(Ré)habiliter le trouble: un cyborg anthropolojonglique

Prochaines représentations

Jeudi 28 mars 2024 à 19h30
Spectacle gratuit
A partir de 10 ans
Au CIAM, 4181 route de Galice, 13090 Aix-en-Provence
Sur réservation : https://bit.ly/3v7yKs1

Lundi 30 avril 2024
Hasard ludique
Paris

La rencontre

Juin 2021 Sylvain Pascal, jongleur du collectif Protocole, rencontre Cédric Parizot, anthropologue à l’Institut d’études et de recherche sur les mondes arabes et musulmans. A d’eux, ils s’embarquent pour une semaine dans le quartier de Rochebelle à Alès pour la 14ème errance du projet PERIPLE. Au terme d’une semaine de performances de jonglées, de rencontres avec les habitants et d’essais d’anthropologie urbaine, un cyborg anthropolojonglique monte sur scène.

Avril 2022, près d’un an après cette première expérimentation, l’anthropologue et le jongleur s’invitent à l’Atelier du Plateau (Paris). Bien plus que la mise en scène d’une communication entre espèces compagnes, ils présentent une forme de 20’ pour expérimenter d’autres corporéités pour mettre en œuvre leurs pratiques et éprouver les frontières de leurs disciplines. L’écriture au plateau et la restitution devant le public ouvrent un laboratoire où est mise à l’épreuve une hétérographie circassienne dont l’enjeu est à la fois de bouleverser les pratiques de création et de la recherche. Peu à peu une réflexion mise en acte décrypte la complexité des processus d’intercorporéité qui émergent entre le jongleur et le chercheur.

Photo: Collectif Protocole, 2021

Extraits:

“Je suis entré le 14 juin 2021, dans Rochebelle, un vieux quartier minier de la ville d’Alès. Les mines ayant été fermées, il est depuis quelques décennies en situation de grande précarité. Aux côtés des quelques habitants qui ne sont jamais partis et qui y restent profondément attachés,
sont venus s’installer différentes populations assez pauvres. C’est d’ailleurs un quartier particulièrement connu pour ses marchands de sommeil. J’y ai été invité par Sylvain Pascal, un jongleur du collectif Protocole et par le centre national de cirque de la Verrerie d’Alès pour y errer pendant une semaine.….Alors, vous allez me dire: “Qu’est-ce qu’un anthropologue peut donc aller faire de sérieux avec un jongleur, pendant une semaine, dans un quartier qu’il ne connaît même pas ?”

Photo: Collectif Protocole, 2021

“24 juin 2021, on s’engage dans une ruelle pourrie, ambiance film de mafia. Un groupe de dealer s’est approprié un coin de rue pour monter un point de vente. Des gueules cassées, des visages tatoués, des gamins déjà cramés, une enceinte qui crache de la musique et mon anthropologue pas très rassuré. Moi je fonce dans le tas en me disant que dans quelques minutes, ils vont nous offrir un thé”

“… une sorte de confusion: d’abord, entre nos corps, tu es devenu une partie de mon appareil sensoriel. À travers tes gestes, ton assurance, je suis entré en relation avec ces dealers. Ensuite, une confusion entre nos rôles, qui a agit et qui a été agi dans cette rencontre? Qui étaient les spectateurs, le public, les artistes, les agents et les objets de la recherche?”

Photo: Marie-Claire Abdelkader, 2024

« Sylvain s’était allongé sur le toit d’une des trois voitures calcinées qui trônaient devant l’église de Rochebelle. Il jonglait couché. Les conducteurs des voitures qui passaient derrière nous, souriaient. Un peu plus loin, un vieil homme jouait de la flute derrière la grille de sa maison. Curieux, nous sommes allés le voir.

Photo: Marie-Claire Abdelkader, 2024

« En somme, faire de l’anthropologie urbaine avec un jongleur, c’est un peu comme détourner une enquête ethnographique : ce n’est pas simplement privilégier la flânerie, ralentir et se rendre plus disponible au quartier, c’est aussi accepter d’autres formes de dérives, fondées davantage des fictions et des expériences. Par contre, je ne sais même pas si, ce soir, Sylvain et moi, nous nous comprenons vraiment l’un et l’autre.

Nous sommes un peu comme dans la relation entre deux espèces compagnes: vous savez cette relation qu’entretiennent les êtres humains et leurs animaux domestiques ou encore certains animaux comme ces oiseaux et ces hippopotames qui vivent en symbiose au bord des marigots.

Photo: Marie-Claire Abdelkader, 2024

Représentations

Atelier du plateau, Paris, 1er et 2 Avril 2022
Pôle cirque de la Verrerie d’Alès, juin 2021
MMSH, Aix en Provence, 18 janvier 2024

Photos: Collectif Protocole, Alès, 2021

Teaser: Cédric Paga et Olivier Tourny – Hétérographies circassiennes

Dans le cadre du Festival Jours [et nuits] de cirque(s) 2019 et du projet Changement de scènes une série de workshops cirque et sciences humaines (22-27 septembre 2019) a réuni des professionnels issus d’horizons variés. Intitulés Hétérographies circassiennes ces workshops ont été conçus par Vincent Berhault et Cédric Parizot avec le soutien du CIAM, du LabexMed, de l’IREMAM, TELEMME et l’IDEMEC. Ils ont amenés, les chercheurs en science humaines et sociales à s’approprier l’écriture circassienne des artistes pour formuler des propositions scientifiques à travers un agencement dramaturgique.

Dans cette pièce, jouée le 28 septembre, Cédric Paga, clown et Olivier Tourny, ethnomusicologue, IDEMEC (Aix Marseille Université, CNRS) s’engagent dans un jeu autour des formes pour parler d’ethnomusicologie.

Vidéo réalisée par Emilie Rossi avec Mathieu Bertéa

Teaser: Karima Direche et Angela Laurier – Hétérographies circassiennes

Dans le cadre du Festival Jours [et nuits] de cirque(s) 2019 et du projet Changement de scènes une série de workshops cirque et sciences humaines (22-27 septembre 2019) a réuni des professionnels issus d’horizons variés. Intitulés Hétérographies circassiennes ces workshops ont été conçus par Vincent Berhault et Cédric Parizot avec le soutien du CIAM, du LabexMed, de l’IREMAM, TELEMME et l’IDEMEC. Ils ont amenés, les chercheurs en science humaines et sociales à s’approprier l’écriture circassienne des artistes pour formuler des propositions scientifiques à travers un agencement dramaturgique.

Dans cette pièce, jouée le 28 septembre, Karima Direche, historienne, TELEMME (Aix Marseille Université/CNRS) et Angela Laurier, contorsionniste s’engagent dans un jeu autour des formes pour évoquer leurs pratiques de recherche et création.

Vidéo réalisée par Emilie Rossi avec Mathieu Bertéa

Teaser: Vincent Berhault et Vincent Geisser, Hétérographies circassiennes, 2019

Dans le cadre du Festival Jours [et nuits] de cirque(s) 2019 et du projet Changement de scènes une série de workshops cirque et sciences humaines (22-27 septembre 2019) a réuni des professionnels issus d’horizons variés. Intitulés Hétérographies circassiennes ces workshops ont été conçus par Vincent Berhault et Cédric Parizot avec le soutien du CIAM, du LabexMed, de l’IREMAM, TELEMME et l’IDEMEC. Ils ont amenés, les chercheurs en science humaines et sociales à s’approprier l’écriture circassienne des artistes pour formuler des propositions scientifiques à travers un agencement dramaturgique.

Dans cette pièce, jouée le 28 septembre, Vincent Berhault (jongleur, auteur et metteur en scène) et Vincent Geisser, politiste, IREMAM (Aix Marseille Université, CNRS) s’engagent dans un jeu autour des formes pour évoquer les questions liées à la laïcité.

Vidéo réalisée par Emilie Rossi avec Mathieu Bertéa

Entre, une hétérographie circassienne

De la création à la recherche

Entre est un projet de création artistique à mi-chemin entre le cirque, le théâtre et l’anthropologie met en place un dispositif art-science dont le but est d’explorer les formes alternatives d’écriture que peut offrir le spectacle vivant, et notamment le cirque, à la recherche en sciences sociales.

Ce projet a été initié par Vincent Berhault, jongleur, auteur et metteur en scène de la compagnie Les singuliers, il s’appuie sur une écriture collaborative qui associe étroitement les interprètes (Barthélémy Goutet, Benjamin Colin, Grégory Kamoun, Toma Roche et Xavier Kim) au niveau de l’écriture au plateau.

Un autre format d’écriture

Hétérographie circassienne, Entre propose ainsi une autre forme d’écriture, au croisement d’une démarche de création et de recherche. Les langages du corps et du mouvement s’associent à la communication verbale, non pas pour tenter de transmettre un message ou une analyse à propos de l’expérience ou du contrôle aux frontières, mais davantage pour amener les spectateurs à s’interroger sur les cadres et les images à travers lesquels ils envisagent et construisent ces phénomènes.

La démarche consiste à rechercher des résonnances entre les sources nourrissant l’écriture et des images évidentes sur le plateau. Sans didactisme, la performance circassienne se fait écho d’une idée, d’un concept ou d’une théorie. Le travail de recherche au plateau est ainsi stimulé et la dimension circassienne de l’écriture apparait particulièrement dans la mise à l’épreuve des corps, de tous les objets (scénographiques ou accessoires) ainsi que dans le questionnement permanent de la relation acteurs – objets – spectateurs.

Grâce au détournement des objets la question des échappatoires dont dispose l’homme face à un grand système de surveillance et de contrôle est aussi abordée. En réinventant l’usage de ce qui les entoure, parfois de manière absurde, les interprètes renvoient autant aux dysfonctionnements des systèmes de contrôle qu’aux multiples façons dont ils sont réappropriés, instrumentalisés et détournés par les entrepreneurs formels et informels qui se saisissent des opportunités générées par les fermetures des frontières aux mobilités humaines.

Photo, Cédric Parizot. Filage, Théâtre d’Arles, novembre 2017

De la mise en scène de la frontière à la déshumanisation des migrants

Entre est une pièce bouleversante, perturbante qui vient remettre en jeu notre rapport aux migrants et aux frontières. A une époque où nos responsables politiques instrumentalisent, à des fins électoralistes, l’arrivée de migrants qui fuient la misère et les guerres, et appellent à la surenchère sécuritaire, cette pièce est d’une grande actualité.

Elle démarre avec une certaine pesanteur, autour d’un récit tragique, celui d’un homme, Merhan Karimi Nasseri, cet Iranien qui resté 16 ans enfermé dans le Terminal 1 de Roissy en attendant de voir dans l’attente d’un règlement de sa situation administrative. D’emblée, la lenteur de ses mouvements et de son rythme d’élocution tranchent avec le rythme effréné avec lequel se déplace quelques passagers en transit. Ce sentiment de déphasage ne cesse de croître, au fur et à mesure que la pièce superpose et mêle, aux prises de paroles de cet homme, enfermé dans la circulation, des scènes qui mettent successivement en jeu le contrôle des flux de passagers, le personnel chargé du nettoyage, la formation de futurs contrôleurs, des humanitaires interviewant des migrants, un chercheur en conférence, etc. La multiplication de ces fragments, l’accélération progressive du rythme du jeu viennent noyer le récit et la vie de cet homme pour leur donner un caractère presque anecdotiques. Et c’est là une des forces de Entre, celle d’insister sur la déshumanisation des migrants qu’entraine toute la dramaturgie autour des frontières contemporaines.

Mais la pièce va beaucoup plus loin. Oscillant entre nouveau cirque et théâtre, alternant entre tragique et burlesque, Entre mobilise une écriture et une mise en scène qui ne laissent jamais au spectateur le temps de s’installer confortablement dans un registre qu’il maîtrise. Entre nous interroge donc doublement : tout d’abord, sur le regard et l’attitude que nous devons adopter à l’égard de ces migrants et du contrôle aux frontières ; et ensuite, sur la légitimité des formes artistiques et scientifiques à travers lesquelles nous pouvons évoquer, penser et aborder les phénomènes qui touchent nos sociétés.

Photo, Cédric Parizot. Filage, Théâtre d’Arles, novembre 2017

Presse

Anaïs Heluin, « La frontière au risque de l’art« , Sceneweb.fr, 18 octobre 2018
Sarah Franck, « Entre. Une parabole sur les notions de frontière et de migration. Entre les mondes, entre les arts.« , Arts-chipels.fr, 19 octobre 2018
Mathieu Dochtermann, « ‘Entre’ Les frontières, ou les limbres du monde globalisé« , Toutelaculture.com, 17 octobre 2018
Valérie de Saint-Do, « De l’air!« , Débords, Media Part, 19 octobre 2018

Création

Auteur et metteur en scène: Vincent Berhault

Une partie de l’écriture du spectacle résulte d’une recherche au plateau, les interprètes sont donc tous également inscrits comme auteurs au répertoire.

Avec: Barthélémy Goutet, Benjamin Colin, Grégory Kamoun, Toma Roche et Xavier Kim.

Composition musicale: Benjamin Colin

Contribution à l’écriture : Cédric Parizot – Anthropologue du politque

Costumes: Barthélémy Goutet

Création lumière: Benoit Aubry

Construction décor : Plug In Circus

PARTENARIATS

Co-productions et accueil en résidence :

Théâtre d’Arles, scène conventionnée art et création – nouvelles écritures
Cie 36 du mois – Cirque 360
Pôle National des Arts du Cirque de la Verrerie, Alès
L’Espace Périphérique de la Villette, Paris

Accueils en résidence de recherche/labos :

L’échangeur à Bagnolet du 20 au 22 juillet 2015
2R2C Paris – laboratoire de recherche du 12 au 15 octobre 2015.
Centre des arts et du Mouvement (CIAM) Aix-en-Provence – laboratoire de recherche du 24 et 25 février 2016.
Le Point HauT, lieu du pOlau à St pierre des Corps – recherches scientifiques et typographiques du 4 et 11 mars 2016.
Le vent se lève Pantin – laboratoire de recherche du 7 au 8 mai 2016.
Atelier du plateau Paris – étape de recherche avec les interprètes du 30 mai au 4 juin 2016.

Accueils en résidence de création :

Académie Fratellini Saint-Denis – du 27 juin au 2 juillet 2016.
l’Espace Périphérique de la Villette Paris – du 20 au 24 février 2017.
Théâtre Sylvia Monfort Paris –du 27 février au 3 mars 2017.
Cie 36 du mois – Cirque 360 – du 10 au 21 avril 2017.
PNAC de la Verrerie Alès – du 22 mai au 2 juin 2017.
Ville du Plessis-Paté – du 15 au 22 septembre 2017
Théâtre d’Arles – du 23 octobre au 6 novembre 2017.

Soutiens et Subventions :

aide à la production dramatique de la DRAC Ile-de-France
aide à la création pour les Arts du Cirque de la DGCA
soutien de la SACD / Processus Cirque
aide au projet de la Région Ile-de-France
Institut de Recherche et d’Etude sur le Monde Arabe et Musulman (UMR7310, Aix Marseille Université, CNRS)
Institut d’Etudes Avancées (IMéRA) d’Aix Marseille Université
aides à la création de l’ADAMI et de la SPEDIDAM

Représentations antérieures

Théâtre d’Arles, 7 et 8 novembre 2017
La verrerie d’Alès, 10 novembre 2017
Théâtre Le Monfort, Paris, 15-18 mars 2018, Festival des illusions
Théâtre de l’Echangeur, 16-20 octobre 2018