JR – Not a bug splat

Not a bug splat
Installation
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Une installation géante visant les opérateurs de drones réalisée par un collectif d’artistes se basant sur le mouvement Inside out de l’artiste français JR

Depuis les écrans de drones, les personnes que les pilotes visent ont la taille d’insectes. Ils appellent d’ailleurs leurs cibles des « bug splats » (insectes écrasés). Un collectif d’artistes a donc décidé de leur montrer le visage d’une victime, en gros plan.

Ils ont installé un énorme portrait d’une enfant dans la région de Khyber Pukhtoonkhwa, où les attaques de drones sont fréquentes. Des habitants les ont aidés à déplier le poster géant. La petite fille de la photo aurait survécu à un bombardement, mais aurait perdu ses parents dans l’attaque.

Un utilisateur de Google Glass attaqué à San Francisco

Un texte de Thomas Gorton sur Dazed

Alors qu’en deux mois, deux utilisateurs de Google Glass ont été attaqués, allons-nous un jour apprendre à les accepter ?

Les lunettes/ordinateur de Google ont encore fait l’actualité après une autre attaque sur un utilisateur à San Francisco. Le mois dernier, dans un bar un samedi matin, l’écrivain technique Sarah Slocum a eu ses lunettes Google arrachées. Cette fois-ci, la victime est un reporter de vingt ans appelé Kyle Russel.

Lire l’article sur Dazed

Kari Mulholland – DNA Portrait

Kari Mulholland
DNA Portrait
Documentaire
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DNA Portrait est un documentaire court réalisé par Kari Mulholland. Il se concentre sur le travail de l’artiste Heather Dewey-Hagborg, qui collecte des cheveux tombés dans les espaces publics… pour ensuite séquencer leur ADN afin d’imprimer en 3D des portraits possibles de leurs propriétaires.

Forensis, exposition à Berlin

Une exposition art-science à Berlin
15 mars – 5 mai 2014

Comment les restes d’un corps, des prélèvements ADN et des images satellites peuvent devenir des preuves légales ? Quel rôle jouent les techniques d’images et les méthodes de représentation dans les investigations de crimes ou d’actes de violences politiques ? Comment fait-on parler les objets ?

Forensis cherche à inverser le regard sur ces données légales et met en lumière l’émergence de pratiques esthético-politiques, menées par des organisations individuelles ou indépendantes utilisant les nouvelles technologies pour évoquer des questions diverses : combats politiques, conflits violents, changement climatique…

Toutes les informations sur le site de la HKW

Forensic Architecture and SITU Research, Video-to-space analysis: Bil’In, Image from the 3D virtual model reconstruction of the scene at the moment of the shooting of Bassem Abu Rahma, © Forensic Architecture and Situ Studio

Nathalie Loubeyre – A contre-courant

Nathalie Loubeyre
A contre-courant
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Depuis le milieu des années 1990, plus de 20 000 migrants sont morts dans la Méditerranée lors de leur tentative de gagner l’Europe. En juillet 2012, la coalition euro-africaine Boats4People affrète un bateau de la solidarité pour exercer un droit de regard citoyen et défendre la liberté de circulation.

Dès la préparation du projet de bateau de la solidarité, la nécessité de « filmer » cette action est apparue évidente pour l’ensemble des membres de Boats4People. La coalition a donc fait appel à Nathalie Loubeyre, réalisatrice, et Joel Labat, caméraman, qui ont participé à toutes les étapes de la traversée méditerranéenne. Ce support vidéographique revêt une importance particulière pour Boats4People : celle de faire partager une expérience militante hors du commun, celle de sensibiliser, mobiliser l’opinion publique et poursuivre la lutte.

Julian Oliver and Danja Vasiliev – Newstweek

Julian Oliver and Danja Vasiliev
Newstweek
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Newstweek est un outil qui sert à manipuler les nouvelles lues par d’autres gens par l’intermédiaire de connexions sans fil. Construit dans une prise murale anodine, le dispositif semble faire partie de l’infrastructure et permet à des écrivains d’éditer à distance les nouvelles lues sur des appareils sans fil, à l’insu de leurs utilisateurs.

Un nouveau projet d’art-réseau par Julian Oliver et Danja Vasiliev, aux frontières entre surveillance et flux de données.

Hélène Crouzillat & Laetitia Tura – Les Messagers

Hélène Crouzillat et Laetitia Tura
Les messagers
Documentaire
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Des migrants meurent tous les jours, en des lieux éparpillés, sans que l’on ne puisse en garder la trace. Ils disparaissent dans la frontière. Où sont les corps ?

Les Messagers, ce sont ces premiers témoins, ils nomment la mort, s’organisent pour retrouver un nom, un corps ou bâtir une sépulture. Dépositaires de la mémoire des disparus, ils résistent à la disparition de l’humain.

Documentaire produit par Marie-Odile Gazin/The Kingdom, en association avec Périphérie.

Atelier machinimas avec Isabelle Arvers et Ahmed El Shaer

25 février-1er mars 2014
La compagnie, lieu de création, Marseille

Un atelier machinima avec la commissaire d’exposition Isabelle Arvers et l’artiste égyptien Ahmed El Shaer à La Compagnie, dans le cadre de l’exposition L’antiAtlas des frontières #2. Cet atelier est réalisé en partenariat avec des organisation à but non lucratif qui travaillent avec La compagnie sur des actions sociales et culturelles.

Pour accompagner l’exposition, l’atelier a été thématisé sur la frontière pour aborder les questions de l’antiAtlas : mmigration, traversée des frontières, économie de la frontière, représentation des frontières.

Soirée antiAtlas des frontières 2

27 février 2014
Rencontre-discussion autour du numéro « Frontières » de la revue Hommes & Migration
La Compagnie, Marseille, France

A l’occasion de la parution prochaine d’un dossier consacré aux frontières, Marie Poinsot, rédactrice en chef de la revue Hommes & Migration, invite Catherine Wihtol de Wenden, politologue, directrice de recherches au CERI à Paris et spécialiste des migrations internationales et Virginie Baby-Collin, géographe, Maître de conférences à Aix-Marseille Université et spécialiste des migrations dans le golfe du Mexique.

Avec la mondialisation, une nouvelle cartographie des frontières et des migrations ? Depuis le début des années 2000, la mondialisation a non seulement accéléré les mouvements migratoires, mais elle a aussi reconfiguré les circulations qui contournent désormais les frontières les plus contrôlées. De nouveaux profils de migrants apparaissent, motivés par des considérations plus aptes à développer des stratégies multiples malgré les obstacles et les errances de la clandestinité ? Comment se redessine la cartographie des frontières les plus fréquentées par les migrations internationales ? Peut-on comparer les frontières de l’Europe de Schengen et celles qui séparent le Mexique des Etats-Unis ? Les systèmes de surveillance et de contrôle sont–ils similaires ? Peut-on parler d’une militarisation croissante des frontières ? Quelles sont les incidences concrètes sur les migrants, en terme de tactique de passage, de situation dans le pays d’accueil et de relations avec son pays d’origine ?

Dans le cadre de cette rencontre, l’antiAtlas des frontières a proposé à l’artiste Dalila Madjhoub de présenter le projet artistique qu’elle a réalisé avec Martine Derain en 1998-1999 : En Palestine, il n’y a pas de petites résistances.

Jean Cristofol – L’art aux frontières

Jean Cristofol
L’art aux frontières

Ce texte est celui d’une conférence prononcée en novembre 2012 dans le cadre du BRIT (Borders Régions In Transition) à Fukuoka, Japon.

Le point de vue que je voudrais présenter ici tient à la place que j’occupe dans le groupe de recherche de l’antiAtlas des frontières. J’enseigne la philosophie et l’épistémologie dans une école d’art. Je ne suis donc pas un spécialiste des frontières, mais de la théorie de l’art et je m’intéresse plus particulièrement aux relations entre arts, sciences et technologies.

1 – Pour simplifier les choses, on peut considérer qu’il y a deux façons d’aborder la question des relations entre l’art et les technologies. La première consiste à penser que les technologies sont simplement de nouveaux moyens dont l’art peut se saisir. Selon ce point de vue, elles ne changent rien d’essentiel à l’art et à la façon dont on peut comprendre sa place dans la société. Elles s’ajoutent comme une couche supplémentaire, ou elles déplacent l’art vers les médias de masse.

La seconde consiste à penser que les technologies ne sont pas seulement une question de moyens. Elles supposent des transformations profondes des relations de l’art à la connaissance. Elle contribuent à modifier la place et le rôle de l’art dans la société. Ce faisant, elles transforment la notion même de l’art.

Dans la relation entre l’art et les sciences, l’art est souvent considéré comme l’illustration d’une réalité, ou comme son symptôme, ou bien comme le moyen de transmettre ou de vulgariser une connaissance. Ce n’est pas le cas ici. Nous considérons l’art comme une pratique à part entière qui, à la fois, interroge une réalité, l’explore, en dévoile des aspects, la propose à une expérience sensible et mentale.

En tant que pratique, l’art implique des connaissances, des savoir-faire, des formes de confrontation critique à la réalité, une façon de questionner la place du sujet de la pratique, c’est-à dire celle de l’artiste, dans son rapport au réel, et de proposer une relation construite et réfléchie à autrui dans une expérience partageable. La pratique artistique n’est donc pas une pratique scientifique. Par contre elle est une pratique constituée et productrice de formes, bien sûr sensibles mais aussi signifiantes, et une façon d’interroger la réalité, de la questionner, de la confronter à ses possibles.

L’un des effets fondamentaux des technologies est la façon dont elles modifient notre relation à l’espace et au temps. Or l’espace et le temps, la façon dont ils sont perçus et vécu, dont ils donnent un cadre à notre expérience sensible, sont au coeur des pratiques artistiques. C’est la première chose qui m’intéresse ici.

La seconde est le fait que les technologies, quand elles sont des technologies de l’information, modifient profondément les formes des relations des individus entre eux et à la collectivité, et en particulier les modalités de leur inscription dans l’espace.

Mais une autre conséquence des technologies est importante. C’est qu’elles transforment profondément le statut de ce qu’on appelle une représentation et d’abord le statut des images.

D’une certaine façon, on peut considérer que les relations de l’art avec une réalité sociale comme les frontières est significative de ces transformations, parce qu’elles en font jouer tous les éléments. Et depuis une trentaine d’années, la question de la frontière s’est placée au coeur des travaux de nombreux artistes. Ce n’est pas pour rien. Quelque chose s’est passé qui fait que la frontière est devenue un « objet » des pratiques artistiques ou un « champ » d’intervention artistique, et pas seulement un aspect du paysage, par exemple, ou un élément de décor pour une fiction. C’est directement à la frontière dans sa réalité que les artistes se sont confrontés.

2 – Les frontières viennent interroger des aspects en quelque sorte structurels de notre relation à l’espace et au temps. Elles témoignent de nos façons d’organiser l’espace, de circuler, de communiquer. Elles constituent des éléments majeurs de notre façon de nous représenter le monde dans lequel nous vivons et de nous représenter notre place et notre position dans ce monde.

L’espace concret et le temps vécu ne sont pas seulement des réalités objectives extérieures, ou des impressions subjectives et personnelles, ce sont d’abord des productions collectives. Et cette production engage à la fois des processus matériels et des processus mentaux ou culturels. Elle est à la fois technique et imaginaire. Autant dire qu’elle touche directement aux éléments mêmes que viennent travailler les artistes : l’espace et le temps, la perception, l’émotion et l’imaginaire.

Nous connaissons la figure classique de la frontière, telle qu’elle apparaît essentiellement sur les cartes géographiques : une ligne qui sépare des territoires par le dessin de leur périphérie. Bien sûr, cette représentation est réductrice et contestable, mais elle structure l’imaginaire collectif et elle garde une efficacité. En Europe, il a fallu parfois plusieurs siècles pour que la répartition des espaces passe de la désignation des villes et des villages, avec les terres qui leurs sont attachées, à l’inscription précise et continue d’une ligne abstraite qui vient redéfinir la réalité concrète des lieux et des paysages. Cette inscription suppose le développement des techniques de la représentation cartographique. C’est elle qui permet l’intervention des géomètres, des militaires, des représentants de l’autorité politiques et de tous ceux qui vont contribuer à rapporter au territoire ces tracés et à préciser en retour le dessin de la carte.

C’est là un premier élément essentiel quand on s’intéresse à la représentation de la frontière : la figure « moderne » de la frontière, considérée comme une ligne qui dessine un territoire en le séparant d’un autre territoire, implique déjà la projection active d’une représentation dans la réalité physique. Si la frontière produit du territoire et de la représentation du territoire, la représentation cartographique contribue à produire de la frontière. La frontière linéaire est déjà une représentation projetée sur l’espace concret que nous habitons et que nous transformons. D’une façon générale, nos représentations ne sont pas seulement des reflets du monde qui nous entoure, elles contribuent à l’organiser, à le structurer, à le constituer en objet d’expérience et de  connaissance. Elles contribuent à le produire réellement.

L’espace mondialisé dans lequel nous vivons n’est plus un espace homogène et continu comme celui que la frontière linéaire partageait. C’est un espace multidimensionnel dans lequel les flux de transport, d’échange et de communication génèrent des « sphères » spatio-temporelles profondément différentes. Ces « sphères » répondent à des organisations de l’espace et à des rythmes qui vont du plus large au plus étroit, du plus rapide et changeant au plus lent. Elles sont essentiellement constituées de réseaux.

Il ne s’agit donc pas seulement de penser à la fois le local et le global, comme s’il n’y avait fondamentalement que deux ordres et deux niveaux de réalité, mais toute une série de plans, largement entrecroisés, entre lesquels se distribuent nos activités, à l’échelle sociale comme à l’échelle individuelle. Nous sommes passés d’un espace homogène et continu à un espace informationnel, discontinu et constitué de plans à la fois spécifiques et interdépendants, dans et entre lesquels nos actions et nos stratégies dessinent des configurations complexes. Quand on oppose le local et le global on continue de jouer sur une logique de l’inclusion, du tout et de la partie, de l’élément et de l’ensemble. Ce n’est plus le cas d’un espace multidimensionnel, dont les plans ne sont plus homogènes et résistent à la mise en ordre d’un jeu d’emboitement.

La frontalière linéaire impliquait un effet de superposition des différentes dimensions, politique, économique, culturelle. Dans la complexité des flux, sa structure linéaire n’est plus qu’un élément stratégique dans un ensemble de sphères de circulations entre lesquelles ses fonctions se distribuent. Les échanges économiques, la circulation des capitaux, la circulation des informations et des biens culturels, les usages linguistiques, les différents niveaux d’intégration juridique, la circulation des personnes, tout cela se joue maintenant à des échelles relativement distinctes et engage des modalités de gestion et de contrôle différentes. Dans cet ensemble mouvant, la frontière est devenue un dispositif de contrôle des flux, et plus particulièrement des flux humains, un opérateur de filtrage, bien plus qu’une limite définissant des espaces homogènes ou proposés à une homogénéisation.

3 – C’est en partie parce que les marchandises et les capitaux transitent largement ailleurs et autrement, que les frontières linéaires physiques peuvent devenir des dispositifs complexes et hyper spécialisés de contrôle des populations. C’est ce qui permet qu’elles se soient souvent durcies dans des architectures militarisées, jalonnées de checkpoints. Ce sont des outils au service de stratégies politiques dans lesquelles les enjeux d’image et de communication sont déterminants. L’une de leurs caractéristiques est bien d’être visibles et tangibles, de pouvoir être photographiées et filmées, de produire et de théâtraliser la fixation des opérations de contrôle et des populations qui en font l’objet. L’une de leurs fonctions est de se prêter à la représentation et d’en jouer.

Inversement, les frontières ne sont pas que des murs aveugles, elles sont d’abord des dispositifs de détection, de captation, de repérage, de suivi, de saisie et d’analyse. Caméra de surveillance, camera infra rouge, capteurs de mouvement et de chaleur, rayons X, etc., les systèmes de contrôle sont largement des systèmes de vision et de captation des signaux. La frontière ne fait pas que se montrer, elle regarde, enregistre, elle produit de l’image et du signe, elle envoie et reçoit de l’information. Elle n’est pas seulement un objet de représentation mais aussi un élément structurant d’un système complexe de production des représentations. La question est alors de ce qui est, mais aussi de ce qu’on voit et de ce qu’on ne voit pas, de ce qui apparaît et de ce qui n’apparaît pas.

Du point de vue de la motivation des artistes, les raisons qui expliquent la présence du thème des frontières sont évidemment d’abord d’ordre moral et social, elles touchent à des valeurs et à des choix fondamentaux de vie et de société, des valeurs politiques au sens fort du terme. Mais il ne s’agit pas seulement d’engagement sur des valeurs humanistes générales.

Le cadre dans lequel s’est construit la citoyenneté à l’époque moderne est pour l’essentiel celui de l’Etat et de la nation. C’est aussi le cadre dans lequel les frontières telles que nous les connaissons se sont constituées. Les transformations des frontières accompagnent celles de l’Etat et par delà de la citoyenneté, elles impliquent donc une transformation des relations de l’individu à la société, et cela de façon très concrète.

Les systèmes de contrôle qui sont mis en place, et dont les frontières sont une expression spatiale, concernent aujourd’hui les individus dans leur existence singulière. Les individus sont en quelque sorte « tracés ». Ils sont identifiés dans des banques de données, suivis dans leurs mouvements et leurs activités, classés en groupe et en catégories suivant des critères propres aux systèmes de contrôle. Le franchissement de la frontière sera profondément différent selon qui on est, selon ses origines, sa nationalité, son genre et son sexe, son statut social, l’endroit d’où on vient, son groupe ethnique, etc… La frontière pose directement une question d’identité qui ne s’arrête pas seulement à l’espace géographique des Etats et à la nationalité, mais qui accompagne et détermine le statut des personnes dans toute leur existence comme individus. Les enjeux liés aux frontières posent de façon exemplaire la question de la place de l’individu dans la société, comme elle pose la question des libertés individuelles et publiques.

L’art est l’un des domaines où se joue la relation de l’individuel et du collectif, du subjectif et du social, du personnel et du général. Il interroge la relation de chacun au langage, aux formes, aux conditions culturelles de l’expérience sensible. Il met en jeu les formes de leur appropriation personnelle et leur possibilité d’être partagées.

Si l’on accepte que les frontières se pensent aujourd’hui dans leurs relations aux flux qui déterminent l’espace concret et aux enjeux de la représentation, on comprend mieux la place qu’occupent les artistes, le sens de ce qu’ils entreprennent. Ils ne figurent pas les frontières au sens où le ferait un paysage, ils renvoient le dispositif complexe dont elles sont un élément à son propre fonctionnement, ils font jouer les unes avec les autres les pièces d’un ensemble pour en manifester la logique et les effets. Ils montrent comment les individus traversent les frontières pour révéler comment les frontières traversent les individus. Il me semble que l’un des enjeux majeurs est justement de dépasser l’effet de fixation que porte la frontière pour faire apparaître ce qui circule et ce qui ne circule pas, pour repenser le mouvement et ce qu’il signifie, pour renvoyer l’une à l’autre la réalité et l’expérience de façon à en éclairer réciproquement le sens.

4 – La situation des artistes par rapport aux flux et aux réseaux ne peut plus alors être une simple relation d’extériorité. C’est là sans doute la première différence avec le modèle que nous donne la relation au paysage, celle qui pose un sujet sensible devant une réalité dont il est en quelque sorte le premier spectateur. Le paysage est un « objet » constitué, produit, de la représentation. Il met en oeuvre une relation particulière au monde qu’on perçoit, le monde naturel d’abord, puis par analogie le monde urbanisé, artificialisé, travaillé, transformé. Mais cette relation repose sur une forme d’extériorité et de distance : le paysage est devant moi et je ne peux le percevoir comme tel que par un effet de recul et d’extériorisation. C’est bien ce que manifeste le moindre belvédère; c’est aussi ce que suppose l’effet de cadrage, de composition ou bien de parcours et de balayage qui structurent le point de vue et commandent le regard.

Certains chercheurs, comme Anne Volvey, parlent d’un « tournant spatial » de l’art contemporain dans les années 60 (1). L’apparition du Land Art aux Etats-Unis en serait la première manifestation. Le Land Art donnerait à ce tournant sa matrice et son modèle sur le plan à la fois méthodologique, en introduisant des « pratiques de terrain » dans l’activité artistique, et politique, par l’engagement du « collectif social » dans des situations artistiques. Ce « tournant spatial » s’effectue dans un mouvement d’opposition et de contestation des institutions artistiques classiques, dont les lieux sont coupés du monde réel. Il conduit à rompre avec la relation d’extériorité entre le sujet de la contemplation et l’oeuvre d’art considérée comme un objet plus ou moins isolé et fétichisé.

Mais ce processus de rupture est aussi une remise en question de la fonction de représentation. Par exemple, on n’est plus dans une relation au paysage comme image, mais dans une investigation du territoire comme le champ d’une expérience esthétique et signifiante. Il ne s’agit donc pas de placer un objet d’art dans un lieu, ni d’esthétiser un espace, ce qui reviendrait à l’objectaliser, à le transformer en objet de contemplation, mais de le constituer artistiquement comme l’espace d’une expérience. Il s’agit de « produire du territoire » ou si l’on préfère, et si l’on accepte l’idée que le territoire est toujours « produit », de constituer cette activité de production comme la source d’une expérience consciente et sensible.

Il s’agit donc d’interroger notre relation à l’espace et au territoire, mais de la questionner et de la penser dans sa relation au possible, c’est à dire comme un processus ouvert et nous engageant dans des choix. C’est pourquoi les pratiques artistiques sont conduites à s’inscrire dans un contexte traversé de tensions, d’enjeux politiques et économiques, de contradictions sociales. La question est moins celle de la représentation des frontières que celle de leur exploration et de leur perturbation.

5 – Il faut toutefois souligner que les évolutions que dénotent le « tournant spatial » de l’art contemporain ne concernent pas que le Land Art, et qu’elles ne concernent pas que la relation à l’espace. Le développement des pratiques de la performance, de l’action, du Happening, témoignent à la fois du déplacement de la représentation vers le corps lui-même et vers la situation et la relation vivante aux autres, le déplacement de la pratique dans le champ social. Et un troisième terrain s’ouvre autour des médias et des systèmes de communication qui deviennent en tant que tels des champs d’expérimentation artistique. C’est par exemple le cas de Fred Forest qui, dès la fin des années 60, va utiliser le téléphone, le fax, le minitel, puis plus tard l’ordinateur, pour créer des environnements participatifs.

C’est donc d’une façon générale qu’il faut prendre en compte les déplacements des pratiques artistiques de l’objet de représentation vers la mise en oeuvre de situations, de formes interactives, d’interventions susceptibles de perturber un environnement ou d’en activer les potentialités poétiques, esthétiques ou politiques. En 1968 , le critique et théoricien de l’art américain Jack Burnham faisait déjà remarquer :

« The specific function of modern didactic art has been to show that art does not reside in material entities, but in relations between people, and between people and the components of their environment » (3).

Or les technologies numériques conduisent de nouveau à retravailler la place et la nature des représentations. Elles nous invitent aussi et autrement à mettre en question cette relation d’extériorité qui était celle de la représentation et de l’image au sens classique. La réalité même des images s’en est trouvé modifiée, et le régime des images n’est plus celui de l’imitation mais celui de la simulation. Cela signifie que ces images ne sont plus des image-objets, ou qu’elles ne le deviennent que secondairement, par le biais d’une opération d’incorporation provisoire sur un support solide. Elles sont d’abord de l’information et du traitement de l’information, de la circulation de données et de l’émulation d’interface. Avant d’être devant nous, les images sont d’abord des éléments des flux d’informations qui nous environnent, que nous transformons et que nous partageons.

Les formes d’organisation des technologies de l’information sont réticulaires. Elles décrivent bien ce qu’on pourrait appeler un espace, mais en soulignant immédiatement que cet espace n’est pas de l’ordre de l’étendue, mais de la circulation et du flux, de la boucle et de l’interaction. C’est l’espace virtuel. Cela pose évidemment la question des limites et des formes. L’espace territorial classique répondait à des étendues physiques bornées par des limites, les frontières. Dire que l’espace concret est maintenant déterminé par des flux et des réseaux, s’est bouleverser les logiques anciennes et ouvrir des potentialités nouvelles.

Elles se présentent, par exemple, comme la possibilité de reconsidérer profondément l’idée de communauté, ou de lien social, par l’ouverture d’espaces virtuels de partage du savoir, d’échange et de débat, de rencontre et de mobilisation. Or ces communautés ont maintenant des caractéristiques particulières : elles sont provisoires et mouvantes, elles reposent sur des choix et des formes de participation, elles ne tendent plus à englober la personne dans les différents aspects de sa vie mais elles sont partielles, multiples et entrecroisées. Surtout, ces communautés se s’ancrent plus seulement dans un espace physique circonscrit, mais dans des espaces virtuels dont la réalité est faite de flux et de réseaux.

Les formes réticulaires sont intéressantes parce qu’elles ne correspondent pas seulement à une autre façon d’organiser l’espace, mais à y distribuer des fonctions et des valeurs. Elles impliquent par exemple une redéfinition profonde de la distinction ancienne entre espace public et espace privé, entre l’ordre de l’individuel et du collectif. L’un des enjeux dominant est devenu celui des modalités de l’articulation entre le monde virtuel et le monde réel. C’est vrai sur le terrain économique et financier. C’est vrai aussi sur le terrain de la relation entre les gens. C’est vrai dans notre capacité à penser et à imaginer notre devenir collectif. C’est évidemment au coeur du geste artistique.

L’art consiste alors à intervenir dans un contexte, à s’inscrire dans le monde extérieur pour générer une situation particulière. Ce qui constitue le caractère artistique de cette situation n’est pas nécessairement le fait qu’elle soit essentiellement différente des situations du quotidien, ce n’est pas nécessairement sa « nature », c’est qu’elle soit proposée comme une expérience à vivre et à penser en tant que telle.

Il en résulte que l’art est surtout le champ où les représentations se trouvent mises en jeu de façon significative, complexe, inventive, peut-être contradictoire, en tout cas réfléchie et jusqu’à un certain point critique. Si l’art peut intéresser les chercheurs, au moins certains d’entre eux, c’est parce qu’il se présente comme une sorte de laboratoire d’idées, de situations et de formes.

Notes :

1 Anne Volvey, Land Arts, Les fabriques spatiales de l’art contemporain, Spatialités de l’art, Travaux de l’Institut de Géographie de Reims, n° 129-130, 2008.

2 Jack Burnham, Systems Esthetics, Artforum, septembre 1968.

Jean Cristofol

Jean Cristofol a fait parallèlement des études de droit et de philosophie. Il est professeur à l’Ecole Supérieure d’Art d’Aix en Provence où il enseigne la philosophie et l’épistémologie et il est chargé de cours à l’Université d’Aix-Marseille (master pro arts plastiques). Il travaille principalement sur la relation entre arts et technologies, ainsi que sur les formes de temporalité et de spatialité et sur leurs médiations. Ses recherches ont essentiellement porté ses dernières années sur les notions de temps réel, de flux et de fiction. Il est membre du comité scientifique et artistique de L’antiAtlas des frontières. (www.plotseme.net)

Soirée antiAtlas des frontières 1

Mercredi 19 février 2014
La Compagnie, Marseille

Avec Morgane Guiard, Nicola Mai, Stephanos Mangriotis et Laurence Pilland

Nicola Mai présentera Samira, installation présentée dans l’exposition en cours. Stephanos Mangriotis et Laurence Pilland présenteront les images de Europa Inch’Allah, également présent dans l’exposition, ainsi que les réflexions qu’ils partagent. Morgane Guiard, remarquée à l’occasion de l’appel à projet, présentera ses recherches sur les murs de Marignane.

Morgane Guiard, Les murs montent
Photographies numériques, Bouches-du-Rhône, 2012-2013

Depuis quelques années les habitants de ces villas modestes entament des travaux pour ajouter des rangés de parpaing et créer un refuge d’aspect impénétrable.Parce que le travail de maçonnerie est généralement réalisé à la va vite et avec peu de budget la trace de l’élévation se charge d’une paranoïa sécuritaire qui semble devenir indispensable. Les habitant s’enferment dans leur espace intime. Il ne doit y avoir aucunes intrusions, que cela soit celle d’une personne malhonnête ou que cela soit les regards de passants curieux. Les individus se tournent sur eux même et limite le contact avec le voisinage et l’espace public.

Atelier 10 : Topologie, Territoire et Frontières

27-28 janvier 2014
La Compagnie, 13001 Marseille
Maison des Astronomes
IMéRA (Mediterranean Institute for Advanced Research)
2 place Le Verrier, Marseille

Comité d’organisation: Gabriel Popescu (Indiana University & IMéRA), Cedric Parizot (IMéRA, IREMAM, CNRS-AMU)

La topologie est une branche de la géométrie qui s’intéresse aux relations de positions dans les cadre des déformations spatiales d’objets qui conservent leurs propriétés. Les chercheurs en sciences sociales se sont inspirés de la topologie pour comprendre les transformations des territoires impliquées par la globalisation. Cependant, la relation entre topologie et territoire ne va pas de soi, alors que le territoire renvoie à une projection euclidienne de l’espace, la topologie s’inscrit dans une géométrie non euclidienne.

Lundi 27 janvier 2013

La Compagnie, Marseille

8h45 Ouverture du séminaire – Session 1

Lauren Martin, géographe, Université de Oulu, Finlande
Border Topologies: Law, Territory, and Bodies in US Immigration Enforcement

Christophe Sohn, géographe, Centre public de recherche, CEPS, Luxembourg
The border assemblage: A relational approach to bordering

Gabriel Popescu, géographe, Indiana University, résident de l’IMéRA
The topological imagination: Territorializing mobile borders?

11h00 – 12h00 Discussion

14h00 – 15h30 Session 2

Alessandro Petti, architecte, Decolonizing Architecture Project, Palestine
Lawless lines

Anne-Laure Amilhat Szary, géographe, Université de Grenoble, France
The mobile border hypothesis

Stephanie Simon, géographe, Université d’Amsterdam, Pays Bas
Border temporalities: The space-time topology of interoperability and situational awareness

16h30 – 17h30 Discussion

Mardi 28 janvier

Maison des Astronomes, IMéRA (Mediterranean Institute for Advanced Research), 2 place Le Verrier, Marseille

9:00 – 13:00 Séminaire fermé sur la topologie

Résumés

Lauren Martin, Geographer, University of Oulu, Finland
Migration, Law, and Territory: A Topological Approach to Borders

In this talk, I will critically engage with the concept of topological borders, an increasingly cited but under-examined aspect of contemporary mobility control regimes. Borders have evoked both territorial bounding and the state’s prerogative to admit or exclude noncitizens, but this traditional association of borders with sovereign territoriality seems in conflict with empirical research on immigration and border policing. Databanking technologies, risk analysis, and surveillance practices allegedly allow state officials identify and detain dangerous individuals from the population far from the territorial margins of a nation-state. In addition, the interiorization and externalization of immigration policing—and the legal mechanisms that enable them—complicate notions of borders’ fixity. Paradoxical legal categorizations allow migrants to be physically present, yet excluded from legal protections, so that states can hold people simultaneously inside and outside the law. Moreover, new immigration laws sometimes work retroactively, calling not only the « where » but the « when » of migrant’s inclusion/exclusion into question. Topology, or the mathematical study of objects under continual transformation, seems to provide a provocatively nonlinear, open, and fluid alternative to Cartesian, cartographic space, one more capable of dealing with the complexity of borders’ contemporary spatiality. However, while references to topological borders are rife, it is unclear how borders operate topologically. My aim is to refine and clarify a topological approach to borders and bordering, and to do so I bring recent conceptions of topological space to bear on immigration policing and border literatures.

Christophe Sohn, Geographer, Public Research Center, CEPS, Luxembourg
The border assemblage: a conceptual exploration into border’s multiplicity

This paper is an attempt to conceptualize borders multiplicity by mobilizing the theory of assemblage developed by Deleuze and Guattari. The aim is to examine how multiple meanings emanating from various actors constitute a border assemblage and how this heterogeneous grouping of different parts allows us to scrutinize in a new way the changing significance of borders. In the first place, an analytical framework addressing borders multiplicity in terms of structure and agency is elaborated. Based on their enabling or constraining effect over agency, debordering and rebordering processes are interpreted according to four ‘conceptual invariants’. In the second place, the concept of assemblage is mobilized in order to understand how these different meanings that do not form a coherent whole relate one with each other. The border assemblage, conceived as a relational approach to borders multiplicity, makes it possible to unravel the uneven power relations that are both constitutive of and mediated by the border. The theory of assemblage also allows us to take into consideration the non-linear processes of territorialisation and coding that stabilize or disrupt borders ‘identity’. This leads us to consider the notion of ‘topological invariants’. Lastly, a conceptualization of the connections that hold together the disparate elements is undertaken in order to be able to represent a border assemblage in contextuality. Based on discourse network analysis, new ways of mapping real world border assemblages are considered.

Gabriel Popescu, Geographer, Indiana University & IMeRA
The topological imagination: territorializing mobile borders

Current attempts to securitize transnational mobility are profoundly altering borders’ relationship to space. If modern political territoriality is built on a geographical imagination that sees space as a rigid object to be divided by linear borders, recently we are witnessing a changing geographical imagination to incorporate a polyvalent perspective that is more in tune with a notion of space defined by mobility and connectivity rather than by proximity and distance decay. Accordingly, we are witnessing the emergence of complementary forms of state borders that, shaped in large part by digital technologies, depart from the norms of territorial linearity by becoming embedded into flows that can travel and be monitored continuously across space. Such articulation of borders changes the way movement through space is organized and how people and places come into contact. This “portal-like” logic of border geography brings people and places together by connecting them directly across space, unlike modern border territoriality that connects them via contiguous state territories. However, just what kind of political territoriality these mobile borders engender remains unclear as the tension between the two geographical imaginations is proving difficult to reconcile in practice. While the network model is often advanced when it comes to representing topological phenomena, this falls short of capturing the more complex dinamics of technologically embedded border flows.

Alessandro Petti, Architect, Decolonizing Architecture Project, Palestine
Lawless lines

When historian and former deputy mayor of Jerusalem Meron Benvenisti famously asked “who owns the ‘width of the line’?” he was referring to the 1949 cease-fire lines between Israel and Jordan. The lines, he wrote, had been drawn on a 1:20,000 scale map by the two military commanders— Moshe Dayan and Abdullah al-Tal. Meeting in an abandoned house in the frontier neighborhood of Musrara in Jerusalem, they laid out a map on the floor. Each drew a line using a different colored grease pencil: Dayan used green, and al­Tal, red. The thickness and softness of the colored pencils resulted in lines that were, generally, three to four millimeters wide. But because the floor under the map was uneven (or perhaps Dayan and al-Tal were a little careless), in some areas of Jerusalem the width of the line became wider.

Before and since then Palestine is traversed by these borderlines that aim to reduce modern geopolitics into a flat Euclidian space. However when these lines encounter reality, fields, olive and fruit orchards, roads, gardens, kindergartens, fences, terraces, homes, public buildings, mosques they produce a different reality.

By investigating the clash of these geopolitical lines onto the space of a house in Jerusalem, a mosque in the village of Burin, southwest of Nablus and in the unfinished and abandond Palestinian Parliament located in Abu Dis, we aim to revel how in Palestine, political spaces are not defined by the fictional partitions extablshed during two decades of « peace agreements », but operate through legal voids. It is in these lawless lines that the regime manifest its nature but it is also in these extraterritorial dimension of these lawless lines that lays the possibility for tearing apart of the entire system of division.

*Research project developed with DAAR and Nicola Perugini

Anne-Laure Amilhat-Szary, Geographer, University of Grenoble, France
The mobile border hypothesis

Facing a world where the forms and functions of borders do not coincide anymore, we are confronted with a paradoxical episteme: one tendency to see borders everywhere, as they multiply in all kinds of spaces; another tendency to account for their topographical disparition in favour of a world of connections, which abides by complex topological systems. A closer look into the territoriality of borders reveals that the power games engaged across the linear borders have not totally disappeared, transferred into high tech surveillance devices and data basis sets. The mobile border hypothesis allows opens the ground for reflexion on the political impact of new topologies. Does the fragilizing of sovereignty induce the disappearance of the democratic political ideal?

Stephanie Simon, Geographer, University of Amsterdam, Netherlands
Border temporalities: The space-time topology of interoperability and situational awareness

This paper focuses on the imaginations of temporal and spatial topology in contemporary border surveillance by considering the push for ‘situational awareness’ and ‘interoperability’ as the prized traits of border surveillance actors and operations. In particular, the paper focuses on the new European external border surveillance program, EUROSUR, which ultimately wishes to foster situational awareness and interoperability by forging alignments between spatially and temporally dispersed elements. The program’s security imaginary resonates with the language of topology in its ambitions to bridge, morph, and blend intelligence from wildly dispersed sources—from undersea sensors to outer space satellites, from European liaisons in Libya to transnational security bodies like FRONTEX—and arranged these disparate pieces in ‘interoperable’ databases and analyzed by ‘seamless’ technological, perceptual, and visual measures. Ultimately the goal is to produce ‘situational awareness’ for border security actors, which envisions a kind of dynamic knowledge of unfolding spaces in real time and the ability to act quickly within them. This paper argues that the ambition for situational awareness rewrites the underlying spatio-temporal logic of border practices in Europe. The topological space-time of situational awareness is to be able to take cues from emergent spaces and their continual transformations and to co-evolve with them in real time. The paper maintains, however, that while this topological imagination produces effects, it does not ultimately replicate its ideal in practice. That is, there is a gap between the topological surveillance imagination and its inability to translate this into practice. This paper explores how the failures and fragilities of the topological translation offer productive inroads for security critique.

Partenariat

Institut Méditerranéen de Recherche Avancées (IMéRA, AMU), Ecole Supérieure d’Art d’Aix en Provence, PACTE (UJF, CNRS), Isabelle Arvers, La compagnie, lieu de création

Image: DAAR, 2015

La Compagnie, Marseille, 2013-2014

Exposition collective
Du 13 décembre 2013 au 1er mars 2014
La Compagnie, lieu de création, Marseille

Œuvres de Boats 4 people & Forensic Oceanography, Collectif Daar, Masaki Fujihata, Atelier hypermédia, Nicola Mai, Stephanos Mangriotis, Migreurop, Ken Rinaldo. Commissaires Isabelle Arvers et Paul-Emmanuel Odin

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Photos : Myriam Boyer

L’antiAtlas des frontières présente une approche inédite des mutations et du vécu des frontières terrestres, maritimes, aériennes et virtuelles au croisement de la recherche, de l’art et de la pratique. Cette manifestation est l’aboutissement d’un programme de recherche exploratoire art-science qui a donné lieu à l’organisation de 10 séminaires depuis 2 ans. En septembre 2013 ont eu lieu à Aix-en-Provence un colloque international et l’exposition #1 au musée des Tapisseries. L’exposition #2 est co-produite par l’IMéRA (Institut Méditerranéen de Recherches Avancées), l’École Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence, PACTE (Université de Grenoble), Isabelle Arvers (commissaire indépendante) et La compagnie, lieu de création.

L’antiAtlas des frontières met en jeu plusieurs niveaux de lecture, différentes formes d’implication et de participation. À la compagnie, les visiteurs sont invités à évoluer dans un espace de documentation transmédia. Ils peuvent ainsi expérimenter des propositions aussi diverses qu’un jeu vidéo critique sur l’industrie du passage clandestin aux frontières, la vidéo du projet The Lawless Line (collectif DAAR), l’approche photographique de Stephanos Mangriotis autour de la ville portuaire de Patras en Grèce, les cartes interactives des collectifs Watch the Med et Migreurop. Sont aussi présentées les œuvres d’artistes internationaux : Kenneth Rinaldo mêle drones et aspirateur dans une création robotique pour évoquer l’intrusion des technologies sécuritaires dans le privé (une création pour l’antiAtlas) ; Masaki Fujihata associe images de synthèse et données GPS dans un espace immersif en 3D où le visiteur expérimente un nouveau rapport au champ et contrechamp des images vidéo prélevées autour de la frontière alsacienne. Deux oeuvres transdisciplinaires inédites ont été produites : Samira, une ethno-fiction de l’anthropologue Nicola Mai qui déjoue subtilement les stéréotypes et les discours discriminants sur la prostitution, le transsexualisme et l’exil (œuvre présentée dans une pièce séparée) ; un jeu vidéo sur la traversée des frontières, A Crossing Industry, réalisé par l’atelier hypermédia de l’Ecole Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence sous la direction de Douglas Edric Stanley et à partir des enquêtes de terrain de l’anthropologue Cédric Parizot.

Œuvres

Ken Rinaldo, Drone eat drone: American scream, 2013

Collectif Daar, Decolonizing Architecture, 2012

Boats 4 people & Forensic Oceanography, Watch the Med, 2013

Migreurop, Carte dynamique des étrangers détenus aux frontières des États, 2012

Stephanos Mangriotis, Europa Inch’Allah, 2009-2010

Nicola Mai, Samira, 2013

Cédric Parizot & Douglas Edric Stanley, A Crossing Industry, 2013

Masaki Fujihata, Field Work@Alsace, 2004-2005

Soirées, rencontres, projections

Samedi 14 décembre de 16h à 19h
Rencontre avec les artistes, les chercheurs, les organisateurs : Masaki Fujihata, Nicola Mai, Cédric Parizot, Douglas Edric Stanley et l’atelier hypermédia et les membres du comité scientifique et artistique

Vendredi 17 janvier à 19h : Fiction de la frontière
Projection du film Sleep Dealer avec Alex Rivera, présentation par Isabelle Arvers

Lundi 27 janvier de 9h-12h 14h-18h : Topology, Territory and Border Spaces
Séminaire de l’IMéRA organisé par Gabriel Popescu (Résident IMéRA, Indiana University, South Bend) ouvert au public, en anglais, avec Alessandro Petti du collectif DAAR : à la compagnie

Jeudi 30 janvier à 19h : soirée Rivesaltes
Projections de La guerre est proche de Claire Angelini (2011) et de Un camp, cinq stèles de Serge Le Squer (2009), en présence des artistes et en dialogue avec Jean Cristofol.

Mercredi 19 février à 19h
Projections et rencontre avec Avec Morgane Guiard, Stephanos Mangriotis et Laurence Pilland, Nicola Mai.

Jeudi 20 février à 19h : Economie de la frontière
Projection du film De outro de lado de Lucas Bambozzi (2004), présentation par Nicola Mai et Cedric Parizot.

Jeudi 27 février 2013 à 19h Soirée antiAtlas des frontières
Rencontre-discussion autour du prochain numéro « Frontières » de la revue Hommes & Migration.

Atelier

Vacances de février : Atelier machinimas. Films conçus à partir de jeux vidéo comme GTA, Halo, Far Cry, frontiers the game – avec l’artiste égyptien Ahmed El Shaer et Isabelle Arvers. Films conçus autour des thématiques de la migration, de la frontière et de leur vécu.

Galerie en ligne

Cette galerie vient compléter et augmenter les expositions avec des œuvres de net.art, des œuvres interactives en ligne, des œuvres de vidéastes ou de photographes qui traitent des questions posées par l’antiAtlas :

Clémence Lehec, Laurent Davin, Street art on the separation wall

Magali Daniaux & Cédric Pigot, Cyclone Kingkrab & Piper Sigma

Magali Daniaux & Cédric Pigot, Arctic tactic

Julie Chansel et Michaël Mitz, La machine à expulser

Patrick Lichty, The private life of a drone

Alban Biaussat, The Green(er) Side of the Line

Romain de l’Ecotais, Au pied du mur

Ben Fundis, Clara Long, John Drew, <Border stories

Olga Kisseleva, Arctic Conquistadors

Martin De Wulf, Migrations map

Joana Moll, AZ: move and get shot

L’atelier Limo (Simon Brunel, Nicolas Pannetier et Maya Keifenheim), Border Bistro et enquête frontalière

Production

Institut Méditerranéen de Recherches Avancées (AMU), Marseille
Ecole Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence
Laboratoire PACTE (Université de Grenoble Alpes/CNRS)
Isabelle Arvers, commissaire d’exposition indépendante, Marseille
La compagnie, lieu de création à Marseille

Partenariats

Aix-Marseille Université (AMU), Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Réseau Français des Instituts d’Études Avancées (RFIEA), Labex RFIEA+, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Euborderscapes (Union Européenne, FP7), Institut de Recherches et d’Études sur le Monde Arabe et Musulman (IREMAM – AMU/CNRS), Laboratoire Méditerranéen de Sociologie (LAMES – AMU/CNRS), Laboratoire d’Économie et de Sociologie du Travail (LEST- AMU/CNRS), Laboratoire d’Études et de Recherche sur le Monde Anglophone (LERMA-AMU), Laboratoire d’Arts, Sciences, Technologies pour la Recherche Audiovisuelle Multimédia (ASTRAM-AMU), Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme (MMSH), LabexMed, Information Media production, Aviso Events, MarseilleProvence 2013 (MP 2013), ville d’Aix-en-Provence, Organisation Mondiale des Douanes (OMD)

Partenariat média

Télérama, Arte, PARIS Art, Culture Science en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Journal of Borderlands Studies, Perspectives (journal du RFIEA), L’Espace Politique, Ventilo (journal culturel bimensuel), MCD (Musiques et Cultures Digitales), Digitalarti, Poptronics, Digicult

Magali Daniaux & Cédric Pigot – Cyclone Kingkrab & Piper Sigma

Magali Daniaux & Cédric Pigot
Cyclone Kingkrab & Piper Sigma
Live stream + Micro fictions

Nous étions à la recherche de lieux où le réchauffement climatique est considéré comme une opportunités de développement, quand nous avons été frappés par un article dans le Figaro, décrivant Kirkenes comme le futur Singapour ! Nous avons décidé d’aller à Kirkenes, au nord de la Norvège, à la frontière russe le long de la mer de Barents. Cette région est une zone importante : avec la fonte des glaces, un passage vers l’Asie s’est créé. Kirkenes, avec son port en mer profonde, va devenir une zone géostratégique comme Sigapour. Mais Kirkenes est également pleine de ressources (pétrole, gaz, bois, minerai). Son emplacement a également une importance géopolitique, la frontière avec la Russie est également la frontière avec l’espace Shengen.

Nous avons déployé une station vidéo permanente, pointée sur la ville et le port. Pendant notre séjour, nous avons écrit une série de 11 textes inspirés par les questions économiques et géostratégiques de la région de Barents, sous une forme calquée sur les événements Facebook. A la fin, les textes sont devenus 11 histoires audio, parlant d’argent, de pétrole, et de réchauffement global.

Depuis qu’ils se sont rencontrés il y a dix ans, le travail commun de Magali Daniaux et Cédric Pigot s’articule autour d’expérimentation et performance. Leurs pièces associent divers media et associent des éléments opposés, avec un goût particulier pour les relations entre la science-fiction et les formes documentaires, l’ingénierie de haute technologie et les contes fantastiques, les matériaux lourds et la sensation de flottement. Débutant avec des installations et des objets plastiques, leur travail s’est par la suite orienté vers des actions artistiques plus immatérielles. Videos, art sonore, musique, recherches olfactives, travaux virtuels frôlant les arts numériques, forment depuis les trois dernières années un cycle de travaux autour du changement climatique, de questions économiques, politiques et géostratégiques, du développement urbain et de gestion alimentaire.

Streaming : mms://88.84.190.77/cam11

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Magali Daniaux & Cédric Pigot – Arctic Tactic

Magali Daniaux & Cédric Pigot
Arctic Tactic
Documentaire radio : 46 min

Kirkenes, Nord de la Norvège, frontière russe, Festival Barents Spektakel, février 2011, -25°. La Reine, des ministres, ambassadeurs, politiciens, diplomates, architectes, artistes, journalistes et chercheurs étaient présents et nous ont donné le plan… Une immersion sonore dans les questions politiques, économiques, géostratégiques et urbaines de l’Arctique aujourd’hui.

Depuis qu’ils se sont rencontrés il y a dix ans, le travail commun de Magali Daniaux et Cédric Pigot s’articule autour d’expérimentation et performance. Leurs pièces associent divers media et associent des éléments opposés, avec un goût particulier pour les relations entre la science-fiction et les formes documentaires, l’ingénierie de haute technologie et les contes fantastiques, les matériaux lourds et la sensation de flottement. Débutant avec des installations et des objets plastiques, leur travail s’est par la suite orienté vers des actions artistiques plus immatérielles. Videos, art sonore, musique, recherches olfactives, travaux virtuels frôlant les arts numériques, forment depuis les trois dernières années un cycle de travaux autour du changement climatique, de questions économiques, politiques et géostratégiques, du développement urbain et de gestion alimentaire.

Atelier de Création Radiophonique, France Culture Radio. Chroniques des mondes possibles, Festival Seconde Nature, Aix en Provence 2013