Colloque Coding and Decoding the Borders, Bruxelles, 2016

Colloque : Faculté d’architecture La Cambre, Université Libre de Bruxelles et Organisation Mondiale des Douanes
Du 13 au 15 avril 2016
Exposition : Espace architecture Flagey, Bruxelles
13 et 14 avril 2016

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Programme

Mercredi 13 avril 2016

15.30 Introduction
Andrea Rea (Université Libre de Bruxelles/GERME) et Cédric Parizot (IREMAM, CNRS/ Aix Marseille Université)

15.45 -16.30 Keynote lecture
Didier Bigo (King’s College, London)
Reconceptualising boundaries differently from Westphalian model ? The practices of border, police and military controls and the trends of delocalisation and digitisation

17.00-17.45 Arts et science à la frontière

Jean Cristofol (Ecole supérieure d’Art d’Aix-en-Provence)
Art-science and exploratory processes

Nicola Mai (Kingston University, London)
Assembling ‘Samira’ and ‘Travel’: understanding humanitarian biographical borders through experimental ethnofictional filmmaking

17.45-18.30 Discussion

18.45 Vernissage de l’exposition

Consulter le programme de l’exposition

Performance de Vincent Berhault (Compagnie Les Singuliers)
Chronique aux frontières

Jeudi 14 avril 2016

9.30-11.00  : Etendue et limites de la mise en données
Président : Andrea Rea (Université libre de Bruxelles/GERME)

Julien Jeandesboz(REPI/Université libre de Bruxelles/REPI)
Calculation devices: EUROSUR and European border policing

Martina Tazzioli (LabexMed, LAMES, CNRS/Aix Marseille Université)
Track, sort and archive: Eurosur, Frontex and the temporality of migration maps

Sara Casella Colombeau (LabexMed, LAMES, CNRS/Aix Marseille Université)
Building a genealogy of data gathering and production at the border – An analysis of the professional transformation of the French border police since the 1990s

11.30-12.30 Discussion
Discutante : Federica Infantino (Oxford University/Université Libre de Bruxelles/GERME)

14.00-15.30 Du code à la visualisation
Président : Thomas Cantens (Organisation Mondiale des Douanes)

Anne-Laure Amilhat-Szary (PACTE, CNRS/Université de Grenoble), Gabriel Popescu (Indiana University, Southbend)
Border as Code : Algorithmizing Access

Jean Pierre Cassarino (Institut de Recherche sur le Maghreb Contemporain, Tunis),
Making Migration Control Visible and Intelligible/Rendre visible et intelligible le contrôle migratoire

Cédric Parizot (IREMAM, CNRS/AMU), Mathieu Coulon (LAMES, CNRS/AMU), Guillaume Stagnaro (ESAAix), Antoine Vion (LEST, CNRS/AMU)
Visualising Border networks: Codes, Nodes, and Mapping/Visualiser les réseaux frontières : codes, nœuds et mapping

16h00-17h00 Discussion
Discutant : Christophe Wasinski (Université Libre de Bruxelles/REPI)

Vendredi 15 avril 2016

Organisation Mondiale des Douanes / World Customs Organization
30 rue du marché, 1210 Bruxelles

9.00 Introduction

Sigfríður Gunnlaugsdóttir (Présidente du comité sur l’éthique (Organisation Mondiale des Douanes)

9.15-11.00 Les données du contrôle : usages et éthiques
Présidente : Patricia Revesz (Organisation Mondiale des Douanes)

William L. Allen et Bastian Vollmer (Oxford University)
What Makes Secure Borders? Data, Transparency, and the Representation of Projection

Marcellin Djeuwo (Douanes du Cameroun)
La mathématisation de la lutte contre la corruption et les mauvaises pratiques au sein des douanes camerounaises: la pratique et ses réalités / The mathematisation of the fight against corruption and bad practices in Cameroon Customs : the practice and reality.

Felipe Mendes Moraes (Douanes du Brésil)
PNR: un exemple de contrôle en frontière / API: an example of control at borders

Renaud Chatelus (Université de Liège – European Studies Unit)
La chaîne de décisions de gestion de risque en contrôle frontière: quelques leçons d’un exercice européen de simulation sur le contrôle des biens stratégiques/The decision-making chain for risk management applied to border controls: some lessons learnt from a European simulation of strategic goods control

11.15-12.15 Discussion
Discutant: Julien Jeandesboz (Université Libre de Bruxelles/REPI)

14.00- 15.00 Perspectives éthiques et techniques dans le contrôle aux frontières
Président : Antoine Vion (LEST, CNRS/AMU)

Thomas Cantens (WCO Research Unit, Ecole d’Economie de l’Université d’Auvergne), Mathématisation de la frontière/Mathematization of the border

Mariya Polner (WCO Compliance Sub-Directorate)
Technologies en frontière : risques et opportunités/Technologies at the border: risks and opportunities

Michel Terestchenko (Université de Reims, IEP Aix-en-Provence)
Ethique et contrôles/Ethics and controls

16.00-17.00 Discussion
Discutant : Xavier Pascual (Douane française)

17.00-18.00 Table ronde conclusive

Patricia Revesz (Organisation Mondiale des Douanes), Federica Infantino (Oxford University/Université Libre de Bruxelles/GERME), Anne Laure Amilhat-Szary (PACTE, CNRS/Université de Grenoble)

Organisation

Comité d’organisation

Andrea Rea (ULB), Thomas Cantens (OMD, antiAtlas), Patricia Revesz (OMD), Cédric Parizot (IREMAM, CNRS/Aix Marseille Université, antiAtlas), Anne Laure Amilhat-Szary (PACTE, CNRS/Universités de Grenoble, antiAtlas), Jean Cristofol (Ecole supérieure d’art d’Aix-en-Provence, antiAtlas), Federica Infantino (ULB, antiAtlas), Julien Jeandesboz (ULB), Antoine Vion (LEST, CNRS/Aix Marseille Université)

Comité scientifique

Anne Laure Amilhat-Szary (PACTE, CNRS/Universités de Grenoble, antiAtlas), Didier Bigo (King’s College), Thomas Cantens (Organisation mondiale des douanes/ antiAtlas), Jean Cristofol (École supérieure d’art d’Aix-en-Provence, antiAtlas), Federica Infantino (ULB, antiAtlas), Dirk Jacobs (ULB), Julien Jeandesboz (ULB), Christian Olsson (ULB), Cédric Parizot (IREMAM, Aix Marseille), Andrea Rea (ULB), Patricia Revesz (OMD), Antoine Vion (LEST, Université Aix Marseille)

Commissariat d’exposition

Isabelle Arvers (antiAtlas) et Nathalie Levy (ULB)

Partenariats

Faculté de Philosophie et Sciences sociales de l’Université Libre de Bruxelles, l’Organisation Mondiale des Douanes, l’antiAtlas des frontières, l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (CNRS/Aix Marseille Université), le projet LabexMed (Aix Marseille université, Fondation Amidex),  le Laboratoire d’Economie et de Sociologie du travail (CNRS/Aix Marseille Université), PACTE (CNRS/Universités de Grenoble), Kareron et l’Ecole supérieure d’Art d’Aix en Provence.

Atelier 3 : Frontières et technologies

19-20 avril 2012
Maison des Astronomes, IMéRA,
2 place Le Verrier
13004 Marseille

Organisation: Cédric Parizot (IMéRA/CNRS-IREMAM), Amaël Cattaruzza (CREC, Saint Cyr-Coëtquidan), Nicola Maï (London Metropolitan University, IMéRA), Gabriel Popescu (Indiana University, South Bend)

L’utilisation de technologies de plus en plus perfectionnées pour contrôler les flux de personnes et de marchandises traversant les frontières est un phénomène largement répandu. Il suffit ainsi de mentionner le lancement du projet Frontières intelligentes ou Barrière virtuelle aux Etats Unis, la centralisation des systèmes de renseignement dans l’espace Schengen, les patrouilles de robots et les barrières de « high-tech » en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés, les robots sentinelles tueurs en Corée du Sud et, enfin, l’adoption internationale des standards du passeport électronique pour avoir quelques exemples du phénomène. Sa mise en place repose sur l’idée largement partagée que ces techniques fournissent des outils plus efficaces pour identifier et stopper les personnes indésirables et suspectes au sein des flux globaux. Le déploiement de ces technologies soulève des questions fondamentales dans la mesure où il contribue aux transformations de la nature et des formes des frontières, des espaces, et des territorialités.

« Frontières intelligentes”: état de l’art

Amaël Cattaruzza (géographe, maître de conférences, École Saint Cyr Coëtquidan)
Contrôle des frontières : la tentation technologique

Mariya Polner (political scientist, research analyst, WCO Research and Strategies Unit)
Technologies de contrôle aux frontières: tendances et formes de développement

Philippe Bonditti (politologue, professeur assistant, IRI/PUC-Rio, Rio de Janeiro, Brésil et chercheur associé au CERI-Sciences Po Paris, France)
Flux et frontières, « Technologisation » des contrôles et traçabilité

Robots and border control / Robots et contrôle frontalier

Sylviane Pascal (Security & Europe Defence Business Development Manager ONERA – The French Aerospace Lab)
Le programme Talos : enjeux et perspective de l’usage de robots terrestres aux frontières

Noel Sharkey (artificial intelligence and robotics, professor, University of Sheffield)
À la limite du ridicule: contrôler nos mouvements à partir du ciel

When things bite back / Quand les choses mordent

Daniel Kopecky (lieutenant-colonel, chef du département relations internationales aux Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan)
Technologies aux frontières : les limites du système. Retour d’expérience de mission d’expertise en Asie du sud-est

Thomas Cantens (administrateur à l’Unité Recherche et Stratégies de l’OMD et membre du Centre Norbert Elias EHESS-Marseille)
Apprivoiser ou s’approprier : l’effet des transformations des techniques de contrôle douaniers sur le fonctionnement des administrations et la nature des frontières

Contrôle « sans fil » : mise en œuvre, effets et réappropriation

Gabriel Popescu (geographer, assistant professor, Indiana University South Bend, USA)
Technologies de contrôle à distance et production d’espaces frontaliers topologiques

Dana Diminescu (sociologue, EC Telecom Paristech, directeur scientifique du programme TIC Migrations FMSH Paris)
Migrants connectés: « K29? » dans la sociologie des migrations

Christophe Bruno (artiste, commissaire d’exposition) & Samuel Tronçon (philosophe, Résurgences, Marseille)
ArtWar(e) – vers une application Facebook pour détecter les formes artistiques

Résumés

Amaël Cattaruzza (géographe, maître de conférences, École Saint Cyr Coëtquidan)
Contrôle des frontières : la tentation technologique

En octobre 2006 était votée au Congrès américain la Secure Fence Act qui prévoyait la construction d’une barrière d’environ 1 100 km pour séparer les Etats-Unis du Mexique. Son but était de lutter contre l’immigration clandestine, le trafic de drogue et le terrorisme, en mettant en place une « surveillance systématique des frontières internationales terrestres et maritimes des Etats-Unis par l’usage plus efficace des personnels et de technologies, telles que les drones, senseurs sismiques, satellites, radars et caméras » (Secure Fence Act, Section 2). L’usage de technologies de surveillance apparaît donc ici comme l’un des éléments clefs du dispositif sécuritaire, car il permettrait une surveillance systématique et totale de la zone concernée, et semblerait donc apporter une réponse adaptée à l’incertitude et à l’imprévisibilité des flux illégaux. Quelques années auparavant la mise en place de smart borders avait permis l’adoption de technologies d’identifications des marchandises (usage de puces électroniques) et des personnes (contrôle biométriques, usage de cartes à puce contenant des données personnelles, etc.). L’exemple américain est loin d’être exceptionnel et l’usage des nouvelles technologies dans le domaine de la surveillance et du contrôle des flux aux frontières se généralise de nos jours. De tels procédés se retrouvent entre autres aux frontières de l’Espace Schengen. Cette intervention propose donc de dresser un état des lieux de l’usage des technologies pour le contrôle des frontières et de s’interroger sur la manière dont cet usage modifie la nature du phénomène frontalier. A travers l’outil technologique, ne voyons nous pas apparaître cet « ubiquituous border », frontière omniprésente, que décrit Stephen Graham, pour lequel le territoire urbain devient en lui-même un des multiples lieu de contrôle de la frontière ?

Mariya Polner (political scientist, research analyst, WCO Research and Strategies Unit)
Technologies de contrôle aux frontières: tendances et formes de développement

In a globalised world where interconnectedness and integration are key dynamics influencing economic growth and social development, policymakers are increasingly realizing the need for accelerated border management regulatory reform to reduce unnecessary barriers and burdens on trade. However, the fruits of globalization are used not only by legal businesses, but also by illegal traders. Therefore, border agencies face a serious challenge of balancing security and trade facilitation. The World Customs Organization (WCO) has developed a set of instruments in order to assist Customs Administrations in promoting the balance between the two, and technology plays a pivotal role striving for this objective. Deployment of technology, however, has never been and will never be a “silver bullet” to solve all public policy objectives.  This presentation will start with discussing the changing environment in which border agencies operate, with a focus on the notion of ‘border’ and its changing meaning over time. After the overview of WCO instruments we will look into different kinds of technologies that are currently in use, as well as those that are now being developed. We will also discuss issues pertaining to the operationalisation of technologies, as they become vital for any agency that considers using them. Finally, we will discuss critical aspects of technology development which would allow it to remain an indispensable tool in the hands of Customs.

Philippe Bonditti (politologue, professeur assistant, IRI/PUC-Rio, Rio de Janeiro, Brésil et chercheur associé au CERI-Sciences Po Paris, France)
Flux et frontières, « Technologisation » des contrôles et traçabilité

Voilà près de 20 ans que la lutte contre le « terrorisme » et autres phénomènes transnationaux a replacé la sécurité des frontières au cœur des problématiques dites de sécurité et de défense. Un peu partout dans le monde, les programmes de développement de smart borders se multiplient. Pourtant, loin de renforcer les frontières, leur technologisation contribue à brouiller l’image du monde géopolitique, nous rappelant que le renforcement du contrôle aux frontières ne vise pas tant les frontières en elles-mêmes que les flux susceptibles de les traverser. Ces contrôles – que l’on dit communément « aux frontières » – sont  en fait réalisés en des points bien spécifiques (checkpoints) qui ne correspondent que très rarement à ceux qui forment ces lignes aux moyens desquelles nous représentons la frontière sur les cartes du monde géopolitique. Ils sont en outre réalisés bien en amont de « l’entrée en mobilité » au moyen d’un régime déterritorialisé de contrôle des flux que nous nous proposons d’explorer plus avant dans cette présentation en nous appuyant plus spécifiquement sur le cas des Etats-Unis, et plus marginalement de l’Europe. Il s’agira de mettre en évidence la logique de mise en réseau des appareils de sécurité, la manière dont elle influe sur les pratiques contemporaines de frontiérisation, et l’avènement de la traçabilité comme technique majeure de la gouvernementalité contemporaine.

Sylviane Pascal (Security & Europe Defence Business Development Manager ONERA – The French Aerospace Lab)
Le programme Talos : enjeux et perspective de l’usage de robots terrestres aux frontières

Le projet TALOS (Transportable and Autonomous Land bOrder Surveillance system – www.talos-border.eu) est un projet financé par la Commission européenne (7ème Programme Cadre, thème Sécurité 2008 – 2012) dont l’objectif est de valider le concept d’un système de surveillance des frontières terrestres européennes qui fait largement appel à des équipements robotisés (robots terrestres, drones et tours d’observation) contrôlés depuis un centre de commandement transportable. TALOS doit permettre de traiter le problème de la surveillance de vastes zones frontalières, reconnu par la Commission Européenne comme étant un point crucial de la mission de sécurité des frontières. Le but de TALOS est d’aider à la détection, la poursuite et l’appréhension des personnes essayant de traverser la frontière hors des points de passage autorisés. Pour répondre aux besoins variés liés à la grande diversité des zones frontalières de l’Union européenne, le système de surveillance doit être adaptable à la configuration de terrain, transportable et d’un coût acceptable.

Noel Sharkey (artificial intelligence and robotics, professor, University of Sheffield)
À la limite du ridicule: contrôler nos mouvements à partir du ciel

Plans to automate killing by robot have been a prominent feature of most US forces’ roadmaps since 2004. The idea is to have a staged move from man-in-the-loop to man-on-the-loop to full autonomy. While this may create considerable military advantages it raises ethical concerns with regard to potential breaches of International Humanitarian Law. Moreover, we are already seeing these new technologies being deployed at borders in countries such as US, Latin, America, South Korea and Israel. Drone technology alone has proliferated to more than 51 countries and police forces are beginning to use it routinely. The talk will discuss the development of the technology into the near future as it becomes more autonomous and explore the ethical dimensions.

Daniel Kopecky (lieutenant-colonel, chef du département relations internationales aux Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan)
Technologies aux frontières : les limites du système. Retour d’expérience de mission d’expertise en Asie du sud-est

Fondé sur un retour d’expérience de mission d’expertise auprès de l’Armée Royale Thaïe et de dossiers techniques d’étude réalisés au profit d’industriels français, l’intervenant concentrera son exposé sur deux zones spécifiques en Asie du sud-est : la frontière nord de la Thaïlande (Birmanie) et la frontière sud de la Malaisie (île de Bornéo). Après un descriptif des enjeux spécifiques de la zone, l’exposé présentera ensuite les divers systèmes et moyens techniques envisagés pour assurer la sécurité frontalière des pays concernés par le développement des capacités technologiques en soulignant les contraintes et les enjeux notamment humains.

Thomas Cantens (administrateur à l’Unité Recherche et Stratégies de l’OMD et membre du Centre Norbert Elias EHESS-Marseille)
Apprivoiser ou s’approprier : l’effet des transformations des techniques de contrôle douaniers sur le fonctionnement des administrations et la nature des frontières

A partir de quelques exemples de technologies introduites dans les douanes en Afrique sub-saharienne et d’une enquête ethnographique menée dans une douane africaine en réforme pendant plus de 4 années, la communication développera trois idées principales. Tout d’abord, terrains de réforme influencées par l’extérieur, les administrations douanières africaines utilisent des technologies aussi avancées, parfois plus innovants que les douanes d’autres continents. Ensuite, ces technologies sont « apprivoisées » : bousculant les ordres elles génèrent de nouveaux rapports d’autorité et de pouvoir dans les administrations et les professions dites partenaires. Enfin, ces technologies sont des vecteurs politiques qui transforment les rapports entre Etats sans toujours avoir les effets attendus.

Gabriel Popescu (geographer, assistant professor, Indiana University South Bend, USA)
Technologies de contrôle à distance et production d’espaces frontaliers topologiques

Mobility imperatives under globalization are profoundly altering borders’ relationship to space. Risk management strategies associated with the quest to securitize transnational mobility have triggered a technological race to embed borders into all kinds of flows in order for the border to be able to travel with the flow and be ready to be performed whenever circumstances require. With the help of technologies such as Radio Frequency Identification (RFID) borders are disembedded from their local contexts, projected at distance, and then re-embedded anywhere in the state territory. Such articulation of borders changes the way movement through space is organized and how people and places come into contact. This “portal-like” logic of border geography brings people and places together by connecting them directly across space, unlike modern border territoriality that connects them via contiguous state territories. This situation opens up the entire space of the globe to bordering processes, thus accelerating the proliferation of borders and multiplying the actors involved in their establishment. The implications for society of such novel border spatiality are paramount. It is vital to understand how is democratic participation to be spatially reorganized to assure border governance remains in the public domain.

Dana Diminescu (sociologue, EC Telecom Paristech, directeur scientifique du programme TIC Migrations FMSH Paris)
Migrants connectés: « K29? » dans la sociologie des migrations

According to the Algerian sociologist Abdelmalek Sayad, the process of migration is marked by a double absence, as migrants are uprooted from their ‘home’ societies and they fail to ‘integrate’ in their countries of emigration. In this perspective, the migrant experience is characterized by a permanent break with the places that link the individual with his or her native environment as well as by the confrontation with a world that thinks and lives differently. Current understandings of the experience of migration, whether they refer to issues of cultural identity of integration, refer to and focus on a series of breaks and oppositions. These are constructed as inherent to migrants’ fate and are constantly used in theoretical reflections on populations on the move. For instance, migrants are described according to binary oppositions such as: mobile/immobile, neither there nor here, absent/present, central/peripheral, and so forth. This understanding of people’s movements is an historical and sociological simplification and does account for the way the world was transformed by the onset of generalized mobility and by the spread unprecedentedly complex means of communication. Today, the definition of the migrant based on different forms of rupture considered to be fundamental and radical is in trouble. Alternative organizing principles emerge, as mobility and connectivity mark the experiences of contemporary migrants. In this talk, my aim is to analyse the different and interlinked forms of rootedness, displacement and connectedness that are experienced by contemporary migrants. Contemporary sociological studies of migration must focus on issues of connectedness and of presence. These days it is increasingly rare to see migration as a movement between two distinct communities, belonging to separated places that are characterized by independent  systems of social relations. On the contrary, it is more and more common for migrants to maintain distant relations that are similar to relations of proximity and to be able to activate them remotely on adaily basis. This mediated bond — via telephone, email, or Skype- — makes it easier than before to stay close to one’s family, to others,  to what is happening at home or elsewhere. The development of communication practices —from simple ‘conversational’ methods where communication compensates for absence, to ‘connected’ modes where the services maintain a form of continuous presence in spite of the distance — has produced the most important change in migrants’ lives. Migratory practices (in particular the activation of networks, remote organization, and the monitoring of movements), the way  mobility is experienced and implicitly the construction of new  “home  territories” have been thoroughly transformed.

Christophe Bruno (artiste, commissaire d’exposition) & Samuel Tronçon (philosophe, Résurgences, Marseille)
ArtWar(e) – vers une application Facebook pour détecter les formes artistiques

ArtWar(e) est une plate-forme de «gestion des risques artistiques » et de « curating assisté par ordinateur ». Un de ses principaux objectifs est de visualiser dans les réseaux sociaux, des vagues d’émergence, d’obsolescence, et des phénomènes d’import-export de concepts artistiques, comme de repérer des formats. Contrairement à l’histoire de l’art qui nomme les formes une fois qu’elles sont devenues identifiables et formatées, ArtWar(e) cherche à détecter ces tendances au moment de leur émergence, alors qu’elles n’ont encore aucun nom et qu’elles n’ont pas reçu le label d’art. Il s’agit ici à la fois de construire, mais également de mettre en question un dispositif quelque peu kafkaïen. En effet, ArtWar(e) utilise les outils de surveillance les plus puissants jamais développés, comme Facebook, afin de détecter d’infimes soubresauts de la vie sociale des formes. Nous présenterons la méthodologie ainsi que les principes de l’application Facebook en cours de développement.

Partenariats

IMéRA (Aix-Marseille Université), Ecole supérieure d’Art d’Aix-en-Provence, Laboratoire PACTE (Université de Grenoble), Institut de Recherche et d’Etudes sur le Monde Arabe et Musulman (IREMAM, CNRS-AMU), Laboratoire Méditerranéen de Sociologie (LAMES, CNRS-AMU), Aix-Marseille Université, Réseau Français des Instituts d’Etudes Avancées (RFIEA), Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, CNRS

Atelier 2 : Matérialisation, dématérialisation de la frontière

22-23 mars 2012
Maison des Astronomes, IMéRA
2 place Le verrier
13004 Marseille

Organisation: Stéphane Rosière (Université de Reims Champagne-Ardenne), Nicola Mai (London Metropolitan University),
Cédric Parizot (IMéRA-IREMAM, Aix Marseille Université, CNRS)

La matérialité des murs et des frontières du XXIe siècle

Stéphane Rosière (géographe, HABITER, Université de Reims)
Les barrières frontalières : seuil, types et logiques

Elisabeth Vallet (politologue, Chaire Raoul-Dandurand, UQAM, Montréal)
Dynamique de construction des barrières frontalières

Hervé Braik (Business Segment Manager, Border Security Systems, C4I Defense & Security Systems Division Thales)
Les systèmes de surveillance des frontières

Matérialisation/dématérialisation des frontières : une question de définition ?

Paolo Cuttitta (politologue, Università di Palermo)
The construction of a border island: The Lampedusa case

Shira Havkin (politologue, CERI, IEP de Paris)
Les transformations du dispositif sécuritaire « frontalier »israélien et l’externalisation des checkpoints

Stéphanie Latte Abdallah (historienne, IREMAM, CNRS, Aix Marseille Université)
Déni de frontières. Toile carcérale et management des prisonniers politiques palestiniens après Oslo (1993-2010)

Olivier Clochard (géographe, ADES/Terre Ferme)
La dilution de la frontière dans le territoire

Transgresser les frontières matérielles et immatérielles

Cédric Parizot (anthropologue, IMéRA/IREMAM, Aix Marseille Université, CNRS)
Crossing and taking over a dysfunctional wall: the Israeli-Palestinian case

Heath Bunting (artiste)
Build a new identity workshop

Résumés

Stéphane Rosière (géographe, HABITER, Université de Reims)
Les barrières frontalières : seuil, types et logiques

Durant cette présentation, la notion de barrière frontalière sera discutée et notamment en termes de seuil, types et logiques à l’œuvre sur ces artefacts. La question du seuil revient à se demander à partir de quel stade un ouvrage frontalier peut être considéré comme une barrière, les frontières « inexistantes » sur le terrain répondent à la représentation dominante des frontières ouvertes, celle-ci sera mise en avant comme l’archétype de la frontière contemporaine, la barrière en étant l’opposé. La question du type renvoie essentiellement à la distinction mur/clôture qui sera discutée d’un point de vue symbolique et d’un point de vue technique. L’efficacité technique des clôtures high-tech pourra être soulignée. Au-delà des questions de morphologie, la difficile mesure de ces artefacts sera aussi envisagée. Enfin, en termes de logiques, les barrières frontalières peuvent être envisagées de façon multiscalaire : logique de leur fonctionnement et logiques d’apparition. En termes de fonctionnent on soulignera leurs liens avec des checkpoints mis en réseau entre eux et relié à des bases de données (nationales et parfois internationales) ; à l’échelle mondiale, les barrières frontalières paraissent liées à des macrologiques géopolitiques et surtout aux discontinuités de développement.

Elisabeth Vallet (politologue, Chaire Raoul-Dandurand, UQAM, Montréal)
Dynamique de construction des barrières frontalières

While drawing a border is, by definition, a bilateral process, building a wall is a unilateral act that freezes a line of demarcation. A border can be seen as an area of contact and influence but the advent of a world without constraints or standards, particularly economic standards, is leading to the creation of barricades around populations as states retreat into the security of feudal reflexes, testifying to certain undercurrents of globalization that paradoxically are encouraging a return to a kind of ‘neo-feudalization’ of the world. Thus the return of the wall as a political tool may be symptomatic of a new era in international relations, redefining interstate couples around the world. As such the US perception of its own borders is symptomatic of this trend. We will explore the history and impact of the border wall issue in a comparative perspective (southern border v. border as well as in other hemispheres) as the US border wall is a relevant referent to explore more complex (and less accessible) fenced borders of the post cold war era.

Hervé Braik (Business Segment Manager, Border Security Systems, C4I Defense & Security Systems Division Thales)
Les systèmes de surveillance des frontières

De plus en plus de pays à travers le monde font face à une forte augmentation des entrées illégales à travers leurs frontières. Les menaces sont le traffic de marchandises prohibées telles que la drogue, les armes et l’immigration illégale, plus rarement le terrorisme. Afin de lutter contre ses activités criminelles, les autorités publiques de ces pays investissent dans la mise en place de systèmes de surveillance des frontières. Utilisant diverses technologies, les systèmes déployés permettent par une automatisation accrue et par de meilleures performances de supporter les gardes-frontières dans leurs tâches quotidiennes de surveillance des zones frontalières et d’interception des contrevenants. Ces solutions se traduisent par une meilleure efficacité dans le contrôle des frontières.

Paolo Cuttitta (politologue, Università di Palermo)
The construction of a border island: The Lampedusa case

Why is Lampedusa more ‘border’ than other Italian and European border spots? I start from the assumption that Lampedusa’s high degree of ‘borderness’ results not only from its geographical location within the current historical context, but also from a specific ‘borderisation’ process. Specific policies and practices of immigration control have transformed the island in the Strait of Sicily not only into a hotspot of the Italian and EU border regime, but also into a stage on which the narratives of the ‘tough border’ and of the ‘humane border’ coexist in the performance of what I call the ‘border play’. After summarising Lampedusa’s ‘borderness’ from different points of view (the volume of immigration by sea, the deadly consequences of border controls, their compliance with human rights, the agency of migrants etc.), I will analyse the main measures and practices as well as the narratives prevailing, between 2004 and 2011, in five different acts of the ‘border play’.

Shira Havkin (politologue, CERI, IEP de Paris)
Les transformations du dispositif sécuritaire « frontalier »israélien et l’externalisation des checkpoints

Une des particularités de la géographie politique israélienne tient à l’ambivalence qu’y prend le terme de frontière. Trois des frontières de l’Etat israélien ne sont pas reconnues au niveau international et sont considérées comme frontières temporaires. Le dispositif sécuritaire mis en place afin de contrôler l’entrée dans le territoire national est pourtant extrêmement important. Ce dispositif concerne tout d’abord les forces déployées aux points de contrôle placés à la périphérie et à l’intérieur des territoires palestiniens occupés en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, mais il renvoie également à la construction d’un mur sur la frontière israélo-egyptienne destiné à réduire le flux d’immigrants et de réfugiés, ainsi qu’à la restructuration de la police de l’immigration dans le cadre d’une réforme structurelle. Dans cette présentation, je vais étudier les dernières évolutions des dispositifs sécuritaires « frontaliers », en soulignant les liens avec les caractéristiques et les transformations internes à la société israélienne. Le processus de délégation de la gestion des checkpoints « frontaliers » à des entreprises de sécurité privées, entamé en 2006, constitue un exemple particulièrement intéressant pour analyser l’articulation de logiques sécuritaires et de logiques néolibérales. Si cette réforme, désignée comme « citoyennisation» par ses initiateurs, est souvent présentée comme une démarche de« démilitarisation » d’une sphère militaire,l’analyse de ses modalités révélera qu’elle est accompagnée par un processus parallèle de « re-militarisation » de la société. L’étude des différentes composantes du dispositif sécuritaire« frontalier » israélien et de son évolution dégagera des modalités hétérogènes qui renvoient à la restructuration du dispositif sécuritaire et militaire ainsi que les nouvelles configurations que prend la notion de frontière.

Stéphanie Latte Abdallah (historienne, IREMAM, Aix Marseille Université, CNRS, Aix en Provence)
Déni de frontières. Toile carcérale et management des prisonniers politiques palestiniens après Oslo (1993-2010)

Le système carcéral israélien adressé aux Palestiniens étend sur les territoires occupés une toile carcérale qui est tout à la fois une réalité et une virtualité carcérale, c’est-à-dire une capacité à emprisonner quasiment tout le monde à partir de l’âge de 12 ans. Cette toile carcérale crée un espace suspendu dont les limites géographiques, juridiques et temporelles sont floues, et à certains égards indéterminées. Cette communication entend ainsi reconsidérer la question des frontières et des limites (entre Israël et les territoires occupés/entre dedans et dehors) dans les espaces israélo-palestiniens à partir des modalités de l’incarcération des Palestiniens en lien avec les morcellements territoriaux dans les territoires et les pratiques destinées à pallier enfermements et fragmentations.

Olivier Clochard (géographe, ADES/Terre Ferme)
La dilution de la frontière dans le territoire

Les lieux d’enfermement de l’Union européenne et ses pays voisins relèvent d’une grande diversité. De l’important centre de rétention administrative construit récemment – selon des normes rappelant des standards de grandes chaînes d’hôtels – à l’espace informel marqué par des conditions matérielles dégradantes, tous ces lieux forment un ou plusieurs dispositifs dont les limites sont parfois difficile à saisir. Si les premiers s’inscrivent dans des cadres législatifs de plus en plus complexes, l’existence des seconds résulte souvent de montages locaux, ad hoc, ponctuels. Mais les deux types de structures s’inscrivent dans le temps – marquant les politiques migratoires contemporaines – et sont devenus des jalons importants dans les parcours des exilés. Enfin les circulations entre ces lieux – et à l’intérieur de ses structures –participent à l’élaboration de frontières avec les sociétés dans lesquelles les migrants ont envisagé de vivre.

Cédric Parizot (anthropologue, IMéRA/IREMAM, Aix Marseille Université, CNRS)
Crossing and taking over a dysfunctional wall: the Israeli-Palestinian case

Le perfectionnement et l’automatisation des technologies de surveillance est souvent perçu comme un moyen de déployer un contrôle plus fiable, plus standardisé, plus prévisible que le contrôle humain. Je montrerai que cette approche est illusoire : il n’est pas possible de dissocier une technologie de surveillance aussi automatisée soit-elle des conditions politiques, sociales, et économiques dans lesquelles elle est mise en œuvre. Déployées et associé à des systèmes de contrôle préexistant, des acteurs institutionnels et politiques spécifiques, les technologies de surveillance reproduisent les contradictions et les imprévisions des systèmes et des acteurs qui les mettent en oeuvre, bien souvent, en transforment la réalité qu’elles sont censées contrôler, elles créent de nouveaux défis qui échappent à leurs promoteurs. Pour illustrer mon propos, je prendrais pour exemple le cas du mur de séparation construit en Cisjordanie. Partant d’observations développées sur ce terrain, je montrerai que le fonctionnement de ces technologies de contrôle ne peut être envisagé sans prendre en compte leurs disfonctionnements et la manière dont ceux-ci sont réappropriés par un ensemble d’acteurs formels et informel en dehors de l’Etat.

Partenariats

IMéRA (Aix-Marseille Université), Ecole supérieure d’Art d’Aix-en-Provence, Laboratoire PACTE (Université de Grenoble), Institut de Recherche et d’Etudes sur le Monde Arabe et Musulman (IREMAM, CNRS-AMU), Laboratoire Méditerranéen de Sociologie (LAMES, CNRS-AMU), Aix-Marseille Université, Réseau Français des Instituts d’Etudes Avancées (RFIEA), Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, CNRS

Photo: Cédric Parizot, Le Mur de séparation, Bethlehem, Cisjordanie, 2008