre questionnement au-delà de la seule question des frontières. (Lire la suite)

Israël Palestine, un antiAtlas. Ethnographie d’un régime de séparation connecté (2005-2010)

Cédric Parizot, anthropologue du politique, chercheur à l’Institut de Recherches et d’Etudes sur les Mondes Arabes et Musulmans (IREMAM, CNRS/Aix Marseille Université) et à l’IMéRA (Institut d’études avancées d’Aix Marseille Université)

A l’occasion de ce séminaire, je présenterai une approche inédite des transformations des espaces israélo-palestiniens au cours des 30 dernières années. Fondée sur des expérimentations art-science menées à l’IMéRA, depuis 2011, et inspirée de la théorie de l’acteur-réseau et de la physique quantique, cette approche opère une série de déplacements épistémologiques et ontologiques par rapport aux travaux qui ont étudié les recompositions des espaces israéliens et palestiniens à l’aube du 21ème siècle. L’enjeu de ces déplacements n’est pas de substituer un récit à ceux préexistants, mais de remettre en jeu notre rapport à cet objet déjà particulièrement analysé et documenté pour relancer et poursuivre la réflexion à son propos.

Stéphanie Latte Abdallah et Cédric Parizot – Israël-Palestine : L’illusion de la séparation

Rendez-vous de l’Histoire du monde arabe 2017
3e édition : Frontière(s)
21 mai 2017, Institut du Monde Arabe, Paris

Stéphanie Latte Abdallah, historienne et politiste, CNRS/CERI-SciencesPo
Carcéral, frontières et régime de mobilité en Palestine

L’objectif de cette présentation est de montrer en quoi la justice militaire et le système carcéral israéliens sont depuis le début des années 2000 paradigmatiques du régime de mobilité mis en œuvre dans les espaces israélo-palestiniens. Un régime de gestion des populations par le mouvement qui s’appuie sur des dispositifs ultra-contemporains de contrôle des circulations et des frontières et sur des pratiques néo-libérales globales. Ce faisant, certains des mécanismes violents de l’occupation ont progressivement été rendus moins visibles aux yeux des citoyens et colons israéliens et de l’opinion internationale, ce qui était un des buts affichés des experts militaires après la seconde Intifada. L’occupation militaire a alors été repensée dans une optique managériale avec l’objectif de la rendre moins coûteuse économiquement et politiquement.

Cédric Parizot, anthropologue du politique, IREMAM (UMR7310, CNRS, Aix Marseille Université)
Spatialités visqueuses: les espaces du régime de permis israélien

Cette présentation s’appuie sur une étude ethnographique des chaines de médiation formelles et informelles générées par les procédures administratives que les Palestiniens doivent suivre pour obtenir un permis d’entrée en Israël. En étudiant les réseaux à travers lesquels circulent ces interactions, cette présentation tente d’appréhender les dimensions spatiales du régime de permis israélien au-delà des grilles de lecture nationales et territoriales. En me reposant sur le concept de production de l’espace défini par Henri Lefebvre (2000), j’appréhende l’espace, non plus comme un objet ou un container préexistant à un sujet observant, mais comme un flux auquel participe le sujet. Ce changement de perspective permet deux choses: (1) étudier la diffusion du pouvoir et des mécanismes de domination au-delà des hiérarchies entre ethno-classes; (2) montrer que les effets spatiaux des mécanismes de contrôle israéliens ne se manifestent pas uniquement à travers le confinement territorial des Palestiniens mais aussi en imposant des types de textures distinctes aux interactions que développe chaque population. Dans cette perspective, le régime de permis israélien présente un certain nombre de similarités avec les technologies frontalières du capitalisme global et postcolonial.

Voir le texte de la présentation – in English

Soirée antiAtlas des frontières 2

27 février 2014
Rencontre-discussion autour du numéro « Frontières » de la revue Hommes & Migration
La Compagnie, Marseille, France

A l’occasion de la parution prochaine d’un dossier consacré aux frontières, Marie Poinsot, rédactrice en chef de la revue Hommes & Migration, invite Catherine Wihtol de Wenden, politologue, directrice de recherches au CERI à Paris et spécialiste des migrations internationales et Virginie Baby-Collin, géographe, Maître de conférences à Aix-Marseille Université et spécialiste des migrations dans le golfe du Mexique.

Avec la mondialisation, une nouvelle cartographie des frontières et des migrations ? Depuis le début des années 2000, la mondialisation a non seulement accéléré les mouvements migratoires, mais elle a aussi reconfiguré les circulations qui contournent désormais les frontières les plus contrôlées. De nouveaux profils de migrants apparaissent, motivés par des considérations plus aptes à développer des stratégies multiples malgré les obstacles et les errances de la clandestinité ? Comment se redessine la cartographie des frontières les plus fréquentées par les migrations internationales ? Peut-on comparer les frontières de l’Europe de Schengen et celles qui séparent le Mexique des Etats-Unis ? Les systèmes de surveillance et de contrôle sont–ils similaires ? Peut-on parler d’une militarisation croissante des frontières ? Quelles sont les incidences concrètes sur les migrants, en terme de tactique de passage, de situation dans le pays d’accueil et de relations avec son pays d’origine ?

Dans le cadre de cette rencontre, l’antiAtlas des frontières a proposé à l’artiste Dalila Madjhoub de présenter le projet artistique qu’elle a réalisé avec Martine Derain en 1998-1999 : En Palestine, il n’y a pas de petites résistances.

Cédric Parizot, Antoine Vion, Wouter van den Broeck – Israël Palestine sous les cartes


Cédric Parizot – anthropologue, IMéRA, IREMAM, AMU/CNRS, France, Antoine Vion – sociologue, LEST, AMU/CNRS, France, Wouter van den Broeck – artiste, Addith, Belgium

« Israël Palestine sous les cartes » est un projet de visualisation dynamique des chaînes relationnelles développées par un anthropologue au cours de ses enquêtes de terrain dans l’espace israélo-palestinien (2005-2010). Ce travail exploratoire implique un anthropologue (Cédric Parizot), un sociologue (Antoine Vion) et un spécialiste de visualisation de données complexes (Wouter Van den Broeck). Le premier objectif est d’analyser sous un autre angle le niveau d’imbrication entre espaces israéliens et palestiniens. Le second est de confronter les trois chercheurs à des pratiques, des méthodologies et des données inhabituelles émanant d’autres disciplines. D’une part, en ayant recourt à un niveau beaucoup plus élevé d’abstraction, l’anthropologue opère un repositionnement radical par rapport à ses données de terrain. En dépit de la perte temporaire de la précision de l’observation anthropologique, cette visualisation dynamique lui offrira une compréhension plus globale du monde social dans lequel il a évolué. D’autre part, cette expérience permettra au sociologue et à l’anthropologue de mieux apprécier les conditions de production de leur connaissance, non seulement en tenant compte du fait que ces données sont situées dans le temps, dans l’espace et dans des interactions spécifiques, mais aussi et surtout en soulignant que l’anthropologue et le sociologue font partie intégrante du réseau-frontière qu’ils tentent de déchiffrer. En d’autres termes, ce projet implique l’anthropologue et sociologue à la fois en tant que chercheurs et en tant qu’objets de recherche. Enfin, en traitant un autre type de réseau complexe (impliquant moins d’individus, mais des couches plus complexes d’interactions), Wouter van den Broeck a l’intention d’expérimenter une nouvelle sémiologie de la cartographie de réseau applicable à l’étude des réseaux issus de la recherche qualitative.

VOir les slides de la conférence

Voir le programme complet du colloque antiAtlas, Aix-en-Provence 2013

Daar – Decolonizing Architecture

Daar
Decolonizing Architecture
Voir le projet

En septembre 1993, à Washington, Israéliens et Palestiniens déclaraient officiellement la fin des hostilités et l’amorce de négociations de paix. Ce processus a donné lieu au redécoupage des Territoires Palestiniens occupés par Israël, définissant trois types de zones en Cisjordanie: la zone A, placée sous administration de l’Autorité palestinienne nouvellement crée, la zone B placée sous contrôle civile palestinien et sous contrôle militaire israélien, la zone C, restant sous contrôle israélien. En 2000, quand le processus de négociation échoua et que cette organisation spatiale, conçue au départ comme temporaire, s’est solidifiée en une géographie éclatée faite d’interdiction multiples, un quatrième type de zone a été découvert: celle comprise entre la largeur des lignes séparant ces zones. D’une épaisseur de moins d’un millimètre sur une carte à l’échelle de 1:20000, elle s’étend sur un espace de 5 mètres de large dans l’espace réel. Le projet DAAR se focalise sur cette épaisseur de la ligne dont le tracé évolue le long des limites des villes et des villages palestiniens, à travers les champs d’olives et les vergers, les jardins, les crèches, les stades de football, les mosquées ainsi que dans un large château récemment construit.

DAAR est un collectif artistique et architectural basé à Beit Sahour (Palestine) qui accueille des chercheurs, des artistes et des architectes en résidence. Son travail porte sur les discours, les interventions spatiales, l’éducation, l’apprentissage collectif, des réunions publics et les défis juridiques. L’objectif de DAAR est de répondre au défi de se positionner à la fois comme un acteur émettant un point de vue critique tout en élaborant des propositions d’actions dans un environnement où les forces politiques sont profondément distordues. Ses membres ont recourt à la subversion, la détournement et le recyclage d’infrastructures existantes de l’occupation coloniale. Les projets de DAAR ont été exposés dans plusieurs biennales et musées (Venise, Bruxelle, Berlin, Istanbul, Rotterdam, Beirout, Innsbruk, Londres, Oslo, ainsi que le Centre Pompidou à Paris). En 2010, DAAR a reçu le Claus Prize d’architecture, le Art intiative Grant et préselectionné pour le Prix Chrnikov.

Sigalit Landau – Barbed Hula

Sigalit Landau
Barbed Hula
2000

Cette action – faire tourner un cerceau de fil de fer barbelé autour du corps nu de l’artiste – est une performance effectuée au lever du soleil sur une plage du sud de Tel-Aviv, où les pêcheurs et les personnes âgées viennent commencer leur journée et leurs exercices. La plage est la seule frontière calme et naturelle dont Israël dispose. Le danger est généré par l’histoire incorporée dans la vie et dans le corps. Dans cette vidéo en boucle Sigalit Landau joue une danse du ventre au hula hoop. Il s’agit d’un acte personnel, sensible et politique concerné par les frontières invisibles, sous-cutanées, qui entourent le corps activement et sans fin. Tout son travail est lié, d’une façon ou d’une autre, à une perte d’orientation. La douleur ici, s’échappe par la vitesse de l’acte, et le fait que les pointes des barbelés sont principalement tournées vers l’extérieur.

Sigalit Landau a passé sa jeunesse entre Israël, Angleterre et les États-Unis. Elle est diplomée de l’académie des beauxarts et du design Bezalel, à Jérusalem. Sigalit Landau a représenté Israel à la biennale internationale de Venise en 1997 et en 2011 ; elle a participé à de nombreuses expositions internationales, parmi lesquelles la Documenta X à Kassel en 1997 et l’Armory Show à New York en 2005.