Atelier 5 : Bilan de l’année 2011-2012

6 et 7 décembre 2012
Maison des Astronomes, IMéRA,
2, place Le Verrier
13004 Marseille

Organisation: Cédric Parizot (IMéRA/CNRS-IREMAM)

Ce séminaire de recherche s’articulera autour de trois axes : un bilan des réflexions développées dans notre programme au cours de l’année 2011-2012 ; la présentation d’approches transdisciplinaires de la frontière ; et enfin, la préparation de l’exposition l’Anti Atlas des frontières qui se tiendra au Musée des Tapisseries d’Aix-en-Provence en octobre 2013.

Retour sur les ateliers de la première année

Antoine Vion (sociologue, LEST, AMU)
Réseaux et frontières

Stéphane Rosière (géographe, HABITER, Université de Reims)
Matérialisation, dématérialisation des frontières

Anne Laure Amilhat-Szary (PACTE, Université Joseph Fournier, Grenoble)
Aux frontières de l’art et de la science

Explorations transdisciplinaires

Cédric Parizot (IMéRA, IREMAM, CNRS), Antoine Vion (Sociologue, LEST, AMU), Wouter Van den Broeck (Data visualization, ISI Foundation, Turin, Italie; Addith.be)
De la contrebande à la visualisation des réseaux: Cartographier un parcours anthropologique entre Israël et les Territoires occupés palestiniens (2005-2010)

Douglas Edric Stanley (Hypemédia, Game-Art, Ecole Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence)
Vous avez été mangé par une grue ! Navigation spatiale et jeux vidéos

Olivier Clochard (Géographe, MIGRINTER, CNRS, ADES/Terre Ferme)
Où est la frontière?

Frontières, images, exposition

Jean Cristofol (Philosophe, Ecole Supérieure d’Art d’Aix en Provence)
Art et représentation

Isabelle Arvers (commissaire de l’exposition l’antiAtlas des Frontières)
Présentation du scénario de l’exposition l’antiAtlas des Frontières (octobre- novembre 2013)

Partenariats

IMéRA (Aix-Marseille Université), Ecole supérieure d’Art d’Aix-en-Provence, Laboratoire PACTE (Université de Grenoble), Institut de Recherche et d’Etudes sur le Monde Arabe et Musulman (IREMAM, CNRS-AMU), Laboratoire Méditerranéen de Sociologie (LAMES, CNRS-AMU), Aix-Marseille Université, Réseau Français des Instituts d’Etudes Avancées (RFIEA), Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, CNRS

Photo: Myriam Boyer, 2012

Atelier 4 : Représenter les frontières

6-8 juin 2012
Maison des astronomes
IMéRA
2, place Le Verrier
13004 Marseille

Organisation: Cédric Parizot (IMéRA/CNRS-IREMAM), Anne Laure Amilhat-Szary (PACTE, Université Joseph Fournier, Grenoble), Isabelle Arvers (Curatrice indépendante, Marseille), Jean Cristofol (École Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence), Nicola Mai (IMéRA/London Metropolitan University)

L’objectif de ce séminaire de recherche est d’ouvrir un chantier de réflexion sur les difficultés, modalités, voire impossibilités de représenter les frontières dans leur complexité (éclatement, flexibilisation, frontières ponctiformes, virtualisation, etc.), leurs vécus de plus en plus asymétriques, et les nouveaux modes de contournement qu’inventent les populations.

6 Juin : Session 1

Nicola Mai (Anthropologist, IMéRA/London Metropolitan University)
Présentation en exclusivité du projet film / recherche Emborders : problématiser l’humanitarisme sexuel à travers la création d’un film expérimental

Heath Bunting
Atelier de construction d’une identité nouvelle

7 juin: Session 2 – Cartographier la frontière et ses transgressions

Olivier Denert (Secrétaire Général de la Mission Opérationnelle Transfrontalière)
Cartographie des régions transfrontalières, présentation de l’Atlas de la MOT : Contexte, méthode, conséquences et usages

Aurélie Arnaud & Michel Chiappero (Institut d’Urbanisme et d’Aménagement Régional, AMU, laboratoire LIEU, Marseille)
Cartographie d’objets complexes : la frontière

Ron Terrada (Artiste, Canada)
Voir l’autre côté du signe

7 juin : Session 3 – Pour une approche non-représentationnelle des frontières

Anne-Laure Amilhat Szary (PACTE, Université Joseph Fournier, Grenoble)
Incorporer la frontière : une approche non représentationnelle des frontières

Cédric Parizot (IMéRA/CNRS-IREMAM) et Ariel Handel (Tel Aviv University)
Indexer des espaces incertains : les Palestiniens de Cisjordanie confrontés aux systèmes de contrôle israéliens (2005-2010)

Jérôme Epsztein (INMED-INSERM U901)
Des réseaux neuronaux pour représenter l’espace et ses frontières

8 juin: Session 4 – La frontière en scène

Patrick Bernier et Olive Martin (Artistes, France)
À travers champs: une certaine façon de faire l’école buissonnière

Norma Iglesias Prieto (San Diego State University)
‘Transborderism’ and Social Imaginary in the U.S.-Mexican Border from antiAtlas of Borders

Atelier LIMO (Simon Brunel & Nicolas Pannetier, collectif d’artistes-architectes et cinéastes, Berlin)
« Border Speaking » : de la notion abstraite à l’espace de projet

7 juin : Table ronde – Transgresser la recherche sur les frontières

Quelles premières conclusions sur le possible renouvellement des analyses frontalières peut-on tracer à partir de cette première année de dialogues méthodologiques entre sciences, technologies représentations et art ?

The panelists will summarize and discuss the outcomes of the workshops that were previously held in the context of the ‘Borders in the 21st Century’ transdisciplinary project. These workshops address strategic issues such as the role of networks, technology and dynamics of materialization / dematerialization in the transformation and representation of borders in contemporary times. Altogether, the project shows that formal and experimental scientific and artistic theories, models and techniques provide useful conceptualization tools that can productively be intersected with social science analyses. These innovative conceptualizations were presented to people involved in the control and management of borders (customs authorities, government officials, security industrials or military representatives) and were recognized as useful tool to discuss the practical, social, political and ethical implications of the different forms of contemporary border transformations examined in the context of the project. They constitute important steps toward the publication of an Anti-Atlas of Borders at the Turn of the 21st Century, an initiative that will showcase the outcomes of the ‘Borders in the 21st Century’ transdisciplinary project through an innovative art/science platform, including a book, an interactive website and an exhibition.

Résumés / Abstracts

Nicola Mai (Anthropologist, IMéRA/London Metropolitan University)
Emborders : problématiser l’humanitarisme sexuel par le cinéma expérimental

L’augmentation et la diversification contemporaines des flux migratoires à l’échelle mondiale coïncident avec l’apparition de formes de gouvernance humanitaire. Celles-ci gèrent des groupes de migrants «indésirables», qui sont stratégiquement construits comme vulnérables. Parce que des politiques plus restrictives encadrent les migrations mondiales, l’octroi de l’asile et la protection sociale des groupes de migrants vulnérables sont devenus de nouvelles frontières corporelles entre l’Occident et le reste du monde. Des droits fondamentaux sont attribués sur la base de la performance dans le répertoire de ‘vraie victime’, dans lequel la mise en scène du corps souffrant du migrant devient un outil stratégique pour susciter la compassion et la solidarité. Dans la gouvernance humanitaire globalisée des migrations, le genre et la sexualité sont devenus des répertoires narratifs stratégiques. A travers ces répertoires, les hiérarchies entre les origines ethniques et les classes sociales, ainsi que les barrières à la momobilité qui y sont associées, se trouvent renforcées. « L’humanitarisme sexuel » peut se définir comme l’accent mis sur la dimension sexuelle pour construire comme vulnérables et contrôler des groupes spécifiques de migrants par des interventions humanitaires.

L’augmentation et la diversification contemporaines des flux migratoires à l’échelle mondiale coïncident avec l’apparition de formes de gouvernance humanitaire. Celles-ci gèrent des groupes de migrants «indésirables», qui sont stratégiquement construits comme vulnérables. Parce que des politiques plus restrictives encadrent les migrations mondiales, l’octroi de l’asile et la protection sociale des groupes de migrants vulnérables sont devenus de nouvelles frontières corporelles entre l’Occident et le reste du monde. Des droits fondamentaux sont attribués sur la base de la performance dans le répertoire de ‘vraie victime’, dans lequel la mise en scène du corps souffrant du migrant devient un outil stratégique pour susciter la compassion et la solidarité. Dans la gouvernance humanitaire globalisée des migrations, le genre et la sexualité sont devenus des répertoires narratifs stratégiques. A travers ces répertoires, les hiérarchies entre les origines ethniques et les classes sociales, ainsi que les barrières à la mobilité qui y sont associées, se trouvent renforcées. « L’humanitarisme sexuel » peut se définir comme l’accent mis sur la dimension sexuelle pour construire comme vulnérables et contrôler des groupes spécifiques de migrants par des interventions humanitaires.

Le film et projet de recherche Emborders problématise l’efficacité et les finalités de l’humanitarisme sexuel en comparant les expériences de deux groupes de migrants: ceux qui travaillent dans l’industrie du sexe et ceux qui appartiennent à des minorités sexuelles. Les deux groupes sont respectivement ciblés par l’humanitarisme sexuel comme victimes potentielles de traite et comme réfugiés sexuels. Emborders assemble les récits de victimisation et d’émancipation que les migrants des deux groupes produisent dans le cadre des interviews de recherche. Le projet présente de vraies histories de vie et de vraies personnes, qui seront jouées par des acteurs pour protéger l’identité des interviewés et pour reproduire la dimension performative qui caractérise leur auto-représentation dans le contexte des interviews. Emborders est une mise en scène scientifique des histoires de vie des migrants ciblés par l’humanitarisme sexuel. Il est également une réflexion artistique sur la nature intrinsèquement fictionnelle de toute narration de soi. En utilisant des acteurs pour mettre en scène de vraies personnes et de vraies histoires de vie, le projet problématise ce qui constitue une réalité crédible et acceptable en termes scientifiques, filmiques et humanitaire.

Heath Bunting
Atelier de construction d’une identité nouvelle

Heath Bunting présentera tout d’abord le projet Status, initié en 2004, et qui propose un système numérique de production d’identités. Il se compose d’une base de données contenant plus de 5.000 entrées sur les différents éléments d’identification d’une personne. Ce système est disponible sur le site irational.org. A partir de l’interconnexion de toutes ces données, il produit des cartes représentant des réseaux et permettant de générer un statut social. L’ensemble de nos actes et déplacements sont tracés. Pour prendre un abonnement à la bibliothèque, une carte de transport ou encore faire des achats en ligne, nous remplissons en permanence des formulaires où nous laissons de manière anodine des données nous concernant: nom, adresse, numéro de carte bancaire, téléphone… En combinant l’ensemble des données disponibles sur une personne, il est alors possible de lui attribuer un statut social. Status révèle comment de telles constructions influencent ensuite notre mobilité au sein de l’espace social en ligne ou hors ligne. Ensuite, l’artiste organisera un atelier de réflexion avec le public pour tester les multiples possibilités de jeu et de production de nouvelles identités.

Olivier Denert (Secrétaire Général de la Mission Opérationnelle Transfrontalière)
Cartographie des régions transfrontalières, présentation de l’Atlas de la MOT : Contexte, méthode, conséquences et usages

La MOT a publié sa première carte transfrontalière en 1999, qui donnait pour la première à voir les flux de travailleurs frontaliers entre la France et ses pays voisins. Un atlas comportant une centaine de planches a été publié en 2001 puis augmenté et réédité en 2007, ses cartes sont depuis lors régulièrement remises à jour. Il s’agit de montrer la portée novatrice, tant sur le plan technique que politique d’une telle démarche, les nombreuses difficultés techniques auxquelles est confronté tout producteur et concepteur de données transfrontalières dans leur dimension tant statistique et cartographique, la voie ouverte par ce type de document dont l’approche est restée jusqu’à présent sans équivalent en France ni dans les différents pays européens, et les différents usages et impacts d’un tel outil sur la connaissance transfrontalière.

Aurélie Arnaud & Michel Chiappero (Institut d’Urbanisme et d’Aménagement Régional, AMU, laboratoire LIEU, Marseille)
Cartographie d’objets complexes : la frontière

La production cartographique a considérablement évolué ces dernières années, notamment avec l’avènement de la géovisualisation. Cependant, la carte statique reste un moyen de communication encore très prisé pour représenter les phénomènes de transfrontaliarités : par exemple les Atlas du Monde et les atlas de l’atelier de cartographie de SciencePo Paris. Hélas, ces derniers témoignent d’un manque de réflexion sur la représentation cartographique de l’objet « frontière » qui contient à la fois une dimension temporelle, incertaine, de nombreux attributs thématiques à représenter simultanément, etc. Bien que le langage cartographique édicté par Bertin en 1967 reste valide, un vide sémiologie limite sa représentation. En tenant compte des recherches sur l’organisation de l’information et la représentation cartographique des phénomènes de transfrontaliarités entamées par le projet Hypercarte (Grasland et alii, 2005), nous proposons une étude des représentations cartographiques des transfrontaliarités. Quels thématiques/objets sont traités sur les cartes ? Quelles représentations graphiques sont attribuées à ces objets ? Quels types de légendes sont affectés à ces cartes ? Afin de répondre à notre questionnement nous tenterons dans un premier temps de construire des diagrammes objets/classes génériques à deux territoires transfrontaliers distincts par leur culture, géolocalisation, politique et environnement naturel, mais comportant des similitudes. En effet, dans les deux cas il s’agit d’une échelle internationale terrestre et maritime : les Andes (Chili-Pérou-Bolivie-Argentine) et la Méditerranée. Cette échelle est encore peu étudiée dans ce domaine. La perspective de ces diagrammes est leur utilisation par les cartographes et géomaticiens réalisant des applications sur des zones transfrontalières. Dans un second temps, nous réaliserons un état de l’art critique des représentations des objets frontaliers à travers des références conceptuelles connues en utilisant des grilles de sémiologie graphique (Bertin, 1967 et la grille de Béguin et Pumain, 2000) et une grille chorématique (Brunet, 1986). La perspective de ce travail est d’orienter des choix de représentations intégrables aux diagrammes. L’objectif final de cette recherche est d’entamer une réflexion sur une méthode universelle de cartographie des transfrontaliarités.

Ron Terrada (Artiste, Canada)
Voir l’autre côté du signe

En tant qu’artiste visuel, mon premier matériau est le langage et le texte. Ceux que j’utilise dans mon travail sont considéré comme familiers et peut-être négligés ; je traite la langue comme un ready-made culturel. Partant de propositions soulevées par le pop-art et l’art conceptuel, mon travail a évolué de la peinture sur impression, à la diffusion de musique pop et diverses formes de signalisation – tant au sein de galeries que dans le cadre d’interventions dans la sphère publique. Ce travail n’opère pas uniquement au sein du champ de la consommation et de la circulation spécifique au monde de l’art, mais aussi au sein de champs politiques et sociaux larges et complexes. Pour Ré-imaginer ou ré-imaginer les frontières, ma discussion se concentrera sur la signalisation, et plus spécifiquement sur deux travaux clefs liés aux frontières : Entering City of Vancouver (2002) et You Have Left American Sector (2005). Les deux sont des panneaux de signalisation de type autoroutiers qui cherchent à mettre l’accent sur l’idée de frontière et suggèrent un changement symbolique au sein d’un paysage.

Anne-Laure Amilhat Szary (PACTE, Université Joseph Fournier, Grenoble)
Incorporer la frontière : une approche non représentationnelle des frontières

Au-delà de la critique du regard qu’ont engagée les géographes féministes, c’est l’irruption du corps dans l’analyse du paysage qui est en jeu. C’est l’ensemble du corps humain qui ressent et vit son environnement, et fait le paysage. Certains spécialistes du paysage ont de plus en plus intégré leur parcours et les sensations provoquées par ces itinérances : « Quand je regarde, je vois avec le paysage. »[1] (Wylie 2007). On pourrait aller jusqu’à accorder au paysage une nature performative plus complexe que celle qui consiste à affirmer que le paysage impose le pouvoir. Cette approche, travaillée depuis une dizaine d’années, a récemment été qualifiée d’« approche relationnelle du paysage » (Crouch 2010). Ce terme a l’avantage de mettre en avant l’interaction entre les composantes matérielles et sensorielles de l’environnement, tout en contournant le problème de leur représentation, critiquée pour la distance qu’elle impose. Si ces travaux s’appuient sur la phénoménologie, c’est pour en critiquer un aspect important, la notion même de représentation, mettant en avant le fait que la construction d’un concept à partir de la perception n’a pas forcément besoin de la médiation d’une représentation.
Le paysage illustre cette difficulté : à la fois signifiant et signifié, on ne peut le saisir qu’en dépassant l’analyse sémiologique. Le travail que je mène sur le lien que construisent les artistes visuels contemporains avec les espaces frontaliers s’inscrit dans une démarche que Nigel Thrift (Thrift 2008) a caractérisée sous le terme de « théorie non-représentationnelle ». Une telle démarche de mise en valeur de la valeur pratique du paysage pouvait néanmoins avoir l’inconvénient de gommer presque totalement l’éventuelle finalité esthétique du paysage. Une approche par l’œuvre d’art permet d’accompagner la compréhension du paysage d’une analyse de l’image, sans réduire l’une à l’autre. Je propose ainsi de travailler sur l’image que construit le tracé des frontières-murs ainsi que sur sa transformation par des artistes visuels. Les recherches sur la production culturelle sur les espaces frontaliers permettent ainsi de travailler le statut de l’image-icône-simulacre dans les relations entre espace et pouvoir.

édric Parizot (IMéRA/CNRS-IREMAM) et Ariel Handel (Tel Aviv University)
Indexer des espaces incertains : les Palestiniens de Cisjordanie confrontés aux systèmes de contrôle israéliens (2005-2010)

Depuis le déclenchement de la seconde Intifada (2000), les autorités israéliennes ont introduit un grand degré d’incertitude dans les déplacements quotidiens des Palestiniens. Entre 2000 et 2005, la multiplication et le caractère aléatoire des contrôles déployés par Israël en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, empêchent les Palestiniens de prévoir le temps et l’orientation de leurs trajectoires. Il leur est impossible de se projeter dans une réalité cartographiable. Ces contrôles apparaissent d’autant plus aléatoires que leurs agents ne sont pas toujours visibles. Les tours de guets et systèmes de caméras produisent un effet panoptique. Enfin, le droit de se déplacer n’est jamais acquis. La multiplication des régulations et des autorités chargées de leur application donnent lieu à des injonctions contradictoires fréquentes renforçant le sentiment d’arbitraire. Si les années post-Intifada (2005-2010) connaissent un relâchement relatif de ces systèmes de contrôle, les trajectoires des Palestiniens restent encore marquées par un certain degré d’incertitude.

Les recherches qui ont tenté d’évaluer l’effet ces systèmes de contrôle israéliens sur le rapport à l’espace des Palestiniens sont nombreuses. Si certaines se contentent de postuler l’effet de tel ou tel dispositif (tel que l’effet panoptique), d’autres évaluent cet impact à travers des récits d’expériences extrêmement riches. Cependant, en insistant sur les effets de ces dispositifs plus que sur les réactions et les ajustements des Palestiniens, ces recherches se limitent à une sociologie du pouvoir. En nous concentrant au contraire sur des exemples d’adaptations et de contournement de ces mécanismes de contrôle, nous proposons d’analyser la manière dont les Palestiniens développent des formes alternatives d’indexation de l’espace et de leurs trajectoires. Il ne s’agit pas de négliger l’effet perturbateur des dispositifs de contrôle israéliens sur la vie quotidienne des Palestiniens, mais d’envisager comment des acteurs confrontés à des espaces incertains peuvent réintroduire un degré de certitude et recouvrir une maîtrise relative de leur trajectoire.

Jérôme Epsztein (INMED-INSERM U901)
Des réseaux neuronaux pour représenter l’espace et ses frontières

La façon dont nous nous représentons l’espace ainsi que notre position dans cet espace est un objet de réflexion épistémologique depuis des siècles. Récemment, avec le développement de la psychologie expérimentale et des neurosciences, nous avons commencé à aborder cette question d’un point de vue expérimental. Les travaux réalisés au cours des trente dernières années ont permis de révéler un certain nombre de régions du cerveau et de réseaux de neurones impliqués dans le codage et la mémorisation de l’information spatiale. Les « cellules de lieu » sont des neurones de l’hippocampe, une région située dans le lobe temporal du cerveau, qui sont actifs uniquement lorsqu’un animal se trouve dans un endroit donné de son environnement. Au contraire, l’activité des « cellules de grille» du cortex entorhinal, une autre région du lobe temporal, est modulée de façon périodique selon une matrice de triangles équilatéraux qui couvre tout l’environnement. Les « cellules de direction de la tête » sont actives lorsqu’un animal est orienté dans une direction donnée alors que d’autres neurones sont activés spécifiquement par des frontières géométriques présentes dans l’environnement. L’activité de cet ensemble de cellule pourrait déterminer la façon dont nous nous représentons et mémorisons notre position dans l’espace.

Patrick Bernier et Olive Martin (Artistes, France)
À travers champs: une certaine façon de faire l’école buissonnière

En partant de notre expérience personnelle d’artistes motivés par l’exploration transdisciplinaire et la présentation de plusieurs de nos projets, nous essaierons de partager et d’interroger ce désir de frottement, de métissage de notre champ d’activité, celui de l’art contemporain, avec d’autres, soit proches, comme le cinéma (Manmuswak, film, 16′, 2005), soit plus lointains, comme le droit (Plaidoirie pour une jurisprudence, performance, 45′, 2007)

Norma Iglesias Prieto (San Diego State University)
‘Transborderism’ and Social Imaginary in the U.S.-Mexican Border from antiAtlas of Borders

Mon point de départ est que la frontière – à la fois dans sa dimension géopolitique et symbolique – marque la vie et l’expérience des sujets et que cette condition affecte, à son tour, la manière dont nous représentons la frontière. L’imaginaire social est construit à partir d’une série de représentations sociales qui répondent à différentes conditions de frontière. Mon travail analyse les degrés de transfrontiérisme (transborderism) et leur relation aux niveaux de complexité des représentations sociales à la frontière américano-mexicaine, en particulier dans la région de Tijuana-San Diego. Dans ma présentation, je parlerai tout d’abord de l’énoncé théorique qui fonde la notion de frontière et de transfrontiérisme ; ensuite, j’analyserai différentes expressions culturelles (art visuel, récits oraux, animations cinématographiques) qui montrent différent niveaux de complexité des représentations sociales sur cette frontière particulière.

Atelier LIMO (Simon Brunel & Nicolas Pannetier, collectif d’artistes-architectes et cinéastes, Berlin)
« Border Speaking » : de la notion abstraite à l’espace de projet

Nous proposons dans cette intervention de présenter la méthodologie que nous avons développée pour appréhender l’objet frontière en décortiquant les différentes phases de notre projet « Border Speaking » sur lequel nous avons travaillé de 2006 à 2009. Du parcours initiatique à l’organisation d’événements culturels dans les lieux symboliques de la frontière en passant par le relevé photographique de plus de 200 postes de contrôles, cette présentation pourra s’articuler de la manière suivante:
– appréhender un concept par le parcours > 3 mois de voyage
– représenter en construisant des points de repères > 238 points de frontière
– visible et invisible : la frontière et sa mémoire > le film
– la frontière, espace de projet > ré-interprétation des lieux frontaliers
Ces quatre points seront illustrés par une présentation de la base de données database.atelier-limo.eu, un extrait du film documentaire « La frontière intérieure » et une vidéo de trois minutes présentant le projet « Border Speaking ».

Partenariats

IMéRA (Aix-Marseille Université), Ecole supérieure d’Art d’Aix-en-Provence, Laboratoire PACTE (Université de Grenoble), Institut de Recherche et d’Etudes sur le Monde Arabe et Musulman (IREMAM, CNRS-AMU), Laboratoire Méditerranéen de Sociologie (LAMES, CNRS-AMU), Aix-Marseille Université, Réseau Français des Instituts d’Etudes Avancées (RFIEA), Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, CNRS

Photographie : Myriam Boyer, 2012

Atelier 3 : Frontières et technologies

19-20 avril 2012
Maison des Astronomes, IMéRA,
2 place Le Verrier
13004 Marseille

Organisation: Cédric Parizot (IMéRA/CNRS-IREMAM), Amaël Cattaruzza (CREC, Saint Cyr-Coëtquidan), Nicola Maï (London Metropolitan University, IMéRA), Gabriel Popescu (Indiana University, South Bend)

L’utilisation de technologies de plus en plus perfectionnées pour contrôler les flux de personnes et de marchandises traversant les frontières est un phénomène largement répandu. Il suffit ainsi de mentionner le lancement du projet Frontières intelligentes ou Barrière virtuelle aux Etats Unis, la centralisation des systèmes de renseignement dans l’espace Schengen, les patrouilles de robots et les barrières de « high-tech » en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés, les robots sentinelles tueurs en Corée du Sud et, enfin, l’adoption internationale des standards du passeport électronique pour avoir quelques exemples du phénomène. Sa mise en place repose sur l’idée largement partagée que ces techniques fournissent des outils plus efficaces pour identifier et stopper les personnes indésirables et suspectes au sein des flux globaux. Le déploiement de ces technologies soulève des questions fondamentales dans la mesure où il contribue aux transformations de la nature et des formes des frontières, des espaces, et des territorialités.

« Frontières intelligentes”: état de l’art

Amaël Cattaruzza (géographe, maître de conférences, École Saint Cyr Coëtquidan)
Contrôle des frontières : la tentation technologique

Mariya Polner (political scientist, research analyst, WCO Research and Strategies Unit)
Technologies de contrôle aux frontières: tendances et formes de développement

Philippe Bonditti (politologue, professeur assistant, IRI/PUC-Rio, Rio de Janeiro, Brésil et chercheur associé au CERI-Sciences Po Paris, France)
Flux et frontières, « Technologisation » des contrôles et traçabilité

Robots and border control / Robots et contrôle frontalier

Sylviane Pascal (Security & Europe Defence Business Development Manager ONERA – The French Aerospace Lab)
Le programme Talos : enjeux et perspective de l’usage de robots terrestres aux frontières

Noel Sharkey (artificial intelligence and robotics, professor, University of Sheffield)
À la limite du ridicule: contrôler nos mouvements à partir du ciel

When things bite back / Quand les choses mordent

Daniel Kopecky (lieutenant-colonel, chef du département relations internationales aux Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan)
Technologies aux frontières : les limites du système. Retour d’expérience de mission d’expertise en Asie du sud-est

Thomas Cantens (administrateur à l’Unité Recherche et Stratégies de l’OMD et membre du Centre Norbert Elias EHESS-Marseille)
Apprivoiser ou s’approprier : l’effet des transformations des techniques de contrôle douaniers sur le fonctionnement des administrations et la nature des frontières

Contrôle « sans fil » : mise en œuvre, effets et réappropriation

Gabriel Popescu (geographer, assistant professor, Indiana University South Bend, USA)
Technologies de contrôle à distance et production d’espaces frontaliers topologiques

Dana Diminescu (sociologue, EC Telecom Paristech, directeur scientifique du programme TIC Migrations FMSH Paris)
Migrants connectés: « K29? » dans la sociologie des migrations

Christophe Bruno (artiste, commissaire d’exposition) & Samuel Tronçon (philosophe, Résurgences, Marseille)
ArtWar(e) – vers une application Facebook pour détecter les formes artistiques

Résumés

Amaël Cattaruzza (géographe, maître de conférences, École Saint Cyr Coëtquidan)
Contrôle des frontières : la tentation technologique

En octobre 2006 était votée au Congrès américain la Secure Fence Act qui prévoyait la construction d’une barrière d’environ 1 100 km pour séparer les Etats-Unis du Mexique. Son but était de lutter contre l’immigration clandestine, le trafic de drogue et le terrorisme, en mettant en place une « surveillance systématique des frontières internationales terrestres et maritimes des Etats-Unis par l’usage plus efficace des personnels et de technologies, telles que les drones, senseurs sismiques, satellites, radars et caméras » (Secure Fence Act, Section 2). L’usage de technologies de surveillance apparaît donc ici comme l’un des éléments clefs du dispositif sécuritaire, car il permettrait une surveillance systématique et totale de la zone concernée, et semblerait donc apporter une réponse adaptée à l’incertitude et à l’imprévisibilité des flux illégaux. Quelques années auparavant la mise en place de smart borders avait permis l’adoption de technologies d’identifications des marchandises (usage de puces électroniques) et des personnes (contrôle biométriques, usage de cartes à puce contenant des données personnelles, etc.). L’exemple américain est loin d’être exceptionnel et l’usage des nouvelles technologies dans le domaine de la surveillance et du contrôle des flux aux frontières se généralise de nos jours. De tels procédés se retrouvent entre autres aux frontières de l’Espace Schengen. Cette intervention propose donc de dresser un état des lieux de l’usage des technologies pour le contrôle des frontières et de s’interroger sur la manière dont cet usage modifie la nature du phénomène frontalier. A travers l’outil technologique, ne voyons nous pas apparaître cet « ubiquituous border », frontière omniprésente, que décrit Stephen Graham, pour lequel le territoire urbain devient en lui-même un des multiples lieu de contrôle de la frontière ?

Mariya Polner (political scientist, research analyst, WCO Research and Strategies Unit)
Technologies de contrôle aux frontières: tendances et formes de développement

In a globalised world where interconnectedness and integration are key dynamics influencing economic growth and social development, policymakers are increasingly realizing the need for accelerated border management regulatory reform to reduce unnecessary barriers and burdens on trade. However, the fruits of globalization are used not only by legal businesses, but also by illegal traders. Therefore, border agencies face a serious challenge of balancing security and trade facilitation. The World Customs Organization (WCO) has developed a set of instruments in order to assist Customs Administrations in promoting the balance between the two, and technology plays a pivotal role striving for this objective. Deployment of technology, however, has never been and will never be a “silver bullet” to solve all public policy objectives.  This presentation will start with discussing the changing environment in which border agencies operate, with a focus on the notion of ‘border’ and its changing meaning over time. After the overview of WCO instruments we will look into different kinds of technologies that are currently in use, as well as those that are now being developed. We will also discuss issues pertaining to the operationalisation of technologies, as they become vital for any agency that considers using them. Finally, we will discuss critical aspects of technology development which would allow it to remain an indispensable tool in the hands of Customs.

Philippe Bonditti (politologue, professeur assistant, IRI/PUC-Rio, Rio de Janeiro, Brésil et chercheur associé au CERI-Sciences Po Paris, France)
Flux et frontières, « Technologisation » des contrôles et traçabilité

Voilà près de 20 ans que la lutte contre le « terrorisme » et autres phénomènes transnationaux a replacé la sécurité des frontières au cœur des problématiques dites de sécurité et de défense. Un peu partout dans le monde, les programmes de développement de smart borders se multiplient. Pourtant, loin de renforcer les frontières, leur technologisation contribue à brouiller l’image du monde géopolitique, nous rappelant que le renforcement du contrôle aux frontières ne vise pas tant les frontières en elles-mêmes que les flux susceptibles de les traverser. Ces contrôles – que l’on dit communément « aux frontières » – sont  en fait réalisés en des points bien spécifiques (checkpoints) qui ne correspondent que très rarement à ceux qui forment ces lignes aux moyens desquelles nous représentons la frontière sur les cartes du monde géopolitique. Ils sont en outre réalisés bien en amont de « l’entrée en mobilité » au moyen d’un régime déterritorialisé de contrôle des flux que nous nous proposons d’explorer plus avant dans cette présentation en nous appuyant plus spécifiquement sur le cas des Etats-Unis, et plus marginalement de l’Europe. Il s’agira de mettre en évidence la logique de mise en réseau des appareils de sécurité, la manière dont elle influe sur les pratiques contemporaines de frontiérisation, et l’avènement de la traçabilité comme technique majeure de la gouvernementalité contemporaine.

Sylviane Pascal (Security & Europe Defence Business Development Manager ONERA – The French Aerospace Lab)
Le programme Talos : enjeux et perspective de l’usage de robots terrestres aux frontières

Le projet TALOS (Transportable and Autonomous Land bOrder Surveillance system – www.talos-border.eu) est un projet financé par la Commission européenne (7ème Programme Cadre, thème Sécurité 2008 – 2012) dont l’objectif est de valider le concept d’un système de surveillance des frontières terrestres européennes qui fait largement appel à des équipements robotisés (robots terrestres, drones et tours d’observation) contrôlés depuis un centre de commandement transportable. TALOS doit permettre de traiter le problème de la surveillance de vastes zones frontalières, reconnu par la Commission Européenne comme étant un point crucial de la mission de sécurité des frontières. Le but de TALOS est d’aider à la détection, la poursuite et l’appréhension des personnes essayant de traverser la frontière hors des points de passage autorisés. Pour répondre aux besoins variés liés à la grande diversité des zones frontalières de l’Union européenne, le système de surveillance doit être adaptable à la configuration de terrain, transportable et d’un coût acceptable.

Noel Sharkey (artificial intelligence and robotics, professor, University of Sheffield)
À la limite du ridicule: contrôler nos mouvements à partir du ciel

Plans to automate killing by robot have been a prominent feature of most US forces’ roadmaps since 2004. The idea is to have a staged move from man-in-the-loop to man-on-the-loop to full autonomy. While this may create considerable military advantages it raises ethical concerns with regard to potential breaches of International Humanitarian Law. Moreover, we are already seeing these new technologies being deployed at borders in countries such as US, Latin, America, South Korea and Israel. Drone technology alone has proliferated to more than 51 countries and police forces are beginning to use it routinely. The talk will discuss the development of the technology into the near future as it becomes more autonomous and explore the ethical dimensions.

Daniel Kopecky (lieutenant-colonel, chef du département relations internationales aux Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan)
Technologies aux frontières : les limites du système. Retour d’expérience de mission d’expertise en Asie du sud-est

Fondé sur un retour d’expérience de mission d’expertise auprès de l’Armée Royale Thaïe et de dossiers techniques d’étude réalisés au profit d’industriels français, l’intervenant concentrera son exposé sur deux zones spécifiques en Asie du sud-est : la frontière nord de la Thaïlande (Birmanie) et la frontière sud de la Malaisie (île de Bornéo). Après un descriptif des enjeux spécifiques de la zone, l’exposé présentera ensuite les divers systèmes et moyens techniques envisagés pour assurer la sécurité frontalière des pays concernés par le développement des capacités technologiques en soulignant les contraintes et les enjeux notamment humains.

Thomas Cantens (administrateur à l’Unité Recherche et Stratégies de l’OMD et membre du Centre Norbert Elias EHESS-Marseille)
Apprivoiser ou s’approprier : l’effet des transformations des techniques de contrôle douaniers sur le fonctionnement des administrations et la nature des frontières

A partir de quelques exemples de technologies introduites dans les douanes en Afrique sub-saharienne et d’une enquête ethnographique menée dans une douane africaine en réforme pendant plus de 4 années, la communication développera trois idées principales. Tout d’abord, terrains de réforme influencées par l’extérieur, les administrations douanières africaines utilisent des technologies aussi avancées, parfois plus innovants que les douanes d’autres continents. Ensuite, ces technologies sont « apprivoisées » : bousculant les ordres elles génèrent de nouveaux rapports d’autorité et de pouvoir dans les administrations et les professions dites partenaires. Enfin, ces technologies sont des vecteurs politiques qui transforment les rapports entre Etats sans toujours avoir les effets attendus.

Gabriel Popescu (geographer, assistant professor, Indiana University South Bend, USA)
Technologies de contrôle à distance et production d’espaces frontaliers topologiques

Mobility imperatives under globalization are profoundly altering borders’ relationship to space. Risk management strategies associated with the quest to securitize transnational mobility have triggered a technological race to embed borders into all kinds of flows in order for the border to be able to travel with the flow and be ready to be performed whenever circumstances require. With the help of technologies such as Radio Frequency Identification (RFID) borders are disembedded from their local contexts, projected at distance, and then re-embedded anywhere in the state territory. Such articulation of borders changes the way movement through space is organized and how people and places come into contact. This “portal-like” logic of border geography brings people and places together by connecting them directly across space, unlike modern border territoriality that connects them via contiguous state territories. This situation opens up the entire space of the globe to bordering processes, thus accelerating the proliferation of borders and multiplying the actors involved in their establishment. The implications for society of such novel border spatiality are paramount. It is vital to understand how is democratic participation to be spatially reorganized to assure border governance remains in the public domain.

Dana Diminescu (sociologue, EC Telecom Paristech, directeur scientifique du programme TIC Migrations FMSH Paris)
Migrants connectés: « K29? » dans la sociologie des migrations

According to the Algerian sociologist Abdelmalek Sayad, the process of migration is marked by a double absence, as migrants are uprooted from their ‘home’ societies and they fail to ‘integrate’ in their countries of emigration. In this perspective, the migrant experience is characterized by a permanent break with the places that link the individual with his or her native environment as well as by the confrontation with a world that thinks and lives differently. Current understandings of the experience of migration, whether they refer to issues of cultural identity of integration, refer to and focus on a series of breaks and oppositions. These are constructed as inherent to migrants’ fate and are constantly used in theoretical reflections on populations on the move. For instance, migrants are described according to binary oppositions such as: mobile/immobile, neither there nor here, absent/present, central/peripheral, and so forth. This understanding of people’s movements is an historical and sociological simplification and does account for the way the world was transformed by the onset of generalized mobility and by the spread unprecedentedly complex means of communication. Today, the definition of the migrant based on different forms of rupture considered to be fundamental and radical is in trouble. Alternative organizing principles emerge, as mobility and connectivity mark the experiences of contemporary migrants. In this talk, my aim is to analyse the different and interlinked forms of rootedness, displacement and connectedness that are experienced by contemporary migrants. Contemporary sociological studies of migration must focus on issues of connectedness and of presence. These days it is increasingly rare to see migration as a movement between two distinct communities, belonging to separated places that are characterized by independent  systems of social relations. On the contrary, it is more and more common for migrants to maintain distant relations that are similar to relations of proximity and to be able to activate them remotely on adaily basis. This mediated bond — via telephone, email, or Skype- — makes it easier than before to stay close to one’s family, to others,  to what is happening at home or elsewhere. The development of communication practices —from simple ‘conversational’ methods where communication compensates for absence, to ‘connected’ modes where the services maintain a form of continuous presence in spite of the distance — has produced the most important change in migrants’ lives. Migratory practices (in particular the activation of networks, remote organization, and the monitoring of movements), the way  mobility is experienced and implicitly the construction of new  “home  territories” have been thoroughly transformed.

Christophe Bruno (artiste, commissaire d’exposition) & Samuel Tronçon (philosophe, Résurgences, Marseille)
ArtWar(e) – vers une application Facebook pour détecter les formes artistiques

ArtWar(e) est une plate-forme de «gestion des risques artistiques » et de « curating assisté par ordinateur ». Un de ses principaux objectifs est de visualiser dans les réseaux sociaux, des vagues d’émergence, d’obsolescence, et des phénomènes d’import-export de concepts artistiques, comme de repérer des formats. Contrairement à l’histoire de l’art qui nomme les formes une fois qu’elles sont devenues identifiables et formatées, ArtWar(e) cherche à détecter ces tendances au moment de leur émergence, alors qu’elles n’ont encore aucun nom et qu’elles n’ont pas reçu le label d’art. Il s’agit ici à la fois de construire, mais également de mettre en question un dispositif quelque peu kafkaïen. En effet, ArtWar(e) utilise les outils de surveillance les plus puissants jamais développés, comme Facebook, afin de détecter d’infimes soubresauts de la vie sociale des formes. Nous présenterons la méthodologie ainsi que les principes de l’application Facebook en cours de développement.

Partenariats

IMéRA (Aix-Marseille Université), Ecole supérieure d’Art d’Aix-en-Provence, Laboratoire PACTE (Université de Grenoble), Institut de Recherche et d’Etudes sur le Monde Arabe et Musulman (IREMAM, CNRS-AMU), Laboratoire Méditerranéen de Sociologie (LAMES, CNRS-AMU), Aix-Marseille Université, Réseau Français des Instituts d’Etudes Avancées (RFIEA), Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, CNRS

Atelier 2 : Matérialisation, dématérialisation de la frontière

22-23 mars 2012
Maison des Astronomes, IMéRA
2 place Le verrier
13004 Marseille

Organisation: Stéphane Rosière (Université de Reims Champagne-Ardenne), Nicola Mai (London Metropolitan University),
Cédric Parizot (IMéRA-IREMAM, Aix Marseille Université, CNRS)

La matérialité des murs et des frontières du XXIe siècle

Stéphane Rosière (géographe, HABITER, Université de Reims)
Les barrières frontalières : seuil, types et logiques

Elisabeth Vallet (politologue, Chaire Raoul-Dandurand, UQAM, Montréal)
Dynamique de construction des barrières frontalières

Hervé Braik (Business Segment Manager, Border Security Systems, C4I Defense & Security Systems Division Thales)
Les systèmes de surveillance des frontières

Matérialisation/dématérialisation des frontières : une question de définition ?

Paolo Cuttitta (politologue, Università di Palermo)
The construction of a border island: The Lampedusa case

Shira Havkin (politologue, CERI, IEP de Paris)
Les transformations du dispositif sécuritaire « frontalier »israélien et l’externalisation des checkpoints

Stéphanie Latte Abdallah (historienne, IREMAM, CNRS, Aix Marseille Université)
Déni de frontières. Toile carcérale et management des prisonniers politiques palestiniens après Oslo (1993-2010)

Olivier Clochard (géographe, ADES/Terre Ferme)
La dilution de la frontière dans le territoire

Transgresser les frontières matérielles et immatérielles

Cédric Parizot (anthropologue, IMéRA/IREMAM, Aix Marseille Université, CNRS)
Crossing and taking over a dysfunctional wall: the Israeli-Palestinian case

Heath Bunting (artiste)
Build a new identity workshop

Résumés

Stéphane Rosière (géographe, HABITER, Université de Reims)
Les barrières frontalières : seuil, types et logiques

Durant cette présentation, la notion de barrière frontalière sera discutée et notamment en termes de seuil, types et logiques à l’œuvre sur ces artefacts. La question du seuil revient à se demander à partir de quel stade un ouvrage frontalier peut être considéré comme une barrière, les frontières « inexistantes » sur le terrain répondent à la représentation dominante des frontières ouvertes, celle-ci sera mise en avant comme l’archétype de la frontière contemporaine, la barrière en étant l’opposé. La question du type renvoie essentiellement à la distinction mur/clôture qui sera discutée d’un point de vue symbolique et d’un point de vue technique. L’efficacité technique des clôtures high-tech pourra être soulignée. Au-delà des questions de morphologie, la difficile mesure de ces artefacts sera aussi envisagée. Enfin, en termes de logiques, les barrières frontalières peuvent être envisagées de façon multiscalaire : logique de leur fonctionnement et logiques d’apparition. En termes de fonctionnent on soulignera leurs liens avec des checkpoints mis en réseau entre eux et relié à des bases de données (nationales et parfois internationales) ; à l’échelle mondiale, les barrières frontalières paraissent liées à des macrologiques géopolitiques et surtout aux discontinuités de développement.

Elisabeth Vallet (politologue, Chaire Raoul-Dandurand, UQAM, Montréal)
Dynamique de construction des barrières frontalières

While drawing a border is, by definition, a bilateral process, building a wall is a unilateral act that freezes a line of demarcation. A border can be seen as an area of contact and influence but the advent of a world without constraints or standards, particularly economic standards, is leading to the creation of barricades around populations as states retreat into the security of feudal reflexes, testifying to certain undercurrents of globalization that paradoxically are encouraging a return to a kind of ‘neo-feudalization’ of the world. Thus the return of the wall as a political tool may be symptomatic of a new era in international relations, redefining interstate couples around the world. As such the US perception of its own borders is symptomatic of this trend. We will explore the history and impact of the border wall issue in a comparative perspective (southern border v. border as well as in other hemispheres) as the US border wall is a relevant referent to explore more complex (and less accessible) fenced borders of the post cold war era.

Hervé Braik (Business Segment Manager, Border Security Systems, C4I Defense & Security Systems Division Thales)
Les systèmes de surveillance des frontières

De plus en plus de pays à travers le monde font face à une forte augmentation des entrées illégales à travers leurs frontières. Les menaces sont le traffic de marchandises prohibées telles que la drogue, les armes et l’immigration illégale, plus rarement le terrorisme. Afin de lutter contre ses activités criminelles, les autorités publiques de ces pays investissent dans la mise en place de systèmes de surveillance des frontières. Utilisant diverses technologies, les systèmes déployés permettent par une automatisation accrue et par de meilleures performances de supporter les gardes-frontières dans leurs tâches quotidiennes de surveillance des zones frontalières et d’interception des contrevenants. Ces solutions se traduisent par une meilleure efficacité dans le contrôle des frontières.

Paolo Cuttitta (politologue, Università di Palermo)
The construction of a border island: The Lampedusa case

Why is Lampedusa more ‘border’ than other Italian and European border spots? I start from the assumption that Lampedusa’s high degree of ‘borderness’ results not only from its geographical location within the current historical context, but also from a specific ‘borderisation’ process. Specific policies and practices of immigration control have transformed the island in the Strait of Sicily not only into a hotspot of the Italian and EU border regime, but also into a stage on which the narratives of the ‘tough border’ and of the ‘humane border’ coexist in the performance of what I call the ‘border play’. After summarising Lampedusa’s ‘borderness’ from different points of view (the volume of immigration by sea, the deadly consequences of border controls, their compliance with human rights, the agency of migrants etc.), I will analyse the main measures and practices as well as the narratives prevailing, between 2004 and 2011, in five different acts of the ‘border play’.

Shira Havkin (politologue, CERI, IEP de Paris)
Les transformations du dispositif sécuritaire « frontalier »israélien et l’externalisation des checkpoints

Une des particularités de la géographie politique israélienne tient à l’ambivalence qu’y prend le terme de frontière. Trois des frontières de l’Etat israélien ne sont pas reconnues au niveau international et sont considérées comme frontières temporaires. Le dispositif sécuritaire mis en place afin de contrôler l’entrée dans le territoire national est pourtant extrêmement important. Ce dispositif concerne tout d’abord les forces déployées aux points de contrôle placés à la périphérie et à l’intérieur des territoires palestiniens occupés en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, mais il renvoie également à la construction d’un mur sur la frontière israélo-egyptienne destiné à réduire le flux d’immigrants et de réfugiés, ainsi qu’à la restructuration de la police de l’immigration dans le cadre d’une réforme structurelle. Dans cette présentation, je vais étudier les dernières évolutions des dispositifs sécuritaires « frontaliers », en soulignant les liens avec les caractéristiques et les transformations internes à la société israélienne. Le processus de délégation de la gestion des checkpoints « frontaliers » à des entreprises de sécurité privées, entamé en 2006, constitue un exemple particulièrement intéressant pour analyser l’articulation de logiques sécuritaires et de logiques néolibérales. Si cette réforme, désignée comme « citoyennisation» par ses initiateurs, est souvent présentée comme une démarche de« démilitarisation » d’une sphère militaire,l’analyse de ses modalités révélera qu’elle est accompagnée par un processus parallèle de « re-militarisation » de la société. L’étude des différentes composantes du dispositif sécuritaire« frontalier » israélien et de son évolution dégagera des modalités hétérogènes qui renvoient à la restructuration du dispositif sécuritaire et militaire ainsi que les nouvelles configurations que prend la notion de frontière.

Stéphanie Latte Abdallah (historienne, IREMAM, Aix Marseille Université, CNRS, Aix en Provence)
Déni de frontières. Toile carcérale et management des prisonniers politiques palestiniens après Oslo (1993-2010)

Le système carcéral israélien adressé aux Palestiniens étend sur les territoires occupés une toile carcérale qui est tout à la fois une réalité et une virtualité carcérale, c’est-à-dire une capacité à emprisonner quasiment tout le monde à partir de l’âge de 12 ans. Cette toile carcérale crée un espace suspendu dont les limites géographiques, juridiques et temporelles sont floues, et à certains égards indéterminées. Cette communication entend ainsi reconsidérer la question des frontières et des limites (entre Israël et les territoires occupés/entre dedans et dehors) dans les espaces israélo-palestiniens à partir des modalités de l’incarcération des Palestiniens en lien avec les morcellements territoriaux dans les territoires et les pratiques destinées à pallier enfermements et fragmentations.

Olivier Clochard (géographe, ADES/Terre Ferme)
La dilution de la frontière dans le territoire

Les lieux d’enfermement de l’Union européenne et ses pays voisins relèvent d’une grande diversité. De l’important centre de rétention administrative construit récemment – selon des normes rappelant des standards de grandes chaînes d’hôtels – à l’espace informel marqué par des conditions matérielles dégradantes, tous ces lieux forment un ou plusieurs dispositifs dont les limites sont parfois difficile à saisir. Si les premiers s’inscrivent dans des cadres législatifs de plus en plus complexes, l’existence des seconds résulte souvent de montages locaux, ad hoc, ponctuels. Mais les deux types de structures s’inscrivent dans le temps – marquant les politiques migratoires contemporaines – et sont devenus des jalons importants dans les parcours des exilés. Enfin les circulations entre ces lieux – et à l’intérieur de ses structures –participent à l’élaboration de frontières avec les sociétés dans lesquelles les migrants ont envisagé de vivre.

Cédric Parizot (anthropologue, IMéRA/IREMAM, Aix Marseille Université, CNRS)
Crossing and taking over a dysfunctional wall: the Israeli-Palestinian case

Le perfectionnement et l’automatisation des technologies de surveillance est souvent perçu comme un moyen de déployer un contrôle plus fiable, plus standardisé, plus prévisible que le contrôle humain. Je montrerai que cette approche est illusoire : il n’est pas possible de dissocier une technologie de surveillance aussi automatisée soit-elle des conditions politiques, sociales, et économiques dans lesquelles elle est mise en œuvre. Déployées et associé à des systèmes de contrôle préexistant, des acteurs institutionnels et politiques spécifiques, les technologies de surveillance reproduisent les contradictions et les imprévisions des systèmes et des acteurs qui les mettent en oeuvre, bien souvent, en transforment la réalité qu’elles sont censées contrôler, elles créent de nouveaux défis qui échappent à leurs promoteurs. Pour illustrer mon propos, je prendrais pour exemple le cas du mur de séparation construit en Cisjordanie. Partant d’observations développées sur ce terrain, je montrerai que le fonctionnement de ces technologies de contrôle ne peut être envisagé sans prendre en compte leurs disfonctionnements et la manière dont ceux-ci sont réappropriés par un ensemble d’acteurs formels et informel en dehors de l’Etat.

Partenariats

IMéRA (Aix-Marseille Université), Ecole supérieure d’Art d’Aix-en-Provence, Laboratoire PACTE (Université de Grenoble), Institut de Recherche et d’Etudes sur le Monde Arabe et Musulman (IREMAM, CNRS-AMU), Laboratoire Méditerranéen de Sociologie (LAMES, CNRS-AMU), Aix-Marseille Université, Réseau Français des Instituts d’Etudes Avancées (RFIEA), Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, CNRS

Photo: Cédric Parizot, Le Mur de séparation, Bethlehem, Cisjordanie, 2008

Atelier 1 : Réseaux et frontières

26-27 janvier 2012
Maison des Astronomes,
IMéRA,
2 PLace Le verrier,
13004 Marseille

Organisation: Nicola Mai (London Metropolitan University), Cédric Parizot (IMéRA, IREMAM, Aix Marseille Université, CNRS)

Approche en réseau et étude de cas

In this session, through the presentation of three case studies we will discuss the relevance of different conceptualizations and theories of networks in understanding both state control mechanisms and circumvention processes deployed by actors on the ground. What kinds of boundaries do networks challenge and reproduce? How can they become controlled and manipulated by state powers? How can they in turn control and manipulate the mobility of people and the surveillance targeting them?

Olivier Clochard (Géographe, programme Terrferme / ADES / Univ. Bordeaux 3)
Construction de réseaux dans le contrôle frontalier de l’Union européenne

Francesca Sirna (Sociologue, ANSO-UCL) (Anthropologist, Reader in Migration Studies at London Metropolitan University)
Réseaux, espaces et mobilités : le cas des Piémontais et des Siciliens en Provence

Nicola Mai
Of trafficking and other networks: the moralist criminalisation of migrant networks supplying the sex industry

Conceptualiser, analyser et gérer les réseaux

The participants of this session will try to provide a general view of mechanisms, techniques and methodologies by which state authorities, smugglers and hard scientists conceptualize networks of data, mobilities and materialities. Whose interests do these technologies and governmentalities serve? What forms of political resistance and complicity can emerge in the process?

Lionel Pascal (expert douanier (OMD et FMI), Bordeaux IV-Montesquieu)
Réseaux et frontières : des contrôles deterritorialisés

Cédric Parizot (Anthropologue, IREMAM, CNRS, Aix Marseille Université)
Individualizing control, duplicating borders: Biosocial profiling, sponsorship and smuggling networks between Israel and the West Bank

Représenter des réseaux et les pratiques de réseaux

This third session will address the ways by which networks could be represented through different images and devices and the implications these representation have at different levels. How do we represent networks? Who do they represent? What are the differences and similarities emerging between the political and the scientific dimension of the representation of networks? Can we transcend subjectivity and politics in understanding and representing networks?

Wouter Van den Broeck, chercheur et designer (ISI Foundation, Turin, Italie; Addith.be)
The language of network representations

Christophe Bruno (artiste et commissaire d’expositions)
Art et réseau, cartographie de flux, cycles et échelles

Antoine Vion (Sociologue, LEST, AMU)
What does the representation of ‘transnational networks’ refer to ? Reconsidering data, contexts, and borders

Résumés

Olivier Clochard, géographe (programme Terrferme / ADES / Univ. Bordeaux 3)
Construction de réseaux pour renforcer le contrôle frontalier de l’Union européenne

Selon Claude Raffestin, les réseaux sont une forme d’inscription d’un pouvoir sur l’espace. Ainsi les évolutions techniques comme les bases de données informatiques et les centres de rétention administrative transforment la frontière plus qu’elles ne la suppriment, en la déplaçant de part et d’autre des limites internationales, en la dilatant à l’échelle d’une région frontalière et la connectant à d’autres lieux. Quelles relations peut-on alors établir entre les reconfigurations des frontières européennes entamées depuis les années quatre-vingt-dix, l’évolution des centres de rétention administrative européens et l’établissement des bases de données informatiques ? Comment la mise en réseau de ces différents dispositifs se rapporte-t-elle à l’établissement de frontières migratoires ?

Francesca Sirna (Sociologue, ANSO-UCL)
Réseaux, espaces et mobilités : le cas des Piémontais et des Siciliens en Provence

L’objectif de cette intervention est de reconstruire les séquences génératives de comportements migrants dans des contextes donnés, en essayant de détailler et d’expliquer les différences entre immigration « de proximité » (Piémontaise) et de « longue distance » (Sicilienne).

Le choix d’installation des Piémontais et des Siciliens en Provence relève également de questions d’ordre différent. Quel est leur rapport au territoire d’émigration et d’immigration ? Est-ce que l’ancienneté de la présence en pays d’immigration peut déterminer des modes d’insertion différents dans les pays d’accueil ? Est-ce que les Piémontais et les Siciliens, en partageant le même lieu d’immigration, se côtoient, s’aident, font partie du même réseau migratoire, du même groupe de «migrants italiens » ? Est-ce que le départ a le même rôle pour les deux groupes et pour leurs familles restées dans les villages d’origine ? Quel type de liens unit les migrants et les sédentaires ?

J’ai voulu privilégier la dimension processuelle, dynamique et historique du phénomène migratoire, afin de montrer les tâtonnements, les incertitudes et les revirements de trajectoires certes individuelles, mais insérées dans un entrecroisement de relations qui partent du village d’origine pour s’étendre au niveau international.

Nicola Mai (Anthropologist, Reader in Migration Studies at London Metropolitan University)
Of trafficking and other networks: the moralist criminalisation of migrant networks supplying the sex industry

The granting of asylum and the social protection of vulnerable migrant groups have become strategic borders between the West and those of the Rest of the world. In the process, state benevolence and fundamental rights are allocated on the basis of the performance of ‘true’ victimhood scripts according to well-rehearsed politics of compassion. Anti-trafficking moral panics and social interventions play a strategic role within the deployment of these neoliberal governmentalities. By criminalising the involvement of young female and male migrants in the sex industry and the personal and professional networks they use to migrate in terms of trafficking and exploitation, the anti-trafficking paradigm enforces new embodied borders and hierarchies of mobility. Paradoxically, these reinforced borders and the parallel criminalisation of the networks of migrants working in the sex industry produce the exploitative conditions that anti-trafficking rhetoric and social interventions aim to eradicate.

Lionel Pascal (Expert douanier OMD et FMI, Bordeaux IV-Montesquieu )
Des contrôles déterritorialisés

Le passage en frontière est un franchissement « à la carte » ! Tout est fait pour obtenir des informations (renseignements) sur les personnes, les moyens de transport et les marchandises  avant que ces éléments se présentent.  Pour cela, les services utilisent leurs réseaux pour recueillir les données permettant de choisir la forme de contrôle adaptée aux risques présumés par une analyse informatique obligeant les agents à suivre les directives résultant de cette analyse. Les données recueillies arrivent de tous les autres services en charge de la sécurité et du croisement avec d’autres éléments archivés. Les inconnus et les suspects feront l’objet d’un contrôle approfondi.

Cédric Parizot (Anthropologue, IREMAM-CNRS, IMéRA)
Individualizing control, duplicating borders: Biosocial profiling, sponsorship and smuggling networks between Israel and the West Bank

This presentation focuses on sponsorship that Palestinians need from an Israeli citizen in order to apply to an entry permit into Israel. It shows that this rule makes the belonging to a network often more relevant than the bio-social profile of an individual regarding mobility access. Yet, this study does not merely assess the impact of an administrative procedure on people practices and rights. Based on ethnographic investigations carried out since the mid 1990s between Israel and the West Bank, studies the ways by which Israeli, Palestinian and international actors have taken over these regulations, and the power relations they entail, in order to serve their own interests and develop new economic activities. Relying on the assumption that personal networks are constitutive of mobility access, this presentation will explore the ways these re-appropriations of local actors and these networks restructure people relationships to space, territory and borders.

Wouter Van Den Broeck (Designer, Data-driven Exploration of Dynamical Networks)
The language of network representations

In this presentation I will outline a bottom-up analysis of the applications, mechanisms and constraints of network representations. This analysis will lead us from the basic nature of data and information, over the mechanisms of visual representation of information in general, to the grammar and semantics of network representations in particular.  Its aim is to provide a common ground for reasoning about networks and their representations across disciplines.

Christophe Bruno (artiste et commissaire d’expositions)
Art et réseau, cartographie de flux, cycles et échelles

Ses travaux (détournements, installations, performances, œuvres conceptuelles…) proposent une réflexion critique sur les phénomènes de réseau et de globalisation dans les champs du langage et de l’image. Il présentera quelques-unes de ses œuvres, notamment divers détournements de structures globales du Web 2.0, comme le « Google Adwords Happening », performance au sujet du prix des mots sur le réseau. Il montrera également ses projets plus récents comme le Dadamètre (www.iterature.com/dadameter) qui traite de cartographie des concepts sur le Web, et Artwar(e) (en collaboration avec le philosophe Samuel Tronçon, www.artwar-e.biz). Ce dernier projet concerne la gestion des risques et l’analyse de tendances dans le champ de l’art. S’inspirant à la fois de méthodes marketing comme les « cycles de hype », des « cycles de Kondratiev » du système-monde à grande échelle, et de la théorie contemporaine des réseaux,  Artwar(e) a pour objectif de détecter les phénomènes d’émergence, d’obsolescence et d’import-export de concepts, en particulier sur les réseaux sociaux. Il parlera aussi des travaux qu’il poursuit actuellement en tant que commissaire de l’espace virtuel du Jeu de Paume, avec les expositions « identités précaires » et « blow-up ».

Antoine Vion (Sociologue, LEST, Aix Marseille Université)
What does the representation of ‘transnational networks’ refer to ? Reconsidering data, contexts, and borders

A growing set of network studies is applied to transnational networks. Ontologically, the transnationality of links which structure such networks often seems to be taken for granted. This first calls for a conceptuel framework of transnational dynamics. But even if it is provided, paying attention to transnational networks supposes a sharp examination of data. A first question in this field is thus the reliability of the data collected. A second problem is related to the meaning which is carried out by representing transnational networks. Following Goodman & Elgin, referring to any object cannot be separated to the context within which it may be understood. This poses problems for designers and readers of graphical representations of transnational networks used in comparative or longitudinal studies. Sharing common backgrounds on contexts especially requires common abilities to spot the evolving political or social borders showed out by the graphs. Making these borders more explicit and discernible remains a huge challenge in this field, and demands a complex integration of data properties, context shifting and of social ways of  border-making.

« A quoi réfère la représentation des réseaux transnationaux ? Pour un nouvel examen des données, des contextes, et des frontières »

Les études de réseaux sont marquées par l’émergence d’un pan de plus en plus important d’analyses traitant de réseaux transnationaux. Ontologiquement, la question de la transnationalité des liens qui structurent de tels réseaux semble souvent tenue pour acquise, alors même que le modèle conceptuel qui sous-tend l’idée de dynamique transnationale doit être précisé. Mais même lorsque cela est établi, l’attention aux réseaux transnationaux suppose un examen scrupuleux des données, et de leur fiabilité au regard des critères définis. Un deuxième problème est lié au sens que produit la représentation des réseaux transnationaux. En suivant Goodman & Elgin, on rappellera que toute forme de référence est difficilement séparable d’un contexte qui rend possible une compréhension de l’objet. Cela pose à ceux qui dessinent ou lisent une représentation graphique de réseaux transnationaux un défi particulier lorsque les graphes appuient une étude comparative ou longitudinale. Partager des connaissances d’arrière-plan est nécessaire pour repérer les frontières politiques ou sociales que font ressortir les graphes, ce qui suppose des dispositions que tout le monde n’a pas. Il y a donc un enjeu à outiller la représentation graphique de ces frontières pour les rendre plus explicites et discernables, ce qui suppose l’intégration complexe de propriétés propres aux données, de changement de contexte et des modes d’existence sociale de la frontière.

Partenariat

IMéRA (Aix-Marseille Université), Ecole supérieure d’Art d’Aix-en-Provence, Laboratoire PACTE (Université de Grenoble), Institut de Recherche et d’Etudes sur le Monde Arabe et Musulman (IREMAM, CNRS-AMU), Laboratoire Méditerranéen de Sociologie (LAMES, CNRS-AMU), Aix-Marseille Université, Réseau Français des Instituts d’Etudes Avancées (RFIEA), Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, CNRS

Photo: Cédric Parizot, Le mur de séparation, Sud de la Cisjordanie, 2006

Atelier 0 : Journée Art-Science de l’IMéRA, les frontières du 21e siècle

29-30 Septembre 2011
IMéRA,
2 place Le verrier,
13004 Marseille

Organisation: Cédric Parizot (IMéRA, IREMAM, CNRS/AMU), Roger Malina (Observatoire astronomique Marseille-Provence
Samuel Bordreuil, sociologue (Laboratoire méditerranéen de sociologie)

Les deux journées Art-sciences permettront un premier éclairage transdisciplinaire des frontières par des artistes, des chercheurs en sciences sociales et des spécialistes des sciences dures, en s’inspirant le cas échant des quatre chantiers d’interdisciplinarité identifiés dans le programme exploratoire de l’IMéRA  :

Thème 1. Flux et réseaux, les dynamiques des frontières. Les participants discuteront des nouvelles techniques déployées par les Etats pour aménager l’espace, contrôler les mobilités et les flux, et de la manière dont les acteurs (populations frontalières et mobiles) développent de nouvelles stratégies de contournement ou de réappropriation de ces dispositifs. L’attention sera également portée sur la structuration des réseaux et leurs articulations à l’interface entre acteurs étatiques/non-étatiques, formel/informel.

Thème 2 : Contrôles et biométrie. L’accent est mis ici sur les techniques de contrôle qui travaillent directement sur les corps. Il s’agira d’abord d’étudier les conditions techniques autant que les conditions sociales, économiques et politiques de la diffusion de la biométrie. Ensuite, tout en tenant compte des limites de l’application pratique de cette technique, les participants envisageront ses effets sur la transformation du fonctionnement des frontières, leurs structures, leurs manifestations.

Thème 3 : Frontières physiques, frontières virtuelles. L’objectif de cette thématique est d’aborder et d’analyser les processus en apparence contradictoires qui entraînent d’un côté une sur-matérialisation (construction de murs, mise en scène du renforcement des frontières aux marges des territoires) et de l’autre, la déterritorialisation (éclatement, flexibilisation, frontières ponctiformes) et la dématérialisation des frontières et leur inscription dans le monde virtuel (internet, etc.). Nous analyserons ici tout à la fois les modalités de virtualisation du contrôle déployées par l’Etat, ainsi que les nouvelles méthodes de contournement ou de détournement que développent les acteurs qui y sont confrontés ou qui sont impliqués dans sa gestion.

Thème 4 : Représentations des frontières et de leurs vécus. L’objectif de ce thème est d’ouvrir un chantier de réflexion sur les modalités de représentation des frontières dans leur complexité (éclatement, flexibilisation, frontières ponctiformes, virtualisation, etc.), de leurs vécus de plus en plus asymétriques et de leurs nouveaux modes de contournement.

L’Art et les frontières

Scott Gresham-Lancaster, compositeur, spécialiste des nouveaux medias ; résident de l’IMéRA
Boundaries between music and sound

Pierre Paliard, historien d’art, Ecole supérieure d’art d’Aix-en-Provence
Ritournelles

Jean Cristofol, philosophe, Ecole supérieure d’art d’Aix-en-Provence
La frontière comme catalyseur sensible ou Une zone de fractures politique et poétique

Sciences dures et frontières

Roger Malina, astrophysicien (OAMP), co-responsable du pôle Art-Sciences de l’IMéRA
Frontières du Réel : Les Terrains Art-Sciences

Bruno Giorgini, physicien (Laboratoire de Physique de la Ville, Bologna University and Istituto Nazionale di Fisica Nucleare), résident de l’IMéRA
Venice network and the bridges

Frontières, art et sciences humaines

Cédric Parizot, anthropologue du politique, IREMAM (Aix Marseille Université, CNRS)
Présentation du programme exploratoire transdisciplinaire de l’IMéRA

Nick Mai, anthropologue, Institute for the Study of European Transformations (ISET) – London Metropolitan University
The border between filmaking, migration and social research : exploring embodied boundaries

Anne-Laure Amilhat-Szary, géographe, Institut de Géographie Alpine, Université Joseph Fourier, Laboratoire PACTE-Territoires, Membre de l’Institut Universitaire de France
L’art au temps du boycott : culture et politique autour du mur de séparation entre Israël et les territoires palestiniens

Dynamical Networks

Equipe “Dynamical Networks”, anciens résidents de l’IMéRA : Ciro Cattuto et Marco Quaggiotto, chercheurs en sciences des réseaux complexes (ISI Torino), et Wouter Van den Broeck, chercheur et designer
Drawing borders from behavioral patterns

Résumés

Scott Gresham-Lancaster, compositeur, spécialiste des nouveaux medias ; résident de l’IMéRA

Boundaries between music and sound

I will bring to the new boundary between sound that is generated directly from data and music that is generated and/or perturb more conventional musical forms. This includes the problematic perceptual and cultural problems of distinction between solid information and the implication of information that might be more a part of the structural integrity of the style or form of the music that is being used as a « carrier » of information. This is why the concept of « exformation » is so primary to what I am working on. Without user familiarity with the music (carrier) that is actively being changed by the time domain information there is no point of reference for the information to be discerned.

Pierre Paliard, historien d’art, Ecole supérieure d’art d’Aix-en-Provence

Ritournelles

Les frontières existent. Elles sont l’expression des mouvements d’une communauté vivante dans ses aspects matériels et immatériels. Faisant suite à un temps de religion et d’utopies où le régime symbolique de l’art organisait un récit tournant autour de l’origine (religion) ou de la fin (idéologie) nous connaissons aujourd’hui le développement d’un art engagé dans les dimensions concrètes de l’expérience contemporaine. Limites et frontières, tant dans les champs du savoir que des pratiques sociales,  sont ainsi interrogées dans des stratégies conscientes de débordements et d’appropriations visant des recompositions dépassant les dimensions identitaires fermées. Je tenterai de montrer, en particulier, qu’entre mondialisation et repli identitaire, il existe dans l’art contemporain des tentatives ouvertes et créatives qui proposent des formes nouvelles brassant des échelles différentes et des objets d’origines très diverses. Laissant de côté le concept d’influence j’insisterai sur la dynamique volontariste des emprunts faits à l’autre.
 
Jean Cristofol, philosophe, Ecole supérieure d’art d’Aix-en-Provence

Frontière comme catalyseur sensible ou zone de fractures politique et poétique

Dans sa forme classique, la frontière comme séparation linéaire n’est pas seulement un phénomène politique et économique, mais culturel et esthétique. Or c’est à partir du moment où cet effet cumulatif de la superposition n’opère plus que les artistes ont commencé à s’intéresser à la frontière devenue une zone de fractures politique et poétique. La question de la frontière d’un point de vie artistique est donc d’abord à comprendre dans le jeu des décalages et des déplacements qui s’y opèrent, comme un espace complexe et traversé de contradictions. Le geste artistique est une activation de la non congruence des dimensions constitutives de la frontière. C’est la mise en jeu poétique et symbolique de ce que cette situation de condensation critique permet de faire jouer dans l’espace social. Curieusement, c’est en perdant sa dimension culturelle et esthétique que la frontière devient un opérateur artistique.

Roger Malina, astrophysicien, directeur de l’OAMP ; membre du comité de pilotage de l’IMéRA

Frontières du Réel : Les Terrains Art-Sciences

Bruno Giorgini, physicien, spécialiste de la Physique de la ville (CIG Bologna University and Istituto Nazionale di Fisica Nucleare) ; résident de l’IMéRA

Venice network and the bridges

From the Einstein-Rosen to the Rialto Bridge: a travel of images, words, measures and equations in order to suggest a possible free human dynamics and mobility connecting cultures, territories, populations on this side and beyond the borders.

Cédric Parizot, anthropologue du politique, chercheur à l’IREMAM ; membre du comité de pilotage de l’IMéRA

Présentation du programme exploratoire transdisciplinaire Frontières

En tant qu’institut interdisciplinaire, l’IMéRA propose d’organiser un programme de séminaires transdisciplinaires sur deux ans pour étudier de manière inédite les évolutions des frontières en Europe et en Méditerranée aux 20e et 21e siècles, ainsi que l’économie des relations qu’elles génèrent. Ces séminaires associeront sur cette thématique propre aux sciences sociales des chercheurs en SHS mais aussi en sciences dures, ainsi que des architectes et des artistes. Amorcé par l’IMéRA, le programme de séminaires s’appuiera sur des partenariats scientifiques avec des laboratoires de sciences humaines et de sciences dures de la Région PACA, ainsi qu’avec des institutions internationales.

Le projet vise d’abord à mettre en place une méthode de recherche transdisciplinaire pour décloisonner les différents domaines du savoir impliqués. Ce décloisonnement permettra d’approfondir et de renouveler la réflexion sur les transformations des frontières en Europe et en Méditerranée au 21e siècle, et sur les cadres de leur interprétation. Il permettra ensuite de penser et d’élaborer de nouveaux modes de communication des résultats, entre chercheurs et à destination du grand public sous forme d’un Atlas critique des frontières à l’aube du 21e.

Nick Mai, anthropologue, Institute for the Study of European Transformations (ISET) – London Metropolitan University

The border between filmaking, migration and social research : exploring embodied boundaries

In neoliberal times, the granting of asylum and the social protection of vulnerable migrant groups (minors, victims of trafficking) became strategic borders between the rights of the West and those of the Rest of the world. The entitlement to rights and protection is increasingly articulated by politics of compassions inscribing hegemonic moralities and social hierarchies on migrant bodies. To understand and portray these deep socio-economic and cultural transformations, it is important to engage the subjectivities of the people involved. Methodological approaches encompassing the arts and the social sciences, and film-making in particular, offer innovative ways to research and portray these dynamics.

Anne-Laure Almihat, géographe, Institut de Géographie Alpine, Université Joseph Fourier, Laboratoire PACTE-Territoires, Membre de l’Institut Universitaire de France

L’art au temps du boycott : culture et politique autour du mur de séparation entre Israël et les territoires palestiniens

On peut comprendre le mur comme une projection d’intentionnalité politique qui est de l’ordre de l’imposition d’une transformation des repères spatiaux, concernant à la fois ceux qui doivent vivre dans ce paysage, mais aussi (et surtout ?) ceux qui doivent en recevoir les images. Cela implique de considérer les frontières fermées comme des artefacts matériels dont le pouvoir performatif est extrêmement puissant. Cette idée complexe peut être mise en évidence par l’analyse des interventions que les artistes font sur les frontières murées, qui tentent de transformer l’image imposée. En devenant un support de productions artistiques qui développent différentes figures de contestation, le mur permet une prise de paroles par les populations avec lesquelles on refuse de communiquer. Le mur de Berlin en est l’exemple caractéristique, même s’il n’a été peint que d’un côté. La frontière USA / Mexique constitue l’un des meilleurs exemples d’activisme politique frontalier. Nous avons fait l’hypothèse que l’érection de la barrière de sécurité par les Israéliens face aux Palestiniens pouvait avoir été accompagnée d’une telle recrudescence artistique. Deux campagnes d’entretiens nous ont révélé une prolifération créatrice extrêmement contrastée. Nous avons mis en parallèle deux corpus, celui des œuvres d’art répertoriées par nos soins, celui des récits faits par les artistes rencontrés de leur rapport au « mur ». Trois points seront développés dans la présentation : l’omniprésence du discours sur la raison nationale chez les artistes de tous les côtés de la barrière ;  l’ irruption du mur dans la production visuelle dans des démarches artistiques très variées ; la mise en évidence d’une chronologie fine qui va de quelques tentatives de projets communs à leur rejet récent, accompagné de l’affirmation forte de la séparation, du refus de la coopération – même culturelle –, qui font de l’art un véritable support de la résistance, dans les deux communautés concernées.

Walls can be understood as a projected political intentionality which imposes the transformation of spatial bearings which touch both those who live in the landscape and (above all ?) those for whom these images are intended. This implies to consider closed borders as material artifacts with a very strong performative power. This complex idea can be evidenced by analyzing artists’ interventions on walled borders, trying to transform the imposed image. By becoming the support for artistic productions which develop various contestation figures, the wall allows for communication with populations which had been denied a voice to the political debate. The Berlin wall often appears as the characteristic example, even if it was only painted on one side. The USA / Mexico border constitutes the best example of border activism. We put up the hypothesis that the erection of a security barrier by Israelis facing Palestinians could have been accompanied by such an artistic upsurge. Two interview campaigns allowed us to witness a very contrasted creative proliferation. We have built to parallel corpuses, one composed of the works of art which we have identified, the second made of the artists’ narratives, related to their relationship to the “wall”. Three points will be developed here: the omnipresence of a narrative on the national imperative amongst artists on both sides of the barrier; the bursting out of the wall in visual production (within very diverse artistic approaches); the evidencing of a micro-chronology which lead from scarce attempts at common projects to a recent rejection of them, together with the claim for separation, the refusal of cooperation – even cultural cooperation –, which make art stand a real support for resistance, in both of the concerned communities.

Equipe “Dynamical Networks”, chercheurs en science des réseaux complexes et designers ; anciens résidents de l’IMéRA

Drawing borders from behavioral patterns

Digital traces of human activity allow to gain insight into the interplay of geographical space – or built space – and the behaviors of the individuals who inhabit that space. In the first part of this talk we review recent literature in the domain of complex systems science where access to traces of human behaviors (for example, by means of mobile phones) exposes invisible borders in our societies.  Conversely, the analysis of virtual worlds reveals that people connect to one another in a way that is shaped by the geography and borders of the physical world they live in. The second part of the talk will explore issues related with the representation of borders. Discussing the issues of geopolitical boundaries visualization addressed by traditional cartography, we will explore recent experiments in the representation of the new kind of borders defined by our digital traces. Flexible, temporary and indistinct borders find their place in the new cartographies of digital and human territories.

Image: Fingerprint Maze, Amy Franschescini, photo, Myriam Boyer 2013