Recherche, art et participation #4 : filmer la formation au travail domestique et au care

25 avril 2024
14h-19h30
Bâtiment Turbulence, salle de projection,
Campus Marseille Saint-Charles

Cette quatrième séance du cycle de séminaires du projet REAP , portée de concert avec le Centre de recherche-création sur les monde sociaux (Cirec) dans le cadre de ses ateliers, propose de se pencher sur le travail domestique et du soin au prisme de la formation. À partir de travaux filmiques singuliers, nous réfléchirons aux enjeux que véhicule ce travail du care dans des contextes différents, en termes d’inégalités et domination notamment, et aux manières de donner à voir cette réalité par l’image et le son. Une séance en trois temps :

Un atelier avec Guillaume Cuny

14h-15h30

Atelier autour de la thèse en cours de Guillaume Cuny, doctorant en sociologie visuelle et filmique au Centre Pierre Naville (Université d’Évry Paris-Saclay) : à partir d’une étude menée auprès d’élèves du Bac Pro ASSP (Accompagnement, soins et services à la personne), Le choix des autres porte sur l’enseignement professionnel et la complexité des déterminations qui orientent vers cette voie, au croisement de la classe, de la race et du genre. Le film documentaire permet ici d’articuler recherche et création pour éclairer la réalité sociale.

Contact : ebalteau [at] yahoo.fr

Masterclass, projection de film et débat avec Sung-A Yoon

16h00-19h30

Masterclass avec Sung-A Yoon, réalisatrice et artiste franco-coréenne vivant à Bruxelles. Elle a été formée à l’université Sorbonne Nouvelle (théâtre), à l’École des beaux-arts de Paris-Cergy et à l’école de cinéma INSAS de Bruxelles. Se jouant des formes et des genres, ses films se distinguent par un caractère hybride et une attention particulière portée sur le dispositif de mise en scène. Son travail emprunte autant à la démarche documentaire qu’aux codes de la fiction.

Avec les étudiant.e.s du master Cinéma et audiovisuel d’Aix-Marseille Université

Contact : pascal.cesaro [at] univ-amu.fr (Pascal Cesaro, enseignant en Cinéma)

La masterclass sera suivie à 17h30 par la projection du film Overseas (2019, 90’) de Sung-A Yoon
En présence de la réalisatrice
Discussion par Pascal Césaro, PRISM (Aix Marseille Université/CNRS)

Synopsis : Aux Philippines, on déploie les femmes en masse à l’étranger comme aides ménagères ou nounous. Elles laissent souvent derrière elles leurs propres enfants, avant de se jeter dans l’inconnu. Dans un centre de formation au travail domestique, comme tant d’autres aux Philippines, un groupe de candidates au départ se préparent au mal du pays et aux maltraitances qui pourraient les atteindre. Lors d’exercices de jeux de rôles, les femmes se mettent tant dans la peau de l’employée que des employeu.r.se.s. Aux abords de la fiction, Overseas traite de la servitude moderne de notre monde globalisé, tout en révélant la détermination de ces femmes, leur sororité et les stratégies mises en place face aux épreuves que leur réserve l’avenir.

Contact : ebalteau [at] yahoo.fr

Comité d’organisation

Une après-midi co-organisée et animée dans le cadre
des Ateliers du Cirec, coord : Alex Tilman (Unil, Cirec), Hélène Tilman (Uliège, Cirec), Lila Neutre (Cirec) et Émilie Balteau (Prism, Cirec)
et du cycle d’ateliers et séminaires Recherche, art et participation (REAP), Coord : Émilie Balteau (Prism), Pascal Cesaro (Prism) et Cédric Parizot (Iremam)

! ATTENTION : la séance du 25 avril est accessible uniquement sur inscription info.cirec@gmail.com

(Ré)habiliter le trouble: un cyborg anthropolojonglique

Prochaines représentations

Jeudi 28 mars 2024 à 19h30
Spectacle gratuit
A partir de 10 ans
Au CIAM, 4181 route de Galice, 13090 Aix-en-Provence
Sur réservation : https://bit.ly/3v7yKs1

Lundi 30 avril 2024
Hasard ludique
Paris

La rencontre

Juin 2021 Sylvain Pascal, jongleur du collectif Protocole, rencontre Cédric Parizot, anthropologue à l’Institut d’études et de recherche sur les mondes arabes et musulmans. A d’eux, ils s’embarquent pour une semaine dans le quartier de Rochebelle à Alès pour la 14ème errance du projet PERIPLE. Au terme d’une semaine de performances de jonglées, de rencontres avec les habitants et d’essais d’anthropologie urbaine, un cyborg anthropolojonglique monte sur scène.

Avril 2022, près d’un an après cette première expérimentation, l’anthropologue et le jongleur s’invitent à l’Atelier du Plateau (Paris). Bien plus que la mise en scène d’une communication entre espèces compagnes, ils présentent une forme de 20’ pour expérimenter d’autres corporéités pour mettre en œuvre leurs pratiques et éprouver les frontières de leurs disciplines. L’écriture au plateau et la restitution devant le public ouvrent un laboratoire où est mise à l’épreuve une hétérographie circassienne dont l’enjeu est à la fois de bouleverser les pratiques de création et de la recherche. Peu à peu une réflexion mise en acte décrypte la complexité des processus d’intercorporéité qui émergent entre le jongleur et le chercheur.

Photo: Collectif Protocole, 2021

Extraits:

“Je suis entré le 14 juin 2021, dans Rochebelle, un vieux quartier minier de la ville d’Alès. Les mines ayant été fermées, il est depuis quelques décennies en situation de grande précarité. Aux côtés des quelques habitants qui ne sont jamais partis et qui y restent profondément attachés,
sont venus s’installer différentes populations assez pauvres. C’est d’ailleurs un quartier particulièrement connu pour ses marchands de sommeil. J’y ai été invité par Sylvain Pascal, un jongleur du collectif Protocole et par le centre national de cirque de la Verrerie d’Alès pour y errer pendant une semaine.….Alors, vous allez me dire: “Qu’est-ce qu’un anthropologue peut donc aller faire de sérieux avec un jongleur, pendant une semaine, dans un quartier qu’il ne connaît même pas ?”

Photo: Collectif Protocole, 2021

“24 juin 2021, on s’engage dans une ruelle pourrie, ambiance film de mafia. Un groupe de dealer s’est approprié un coin de rue pour monter un point de vente. Des gueules cassées, des visages tatoués, des gamins déjà cramés, une enceinte qui crache de la musique et mon anthropologue pas très rassuré. Moi je fonce dans le tas en me disant que dans quelques minutes, ils vont nous offrir un thé”

“… une sorte de confusion: d’abord, entre nos corps, tu es devenu une partie de mon appareil sensoriel. À travers tes gestes, ton assurance, je suis entré en relation avec ces dealers. Ensuite, une confusion entre nos rôles, qui a agit et qui a été agi dans cette rencontre? Qui étaient les spectateurs, le public, les artistes, les agents et les objets de la recherche?”

Photo: Marie-Claire Abdelkader, 2024

« Sylvain s’était allongé sur le toit d’une des trois voitures calcinées qui trônaient devant l’église de Rochebelle. Il jonglait couché. Les conducteurs des voitures qui passaient derrière nous, souriaient. Un peu plus loin, un vieil homme jouait de la flute derrière la grille de sa maison. Curieux, nous sommes allés le voir.

Photo: Marie-Claire Abdelkader, 2024

« En somme, faire de l’anthropologie urbaine avec un jongleur, c’est un peu comme détourner une enquête ethnographique : ce n’est pas simplement privilégier la flânerie, ralentir et se rendre plus disponible au quartier, c’est aussi accepter d’autres formes de dérives, fondées davantage des fictions et des expériences. Par contre, je ne sais même pas si, ce soir, Sylvain et moi, nous nous comprenons vraiment l’un et l’autre.

Nous sommes un peu comme dans la relation entre deux espèces compagnes: vous savez cette relation qu’entretiennent les êtres humains et leurs animaux domestiques ou encore certains animaux comme ces oiseaux et ces hippopotames qui vivent en symbiose au bord des marigots.

Photo: Marie-Claire Abdelkader, 2024

Représentations

Atelier du plateau, Paris, 1er et 2 Avril 2022
Pôle cirque de la Verrerie d’Alès, juin 2021
MMSH, Aix en Provence, 18 janvier 2024

Photos: Collectif Protocole, Alès, 2021

ECOUTER: DU CORPS A L’ENVIRONNEMENT

18-19 mars 2024
Ecole supérieure d’art
Rue Emile Tavan
13100 Aix-en-Provence

La recherche par l’écoute

Ces journées réunissent des artistes et des anthropologues qui mettent le son au coeur de leurs recherches. Ils exploreront les sensibilités particulières liées à l’utilisation de médiums sonores et interrogeront les particularités d’une approche du monde à travers l’écoute et la production sonore. Ces journées s’inscrivent dans le cadre du programme La recherche par l’écoute en partenariat avec l’Ecole supérieure d’art d’Aix-en-Provence et l’institut de recherche et d’étude sur les mondes arabes et musulmans (Aix Marseille Univ/CNRS).

Programme du 18 mars 2024

9h Introduction

Cédric Parizot, anthropologue, IREMAM (CNRS/Aix-Marseille Univ) et Peter Sinclair, artiste et enseignant, Locus Sonus Vitae (Ecole supérieure d’art d’Aix-en-Provence)

9h30-11h: Session 1

François Parra, artiste et enseignant, laboratoire Locus Sonus Vitae (Ecole supérieure d’art d’Aix-en-Provence)

La voix sans corps – de l’acousmatique au streaming

Partant de la définition de l’acousmatique employée par Pythagore pour qualifier l’enseignement qu’il donnait caché de ses disciples par un rideau, afin que ceux-ci se concentrent sur ses phrases et non sur ses gestes, nous essaierons de faire un historique des inventions techniques et esthétiques, qui ont conduit à des modes d’écoute au sein desquels les corps et les sons ont été progressivement dissociés.

Photo: Adrian Korte, 2016

François Parra travaille le son dans son rapport à l’espace, au langage et au geste. Le son est pour lui un matériau restructurant indéfiniment l’espace donc modifiant le rapport social, la voix en étant un matériau central. Formé au GMEM ses rencontres avec certains compositeurs l’amènent à des questions d’écriture temporelle avec un vocabulaire de plasticien. Membre de plusieurs collectifs d’artistes, Daisychain, NøDJ/NøVJ, Cap15, Choeur Tac-til, PACE. Il enseigne à l’ESAAix travaille régulièrement pour le spectacle vivant la radio la vidéo.

Jérémie Nicolas, artiste-chercheur, Musidanse/CICM, Université Paris 8

Chœur/Cohorte : Mise en œuvre pour une surprise de l’écoute

Replacé dans la lecture nietzschéenne du tragique, le musical est l’impossible écoute de l’irreprésentabilité de la musique. À partir d’une installation, la surprise est envisagée comme moyen de création, en vue de penser aux conditions de possibilité d’une interruption de la représentation. Chœur/Cohorte est l’image d’une écoute appelée à se rassembler au moment de sa métamorphose.

Image: Jérémie Nicolas et Makoto C. Friedmann

Artiste-chercheur, doctorant en recherche-création à Paris 8 (Musidanse/CICM), Jérémie Nicolas vit et travaille à Marseille. Sa thèse débutée en 2019, Écho d’affect d’effroi (codir. Anne Sèdes et Joseph Delaplace)bénéficie d’un contrat doctoral de l’EDESTA. Ses recherches prennent pour objet l’écho compris comme potentiel audible et le silence comme sonorité de composition.

Diane Schuh, compositrice et chercheuse, CICM/MUSIDANSE/EDESTA MSH Paris Nord UAR 3258, Saint-Denis

Mycélium Garden : écouter et composer avec l’inframonde

Le sol abrite un réseau complexe de vie, dont le mycélium qui interconnecte diverses espèces. Le projet « Mycelium Garden » explore ces dimensions invisibles, en cherchant à rendre audibles les expressions électriques de ces réseaux. Cette installation aborde l’importance de la reconnaissance de l’altérité des êtres non-humains et la nécessité d’élaborer des protocoles guidés par la recherche d’une « connaissance objective » dans le projet écologique d’attention au vivant.

Diane Schuh est paysagiste, compositrice et chercheuse. Sa thèse, sous contrat doctoral à l’EDESTA Paris 8 intitulée « symbioses, milieux, jardins en mouvement : ce que le jardinier fait à la musique » étudie les transferts des modèles et méthodes du jardin à la composition. Sa recherche explore notamment le potentiel pédagogique et opératoire du modèle de la symbiose dans l’élaboration de dispositifs de composition et d’écoute invitant à porter attention au vivant.

Photo: Diane Schuh, 2024

11h15-12h15: Discussion de la session 1

Ateliers 12h30-13h30

Les ateliers seront tenus en parallèle dans des lieux différents
Formulaire d’inscription : https://forms.office.com/e/t1UxZm0u0R

Atelier 1

Virginie DUBOIS, artiste sonore et chercheuse indépendante, actuellement résidente au laboratoire Locus Sonus Vitae, ESAAix, Aix-en-Provence

L’écoute somatique

Au-delà des mots, l’humain communique un vaste répertoire d’informations par les sons, les intonations, les inflexions et les modulations de sa voix, le silence, les soupirs etc. Entrer en communication avec cet espace subtil c’est entrer en relation avec le “ressentir”. C’est apprendre à écouter, et à utiliser son corps -et ses sensations- comme un espace de perception et de connexion avec soi, autrui et le monde. La démarche proposée dans cet atelier est expérimentale. Nous vous proposons de comprendre et de ressentir la dimension physique, émotionnelle et relationnelle de la voix, et du son, à travers des exercices individuels et en groupe.

Photo: Antonio Sanna, 2017

Virginie Dubois est artiste, chercheuse et enseignante dans le domaine du son et de l’écoute. Passionnée par la dimension physique et architecturale du son, Virginie explore les différentes manières de composer avec l’espace. Ce travail l’a amené à développer une pratique d’écoute sensible et active des phénomènes sonores, et de l’audible en général. Elle partage et enseigne désormais cette pratique – et ses méthodes – à travers divers ateliers et parcours sonores en France et à l’international.

Atelier 2

Rrrrrose Azerty, compositeurice/game designer, Paris, actuellement résident•e au laboratoire Locus Sonus Vitae, ESAAix, Aix-en-Provence

Atelier de Jeux Musicaux International de Aix En Provence (AJMIAEP)

Les ateliers de jeux musicaux sont des espaces ludiques et créatifs d’écoutes et d’actions sonores inspirés des pratiques Fluxus, anarchistes et situationnistes de la musique. Accessible à toustes.

Rrrrrose Azerty est compositeurice de musique dans le domaine public vivant et game designer de règles de jeux pour la désalienation capitaliste et fasciste de la créativité musicale.

14h-14h30: Session 2

Caroline Boë,compositrice, artiste sonore et chercheuse, PRISM (Aix-Marseille-Univ/CNRS/ministère de la Culture)

Le projet Anthropophony : une recherche-création à l’écoute des nuisances sonores de faible intensité

Le projet Anthropophony cherche à développer une écoute dé-filtrante du paysage sonore lorsqu’il est pollué par des sons de fréquences stables de faible intensité. Il s’agit d’un art sonore éco-artiviste dénonçant les sons qui nous envahissent à notre insu, imprégné d’une logique relevant de l’écosophie sonore.

Caroline Boë est compositrice, artiste sonore et chercheuse associée au laboratoire PRISM (Aix-Marseille-Université / CNRS / Ministère de la Culture). Son engagement écologique associé à une pensée écosophique guattarienne oriente ses travaux vers la perception du paysage sonore.

Photo: Caroline Boë

15h-17h Session 3: Intervention et performance

Atau Tanaka, compositeur, Goldsmiths University of London, London; Robin “Cicanoise” Dussurget, musicien, Marseille; Cécile Babiole, artiste, Marseille/Paris; Pierre “BonÏpso” Bonizec, APHM, Marseille

BBDMI: Brain-Body Digital Musical Instrument

Interfaces sensorielles, synthétiseurs modulaires, microscope numérique : Atau Tanaka, Cicanoise et Cécile Babiole prend scène au festival Sonic Protest 2021 comme trio. Captant signal électrique et imagerie du corps, ils créent de l’audiovisuel viscéral de neuro-diversité. Ils présentent leur travail individuel avant de jouer en trio. Atau présentera le projet BBDMI. Robin son approche aux synthés. Cécile son œuvre vidéo Disfluences sur les hésitations, répétitions, discontinuités de la parole. Ils invitent Pierre Bonizet aka Bonïpso à faire une présentation sur l’ergothérapie et la musique électronique.

Festival Sonic Protest 2021

Atau Tanaka joue depuis 1990 un système de capteurs électromyogramme transformant le corps en instrument de musique. Il mène des recherches en interaction homme machine (IHM) musicale à l’IRCAM, Sony, Goldsmiths London et Bristol Interaction Group. Il participe au projet ANR Brain Body Digital Musical Instrument à la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord.

Robin Dussurget, aka Cicanoise est un talent précoce en musique expérimentale depuis tout jeune âge en explorant la musique électronique dans toutes ses formes. Il est conférencier aux Rencontres autour des pratiques brutes de la musique 2018. Il représente l’association Simon de Cyrène en tant que membre du jury du Festival du film social de Nice 2022.

Cécile est active dans le champ musical d’abord, puis dans les arts électroniques et numériques. Elle s’intéresse à la langue (écrite et orale), à sa transmission, ses dysfonctionnements, sa lecture, sa traduction, ses manipulations algorithmiques. Elle co-fonde le collectif Roberte la Rousse, groupe cyberféministe qui travaille sur les thématiques croisées langue, genre et technologie sous la forme de performances et de publications.

Pierre Bonizec est ergothérapeute en médecine physique et réadaptation à l’Assistance Publique-Hopitaux de Marseille (APHM). Pour lui, l’ergothérapie est une matière, souple et malléable, qui s’intéresse en permanence à l’autre dans ses mouvements mais aussi ses arrêts et inerties. Il est aussi musicien électronique qui se produise sur le nom de plume BonÏpso.

Programme du 19 mars 2024

9h-11h Session 4

Elena Biserna, historienne de l’art, autrice et commissaire, Marseille

Pas féministes. Corps sexisés, voix et bruits en espace public

Cette présentation aborde les pratiques féministes à l’intersection de la marche, de l’écoute et de la production sonore pour faire dialoguer (et promouvoir) un éventail d’approches critiques générant d’autres récits de la promenade sonore et de l’espace public à partir d’expériences fondées sur le genre et la sexualité.

Elena Biserna est historienne de l’art, commissaire et autrice. Ses recherches portent sur l’écoute, les pratiques artistiques « situées » et leurs relations aux dynamiques urbaines, aux processus socio-culturels, à la sphère publique et politique. Elle a récemment publié les livres Walking from Scores et Going Out. Walking, Listening, Soundmaking. Elle est directrice artistique de l’association LABgamerz et co-dirige la rubrique féministe wi watt’heure de Revue & Corrigée avec Carole Rieussec.

Elena Biserna, Feminist Steps, LUFF, Lausanne 2023. Photo: Caroline Gex.

Nicolas Puig, anthropologue, URMIS, IRD, Beyrouth

Sabra/Chatila : investigation par le sonore

L’enregistrement de terrain (field recording) est la méthode privilégiée permettant de revisiter à nouveau frais des problématiques d’anthropologie urbaine, politique et, plus récemment d’ethnoécologie. Ces recherches systématiquement collaboratives se déroulent au Liban, en Égypte et de façon plus ponctuelle au Sénégal. Elles cherchent à rendre compte de la dimension écologique de la vie urbaine, en se concentrant sur les façons d’habiter l’espace sonore et de produire le sien propre dans un environnement donné. Dans cette présentation, j’insisterai sur les travaux menés dans un espaces historique de la présence palestinienne au Liban, le camp de Chatila (géré par l’UNRWA) et la zone commerciale et résidentielle de Sabra peuplés en majorité de Palestiniens mais insérés dans le maillage administratif et urbain libanais. Ces deux espaces sont à la fois indépendants et connectés, et j’essaierai de montrer la spécificité de chacun à partir de leurs dynamiques acoustiques, en insistant sur les différentes méthodes déployées.

Nicolas Puig est chercheur en anthropologie à l’IRD (Université Paris Cité). Il travaille en Tunisie (terrain non actualisé), en Égypte et au Liban sur la fabrique des environnements urbains et les relations entre musiques, pratiques et perceptions sonores, cultures urbaines et politiques. Il explore depuis quelques années des anthropologies du sonore et du sensible par lesquelles il s’intéresse aux insertions des migrants et réfugiés dans les villes libanaises et développe des enquêtes en écologie humaine (circulations virales au Liban, savoirs écologiques locaux des pêcheurs apnéistes au Sénégal).

Photo: Nicolas Puig, 2019

Marie Baltazar, Anthropologue, Héritages : Culture/s, Patrimoine/s, Création/s (UMR 9022), Paris.

« Allo allo », entendez-vous dans les campagnes ? Pour une approche de la vie sociale par les sons

Ethnographie d’une tradition sonore propre aux villages du Languedoc méridional: les publications. Au quotidien, la vie sociale est sonorisée par des haut-parleurs annonçant aussi bien les décès que les commerçants du marché, le passage du camion pizza, le loto organisé par le comité des fêtes, les chats (et même les trousseaux de clés) perdus…

En tant qu’anthropologue, Marie Baltazar s’intéresse aux approches sensibles et sonores des communautés qu’elle étudie, tant en France qu’au Japon. Elle a travaillé sur les apprentissages de l’orgue et de la musique, avant d’orienter ses recherches sur les processus de patrimonialisation impliquant des artefacts sonores.

Photo: Marie Baltazar, 2021.

11h15-12h15 : Discussion de la Session 4

12h45-13h45 Atelier 1

Les ateliers seront tenus en parallèle dans des lieux différents

Virginie DUBOIS, artiste sonore et chercheuse indépendante, Aix-en-Provence

L’écoute somatique

Atelier 2

Rrrrrose Azerty, compositrice/game designer, résident•e à l’Esaaix, Paris

Atelier de Jeux Musicaux International de Aix En Provence (AJMIAEP)

14h15-16h15: Session 5: Plateau radio

Cédric Parizot, anthropologue, IREMAM (CNRS/Aix Marseille Univ) et Peter Sinclair, artiste et enseignant, laboratoire Locus Sonus Vitae, s’entretiennent avec les intervenants pour approfondirent les points et les questions soulevées au cours de ces deux journées d’études.

Les discussions retransmises en direct à travers une radio web ont été enregistrées et sont accessibles via ce lien [Plateau radio – Ecouter, du corps à l’environnement] sur le site Locus Sonus Vitae.

Comité d’organisation

Cédric Parizot, IREMAM (CNRS/Aix Marseille Université)
Peter Sinclair, Locus Sonus Vitae (Ecole supérieure d’art d’Aix-en-Provence)
Pénélope Patrix, Responsable des relations internationales et de la recherche (Ecole supérieure d’art d’Aix-en-Provence), chercheure associée au CEComp, U. Lisbonne

Partenariat

Ecole supérieure d’art d’Aix-en-Provence
Institut de recherche et d’études sur les mondes arabes et musulmans
Ministère de la Culture et de la Communication
Centre national de la recherche scientifique
Aix Marseille Université

Image principale: Cédric Parizot, Alès, 2021

Recherche, art et participation #2: filmer l’hôpital pendant le COVID

14 mars 2024
16h-19h
Amphithéâtre
Maison méditerranéenne des sciences de l’Homme
5 rue du Château de l’horloge
13097 Aix en Provence

Projection-débat ”Le souffle court” (2023)

Cette seconde séance du cycle de séminaires du projet REAP propose de réfléchir à la manière de filmer l’hôpital face à la crise du Covid. Comment filmer quand le monde est mis à l’arrêt, quand on ne peut plus se déplacer ? Comment filmer ce qui nous arrive ? Comment filmer dans ces conditions ce qui s’apparente à une politique publique ?
En mars 2020, un collectif bruxellois de réalisatrices et de réalisateurs trouve des solutions pour que les travailleuses et travailleurs hospitaliers partagent avec eux leur engagement, leur combat, leur souffrance. Au fil des mois, la parole évolue. Plus l’usure se fait sentir, plus le film met en lumière les défaillances des politiques publiques passées dans le système de soins, en miroir de notre désarroi.
Discussion en présence d’Olivier Magis, réalisateur, introduite par Francesca Sirna, sociologue, CNRS/CNE, et par Clément Dorival, réalisateur.

Une séance co-organisée dans le cadre des séminaires Images du politique et politiques de l’image en Méditerranée (IPPI Med) (Coord : Ph. Aldrin (Mesopolhis), P. Cesaro (Prism), P. Fournier (Mesopolhis), V. Geisser (Iremam)) et Recherche, art et participation (REAP) (Coord : É. Balteau (Prism), P. Cesaro (Prism) et C. Parizot (Iremam))
Avec l’appui du Comité du film ethnographique au titre du Festival Jean Rouch « hors-les-murs »

Masterclass

Cette projection-débat sera précédée d’une masterclass avec le réalisateur Olivier Magis, animée par Caroline Renard et Pascal Cesaro (enseignants en Cinéma) avec les étudiants du master Cinéma et audiovisuel.

14 mars 2024
9h à 12h
Bâtiment Turbulence, salle de projection, campus Marseille Saint-Charles

Contact : pascal.cesaro [at] univ-amu.fr

Comité d’organisation

Emilie Balteau, sociologue et documentariste, PRISM, Aix-Marseille univ, CNRS
Pascal Cesaro, enseignant-chercheur en cinéma, PRISM, Aix-Marseille univ, CNRS
Cédric Parizot, anthropologue, chargé de recherche, IREMAM, CNRS, Aix Marseille Univ

Workshop Streambox Drop

15-17 Février 2024
Lab Gamerz
Patio du bois de l’Aune
Aix-en-Provence

Bricoler, percher et écouter des micros ouverts

Ce workshop de 3 jours sera dédié à la réalisation, le placement et l’écoute d’un « microphone ouvert » temporaire. Il implique des étudiants de Master d’anthropologie d’Aix Marseille Université, de Toulouse Jean Jaurès et des étudiants de l’Ecole supérieure d’art d’Aix-en-Provence.

Le workshop comporte trois volets

Photo: Cédric Parizot, 2024

1/ Jour 1 et 2: Assemblage de têtes binaurales autonomes, capable d’envoyer un stream pendant 48h.

Les 5 binômes d’étudiants se sont répartis en 3 groupes:
– un groupe avec Grégoire Lauvin : assemblage des micorphone (cables, soudures des jacks, soudures micros, montage des cables en Y)
Photo: Cédric Parizot, 2024

– un groupe avec Stéphane Cousot pour la configuration et de paramétrage des Streambox (Rasberry pi, cartes son, configuration du compte Locustream, test)
Photo: Cédric Parizot, 2024

– un groupe avec Peter Sinclair pour la fabrication des têtes binaurales à partir de tuyaux PVC, oreilles imprimés en 3D et support en bois découpés au lazer et fabrication de bonnettes anti-vent.
Photos: Cédric Parizot, 2024

2/ Choix de l’emplacement et pose des têtes binaurales dans l’espace urbain

L’après-midi du 16 février, les binômes ont été placer les streambox dans l’espace urbain d’Aix-en-Provence: l’une a été accrochée à un balcon d’un appartement près de la place de la Rotonde, la seconde a été placée dans les fourrés sur un chemin longeant le parc Jourdan, la troisième a été accroché en hauteur sur une grille sous un pont au centre ville.

A 500 m de la Rotonde

Dans les fourrés du parc Jourdan

Sous un pont (Photo: Marie Claire Abdel Kader, 2024)

D’autres emplacements ont été recherchés le matin du 17 février.

Dans un supermarché

Près d’un aérodrome

3/ Écouter, analyser et décrire le flux sonore de son microphone à distance, réfléchir à un mode d’écoute et un mode de notation etc.

Encadrement et partenariat

Les étudiants seront encadrés par Peter Sinclair (artiste et enseignant, Locus Sonus Vitae), Cédric Parizot (anthropologue) et Virginie Dubois (artiste, compositrice et chercheure), Grégoire Lauvin (artiste-chercheur, Lab Gamerz et Locus Sonus) et Stéphane Cousot (Locus Sonus) et François Parra (artiste et enseignant, Locus Sonus Vitae).

Il s’inscrit dans le partenariat entre Locus Sonus Vitae et l’Institut de recherche et d’étude sur les mondes arabes et musulmans dans le cadre du programme la Recherche par l’écoute (programme cadre CNRS/Ministère de la Culture).

Recherche, art et participation, le programme

Introduction

Le programme Recherche, art et participation (REAP) propose de mettre en œuvre au cours des deux années à venir (2024-2025) une série d’expériences à la croisée des sciences humaines et sociales, de l’art et de la science participative pour tester différents modes d’enquête et de diffusion des résultats de la recherche. Il est résolument interdisciplinaire : il réunit des anthropologues, des sociologues, des historiens, des politistes, des cinéastes, ainsi que des plasticiens, des artistes sonores et du spectacle vivant. Collaboratif et participatif, il intègre les citoyens dans les processus de recherche, de production et de circulation du savoir et de la création.

Cette démarche vise trois objectifs :
1) Réévaluer les capacités de nos dispositifs de recherche contemporains à saisir les changements de notre monde ;
2) Explorer d’autres positionnements des chercheurs et des artistes dans la société ;
3) Renouveler les modes de co-production, de partage et de circulation du savoir.

Enquêtes, séminaires et ateliers expérimentaux

Deux enquêtes seront mises en oeuvre sur des terrains distincts de la région Provence Alpes Côte d’Azur, où s’opèrent des grandes transformations de notre monde contemporain. La première enquête, coordonnée par Cédric Parizot, se déploie dans la vallée de la Roya. Elle cherche à saisir, par l’écoute, la création sonore et la cartographie alternative, les circulations et les reconfigurations des limites qui façonnent cette vallée.
La seconde enquête portée par Pascal Cesaro, à Marseille explore, à partir de l’archive audiovisuelle et de sa déconstruction par les personnes concernées, un métier méconnu du travail social : celui des aides aux mères et aux familles à domicile.
Au cœur de ces deux enquêtes l’accent sera mis sur la collaboration étroite avec les citoyens.

Le second axe du programme REAP articule un cycle de séminaires qui expérimente des moyens innovants de production et de présentation de la recherche (performances, installations, projections, etc.) et des ateliers expérimentaux (masterclass et workshops) qui offrent des formes inédites de formation (à la vidéo, au cirque, au théâtre, à la création sonore, etc.). Ces initiations sont à destination des collègues intéressés, et de leurs étudiant/es (Master, Doctorat), avec l’idée de favoriser une synergie entre les initiatives et expériences art-science existantes au sein de l’Institut SoMuM et de l’Université d’Aix Marseille.

Comité d’organisation

Emilie Balteau, sociologue et documentariste, PRISM, Aix-Marseille univ, CNRS
Pascal Cesaro, enseignant-chercheur en cinéma, PRISM, Aix-Marseille univ, CNRS
Cédric Parizot, anthropologue, chargé de recherche, IREMAM, CNRS, Aix Marseille Univ

Logo: Hélène Tilman

Recherche art et participation (2024-2025): séminaires et ateliers

Performances, installations, documentaires

Le séminaire du programme REAP (Recherche, art et participation) accueille des formes d’intervention expérimentales (performances, installations, documentaires, plateaux radio, etc.) au croisement de la recherche, de l’art et des pratiques citoyennes.

Les déplacements provoqués par ces expérimentations visent trois objectifs: d’une part, susciter un retour critique sur la capacité des pratiques et dispositifs de recherche contemporains à saisir et à communiquer autour des transformations de notre monde ; d’autre part, explorer de nouvelles façons de faire de la recherche et de la création ; enfin, en inventant et en éprouvant de nouvelles formes de collaboration avec artistes et citoyens, expérimenter d’autres modes de positionnement des chercheurs et des chercheuses en société.

Un cycle d’ateliers sera proposé en écho au séminaire. Il permettra aux participant/es d’expérimenter ou de s’initier à des collaborations entre approches artistique et scientifique, avec des intervenant/es impliqué/es dans le cinéma documentaire, la création sonore et le spectacle vivant. Il s’agira à chaque fois de mettre à profit l’expertise d’un des professionnels impliqués dans les travaux abordés lors du séminaire, pour éprouver la fabrique de la recherche-création à travers l’approfondissement d’un aspect spécifique du travail (le montage, la prise de son, etc.)

S’adressant aux chercheurs/ses et étudiant/es d’Aix-Marseille Université et de l’Institut SoMum, le séminaire et les ateliers du programme REAP entendent participer à fédérer les initiatives de recherche-création locales et à promouvoir l’analyse de ces travaux singuliers, dans une perspective de structuration du champ de la recherche et de la formation.

Programmation

REAP #1 (séminaire) : cirque et anthropologie


– Performance (30′) “Habiter le trouble Habiter le trouble avec un cyborg anthropolojonglique” de Sylvain Pascal et Cédric Parizot
– Soirée de lancement du programme REAP
Jeudi 18 janvier 2024
16h-18h
Salle de convivialité de la MMSH
5, rue du Château de l’Horloge Aix-en-Provence

REAP #2 (séminaire) : cinéma et sciences sociales


Projection du documentaire “Le souffle court”, sur le travail du soin en période de confinement (film collectif, Belgique, 2023)
Jeudi 14 mars 2024
16h-18h
Salle de convivialité de la MMSH
5, rue du Château de l’Horloge Aix-en-Provence

REAP #3 (masterclass) : cinéma documentaire


Masterclass avec Olivier Magis, documentariste, co-réalisateur du « Souffle court » (2023)
Jeudi 14 mars 2024
9h30-12h30
Turbulence – AMU
3, place Victor Hugo 13331 Marseille

REAP #4 (atelier et séminaire) : cinéma et sciences sociales


Filmer la formation au travail domestique et au care
Turbulence – AMU
3, place Victor Hugo 13331 Marseille
14h-15h30 : Atelier autour de la thèse filmique en cours de Guillaume Cuny Le choix des autres autour du Bac Pro ASSP (Accompagnement, soins et services à la personne)
16h-19h30 : Masterclass avec Sung-A Yoon, réalisatrice et artiste franco-coréenne + Projection-débat autour de son film Overseas (2019) sur un centre de formation au travail domestique aux Philippines

REAP #5 (séminaire) : bande dessinée et sciences sociales

Avec Pascal Génot, auteur de Bourdieu. Une enquête algérienne (Steinkis, 2023)
Jeudi 16 mai 2024
MMSH
5, rue du Château de l’Horloge
Aix-en-Provence

(La suite du programme bientôt)

Comité d’organisation

Emilie Balteau, sociologue et documentariste, PRISM, Aix-Marseille univ, CNRS
Pascal Cesaro, enseignant-chercheur en cinéma, PRISM, Aix-Marseille univ, CNRS
Cédric Parizot, anthropologue, chargé de recherche, IREMAM, CNRS, Aix Marseille Univ

Image principale: Montage Emilie Balteau, Photos Emilie Balteau et Cédric Parizot

Recherche, art et participation #1

18 janvier 2024
16h-18h
Salle de convivialité
Bâtiment C
Maison méditerranéenne des sciences de l’Homme
5 rue du Château de l’horloge
13097 Aix en Provence

Habiter le trouble avec un cyborg anthropolojonglique

Ce premier séminaire du projet REAP propose une performance (30’) entre cirque et anthropologie. Sylvain Pascal (jongleur) et Cédric Parizot (anthropologue) s’interrogent sur les modes de communication qui se sont instaurés entre leurs corps en 2021 lors d’un parcours d’une semaine dans le quartier de Rochebelle à Alès pour la 14ème errance du projet PÉRIPLE du collectif Protocole. “Habiter le trouble avec un cyborg anthropolojonglique” est une performance expérimentale qui invite le public à réfléchir avec eux aux intercorporéités complexes mises en oeuvre lors de leur errance mais aussi à éprouver les frontières de leurs disciplines.
[pour plus d’info]

Discussion et présentation autour du projet REAP

Cette performance sera suivie d’une discussion et d’une présentation du projet REAP (Recherche art et participation) en compagnie de Pascal Cesaro , enseignant-chercheur en cinéma, PRISM, Sylvain Pascal, jongleur, collectif Protocole, Cédric Parizot, anthropologue, IREMAM.

– Bord plateau avec Sylvain Pascal et Cédric Parizot
– Présentation du projet Recherche, art et participation par Pascal Cesaro et Emilie Balteau
– Table ronde avec la participation de Chloé Béron, directrice générale du CIAM (Centre international des arts en mouvements),de Sylvie Mazzella, sociologue, directrice de l’institut SoMuM, Cyril Isnart, anthropologue, directeur de la MMSH, de Vincent Geisser, politiste, directeur de l’IREMAM, Olivier Tourny, ethnomusicologue, IDEAS.

Comité d’organisation

Emilie Balteau, sociologue et documentariste, PRISM, Aix-Marseille univ, CNRS
Pascal Cesaro, enseignant-chercheur en cinéma, PRISM, Aix-Marseille univ, CNRS
Cédric Parizot, anthropologue, chargé de recherche, IREMAM, CNRS, Aix Marseille Univ

Image principale: Collectif Protocole

Recherche création: Tim Shaw « Ambulation »

Mardi 07 novembre 2023 14h-17h
Ecole supérieure d’art d’Aix en Provence
Rue Emile Tavan
13100 Aix en Provence

Performance

« Ambulation » est une marche sonore qui utilise des techniques de captation et d’écoute en direct et sur le terrain pour créer une performance marchée. Improvisée par l’artiste, cette performance sonore induit un autre couplage entre nos systèmes sensoriels et les paysages sonores de la ville. Ce mardi 7 novembre 2023, à Aix-en-Provence, elle invitera les étudiants de l’Ecole supérieure d’art et du département d’anthropologie d’Aix-Marseille Université à remettre en jeu leur rapport aux espaces vibratoires de leur quotidien et à s’interroger sur la place du son au sein de ceux-ci. Ces questions seront ensuite discutées avec l’artiste et les deux encadrants (Peter Sinclair et Cédric Parizot) au sein de l’amphithéâtre de l’Ecole supérieure d’art.

Séminaire

Cette performance et ce séminaire sont organisés dans le cadre du programme « La recherche par l’écoute », coordonné par Locus Sonus-Locus Vitae (Ecole supérieure d’art d’Aix-en-Provence) et l’Institut de recherche et d’études sur les mondes arabes et musulmans (Aix-Marseille Université/CNRS)

– 14h Rendez-vous devant l’entrée de l’école ou dans le hall d’accuiel selon la météo pour organiser les promenades sonores.

– 14h15 – 16h déambulations par groupes de 18 personnes.

– 16h – 17h conférence, discussion à l’amphithéâtre de l’école.

Tim Shaw

L’artiste et chercheur Tim Shaw travaille avec le son, la lumière et les médias de communication pour créer des performances, des installations et des interventions adaptées au site. Sa pratique couvre l’art sonore environnemental, les médias numériques, l’archéologie médiatique, la marche et la création d’installations.
Auparavant, Tim a développé des mécanismes artistiques pour écouter les mondes sonores des insectes, créé des promenades sonores augmentées, conçu des performances pour des appareils à haute tension, diffusé la radio à travers les arbres, écouté la latence du réseau à travers des cloches étirées dans le temps et extrait du matériel musical des roches. Il présente fréquemment son travail lors de festivals, dans les forêts, les grottes, les entrepôts, en montagne, ainsi que dans les musées et galeries d’art du monde entier.
La collaboration est au cœur de son approche et il s’est engagé dans des partenariats interdisciplinaires avec des musicologues médiévaux, des data scientists, des anthropologues, des géologues, des architectes et des astrophysiciens. Il a eu la chance de réaliser des travaux artistiques avec Chris Watson, Phill Niblock, John Bowers, John Richards (Dirty Electronics), Tetsuya Umeda, Jacek Smolicki et Sébastien Piquemal (parmi bien d’autres).

Image principale: Ambulation – Sonic Protest, Paris, France, crédits, Vincent Ducard, 2021

Colloque – No(s)Limites : Capter, penser, (re)transmettre les espaces et leurs frontières

13,14, 15 Décembre 2021
Ecole supérieure d’Art d’Aix-en-Provence
Rue Emile Tavan
13100 Aix-en-Provence

Rejoindre l’événement sur Zoom
ID de réunion : 919 7165 1990
Code secret : 695493

Journées Thématiques

Organisées par Anna Guilló, Cédric Parizot et Peter Sinclair avec le partenariat de l’Ecole Supérieure d’Art Félix Ciccolini d’Aix-en-Provence, de l’Institut de Recherche et d’Etudes sur les Mondes Arabes et Musulmans (Aix Marseille Université/CNRS), du Laboratoire d’études en sciences des arts (LESA, Aix-Marseille Université) avec le soutien de la Fondation Amidex.

Ces journées sont ouvertes au public sur inscription et dans la limite des places disponibles. Envoyer un mail à: cedric [.] parizot [at] gmail [.] com

Étalées sur trois jours, ces journées thématiques réuniront des chercheurs, des enseignants et des artistes pour s’interroger sur la manière dont les différents dispositifs de perception et de captation (médias) organisent notre manière d’être au monde. L’accent sera porté sur la question des limites et des espaces de nos sociétés contemporaines. Ces échanges permettront d’aborder les articulations étroites entre les processus de perception, de production, les technologies et les dynamiques politiques, économiques et culturelles qui traversent nos sociétés.

Au cours de ces trois jours, les participants évoqueront les collaborations qui se sont établies entre l’ESAAix et les laboratoires de la Maison méditerranéenne des sciences, ainsi que la convergence récente entre Locus Sonus et l’antiAtlas des frontières. De même, elles invitent d’autres artistes et d’autres chercheurs dont les pratiques expérimentales visent à prendre connaissance du monde à travers des démarches qui se démarquent également des pratiques académiques conventionnelles.

Ces journées thématiques s’inscrivent dans le programme “La recherche par l’écoute: expérimentations artistiques et dispositifs critiques” mis en oeuvre par Locus Sonus Locus Vitae LSLV (ESAAix), l’Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans (Aix Marseille Université/CNRS) soutenu par l’accord cadre entre le ministère de la Culture et le CNRS, et le Laboratoire d’études sur les arts (LESA, Aix Marseille Université/CNRS). Cet événement est également soutenu par la Fondation Amidex.

Lundi 13 décembre 2021

9h00 Introduction

Anna Guilló – LESA ; Cédric Parizot, anthropologue, IREMAM (Aix Marseille Université/CNRS) ; Peter Sinclair, artiste enseignant, Locus Sonus (École supérieure d’art d’Aix-en-Provence)

10h00-12h00 Session 01 : Réinventer le documentaire

Baptiste Buob – anthropologue, Lesc (Université Paris Nanterre/CNRS).

– Jean Rouch : des limites de la captation aux voies de la ciné-transe

Considéré, selon ses propres dires, comme un anthropologue par les cinéastes et un cinéaste par les anthropologues, Jean Rouch déborde allègrement les limites étroites du jeu des assignations disciplinaires. En présentant quelques-unes des facettes de cet homme pluriel, il s’agira plus particulièrement ici de traiter de sa « mystérieuse » ciné-transe, notion qui contribue à libérer la pratique filmique du vernis naturaliste que l’anthropologie tend encore, parfois, à lui appliquer.

Le laboratoire des hypothèses : collectif constitué de Nelly Catheland, Ce Soir (Hugo & Lise), Pauline Charpentier, Jocelyn Desmares, Fabrice Gallis, Eddy Godeberge, Charline Guyonnet, Romaric Hardy, Arthur James, Sophie Lapalu, Lou Lapalu Gallis, Émilie Launay, Margaux Lecoursonnois, Frédéric Leterrier, Théo Levillain, Virginie Levavasseur, Marthe Mauny et Sopi N’Guia

– Sommes-nous seul⋅es dans l’univers ?

La pluralité des mondes fascine les savants depuis des millénaires, de Démocrite jusqu’à Carl Sagan, en passant par Giordano Bruno. Aujourd’hui, pour la première fois dans l’histoire de notre espèce, nous possédons la science et la technologie requises pour éclairer cette question, notamment grâce à la découverte de milliers d’exoplanètes et d’une profusion de « super-Terres ». Reste à savoir si d’autres intelligences que la nôtre peuplent l’Univers et comment communiquer avec elles, voire les rejoindre. Le laboratoire développera ces hypothèses en regard de ces questions.

14h00-16h00 Session 02 : À l’écoute du monde

Peter Sinclair, ESAAIX, Locus Sonus

– Le son, quelles limites?

Cet exposé explore l’idée qu’une approche audio centrée peut changer la perception de nos limites en livrant une réflexion sur la perception de l’espace et du temps, entendus plutôt que vus. De quels a priori devons-nous nous débarrasser pour ce faire? Où commencent, où se terminent, quelles sont la direction, la perméabilité et la continuité de nos écoutes? Enfin, comment cette approche par l’écoute peut-elle être appliquée au quotidien aussi bien qu’à nos recherches puisqu’elles concernent, peut-être avant tout, nos façons d’aborder notre monde?

Roberto Barbanti, Professeur émérite au département Arts plastiques de l’Université Paris 8
– Penser l’akousis, une nouvelle façon d’entendre ?

En se basant sur l’observation visuelle du monde, la théorie – « théoria (au sens grec de “forme de connaissance” qui vient du regard) », comme écrit le géographe Eugenio Turri – a forgé l’histoire esthétique-épistémologique occidentale. Il s’agit d’une lecture du réel qui montre aujourd’hui des limites infranchissables. Un autre devenir esthétique-épistémologique fondé sur l’akousis, l’action d’entendre, pourrait être interrogé afin d’engendrer une forme de connaissance adéquate à notre temps.

Mardi 14 décembre 2021

10h00-12h00 Session 03 : Dérives

Ximena Alarcon, Independent Sound Artist. Résident à The Studio, Enterprise and Innovation Hub à l’université de Bath Spa.
– INTIMAL: a telematic « embodied » system for listening to our migrations

INTIMAL est un système incarné pour écouter nos voyages migratoires, pour sentir le lieu et la présence, se connecter avec les autres à travers des endroits éloignés. Dans cette conférence, je décrirai le processus créatif de l’application INTIMAL, qui détecte de manière synchrone les rythmes de marche des gens et les sonifie pour qu’ils soient perçus comme une respiration : une téléprésence incarnée. L’application révèle également des extraits d’histoires de migration qui pourraient déclencher une réponse de l’auditeur : construire un chemin au fur et à mesure que des relations émergent entre les voix et les fréquences sonores.

Carlos Casteleira, artiste/ enseignant ESAAix et François Parra, artiste/ enseignant ESAAIX

Walking the Data I Plotmap : un dispositif pour démarches pédagogiques situées

En 2015, nous entreprenons de développer une démarche et un dispositif conjoints, Walking-the-Data et Plotmap. Walking-the-Data est une démarche d’investigations des territoires qui s’efforce de mettre en lien propositions artistiques, engagements citoyens, savoirs et lieux patrimoniaux. Elle doit beaucoup aux diverses pratiques de la marche. Plotmap est un dispositif d’édition numérique de médias géo-localisés. L’articulation entre ces deux éléments est au coeur de ce projet de recherche. Il donne lieu en 2020 à une édition papier.

14h00-16h00 Session 04 : Dépasser les limites de la représentation

Jean Cristofol – Philosophe, antiAtlas des frontières.

Dans la trame

À l’ère de l’anthropocène, en pleine extinction du vivant et d’éclatement politique, la question de notre relation à l’espace est devenue critique. Les façons de produire « l’espace », de modeler notre milieu de vie, sont des enjeux à la fois politiques et écologiques, mais aussi théoriques et épistémologiques. Il faut donc re-penser les usages et les pratiques de l’espace, ce qui s’y tisse de liens visibles et invisibles, ce qui s’y articule de représentations.

Anna Guilló – Artiste, Enseignante, Chercheuse LESA AMU, et Cedric Parizot – anthropologue, IREMAM (Aix Marseille Université/CNRS).

– Israël Palestine: essais cartographiques

De nombreuses cartes ont été produites par des chercheurs, des organisations internationales ou des ONG afin de documenter l’évolution du conflit israélo-palestinien au cours des trente dernières années. En mettant cette cartographie en perspective avec quelques essais de cartographie expérimentale que nous avons réalisés, nous proposons une réflexion sur la manière dont ces formes conventionnées de représentation ont affecté de manière très spécifique les façons de penser et d’analyser les relations entre Israéliens et Palestiniens, ainsi que la nature des frontières qui les séparent.

16h30-17h30 Session 05 : Table Ronde

Compagnie Dodescaden et Baptiste Buob – Animé par Cédric Parizot

Laurence Maillot & Jeremy Demesmaeker — DODESCADEN : formé au théâtre et musicien professionnel, mû par le désir de créer un espace de transversalité artistique, Jeremy Demesmaeker fonde la compagnie Dodescaden en 2004. La compagnie devient progressivement un espace propice à la porosité des médiums et à l’expérimentation. En 2009, il s’associe avec Laurence Maillot, danseuse et chorégraphe. Après l’obtention du prix de la recherche 2013 du Centre de Développement Chorégraphique National les Hivernales, ils mettent en place un dispositif qui convie des chercheurs à venir nourrir et questionner leurs travaux au sein de la compagnie (Rues Intérieures 2014, Karoshi–Animal Laborans 2016, Les Maîtres fous 2017).

Mercredi 15 décembre 2021

9h00-12h30 Session 06 : Visualiser les espaces israélo-palestiniens et au-delà

Modérateur: Cédric Parizot, anthropologue, IREMAM, CNRS, Aix Marseille Université

Clémence Vendryes, doctorante en géographie et anthropologie, IREMAM, Aix-Marseille Université & Institut Français du Proche-Orient dans les Territoires Palestiniens

Le cimetière palestinien : du territoire à la ligne

Tout comme la tombe, le plan du cimetière localise et assigne le mort à résidence. Il rappelle la dimension fondamentalement et fixement territoriale du cimetière. Partant de cette proximité fonctionnelle apparente de la carte et du cimetière, j’ai dessiné des plans de tombes en Palestine — avant de me rendre compte que les morts s’éparpillent. Au-delà de la carte, le cimetière est entretenu par des signes matériels et éphémères des vivants qui prennent soin de leurs morts. Mes représentations spatiales se sont peu à peu défaites, puis fragmentées, à l’image de la terre palestinienne. Objet, geste, partage, palme, parole : le but à présent est de les relier. Dans le réseau ou le filet, le lien est ligne. Mais la ligne lisse l’espace relationnel et ses vécus. Comment quitter la flèche, sa dimension graphique et téléologique ?

Jérôme Courduriès, anthropologue, LISST, Université Toulouse Jean Jaurès

Ego et ses relations significatives dans les familles contemporaines : l’épreuve des schémas de parenté

Depuis les débuts de leur discipline, les anthropologues de la parenté ont élaboré des outils pour traduire de façon graphique l’écheveau des relations de parenté. Il s’est toujours agi pour eux de rendre compte de la manière dont les personnes sont reliées au groupe de leurs consanguins et au groupe de leurs alliés. Trois types de relations sont au fondement de ces schémas de parenté : la filiation, la germanité et l’alliance. Ces schémas étaient moins faits pour rendre compte avec précision de la réalité vécue des relations familiales que des règles et des structures sous-jacentes. Les changements intervenus dans les familles contemporaines dans de nombreuses sociétés ont compliqué singulièrement la tâche des anthropologues qui souhaitent schématiser les liens qui les caractérisent. C’est à cette difficulté et aux manières de la résoudre que je propose de réfléchir.

Théo Borel, doctorant en histoire, MESOPHLHIS/IREMAM, IEP Aix en Provence, Aix-Marseille Université.

Du réseau au filet : les migrations militaires entre la France et Israël

L’enrôlement francophone dans l’armée israélienne jalonne l’histoire de l’État d’Israël et correspond à un phénomène migratoire spécifique. Afin de réaliser une étude historique de ces circulations je mobilise une approche en termes de réseaux pour en révéler le caractère multi-situé et considérer l’importance des relations interpersonnelles. A partir d’une évaluation de l’influence de cette forme graphique sur ma démarche et dans la perspective d’envisager les apports de celle du filet (meshwork), cette présentation vise à interroger les retombées heuristiques qu’offre l’usage alternatif de ces deux modèles visuels.

14h00-16h00 Session 07 : Partager les espaces d’écoute virtuels

Caroline Boë, doctorante en pratique et théorie de la création artistique. Laboratoire PRISM UMR 7061, Aix-Marseille Université, CNRS, ministère de la Culture.

– Petit musée virtuel de la Pollution sonore : la sonothèque anthropohony.org

La sonothèque collaborative anthropophony.org archive des sons de pollution sonore de faible intensité pour les dénoncer. Ces sons infimes, filtrés par notre habituation auditive (Mosberg), sont inframinces (Duchamp) et s’y intéresser relève de l’endotique (Augoyard). Avec un système de commentaires d’utilisateurs de la sonothèque, le son physique archivé est augmenté d’une dimension perceptive-communicative (Barbanti). Les commentaires montrent que, malgré un souhait de dénonciation, nous esthétisons nos perceptions.

La Pulpe – Ludmila Postel, doctorante, Aix Marseille Université, PRISM-CNRS, ESAAix et Crys Aslanian, doctorante en recherche-création, Université Gustave Eiffel, EA LISAA, Artiste-Chercheuse, ESA Clermont-Ferrand Métropole, La Coopérative de Recherche.

– Le seuil entre mondes physique et virtuel comme espace relationnel

Lors de cette présentation à deux voix, Crys et Ludmila parleront de leurs recherche-créations respectives et de la manière dont elles ont fait naître un projet commun. Le collectif La Pulpe cherche la porosité des limites entre les mondes sonores physique et télématique en mélangeant plateau radio et monde 3D en ligne. En passant par la l’improvisation sonore et narrative, les frontières s’ouvrent pour créer de nouveaux espaces de partage, comme le projet de choeur trans*média « Chanson de Toile » qui vit actuellement ses premières expérimentations.

19h Session 8 : Les Maitres Fous – Un spectacle de danse par la compagnie Dodescaden présenté à 3bisF

– Les Maitres Fous

Les Maitres Fous nous parlent d’aujourd’hui. Ou plutôt, parlent de leurs préoccupations d’aujourd’hui : confusions du discours politique, commentaires et sur-commentaires de l’actualité, sur-présence des médias, les migrants, l’inertie, absurdité, le pouvoir, les réseaux sociaux….La performance Les Maitres Fous s’inspire d’un rituel de possession filmé par Jean Rouch en 1954. Les performeurs ne rejouent pas le film de Rouch mais s’approprient ce rituel pour créer leur propre espace de transgression, un espace avec leurs propres règles, leur espace exutoire dans lequel sont conviés les spectateurs. Les Maitres Fous, ce sont des bouffons, des clowns satiriques qui questionnent le présent en incarnant des figures monstrueusement contemporaines.

https://dodescaden.com/Les_Maitres_Fous.html

Image principale: Copyrigth US Navy – FA-18 Hornet breaking sound barrier (7 July 1999)

antiAtlas des épistémicides

Une proposition d’Anna Guilló pour le collectif de l’antiAtlas des frontières

antiAtlas des épistémicides est un projet artistique et scientifique collaboratif dont l’objectif est de réunir dans un ouvrage des notices et des articles synthétiques portant sur des épistémicides du passé ou du présent, quel que soit l’endroit de la planète concerné. Les articles seront accompagnés de la reproduction d’une œuvre sous forme de carte pensée expressément pour chaque exemple d’épistémicide donné.

La question étant aussi singulière qu’insondable, ce projet n’a pas de vocation encyclopédique et vise, au contraire, par les choix opérés, à établir un atlas non exhaustif et subjectif, assumé à la fois comme ouvrage scientifique et catalogue artistique.

La totalité des champs disciplinaires étant touchée par cette question, c’est à ce titre qu’antiAtlas des épistémicides ouvre son appel à contributions à une communauté d’auteurs sans distinction d’appartenance.

Contact : antiatlasdesepistemicides@gmail.com

Modalités de soumission et calendrier

Étape 1 :
Les propositions d’articles (3000 caractères environ, espaces non compris), idées, suggestions et intuitions seront envoyées pour le 30 avril 2022, pour un premier jet, puis au fur et à mesure du temps que chaque auteur voudra se donner jusqu’à ce que nous réunissions une cinquantaine de propositions.
Mail : antiatlasdesepistemicides@gmail.com

Étape 2 :
Lorsqu’une dizaine de propositions seront recueillies et cartographiées, une prémaquette du projet Atlas des épistémicides sera proposée à différents éditeurs (et partenaires pour le financement – labos, organismes publics etc.).

Étape 3 :
Une fois l’éditeur séduit et le budget trouvé (comprenant la rémunération des auteurs et des artistes), un appel à écriture des articles sera lancé.

L’article final pourra prendre la forme d’une notice ou préférablement d’un article plus détaillé qui ne dépassera cependant pas 15 000 signes. Il sera accompagné d’une carte réalisée en étroite collaboration avec l’auteur, selon la nature de son article.
Les propositions pourront également émaner d’un duo artiste/auteur sous couvert que l’œuvre proposée relève du large vocabulaire de la cartographie. Enfin, les contributions d’auteurs-cartographes-artistes sont également les bienvenues.
Les articles seront soumis à un comité de lecture qui, le cas échéant, proposera remarques et corrections. Les informations transmises seront rigoureuses et référencées par une bibliographie précise qui sera mise en commun en fin d’ouvrage.

Structure de l’ouvrage et premières pistes de recherche

I Introduction

1. Si les articles et images de l’ouvrage forment une constellation, cette dernière n’en est pas moins organisée selon différentes catégories et entrées thématiques, historiques, conceptuelles géographiques, etc. Par-delà le titre de l’ouvrage, il s’agira de distinguer les exemples qui relèvent des savoirs détruits, des savoirs confisqués et des savoirs occultés, tout en tenant compte du fait que ces catégories sont souvent poreuses.

2. Qu’est-ce qu’un atlas ?
3. Qu’est-ce qu’un épistémicide ?
4. Présentation des parties de l’ouvrage :
a) Savoirs détruits
b) Savoirs confisqués
c) Savoirs occultés
5. Esprit général et méthodologie du projet

Ce projet artistique trouve son origine dans une pratique du dessin cartographique élargi visant à répertorier graphiquement des pratiques invisibles. Le paradoxe un peu éculé de la représentation de l’invisible a très vite fait place à une nécessité de documenter scientifiquement ce projet et à l’ouvrir aux épistémicides ; c’est en cela qu’il se pense sous forme d’atlas. Après un long temps consacré aux lectures concernant cette question, le projet transversal s’est imposé puisque, même si le terme est issu du champ de la sociologie des émergences de Boaventura de Sousa Santos, il est, de fait, travaillé, dans le monde entier, par tous les champs disciplinaires (à tel point que cet ouvrage se passera même, peut-être, de les distinguer).

Le travail collectif s’est alors très simplement organisé autour d’un appel à contributions pour établir une première prévisualisation du projet de façon à ce que de ces articles à venir portant sur des savoirs détruits, confisqués et occultés, émerge non plus un savoir mais une forme de connaissance commune dont seul le résultat final finirait de nous donner la clé. Un projet comme une bouteille à la mer, en somme, à l’exact opposé de la forme des projets « clé en main » que le monde académique et culturel tente de nous imposer, nous confisquant notre temps de recherche et de création entre le moment où il faudrait « monter un dossier », puis, à peine ce dernier accepté, déjà penser à le « valoriser ». La méthode, ici, est autre et repose sur une dynamique régie par la curiosité et le plaisir de porter à la connaissance du public une autre façon de dessiner le monde.

C’est dans ce même esprit, que nous voudrions réaliser ce premier tome de l’antiAtlas des épistémicides comme un objet à partir duquel pourront émerger différentes formes : expositions, séminaires, rencontres, programmations etc. Ainsi, là où généralement les livres viennent restituer les expériences et parcours de recherche (publications de thèses, actes de colloque, catalogue d’exposition, etc.), celui-ci viendrait plutôt les provoquer puisque ses contenus, non figés, nécessiteront un prolongement dans le débat public et sans doute l’avènement d’autre tomes…

II Savoirs détruits (épistémicides)

Étymologiquement, un épistémicide est le meurtre d’une science entendue dans son sens propre de connaissance. On attribue ce terme au sociologue portugais Boaventura de Sousa Santos qui a publié en 2014 son ouvrage Epistemologies of the South. Justice against Epistemicide , traduit en français par Épistémologies du Sud. Mouvements citoyens et polémique sur les sciences , sous-titre dans lequel le terme « épistémicide » a disparu. Le terme se trouve depuis 1994 dans son œuvre, ainsi défini :

Le nouveau paradigme constitue une alternative à chacun de ces traits. En premier lieu, il n’y a pas une forme unique de connaissance valide. Il y a beaucoup de formes de connaissances, autant que les pratiques sociales qui les génèrent et les soutiennent. La science moderne s’appuie sur une pratique de division technique professionnelle et sociale du travail et sur le développement technologique infini des forces productives dont le capitalisme est aujourd’hui l’unique exemple. Les pratiques sociales alternatives génèrent des formes alternatives de connaissance. Ne pas reconnaître ces formes de connaissance, implique de délégitimer les pratiques sociales qui les appuient et, dans ce sens, de promouvoir l’exclusion sociale de ceux qui les promeuvent. Le génocide qui caractérise tant de fois l’expansion européenne fut également un épistémicide : on a éliminé des peuples étranges parce qu’ils avaient également des formes de connaissances étranges et l’on a éliminé ces formes de connaissances étranges parce qu’elle se fondaient sur des pratiques sociales et des peuples étranges. Mais l’épistémicide a été beaucoup plus étendu que le génocide parce qu’il a toujours prétendu subalterniser, subordonner, marginaliser ou illégaliser des pratiques et des groupes sociaux qui pourraient constituer une menace pour l’expansion capitaliste, ou durant une bonne partie de notre siècle pour l’expansion communiste (sur ce point aussi moderne que le capitalisme), et aussi parce que cela est arrivé aussi bien dans l’espace périphérique et extra- nord-américain du système monde que dans l’espace central européen et nord-américain, contre les travailleurs, les indigènes, les noirs, les femmes et les minorités en général (ethniques, religieuses, sexuelles).
Le nouveau paradigme considère l’épistémicide comme un des grands crimes contre l’humanité .

Cette première partie réunira des articles sur des pratiques et des savoirs définitivement détruits, perdus à tout jamais. On pourra par exemple penser au contexte des 4 grands épistémicides du XVIe siècle ainsi répertoriés par Ramón Grosfoguel :

1) La conquête d’Al Andalus et son génocide/épistémicide des juifs et musulmans.
(Incendie de la bibliothèque de Cordoue ainsi que celles de Séville et Grenade (1 million de livres détruits en tout)
2) La conquête de l’Amérique et l’extermination des Amérindiens
3) La mise en esclavage des Africains
4) Les femmes (sorcellerie)

Mais on ne résumera pas cette partie aux seuls effets de la colonisation au XVIe siècle. Elle s’ouvrira également sur tout épistémicide répertorié de la préhistoire à nos jours selon l’entrée thématique choisie par les auteurs. On pourra, par exemple, penser à la disparition des langues et, avec elles, des noms propres et communs, tout comme les toponymes. La question de la traduction au sens large du terme se pose également ici.
Ces destructions sont également liées à l’annulation des panthéons et cultes religieux de toutes sortes, les épistémicides sont également des spiriticides.
On pourra encore penser à toutes sortes de savoirs vernaculaires « remplacés » par d’autres jugés plus efficaces (la cartographie et, plus généralement, les pratique de l’orientation, en sont un bon exemple).
Enfin, la question de la destruction des œuvres d’art sera également abordée (voir l’exemple du cinéma khmer).
D’une manière générale, c’est l’ensemble des épistémicides à travers l’histoire et le monde qui est ici interrogée, bien au-delà de ce que l’on nomme les épistémologies du Sud.
(À compléter selon les bonnes idées de auteurs !)

III Savoirs confisqués

Les savoirs confisqués sont souvent associés aux savoirs détruits puisqu’ils sont le fait de l’action d’un dominant sur un dominé ce qui signifie, d’une certaine manière, de déposséder ce dernier d’un savoir lorsqu’il ne s’agit pas tout simplement de l’éliminer. C’est en cela que tout génocide implique aussi un épistémicide.
Mais un savoir confisqué n’est pas à proprement parler détruit sinon déplacé, réutilisé, interprété (même s’il peut parfois, aussi être détruit par omission ou manque de maîtrise).
À ce titre, l’histoire de la connaissance des plantes médicinales est particulièrement éloquente.
Voir, par exemple, Samir Boumédienne, La Colonisation du Savoir : Une histoire des plantes médicinales du « Nouveau Monde » (1492-1750).
Dans la droite lignée des questions liées à l’herboristerie, il y a également celle de la médecine et de ses pratiques et de diverses pensées qui s’opposent, entre prévention, guérison, soin etc.
Aujourd’hui, on peut également penser à la suprématie de l’industrie agroalimentaire soutenue par les gouvernements et qui empêche, par exemple, les paysans de resemer leurs propres récoltes ou encore interdit la culture de certains fruits et légumes, tout comme elle impose l’administration d’antibiotiques au bétail. (Voir le manifeste des 1052 éleveurs et éleveuses hors-la-loi). De ces différentes confiscations naissent des pratiques clandestines, hors-la-loi dont il pourrait être question dans la conclusion.
(À compléter selon les bonnes idées de auteurs !)

IV Savoirs occultés

Si les savoirs peuvent être détruits ou confisqués, ils sont également occultés (ce qui peut, à terme, les précipiter vers l’oubli donc vers leur destruction s’ils ne sont pas conservés).
Les manuels scolaires et, plus généralement, les pédagogies opérées dans les différents pays du monde sont éloquentes. Comme dans cet antiatlas, les manuels scolaires toutes disciplines confondues sont concernés entre pans de l’histoire non enseignés ou carrément niés, organes non représentés (voir l’exemple récent de la réhabilitation de la représentation du clitoris), auteurs censurés etc.
On pensera ici particulièrement aux femmes occultées, non mentionnées ou tout simplement dépossédées de leurs propres découvertes ou inventions dans l’histoire de l’art, des sciences, de la politique.
Plus généralement, on pensera à la censure qui, parfois, a donné lieu à la perte réelle de connaissances (car œuvres et documents occultés sont perdus in fine).
(À compléter selon les bonnes idées de auteurs !)

V Post-face en guise de conclusion ? Vers des savoir mutants.

Samir Boumediene conclut son ouvrage en montrant que certains savoirs sont des savoirs résistants (exemple des plantes abortives utilisées en situation d’esclavage pour ne pas fournir de main d’œuvre supplémentaire aux maîtres).
Cet ouvrage veut échapper à la dualité dominant/dominé pour montrer, aussi, comment les savoirs ne sont pas nécessairement conservés ou détruits mais aussi « mutants », osmotiques.
Il étend sa critique des savoirs dominants aux mouvement sociaux et politiques occidentaux dits de gauche dans la mesure où ils reproduisent également de façon irréfléchie, certains modes de domination (Cf. Ramón Grosfoguel et de Sousa Santos).
(À compléter post-partum selon les bonnes idées de auteurs !)

Quelques pistes bibliographiques et liens pour commencer

(une « vraie » bibliographie serait infinie, elle se constituera en fonction des contributions).

BOUMEDIENE Samir,Une histoire des plantes médicinales du « Nouveau Monde » (1492-1750), Vaulx-en-Velin, Les éditions des mondes à faire, 2021.

COMITÉ INVISIBLE, À nos amis, Paris, La Fabrique, 2014.

CRAWFORD Matthew B., Éloge du carburateur. Essai sur le sens et la valeur du travail, trad. (Etats-Unis) Marc Saint-Upéry, Paris, La Découverte, 2010.

DEUTINGER Théo, Handbook of Tiranny, Zürich, Lars Müller Publishers, 2017

FEDERICI Silvia, Une guerre mondiale contre les femmes. Des chasses aux sorcières au féminicide, Paris, éd. La Fabrique, 2021
_________, Le Capitalisme patriarcal, Paris, éd. La Fabrique, 2019
_________, Caliban et la sorcière. Femmes, corps et accumulation primitive, Paris/Genève/Marseille, éd. Entremonde/Senonevero, 2014

MAUVAISE TROUPE (collectif), Constellations. Trajectoires révolutionnaires du jeune 21e siècle, Paris, éd. de l’éclat, « premiers secours », 2014.

LUSTE BOULBINA Seloua, Les miroirs vagabonds ou la décolonisation des savoirs (arts, littérature, philosophie), Paris/Dijon, éd. Les Presses du réel, coll. « Figures », 2018.

SANTOS Boaventura de Sousa, Épistémologies du Sud. Mouvements citoyens et polémique sur les sciences, trad. de l’anglais au français par Alain Montalvão Lantoine, Séverine Laffon et Alexis-Michel Gauvrit. Traduction remaniée et adaptée par Aline Chabot et Jean-Louis Laville, Paris, éd. Desclée de Brouwer, coll. « Solidarité et société », 2016.

SPIVAK Gayatri C., Les subalternes peuvent-elles parler ? trad. de l’anglais par Jérôme Vidal, Paris, éd. Amsterdam, 2006

Liens vers articles scientifiques et généralistes :

COLLIGNON Béatrice, « Que sait-on des savoirs géographiques vernaculaires ?» https://www.persee.fr/doc/bagf_0004-5322_2005_num_82_3_2467

DELL’OMODARME Marco Renzo, « Pour une épistémologie des savoirs situés : de l’épistémologie génétique de Jean Piaget aux savoirs critiques » (Thèse)
https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-01233068/

GOURGUES Jean-Michel, « Les manuels scolaires : courroie de transmission des connaissances de la colonialité dans les pays périphérisés ».
https://www.researchgate.net/publication/287206803_Analyse_Les_manuels_scolaires_courroie_de_transmission_des_connaissances_de_la_colonialite_dans_les_pays_peripherises

GROSFOGUEL, Ramón, « Un dialogue décolonial sur les savoirs critiques entre Frantz Fanon
et Boaventura de Sousa Santos »
https://www.cairn.info/revue-mouvements-2012-4-page-42.htm

LEFEBVRE, Camille et SURUN, Isabelle, « Exploration et transferts de savoir : deux cartes produites par des Africains au début du XIXe siècle » https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00682112

LEFEBVRE, Camille, « Itinéraires de sable : Paroles, gestes et écrits au Soudan Central au XIXe siècle. » https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00676325/

RENOULT, Yann, « L’éthnomathématique, un outil de lutte contre les épistémicides » https://pedaradicale.hypotheses.org/2375

Qui sommes-nous ?

https://www.antiatlas.net/
https://www.antiatlas-journal.net/
https://www.annaguillo.org/

Image: Anna Guilló, Vers un antiAtlas des épistémicides, 2021. Photographie, dimensions variables.

Palestine Israël #2: De l’Inde à Israël (reporté)

Mardi 18 mai 2021
10h-12h
Compte tenu de la situation en Israël Palestine, nous avons choisi de reporter la tenue de ce séminaire.

L’appropriation du judaïsme par les Bnei Menashe

Cécile Guillaume Pey, anthropologue, chargée de recherche au CNRS, Centre d’Études de l’Inde et de l’Asie du Sud (EHESS/CNRS, Paris)

Chez les Kuki et les Mizo, groupes tribaux parlant des langues tibéto-birmanes qui résident de part et d’autre des frontières entre l’Inde, la Birmanie et le Bangladesh, émergent des revendications d’une identité juive à partir des années 1930. De nos jours, plusieurs ‘‘mouvements judaïsant’’ se côtoient au sein de ces groupes. Parmi eux, je m’intéresserai plus particulièrement aux Bnei Menashe, qui se présentent comme les descendants d’une tribu perdue d’Israël. Depuis le début des années 1980, plusieurs milliers d’entre eux ont quitté leur pays natal pour s’installer en Israël avec l’aide d’organisations qui se donnent pour mission de faciliter l’aliyah de juifs « perdus » ou « cachés » disséminés à travers le monde. Il s’agira d’analyser les modes d’appropriation du judaïsme au sein de ce groupe en suivant le parcours de Bnei Menashe originaires du nord-est de l’Inde et devenus citoyens israéliens.

Organisation

Cédric Parizot, anthropologue, chargé de recherche au CNRS, IREMAM (CNRS/Aix Marseille Univ) et Julien Loiseau, historien, Professeur des universités, IREMAM (CNRS/Aix Marseille Univ)

Photo: Cécile Guillaume Pey

Recherche, arts et pratiques numériques #31: Nouvelles écritures indisciplinées

Lundi 8 février 2021
14h-17h
Maison des astronomes
IMéRA, 2 place Le Verrier

Le séminaire se tiendra en mode hybride, depuis la Maison des astronomes à l’IMéRA de Marseille qui accueillera les participants,
et via la plateforme ZOOM [Lien vers le séminaire]

Art, design et sciences sociales

Francesca Cozzolino, Enseignante-chercheure, EnsadLab, laboratoire de recherche en art et design de l’École des Arts Décoratifs de Paris. Chercheure affiliée au Laboratoire d’Ethnologie et Sociologie Comparative (LESC, UMR 7186 CNRS/Université de Paris Nanterre)

Lucile Haute, Maîtresse de conférences en design à l’Université de Nîmes, chercheuse associée à EnsadLab, École des Arts Décoratifs de Paris.

Lors de cette séance, Francesca Cozzolino, exposera les enjeux épistémologiques et méthodologiques des nouvelles formes d’écriture en sciences sociales lorsqu’elles croisent la recherche en art et en design à partir de projets de recherche et expérimentations éditoriales développées au sein d’EnsadLab (laboratoire de recherche en art et design de l’École des Arts Décoratifs, de Paris). Dans un deuxième temps, Lucile Haute étudiera les formes de publication de la recherche-création, abordant succinctement les enjeux institutionnels puis se concentrera sur des cas concrets. Le corpus présenté réunira des publications imprimées, numériques et hybrides. Il s’agira d’en étudier la conception éditoriale, graphique et interactive, et jusqu’à leurs écosystèmes techniques. Dans la troisième partie de la séance, les deux chercheuses rendrons compte d’une expérience de publication expérimentale issue d’un projet de recherche-création engagé à EnsadLab et ayant donné lieu à l’ouvrage numérique intitulé : La création en actes. Enquête autour d’une exposition de Pierre di Sciullo. Le parti pris de cet ouvrage est de proposer des agencements visuels et sonores et des modalités interactives permettant une narration qui témoigne de la création en train de se faire. Il s’agit dès lors de reproduire dans un livre numérique la manipulation des œuvres au moyen non seulement d’une documentation des pièces in situ mais également d’une remédiation des principes interactifs de l’œuvre originale. Comment restituer, remédier ou traduire les expériences sensibles de la visite de l’exposition ? Quelle forme éditoriale donner à ce matériau réunissant des éléments de différentes natures : texte, entretiens, essai, vidéo, photographie ? Quels nouveaux agencements pouvons-nous imaginer entre données textuelles, visuelles et sonores ?

Comité d’organisation

Cédric Parizot (IREMAM, CNRS/AMU), Jean Cristofol (ESAAix, PRISM AMU/CNRS), Jean-Paul Fourmentraux (Centre Norbert Elias, CNRS/AMU/EHESS), Anna Guillo (LESA, AMU/CNRS), Manoël Penicaud (IDEMEC, CNRS/AMU)
Recherche, art et pratiques numériques est un séminaire transdisciplinaire qui s’intéresse aux
perturbations productives que génèrent les collaborations entre les chercheurs en sciences humaines et les artistes dans le domaine du numérique. Il s’inscrit dans la suite des réflexions et des expérimentations que nous avons menées à l’IMéRA dans le programme antiAtlas des frontières depuis 2011 tout en élargissant notre questionnement au-delà de la seule question des frontières.
[Lire la suite]

Image: Francesca Cozzolino et Lucie Haute

Palestine Israel : Spatial Relationality and the Fallacies of Methodological Nationalism

Jeudi 17 décembre 2020
10h-12h00
En visio-conférence,
Pour vous inscrire et recevoir le lien de la visioconférence envoyer un mail à cedric.parizot [at] gmail.com

Theorizing Urban Space and Binational Sociality in Jewish-Arab “Mixed Towns”

Daniel Monterescu, Associate Professor of urban anthropology at the Department of Sociology and Social Anthropolog, Central European University, IMéRA (Aix Marseille université), Leader of the Gerda Henkel Stiftung project « Cities Lost and Found »

This presentation develops the analytic vocabulary needed to examine how urban space, Jewish-Arab sociality and local/national identities have been both represented and produced in ethnically mixed towns since the establishment of the state of Israel to the present. A bi-national borderland in which Arabs and Jews live together, these cities bring to the fore, on the one hand, the paradox of Palestinian citizens in a fundamentally Jewish state, while simultaneously suggesting, by the very spatial and social realization of “mixed-ness,” the potential imaginary of its solution. Through ethnographic and historical research centered in Jaffa, the argument posits mixed towns as a political and theoretical challenge to the hegemonic ethno-nationalist guiding principles of the Israeli state, which fails to maintain homogeneous, segregated and ethnically-stable spaces. This failure, I argue, results in the parallel existence of heteronomous spaces in these towns, which operate through multiple and often contradictory logics of space, class and nation. Analyzed relationally, these spaces produce peculiar forms of quotidian social relations between Palestinians and Israelis, enacting circumstantial coalitions and local identities that challenge both Palestinian and Jewish nationalisms. Overcoming the limitations of methodological nationalism, which can only describe such spaces as historical anomalies, the paper outlines the contours of a dialectic theory of socio-spatial relations in contested cities.

Organisation: Julien Loiseau, historien (IREMAM, CNRS/Aix Marseille Université) et Cédric Parizot, anthropologue (IREMAM, CNRS/Aix Marseille Université)

Aires de jeux: workshop de création de jeux

Un workshop de création de jeux à la frontière entre arts et sciences humaines

18 au 22 septembre 2019

L’atelier

Aires de jeux est un atelier d’expérimentation pratique au croisement de la recherche et de la création artistique centré autour du thème des frontières et de la production de l’espace. Proposé sur cinq jours (18 au 22 septembre septembre 2019), il a été conçu à destination de chercheurs et de jeunes artistes désirant explorer de nouvelles formes d’écritures. L’atelier a été envisagé comme un espace de collaboration entre des participantes d’horizons divers cherchant à construire des espaces à mettre en jeu, des lieux de dialogue partageables.

Encadré par deux artistes, Leslie Astier et Théo Godert,Leslie Astier et Théo Godert et un chercheur, Cédric Parizot, les participantes se sont confrontées en binômes à d’autres modes narratifs ainsi qu’à d’autres conditions de production dans le but de matérialiser leurs savoirs respectifs. En se basant sur les matériaux et recherches apportés par le chercheur et l’artiste, l’enjeu pour chaque binôme était de trouver leur propre mode de construire et rendre jouable leurs propositions respectives.

Lorsque nous jouons, nous ne manions pas simplement des objets, des gestes, de la parole : nous nous engageons avec les règles qui organisent leurs modes d’interaction. À la recherche d’autres espaces et conditions d’élaboration de la recherche, l’atelier avait pour but de mettre en crise les relations entre les participantes et leurs objets d’étude, permettant de faire émerger de nouvelles zones de compréhension.

Philosophie

Aires de Jeux flirte avec différents domaines, à la bordure du jeu lui-même. Sur le mode de la navigation et de la dérive, nous avons cherché à baliser ensemble ce que pouvait être un jeu et quelles étaient les idées préconçues que les participantes pouvaient avaient à propos de sa pratique.

Le jeu est un médium sensible qui se dévoile par l’expérience qu’en font les joueurs. En parcourant aussi bien des formes, des idées, des sensibilités, des concepts, que des systèmes interactifs, ensemble nous nous sommes questionnés sur ce que sont, et ce que pouvaient être, des jeux qui parlent du réel. Il nous a été important de remettre cette question en perspective d’un point de vue de créateur et non seulement dans une optique pédagogique.

Dix participantes ont été amenées à penser les sensibilités permises par le jeu et la position que leur prototype allait prendre par rapport au réel.

Photo: Valérie Caraguel

Les jeux fabriqués

Collaboration entre chercheurs en sciences humaines et étudiants en école d’art :
5 binômes – 5 prototypes

Raconte moi une légende inuit…

Photo: Leslie Astier/Théo Godert

Dans ce jeu de cartes, des joueurs incarnent des anthropologues à la recherche d’une légende Inuit au Nunavik (dans le Grand nord québécois). Chaque anthropologue doit faenquête ire des rencontres et des expéditions pour récolter des données dans son carnet de notes. Mais attention, ils ne savent pas toujours de quoi parle leur légende !

Natacha Roudeix
Inès Lamalchi

KHNata

Photo: Leslie Astier/Théo Godert

Expérience narrative entre matériel et immatériel, KHNata est une immersion progressive dans deux consciences du livre manuscrit. Il trouve son origine dans l’expérience d’un chercheur codicologue et paléographe ainsi que dans la démarche de questionnement d’une artiste autour de l’identité multiple. À l’ère de la numérisation des données, KHNata opère un parcours sensible entre différents états de la matière.

Laurie-Anne Jaubert
Élodie Attia

A Place in The City

Photo: Sara Scatà/Aline Lugo

A Place in the City est une narration interactive. Le joueur est plongé dans la ville de Magma et il assiste à une conversation : qui sont-ces personnages ? Pourquoi sont-ils réunis ? Le joueur se balade à la découverte du destin d’un quartier. Dans cet univers imaginaire il reconnaît des choses, dans un jeu entre fiction et réalité, il fait des allers-retours entre poétique et politique, entre Magma et Beyrouth.

Sara Scatà
Aline Lugo

Parcours d’enfant

Photo: Leslie Astier/Théo Godert

Incarner trois acteurs dans la vie d’un enfant placé. En communiquant, vous opérez à trois des décisions qui constitueront le parcours d’une vie jusqu’à l’âge adulte. Chaque message, son code et sa réception auront un impact sur le jeu et ainsi sur la vie de l’enfant.

Nathalie Chapon

GFBA

Velvet Aubry/Estelle Tzotzis

Gay Family Builder Agency (GFBA) est un jeu collaboratif entre deux joueurs. Il met en scène un couple gay qui décide d’avoir un enfant. Situé dans un futur proche, le jeu présente la GFBA : une agence fictive qui offre des services pour aider les couples de même sexe dans leur projet d’enfant.

Vous incarnez Noah et Basil et devez répondre à un questionnaire qui décidera, ou non, de votre droit d’accès à la parentalité.

Velvet Aubry
Estelle Tzotzis

Processus de création

Tout au long de l’atelier les participantes ont visité différents paysages ludiques et théoriques suivant un rythme soutenu. En trois jours, les chercheures et artistes devaient se prêter à différents excercices de déterritorialisation de leurs recherches menant à la construction d’un prototype de jeu. Pour les accompagner, un programme sur-mesure a été mis en place visant quelques points clefs d’expérimention, de réflexion et de conception.

Introduire

Peignant un paysage de possibles en alternant entre des œuvres jouables par des supports physiques et des œuvres numériques, Aires de Jeux a débuté sur la présentation d’un inventaire non exhaustif de ce que peut-être un jeu qui a trait au réel. Traversant à grandes enjambées un domaine très vaste, du jeu textuel au jeu de plateau, les participantes ont pu faire une première rencontre avec le paysage ludique actuel, un paysage qui déjoue souvent les attentes lorsqu’on parle de jeu ou de jeu-vidéo.

Contextualiser

Ponctuant les premières journées de réflexion, deux présentations sont venues accompagner les participantes dans leurs réflexions.

Jean Cristofol, professeur d’épistémologie à l’ESAAix, a mené une discussion sur les chevauchements territoriaux entre le jeu, la fiction et les pratiques de groupes sociaux différents.
Embrassant des questionnements sur la distanciation brechtienne aussi bien que l’oulipisme, Jean a questionné cette pratique du plateau comme lieu de production d’espaces sociaux et créatifs.
Douglas E. Stanley, artiste et professeur à l’ESAAix, et Cédric Parizot, anthropologue (Iremam, Aix-Marseille Univ/CNRS), ont quant à eux fait un retour d’expérience sur le processus d’élaboration qui les a mené depuis 2013 à la co-construction du jeu vidéo A Crossing Industry. Ils ont ainsi présenté un exemple de pratique concrète à travers laquelle un chercheur et un artiste peuvent articuler une démarche artistique avec ses enjeux esthétiques et poétique avec une démarche scientifique.

Familiariser

L’atelier a également été un temps d’apprentissage de deux outils numériques, selon le support choisi par les participantes : Cardpen / Twine – outils de création de cartes et de récit hypertextuel. Tous deux en ligne gratuitement, ces outils permettent d’obtenir rapidement des jeux en apprenant quelques bases de programmation et de graphisme.
Avec ces outils peuvent se développer de nouvelles écritures, de nouvelles manières de raconter portées par les envies de récits des participantes.

Dialoguer

Les temps de travaux étaient aussi des moments d’accompagnement, nous nous déplacions dans le but d’aider à la conceptualisation ou réalisation des prototypes.

Photo: Valérie Caraguel

Formuler

Formuler un pitch permet de trouver l’objectif et l’atmosphère d’un jeu en une présentation ne dépassant pas les 2 minutes. Régulièrement, les participantes ont été invitées à pitcher le jeu qu’ils projetaient de faire. Ces présentations collectives ont permis de faire rapidement surgir les endroits de tensions où quelque chose peut se déployer mais aussi les endroits d’incompréhension. Les pitchs ont été formulés au cours de sessions collectives où chaque groupe a pu discuter, échanger et reformuler les ébauches de jeu des autres groupes.

Orienter

Pour faciliter certaines étapes d’idéations, nous avons mis au point un outil qui permet aux participantes de tirer des questions et d’y répondre rapidement.
Cadres est un jeu de cartes s’inspirant du Water Yam de Georges Brecht couplé avec les Stratégies Obliques de Brian Eno. Le jeu est utilisé à la manière d’un oracle et s’adresse au joueur-créateur afin de l’aider à aller plus loin dans sa démarche créative, l’amenant à envisager les choses sous un jour nouveau ou demandant un positionnement face à une question non encore résolue.

Jouer

Durant les cinq jours, les participantes ont pu jouer à des jeux créés dans une optique artistique, mais ils ont également, tout au long de l’atelier, joué aux jeux qu’ils étaient en train de créer. Ces étapes de mise à l’épreuve ont été essentielles et ont souvent révélé les fragilités ou les forces expressives d’une idée. Le workshop s’est terminé par une session de jeu mutuelle dans un espace prévu à cet effet.

Conclusion

Aires de Jeux est un atelier visant à faire émerger des zones de frictions entre la recherche artistique et la recherche académique. Le jeu y est utilisé comme espace de rencontres modulable : il permet de régler les relations entre les participantes et de les faire concourir ensemble vers un objectif commun. Tout au long de l’atelier nous avons cherché à désigner certaines de ces zones d’interaction et à donner aux participantes des points d’entrée.

Les contraintes ont permis de délimiter un plateau d’interaction destiné à accélérer un processus de collaboration qui peut prendre des mois avant de donner naissance à des pistes de jeu. Le programme, qui a été conçu lors d’un premier atelier ayant eu lieu en 2018, a été perfectionné pour cette session afin d’inviter les participantes à ne se soucier que du développement de leurs idées et de leur première réalisation. Ce processus créatif accéléré peut être déroutant pour les participantes qui entrent en contact avec une nouvelle manière d’organiser leurs connaissances et qui doivent s’approprier un médium inconnu. Il est important d’accompagner et de soutenir les participantes dans ces zones d’émergence.

Photo: Leslie Astier/Théo Godert

Aires de Jeux a pour but d’amener à la création d’un objet dont l’expérience, le jeu, ne peut être substituée à une simple explication. Se départissant des narrations proprement scientifiques et de la forme socialement construite de ce que devrait être un jeu, les participantes ont formulé des expériences liées à des observations faites sur le réel.

Photo: Leslie Astier/Théo Godert

Leslie Astier et Théo Godert, Aix-en-Provence, 31 août 2020

Image principale: Leslie Astier/Théo Godert

Recherche, arts et pratiques numériques #32: Robots, miroirs fragiles ?

Mercredi 08 avril 2020
09h30-12h
Ecole Supérieure d’Art d’Aix en Provence Felix Ciccolini,
Amphithéâtre
Rue Émile Tavan
13100 Aix-en-Provence

Entrée libre

Robots, miroirs fragiles ?

Une proposition organisée en collaboration avec France Cadet, artiste, professeure à l’école d’art d’Aix en Provence

Zaven Paré, chercheur en robotique et artiste, résident à l’IMéRA

Robots, miroirs fragiles ?

Lorsqu’on roule en voiture, on se déplace dans un espace bidimensionnel de A à B, lorsqu’on se déplace en avion il s’agit d’un espace tridimensionnel et sans doute qu’avec les robots, il serait possible d’émettre l’hypothèse de nouveaux véhicules qui donneraient la possibilité de se déplacer non plus simplement dans un espace géométrique, mais dans une autre dimension, telle celle qu’on expérimente lorsqu’on se regarde dans un miroir. L’ubiquité proposée par certains dispositifs robotisés permettrait par exemple de se télérobotiser dans des corps mécaniques plus ou moins éloignés. Les robots anthropomorphiques ne seraient plus simplement une imitation, mais pourraient bien être des sortes de véhicules, en tant qu’agents de dédoublement des hommes dans le cas de la communication par téléprésence. Les robots sont des facettes de ce jeu de miroir entre l’homme et son univers, proposant des modes d’interopérabilité nouveaux.
Considérer certains objets comme nos alter ego, nos compagnons ou ces sortes de miroirs ne serait donc pas exclu. Ainsi, dans un très grand nombre de cultures, les marionnettes constituent phylogénétiquement et ontologiquement des projections d’alter ego et, aujourd’hui, cette familiarité séculaire avec ces figures anthropomorphiques animées entraîne les robots dans leur filiation.

Extrait d’un dialogue avec le professeur Ishiguro Hiroshi à l’Advanced Telecommunication Research International Institute en 2013 (« The Art of Being Together with Robots : A Conversation with Professor Ishiguro Hiroshi », International Journal of Social Robotics, numéro hors-série, Londres, Springer, 2014, p. 129-136) :

Z.P. : Notre relation à nous-même se fait généralement à travers notre image dans les miroirs, les photos et le regard des autres. Quelle est la différence une fois que vous avez une copie de vous-même ?
I.H. : […] L’image dans le miroir n’est pas nous-même, au contraire, c’est une illusion […]. Si je compare une photo de moi à mon reflet dans le miroir, il s’agit de deux choses différentes.
Z.P. : Est-ce que le fait que vous vous êtes dupliqué change votre connaissance de vous-même ?
I.H. : Non, pas du tout, mais le geminoid est plus qu’une simple image. Généralement personne ne connaît sa propre apparence et son propre comportement. Ma secrétaire connaît mon comportement mieux que moi-même. Le geminoid est comme un frère jumeau, mais je ne peux pas me reconnaître en lui. Logiquement le geminoid est ma copie, et c’est tout.
Z.P. : Qu’est-ce qui va changer avec vos deux copies de vous-même ?
I.H. : Que voulez-vous dire ? Il se pourrait que je n’aie plus besoin de venir ici ou d’aller à l’université d’Ôsaka, par exemple.
Z.P. : Vous allez rester à la maison et contrôler les deux en même temps ?
I.H. : Oui, je pourrais le faire.

Les robots sont souvent présentés comme de nouvelles frontières de nos corps. Avec le théâtre des robots, il fut remarquable de pouvoir découvrir comment il était aussi possible de transformer une créature artificielle en être moral et fragile. Dans la première pièce avec l’andréide Geminoid F, à défaut d’un véritable dialogue, la poésie habitait la machine, elle grandissait le robot et le transformait en véritable « fable » humaine, un miroir d’Orphée, un rêve providentiel renvoyant l’image du miroir de notre impuissance.

Agnes Giard, anthroplogue, chercheuse au sein du projet EMTECH, Freie Universität Berlin et au laboratoire Sophiapol, Paris Nanterre

Robots faibles et poupées stupides : les créatures alternatives au Japon

Depuis le début du XXIe siècle, le gouvernement japonais qui refuse d’ouvrir les frontières mène une politique pro-robot afin que le travail soit confié à des machines « pour pallier au manque de bras ». Dopée par cette politique pro-robot, les ersatz d’humains se multiplient au Japon, notamment dans le domaine des relations sociales et émotionnelles. De façon très révélatrice, la plupart d’entre eux sont développés sur des modèles conceptuels très proches de ceux qui président à la fabrication des poupées de silicone. Ainsi que j’aimerais le démontrer, ces robots ne visent en effet pas à reproduire l’humain « en mieux », mais au contraire à en fournir une version « pathétique », sous des formes marquées par l’immaturité, la déficience ou l’infirmité. Pour le dire plus clairement : ces robots, en apparence, ne servent pas à grand-chose. Comment comprendre que les laboratoires japonais accouchent de prototypes qui s’inscrivent à rebours des attendus habituels en matière de robotique ? En comparant la fabrique des love dolls avec celle des robots sociaux, j’espère apporter un éclairage inédit sur ce phénomène.

Comité d’organisation

Cédric Parizot (IREMAM, CNRS/AMU), Jean Cristofol (ESAAix, PRISM AMU/CNRS), Jean-Paul Fourmentraux (Centre Norbert Elias, CNRS/AMU/EHESS), Anna Guillo (LESA, AMU/CNRS), Manoël Penicaud (IDEMEC, CNRS/AMU)

Recherche, art et pratiques numériques est un séminaire transdisciplinaire qui s’intéresse aux perturbations productives que génèrent les collaborations entre les chercheurs en sciences humaines et les artistes dans le domaine du numérique. Il s’inscrit dans la suite des réflexions et des expérimentations que nous avons menées à l’IMéRA dans le programme antiAtlas des frontières depuis 2011 tout en élargissant notre questionnement au-delà de la seule question des frontières. (lire la suite)

Photo: Zaven Paré, c5 bleu.

Spatialités et temporalités palestiniennes #11: Sociohistoire des diplomates palestiniens

Mercredi 1er avril 2020
14h-16h00
Salle André Raymond
IREMAM
Maison méditerranéenne des sciences de l’homme
5 rue du château de l’horloge
13094 Aix en Provence

En Bus:
Aix-Press A- direction Saint Mitre, arrêt Thermidor
Ligne 8 – Direction Margueride, arrêt Horloge

Introduction à une sociohistoire des diplomates palestiniens

Romain Damien, Ater en science politique, CHERPA, Sciences Po Aix

L’échec de la diplomatie palestinienne à s’imposer face au « plan du siècle » de Donald Trump souligne les limites d’une stratégie internationale élaborée depuis plusieurs décennies par les dirigeants de l’OLP et ce malgré l’élargissement de la reconnaissance de l’Etat palestinien. Cette reconnaissance est le fruit de négociations politiques mais aussi d’un long travail de représentation auprès des différents Etats et institutions internationales. Mon travail de thèse porte sur des acteurs souvent oubliés des sciences sociales de ce processus : les diplomates palestiniens.
L’objet de ma recherche est notamment de reconstituer la sociohistoire de ces porte-paroles de la cause palestinienne à l’international à travers la question de la professionnalisation de cette activité de représentation. En retraçant leur parcours, je tente de démontrer que le rôle de ces représentants ne se limite à celui d’intermédiaire mais qu’ils participent directement à la construction de la représentation politique du peuple palestinien. Dès lors, l’un des enjeux de ma thèse que je présenterais à ce séminaire est de s’interroger sur les effets de la professionnalisation de ces diplomates sur la représentation de la cause palestinienne à l’international.

Spatialités et temporalités palestiniennes

Organisation: Julien Loiseau, Cédric Parizot et Sbeih Sbeih

Ce séminaire interroge les modalités de construction de la Palestine comme objet d’étude et leurs effets sur la structuration du champ de la recherche. Cette démarche est nécessaire dans un contexte où le conflit israélo-palestinien continue de structurer fortement les cadres à travers lesquels nous pensons, nous analysons et nous représentons la Palestine. En confrontant des travaux récents d’historiens, d’anthropologues, de politistes, de sociologues, de géographes ou de littéraires nous fixons deux objectifs principaux. D’une part, il s’agit de mettre en évidence les multiples constructions spatiales et temporelles auxquelles renvoie la Palestine et les dépayser. D’autre part, nous nous efforçons de développer une réflexion critique sur nos propres approches, méthodes et objets de recherche.

Image : Ezzedine Kalak (à gauche), représentant de l’OLP à Paris, avec plusieurs cadres de l’OLP pendant l’Exposition internationale pour la Palestine à Beyrouth en mars 1978
Source : Barthe, Benjamin, « L’art de la guerre selon l’OLP », Le magazine du Monde, 8 septembre 2018, p. 95

Rercherche, arts et pratiques numériques #31: Territoires et médiums

Mercredi 25 mars 2020
10h à 13h
Aix-Marseille Université,
Campus Schuman

Images en transit. Territoires et médiums

Tania Ruiz, artiste et maître de conférences, Université Paris 8

Calle Utopia

Intéressée par les modalités d’appropriation et de transformation des ensembles d’habitation hérités du modernisme architectural, j’ai voulu filmer à Las 3000 Viviendas de Sevilla en particulier la Calle Utopia. Pour différentes raisons que j’aurais l’occasion de détailler, filmer sur place paraissait impossible. Je commence actuellement une reproduction 3D du quartier effectuée avec les relevés disponibles en ligne, augmentés d’une sorte d’ « espace médiatique ». C’est au sein de cette reproduction qui aura lieu le tournage….

Paul-Emmanuel Odin, artiste, auteur, chercheur, directeur artistique de La compagnie, lieu de création à Marseille et enseignant à l’école supérieure d’art d’Aix-en-Provence.
Du monde à l’envers du carnaval au temps inversé du cinéma

Le carnaval zigzague dans les multiples dimensions d’un monde à l’envers. Imageries populaires, films de science-fiction ou performances contemporaines. Ceci nous subjugue et tisse un monde de communautés d’actions. Cela a constitué aussi l’un des plus beaux moments de la contre-histoire du sida : danser = vivre. Comment sommes-nous faits de ce temps inversé du carnaval, qui mugit derrière des apparences et des mouvements redistribués ? Quelques alliances hybrides et régressives s’inventent sur un chaos vivant. Comment hommes, femmes ou animaux, échangeons-nous ou entremêlons-nous nos places ?

Comité d’organisation:

Cédric Parizot (IREMAM, CNRS/AMU), Jean Cristofol (ESAAix, PRISM AMU/CNRS), Jean-Paul Fourmentraux (Centre Norbert Elias, CNRS/AMU/EHESS), Anna Guillo (LESA, AMU/CNRS), Manoël Penicaud (IDEMEC, CNRS/AMU)
Recherche, art et pratiques numériques est un séminaire transdisciplinaire qui s’intéresse aux
perturbations productives que génèrent les collaborations entre les chercheurs en sciences humaines et les artistes dans le domaine du numérique. Il s’inscrit dans la suite des réflexions et des expérimentations que nous avons menées à l’IMéRA dans le programme antiAtlas des frontières depuis 2011 tout en élargissant notre questionnement au-delà de la seule question des frontières.
[Lire la suite]

Image principale: Google maps

Bureau des dépositions: Exercice de justice spéculative

Pièce jointe 17. Extrait de la performance Bureau des dépositions: Exercice de justice spéculative
A travers l’oeuvre Bureau des dépositions. Exercice de justice spéculative, nous fabriquons de la justice depuis les interstices et les limites du droit. Nous reprenons ce que d’autres ont écrit sur les murs de la ville : « les femmes n’ont pas eu le droit de vote en allant voter », ce qui confirme la nécessité d’instituer le droit par nos mouvements sociaux qui prennent soin de la vie et des liens, quand d’autres les tuent. Bureau des dépositions oeuvre à créer des précédents, en développant une stratégie contentieuse en matière de droit d’auteur et de liberté fondamentale contre le contentieux du droit des étrangers et du droit d’asile. Par “justice spéculative”, nous entendons une justice possible, qui a lieu depuis le droit existant et ses limites. En nous réunissant, nous créons aussi une forme de justice transformatrice, au sens d’une justice qui donne à entendre les causes et les conséquences de ces violences, et par là ouvre à de nouveaux possibles.

Une oeuvre immatérielle et processuelle

Bureau des dépositions. Exercice de justice spéculative est une oeuvre immatérielle, processuelle, performée par dix co-autrices et co-auteurs : Mamadou Djouldé Baldé, Ben Moussa Bangoura, Laye Diakité, Mamadou Aliou Diallo, Pathé Diallo, Mamy Kaba, Ousmane Kouyaté, Sarah Mekdjian, Marie Moreau, Saâ Raphaël Moundekeno.

Depuis janvier 2019, nous nous réunissons au Patio solidaire, lieu d’occupation sur le campus universitaire grenoblois, et écrivons des lettres de déposition. Ces lettres repoussent le lexique de la compassion et de l’humanitaire, et lèvent les responsabilités des violences produites par les politiques migratoires, qui circulent le long d’un continuum logistique, reliant notamment la Guinée (Conakry), ancienne colonie française, la France et l’Union Européenne.

La performance s’active dans la discussion publique de ces lettres, face au vide d’une justice manquante, et à un public-témoin. La condition principale d’activation de la performance tient dans la co-présence physique des 10 co-autrices, co-auteurs. Or, plusieurs co-auteurs sont empêchés dans le processus créatif et pendant les temps de performance, en raison d’expulsions, de transferts Dublin, de menaces d’éloignement, de clandestinisation. Notre performance se prolonge ainsi dans une requête juridique non-fictionnelle, qui est en cours de dépôt dans un tribunal administratif par une avocate : quand un ou plusieurs des co-auteurs est éloigné ou clandestinisé, en raison de son statut administratif, nous demandons au tribunal de constater une entrave à notre liberté de création artistique (Loi n° 2016-925 du 7 juillet 2016), une atteinte à l’intégrité de notre oeuvre, une atteinte à notre droit de divulgation de l’oeuvre.

Une stratégie contentieuse

Opposer le droit d’auteur et la liberté de création artistique, au contentieux du droit des étrangers.

Nous nous inspirons, en complicité, de la performance Plaidoirie pour une jurisprudence. X et Y/Préfet de…, co-créée en 2007 aux Laboratoires d’Aubervilliers, par Olive Martin, Patrick Bernier, artistes, Sylvia Preuss-Laussinotte et Sébastien Canevet, avocat.e.s. Cette performance a ouvert une brèche dans laquelle nous nous glissons : « Là où la Préfecture voit un étranger, nous voyons d’abord un auteur ». La reprise de cette stratégie contentieuse dans d’autres cas est une nécessité, nous nous adressons à des auteur.trice.s qui souhaiteraient élaborer et déposer, elles, eux, avec nous, des requêtes auprès des tribunaux administratifs.

Partitions de la performance

Pour lire la première version de la partition de notre performance, datée de juin 2019.
Une deuxième version de la partition est en cours de publication par la Criée, Centre d’art contemporain à Rennes, (revue Lili, la rozell, le marimba, 2020).

Bureau des dépositions. Exercice de justice spéculative est actuellement en résidence au Centre National d’Art Contemporain de Grenoble depuis janvier 2019, et soutenu par l’Université Grenoble Alpes. Une antenne radio « Bureau des dépositions » est ouverte depuis juin 2019 au sein de la radio r22 Tout-Monde, notamment pour la radiodiffusion d’un séminaire intitulé « Œuvrer les limites du droit », URL : https://r22.fr/antennes/bureau-des-depositions

Performances

Une performance est programmée à l’Hexagone, scène nationale, à Meylan, le 21 février 2020 (biennale arts sciences, Experimenta). L’oeuvre a été sélectionnée à Manifesta 2020 (Marseille, biennale internationale d’art contenporain).

Autres publications ou expérimentations en lien avec participants de ce projet

– Mekdjian Sarah et Moreau Marie, « Redessiner l’expérience : Art, sciences et conditions migratoires », antiAtlas Journal, 01 | 2016, En ligne, publié le 13 avril 2016, URL : http://www.antiatlas-journal.net/01/re-dessiner-lexperience-art-science-et-conditions-migratoires, DOI : http://dx.doi.org/10.23724/AAJ.4
Crossing Maps, cartographies traverses, 2013

Spatialités et temporalités palestiniennes #10: La diplomatie des villes en Palestine

Mercredi 12 février 2020
14h-16h00
Salle André Raymond
IREMAM
Maison méditerranéenne des sciences de l’homme
5 rue du château de l’horloge
13094 Aix en Provence

En Bus:
Aix-Press A- direction Saint Mitre, arrêt Thermidor
Ligne 8 – Direction Margueride, arrêt Horloge

La diplomatie des villes en Palestine

Marion Lecoquierre, géographe, Telemme, Aix Marseille Université, CNRS

Entre stratégies politiques locales et mise en réseaux transnationale

Dans un contexte de globalisation, mais aussi de délitement des alliances traditionnelles et de défiance croissante vis-à-vis des institutions nationales et internationales, les villes deviennent des acteurs de premier plan sur la scène globale. Le développement des relations « transmunicipales » ou de « ville à ville » fait émerger des formes de gouvernance reposant non plus seulement sur les États mais aussi sur la concertation et l’influence des gouvernements locaux. Cette nouvelle « gouvernance des villes » est souvent illustrée par le rôle de certaines métropoles particulièrement puissantes, ces « villes globales » que sont New York ou Londres par exemple. Cette activité internationale concerne pourtant également des villes qui ne jouent apparemment aucun rôle de premier plan dans la hiérarchie urbaine mondiale.

Un récent travail de terrain réalisé à Hébron a par exemple démontré la pertinence du sujet en Palestine. Je m’intéresse ainsi aux dynamiques et aux enjeux de la diplomatie des villes dans le contexte palestinien : j’évoquerai les premiers résultats d’une enquête portant sur le rôle politique des villes palestiniennes au niveau international, à travers leur implication dans des accords de coopération ou d’échange bilatéraux, et leur participation à des réseaux transnationaux multilatéraux. L’analyse se concentre sur les objectifs et les stratégies déployés par les villes palestiniennes et leurs villes partenaires, l’articulation entre les différents niveaux de gouvernance et les impacts locaux mais aussi globaux de cette politique d’internationalisation municipale.

Spatialités et temporalités palestiniennes

Organisation: Julien Loiseau, Cédric Parizot et Sbeih Sbeih

Ce séminaire interroge les modalités de construction de la Palestine comme objet d’étude et leurs effets sur la structuration du champ de la recherche. Cette démarche est nécessaire dans un contexte où le conflit israélo-palestinien continue de structurer fortement les cadres à travers lesquels nous pensons, nous analysons et nous représentons la Palestine. En confrontant des travaux récents d’historiens, d’anthropologues, de politistes, de sociologues, de géographes ou de littéraires nous fixons deux objectifs principaux. D’une part, il s’agit de mettre en évidence les multiples constructions spatiales et temporelles auxquelles renvoie la Palestine et les dépayser. D’autre part, nous nous efforçons de développer une réflexion critique sur nos propres approches, méthodes et objets de recherche.

Image principale: Marion Lecoquierre, Fresque présentant les jumelages de la Mairie de Bethlehem, 2019.