antiAtlas de las fronteras, Bogota 2018

Le 6 septembre 2018, Isabelle Arvers, commissaire d’exposition, présente à l’Alliance française de Bogota, des œuvres artistiques video, web, cartographiques et vidéo ludiques qui interrogent les mutations des frontières contemporaines.

Samira de Nicola Mai (Italie / UK / France), dyptique vidéo, 2013

Samira est une installation vidéo sur deux écrans. Elle présente Karim, un migrant algérien qui se prostitue à Marseille la nuit sous le pseudonyme de Samira. Karim a transformé son corps deux fois en poursuivant ses orientations migratoires et sexuelles à travers les frontières humanitaires. Après avoir quitté l’Algérie parce que il était un adolescent efféminé et avoir obtenu l’asile en tant que femme transgenre en France, il doit maintenant retourner en Algérie pour devenir chef de famille. En mobilisant des acteurs et un dispositif cinématographique l’auteur met en scène l’observation ethnographique et les conditions de vie de cette personne réelle. Le procédé artistique et scientifique utilisé dans Samira analyse la façon dont les frontières humanitaires sont inscrites dans le corps et les subjectivités des migrants. L’installation problematise également les allégations d’authenticité qui sous-tendent les frontières humanitaires et la recherche universitaire.

Borders, Simona Koch (ALLEMAGNE) Animation Video de dessin au crayon, depuis 2010

Simona Koch a visualisé les traces de déplacements des frontières dans une série d’animations vidéo. Elle a d’abord utilisé des cartes historiques. Ensuite, pour l’animation, elle dessine les frontières au crayon sur une feuille blanche, les effaçant successivement pour les remplacer par les différents changements qu’elles ont subi jusqu’à aujourd’hui. Et finalement, les frontières d’aujourd’hui finissent par s’effacer aussi. Ne subsistent que de vagues formes des différentes régions du monde dessinées par une myriade de lignes floues.

Cartographie critique de Gibraltar, HACKITECTURA (Espagne/Spain), Carte, 2004

La Cartographie du détroit de Gibraltar apporte une compréhension alternative de la région frontalière hispano-marocaine. La frontière n’est pas une ligne géopolitique abstraite mais un espace de plus en plus compliqué et contesté. La carte inversement orientée (nord en bas) met en évidence les connexions entre le sud de l’Espagne et le nord du Maroc pour montrer une seule région. Une multitude de migrants entre en Europe par flux, outrepassant détecteurs de mouvements, répression semi-militaire et expulsion. Ce travail propose une cartographie des réseaux qui se déploient dans le détroit de Gibraltar pour contrôle et filtrer les flux de migrants: ceux liés au complexe militaro-industriel, les réseaux financiers, de communication et de surveillance.

Heroic makers vs Heroic land, Isabelle Arvers, Vidéo machinima, 2016

Comment vivre dans la Jungle de Calais ? Comment lui rendre son humanité, comment créer des espaces de vie et de partage ? Comment faire le travail du gouvernement qui refuse de voir l’urgence de la situation et qui se focalise sur la réduction du nombre de réfugiés ? Isabelle Arvers a choisi le jeu vidéo comme média pour traduire les interviews qu’elle a menées dans la Jungle, pour leur donner une autre dimension. Les extraits présentés ici font références à la construction de l’école du chemin des dunes. Zimako Jones, l’instigateur de ce projet et demandeur d’asile Nigérien a été assisté par des ONG tel que Solidarité Laïque et Ateliers sans Frontières mais également par un groupe de « frères », comme Marko, un homme Kurde qui se trouve dans la Jungle depuis plus de 11 semaines

The Interfaced Border, Joana Moll, net.art, 2010

Cette pièce audiovisuelle en ligne affiche les retransmissions en direct des caméras de surveillance placées par BlueServo le long de la frontière Mexique USA au Texas. BlueServo est une plate-forme Internet créée et gérée par la Coalition du Texas Border Sheriff qui a mis des caméras de surveillance à disposition de toute personne désireuse de contrôler ceux qui tentent d’entrer aux États-Unis de manière illégale et de déclarer ces actions par le biais d’un site Web. S’appropriant ce dispositif à travers son oeuvre artistique, Joana Moll questionne les nouvelles formes de mise à contribution des citoyens dans les systèmes de contrôle frontaliers.

Papers, Please, Lucas Pope, jeu vidéo indépendant, 2013

Un thriller documentaire dystopique. L’État communiste d’Arstotzka a mis fin à six ans de guerre avec son voisin Kolechia et a récupéré la moitié de la ville frontalière de Grestin. En tant qu’inspecteur de l’immigration, votre travail consiste à contrôler le flux de personnes qui pénètrent du côté Arstotzkan du Grestin depuis Kolechia. Parmi les foules d’immigrants et de visiteurs à la recherche d’un travail se trouvent des passeurs, des espions et des terroristes cachés. En utilisant uniquement les documents fournis par les voyageurs et les systèmes primitifs d’inspection, de recherche et d’empreintes digitales du Ministère de l’admission, vous devez décider qui peut entrer à Arstotzka et qui sera refusé ou arrêté.

Partenariat
Institut français
Alliance française, Colombie

Coder et décoder les frontières, Bruxelles, 2016

Exposition du 13 avril au 31 mai 2016
Espace Architecture Flagey-ULB, Bruxelles

Exposition collective
du 13 avril au 31 mai 2016
Espace Architecture Flagey-ULB, Bruxelles

Commissaires artistiques : Isabelle Arvers et Nathalie Lévy
Commissaires scientifiques: Andrea Réa et Cédric Parizot

Coder et décoder les frontières présente des œuvres d’artistes et de chercheurs qui s’interrogent sur la mise en données et de la mathématisation des frontières. Depuis les vingt dernières années, de nombreux acteurs (chercheurs, journalistes, travailleurs et activistes d’ONG, élus politiques, employées des administrations nationales et des organisations internationales, etc.) observent, documentent, étudient et parfois dénoncent la technologisation du contrôle des frontières. Aux pratiques de contrôle traditionnelles s’ajoute, outre la militarisation de la frontière, le déploiement de technologies de plus en plus sophistiquées (biométrie, robots, murs, systèmes de surveillance intégrés, prospection de données ou data mining, big data, etc.) aux frontières des Etats pour contrôler les mouvements de populations, de marchandises, de capitaux et d’information. L’examen de cet intense déploiement technologique tend généralement à séparer l’analyse selon les objets de contrôle : les personnes, les marchandises, les capitaux. Il convient ici d’envisager dans une perspective croisant art, recherche et expertise la circulation des connaissances et des techniques d’un de ces objets à l’autre, les fonctionnements et les dysfonctionnements des mécanismes de contrôle ainsi que les détournements qu’en font une multitude d’acteurs.

La matérialité du contrôle numérique des frontières


L’escalade technologique aux frontières terrestres, maritimes, aériennes et sur internet, tant en Europe que dans le reste du monde, a radicalement transformé la nature des frontières ainsi que leur fonctionnement. Afin de s’adapter et de suivre l’accélération des flux de personnes,  de biens et d’informations, les systèmes de contrôle font appel à des outils technologiques toujours plus sophistiqués (biométrie, robots, systèmes de surveillance intégrés, data mining, etc.). Certains analystes ont vu dans ces évolutions les symptômes de la dématérialisation des frontières. Toutefois, l’ensemble de ces technologies numérique conserve une forte dimension très matérielle. Elles reposent souvent sur des réseaux d’infrastructures physiques. Ces éléments peuvent être cachés, tels que les câbles sous-marins (Submarine cable map, Markus Krisetya et al., 2016) ou au contraire mis en scène, tels des murs, des clôtures ou des checkpoints (Cartographie des Murs, Stéphane Rosière et Sébastien Piantoni, 2016) pour démontrer l’action de l’Etat et sa souveraineté. Conçus à la fois pour gérer la mobilité des corps et être montré, ces artefacts contribuent au développement d’une nouvelle esthétique du contrôle (Body and Border, CoRS, 2016).  Enfin, ces technologies sont d’autant plus matérielles qu’elles instancient ou « matérialisent » les hiérarchies entre le populations ainsi que que le passage d’un espace à un autre (Immigration Game, Antoine Kik, 2016).

Antoine Kik, Immigration game, 2016

CoRS, Body and borders, 2016

Stéphane Rosière et Sébastien Piantoni, Planisphère des barrières frontalières, 2016

Automatisation, datafication et mathématisation du contrôle à la frontière


L’automatisation des contrôles est accompagnée de l’augmentation des données saisies (datafication) et de la « mathématisation » des procédures de régulation des passages aux frontières. Par « mathématisation », il est entendu la progressive représentation des frontières dans un espace de plus en plus abstrait, structurée par des méthodes quantitatives (que ce soit en économie, en sociologie, etc.), des savoirs autonomes reposant sur leurs propres paradigmes (la logistique et la nécessité de vitesse et de réduction des coûts de franchissement des frontières) et une forme de langage spécifique (la technologie comme corpus de connaissance sur les techniques et les outils de surveillance des individus et des objets). Certains considèrent l’automatisation et l’autonomisation des technologies de surveillance des frontières comme étant plus fiables que les contrôles effectués par les êtres humains. Au contraire, d’autres expriment leur préoccupation et soulignent les risques encourus au niveau des  droits et des libertés des populations en mouvement ou par celles des États concernés. Les œuvres présentées dans cette section de l’exposition s’interrogent sur cette tendance générale. Banoptikon (Personal Cinema Collective, 2010-2013) rappelle la datafication du corps et les nouvelles formes que prend le contrôle. SimBorder (Pierre Depaz, 2016) et eu4you (Larbits Sisters, 2015) soulignent la centralité que les algorithmes ont progressivement acquise dans les contrôles tandis  qu’ADM8 (Rybn, 2016) montre leur rôle décisif dans la gestion des opérations financières.

Pierre Depaz, SimBorder, 2016

LarbitsSisters, eu4you, depuis 2015

Collectif Personal Cinema, Banoptikon, 2010-2013

RYBN, ADM8, 2016

La visibilité des frontières

Les nouvelles technologies de l’information et de la communication n’ont pas seulement transformé le fonctionnement des frontières, elles ont également modifié la visibilité de celles-ci. Elles ont introduit de nouveaux dispositifs à travers lequel nous accédons au monde et nous le représentons. Les cartes digitales et les systèmes GPS ont ainsi radicalement changé notre perspective, les manières dont nous nous projetons dans l’espace et les modalités par lesquelles nous percevons et imaginons les frontières. De plus, l’exploration des données n’a pas seulement augmenté significativement nos capacités de calcul, elle a également inventé un nouveau monde. Là où les statistiques ont créé la société et où les sondages ont créé l’opinion publique, l’exploration de données (data mining), elle a créé les traces numériques grâce auxquelles les mouvements de population, de biens, de fonds et d’informations peuvent être tracés, surveillés ou rendus visibles. Enfin, en fournissant des mécanismes de haute technologie pour la canalisation, la facilitation ou le filtrage des déplacements, ces technologies ont contribué à réorganiser différemment les pratiques spatiales des différents groupes de population à l’intérieur et autour des zones frontalières. A partir de photos (Calais 1, Michel Couturier, 2015), cartes statiques et dynamiques (The Migratory Red Mount, Nicolas Lambert, 2015; One World II, Bill Rankin, 2015; Refugee’s trajectories, Martin Grandjean, 2015; 407 camps, Mahaut Lavoine, 2015; Parallel, Lawrence Bird, 2012), les œuvres et les recherches présentées dans cette partie de l’exposition problématisent ces régimes de visibilisation. Ils ont également pour objectif de rendre visible ce qui est habituellement invisible.

Lawrence Bird, Parallel, depuis 2012

Michel Couturier, Calais 1, 2015

Nicolas Lambert, The migratory red mound, 2015

Mahaut Lavoine, 407 camps, 2015

Martin Grandjean, Refugee’s trajectories, 2015

Bill Rankin, One World II, 2015

Dispositifs et documentaires critiques

Notre connaissance à propos des vies et des expériences des migrants se construit bien souvent à partir de la la presse, des rapports et des documentaires. Tandis que ces médias jouent un rôle déterminant dans l’information et la sensibilisation du public, la réalité qu’ils construisent et exposent est fortement influencée par les récits, les scénarios et les pratiques standardisées, ainsi que les régimes de visibilité dans lesquels ils s’inscrivent. Notre exposition présente cinq dispositifs documentaires critiques qui visent à réfléchir aux conditions dans lesquelles les pratiques documentaires contemporaines et conventionnelles nous donnent accès et donnent forme à nos représentations sur les vies et les expériences des migrants. L’ethnofiction Travel (2016) de Nicola Mai montre comment les migrants assemblent leur corps et représentent leur subjectivité selon des scénarios humanitaires standardisés de victimisation, de vulnérabilité et de genre/sexe qui agissent comme des « frontières biographiques » entre la déportation et l’accès à l’aide sociale, aux documents légaux et à l’emploi. Colour of the Sea (2015) de Keina Espineira propose une réflexion sur la manière dont la réalisation d’un film à une étape du voyage de migrants subsahariens contribue à produire et activer une expérience spécifique de la frontière. La série de photos de Giovanni Ambrosio (Please do not show my face, 2013) et la vidéo d’Antoine D’Agata (Odysseia, 2011-2013) problématisent les formes que prennent les représentations des vies des migrants, tandis que le machinima d’Isabelle Arvers, Heroic Makers (2016), suggère une façon différente de représenter les expériences des migrants.

Antoine d’Agata, Odysseia, 2011-2013

Giovanni Ambrosio, Please do not show my face, depuis 2013 (projet évolutif)

Isabelle Arvers, Heroic Makers vs Heroic Land, 2016

Keina Espiñeira, The Colour of the Sea. A Filmic Border Experience in Ceuta, 2015

Nicola Mai, Travel, 2016

Dysfonctionnements et réappropriations

Les technologies de contrôle des frontières sont souvent considérées comme étant omnipotentes, omniprésentes et omniscientes. Leurs partisans comme leurs opposants sont fascinés par leur pouvoir. Cependant, on oublie souvent qu’il n’est pas possible de dissocier les techniques de surveillance, aussi automatisées et efficaces soient-elles, des conditions politiques, économiques et sociales dans lesquelles elles ont été d’abord conçues puis implantées. Associées aux systèmes de vérifications déjà existants et à des acteurs institutionnels et politiques spécifiques, ces technologies reproduisent les contradictions et le manque de prévoyance des organisations et acteurs qui les développent. De plus, ces technologies créent de nouveaux défis en transformant l’environnement organisationnel dans lequel elles sont déployées et en modifiant la réalité qu’elles sont supposées contrôler. Enfin, elles sont souvent réappropriées non seulement par les acteurs qui les implémentent mais aussi par ceux cherchant à éluder la surveillance des frontières. Border bumping (Julian Oliver, 2012) illustre le pouvoir perturbateur des systèmes de télécommunications cellulaires qui défient souvent l’intégrité des frontières nationales. Virtual Watchers (Joana Moll et Marius Pé, programmation Ramin Soleymani 2016) soulignent les dysfonctionnements et les réappropriations inattendues d’un système panoptique de surveillance par les citoyens américains le long de la frontière mexicaine. Cartographies of Fear #2 (Anne Zeitz et Carolina Sanchez Boe, 2016) questionnent la façon dont les réappropriations qu’effectuent les migrants à partir  des technologies de communication affecte leur relation avec l’espace. Enfin, Borderland Biashara & Mobile Technology (Emerging Futures Lab, 2015) montre comment la la téléphonie mobile contribuent au maintien d’un écosystème économique informel dans les régions frontalières des communautés est-africaines.

Emerging Futures Lab (EFL), Borderland Biashara & Mobile Technology, état des recherches en 2015

Anne Zeitz et Carolina Sanchez Boe, Cartographies of Fear #2, 2016

Joana Moll et Cédric Parizot, The Virtual Watchers, 2016

Julian Oliver, Border Bumping, 2012

Partenariats

Faculté de Philosophie et Sciences sociales de l’Université Libre de Bruxelles, l’Organisation Mondiale des Douanes, l’antiAtlas des frontières, l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (CNRS/Aix Marseille Université), le projet LabexMed (Aix Marseille université, Fondation Amidex), le Laboratoire d’Economie et de Sociologie du travail (CNRS/Aix Marseille Université), PACTE (CNRS/Universités de Grenoble), Kareron et l’Ecole supérieure d’Art d’Aix en Provence.

Colloque-exposition The Art of Bordering, Rome, 2014

The Art of Bordering: Economies, Performances and Technologies of Migration Control

MAXXI, the National Museum of XXI Century Arts, Rome
Du 24 au 26 octobre 2014

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The event

The Art of Bordering is an art-science event merging an academic conference and an exhibition in order to discuss the material and symbolic construction of the Mediterranean as a border zone, the governance and politicization of migration control, the strategies of adaptation, contestation and subversion of “Fortress Europe” developed by migrants and European citizens.

During three days, Italian, French, German, and British academics, journalists and artists debate how new technologies, geopolitical conflicts and socio-economic inequalities have transformed both migration flows and the material, political and symbolic dimensions of borders in the 21st century.

The Art of Bordering will compare the different and overlapping ways in which art, technology and the social sciences address contemporary bordering dynamics. This strategic comparison aims to highlight the different and interrelated ways in which borders have become strategic places for the performance and observation of the symbolic representations, political agencies and governmental techniques at work in contemporary neoliberal societies.

By enabling discussions between academics, artists and the public, this conference/exhibition will facilitate the exchange between the different approaches, tools and devices through which border processes may be represented, deciphered and deconstructed. The debates, links, quotations, transfers and exemplifications, will also help problematizing the boundaries existing between these fields of knowledge and practice.

Program

Friday 24 October 2014
MAXXI Gallery

16:00-17:00 – Multiple screening

Borders (2010), a video of an animated pencil drawing, by Simona Koch
The Texas Border (2011), a video by Joana Moll & Heliodoro Santos, Partire, pictures by Heidrun Friese

17:00-18:00

Les Messagers (The Messengers) (2013, 66 min), documentary by Laetitia Tura and Hélène Crouzillat. MAXXI B.A.S.E., Sala Graziella Lonardi Buontempo

18:00-18:15

Welcome by Hanru Hou and the organisers of The Art of Bordering

18:15-18:40

Presentation and screening of Liquid Traces: Investigating the Deaths of Migrants at the EU’s Maritime Frontier (2013 – 17min) by Charles Heller and Lorenzo Pezzani

18:40-19:15

Presentation and screening of Samira (2013 – 26 min) by Nicola Mai

19:15-20:55

Presentation and screening of Io Sto con la Sposa / On The Bride’s Side (2014 – 90min) by Antonio Augugliaro, Gabriele Del Grande and 
Khaled Soliman Al Nassiry.

20:55-21:30

Q&A with the public

Saturday 25 October 2014
MAXXI B.A.S.E. Sala Graziella Lonardi Buontempo

9:30-10:00 – Introduction

10:00-11:30 – Session 1 – Rebordering Migration in Times of Crisis

Corrado Bonifazi – Istituto di Ricerche sulla Popolazione e le Politiche Sociali, Rome, Italy
Crisis and Migration in Italy: the Reshaping of a Mediterranean Border of the EU

Lucio Caracciolo – LIMES – Rivista italiana di geopolitica, Rome, Italy
Does Italy still have borders?

Virginie Baby Collin – TELEMME, AMU-CNRS, Aix en Provence, France
Staying, Returning, Leaving Elsewhere? Latin-American Migratory Fields and Migrant’s Strategies in the Context of Spanish Crisis

11.30-12:30

Isabelle Arvers, artist and curator
Close the camps (video 10 min), data-visualization

12:30-13:30 – Discussion

Chair and discussant: Giusy d’Alconzo, Medici Contro la Tortura / Doctors Against Torture, Rome.

15.00-16:30 – Session 2: Political Economy of Border Management

Elena Dell’Agnese – University of Milan Bicocca, Italy
From Border Music to Borderless Music

Steve Wright – Leeds University, United Kingdom
Cashing in on Fears of Mass Migration- The Political Economy of EU Border Management

Federica Infantino – Université Libre de Bruxelles, Belgium
What does migratory ‘risk’ mean? Decision-making in three visa sections in Morocco

16.30-17:30 – Coffee Break and Artwork Presentation

Stones and Nodes: the Working Out of the Separation between Israel and Palestine, an art-science work by Cédric Parizot – IREMAM, CNRS/Aix-Marseille Université, Antoine Vion – LEST, CNRS/Aix-Marseille Université, Mathieu Coulon – LAMES, CNRS/Aix-Marseille Université, Guillaume Stagnaro – ESAAix (2014)

17:30-18:30 – Discussion

Chair and Discussant: Giuseppe Sciortino – University of Trento, Italy

19:00-20:10

Les Messagers (The Messengers) (2013, 66min), documentary by Laetitia Tura and Hélène Crouzillat

20:10-21:45 – Multiple screening, MAXXI Gallery

Borders (2010), a video of an animated pencil drawing, by Simona Koch
The Texas Border (2011), a video by Joana Moll & Heliodoro Santos
Partire, pictures by Heidrun Friese

19:30-22:00

Io con la sposa by Antonio Augugliaro, Gabriele Del Grande and 
Khaled Soliman Al Nassiry (trailer with Italian subtitles),
Liquid Traces by Charles Heller and Lorenzo Pezzani (17 minutes),  Samira by Nicola Mai (26 minutes)

Sunday 26 October 2014
MAXXI B.A.S.E. Sala Graziella Lonardi Buontempo

10:00-11:30 – Session 3: Formal and Informal Border Practices

Barbara Sorgoni – University of Bologna, Italy
Bordering Asylum Rights: Narrative Credibility and the Assessment of Truth

Thomas Cantens – CNE, EHESS-Aix-Marseille Université, France/WCO, Bruxelles, Belgium, Comparing Borders:  from tracing to measuring

Chiara Brambilla – University of Bergamo, Italy
Navigating the Euro-African Border and Migration Nexus Through the Borderscape Lens

11.30-12:30 – Coffee Break and Artwork Presentation

Emborders: Challenging Sexual Humanitarianism through Qualitative Research and Experimental Filmmaking, an ethnofiction by Nicola Mai, LAMES, Aix-Marseille University, France and London Metropolitan University, London.

12:30-13:30 – Discussion

Chair and discussant: Heidrun Friese, Technische Universität Chemnitz, Germany

15:00-17:00 – Final Round Table

Jean Cristofol – Higher School for Art, Aix-en-Provence
Camille Schmoll – Université Paris VII Denis Diderot, France
Heidrun Friese – Technische Universität Chemnitz, Germany
Filippo Celata – Università La Sapienza, Rome

Organisation

A project of the MAXXI, the Institut Français d’Italie and the IREMAM (Aix Marseille Université), organized by Cédric Parizot, Filippo Celata, Raffaella Coletti, Heidrun Friese, Nicola Mai, Alessio Rosati, Benoit Tadié, Antoine Vion. Curator: Isabelle Arvers. Coordination: Clémentine Verschave.

Partners

In partnership with the LabexMed program (Aix-Marseille Université, Fondation A*MIDEX), Dipartimento MEMOTEF (La Sapienza), le Laboratoire de Sociologie du Travail (CNRS, Aix Marseille Université), Laboratoire Méditerranéen de Sociologie (CNRS, Aix Marseille Université), Temps, Espaces, Langages, Europe Méridionale – Méditerranée (CNRS, Aix Marseille Université), Ecole Supérieure d’Art d’Aix en Provence, PACTE (CNRS ; Université de Grenoble), Alliance Athena.

Ressources

See the report of the conference (FR) by Camille Schmoll (Université Paris VII Denis Diderot)

Presse

Reportage sur le colloque-exposition au MAXXI par Meridiana Notizie :

Conférence et exposition, Festival Internazionale, Ferrara, 2014

Conférence et exposition
Imbarcadero 2, Castello Estense, Ferrara
3 octobre 2014

Conférence

Migrations, Subversive Atlas, For a new conception of borders in the 21st century

– Nicola Mai (Sociologist, ethnographer and filmmaker, University of Aix-Marseille/London Metropolitan University)
– Cédric Parizot(Anthropologist, University of Aix-Marseille)
– Lorenzo Pezzani (Architect)

Exposition

Avec Charles Heller et Lorenzo Pezzani, Joana Moll et Héliodoro Santos Sanchez, Nicola Mai, Cédric Parizot et Douglas Edric Stanley. Commissariat Isabelle Arvers.

– Cédric Parizot et Douglas Edric Stanley, A Crossing Industry, jeu vidéo, 2013

– Nicola Mai, Samira, installation vidéo, 2013, 26′

– Charles Heller et Lorenzo Pezzani, Liquid Traces, animation, 2013, 17′

– Joana Moll et Héliodoro Santos Sanchez, Texas Border, installation video, 2011

Organisation

Festival Internazionale
Institut Français d’Italie

Maps of Secession, Berlin, 2014

Exposition collective
Institut Français, Berlin
Du 16 septembre au 10 octobre 2014

Œuvres de Anri Sala, Kader Attia, Álvaro Martínez Alonso, Julie Bena, Famed, Hackitectura, Simona Koch, Nicolas Maigret, Migreurop, Cédric Parizot, Marco Pezzotta, Philippe Rekacewicz, Stéphane Rosière, ChTo et Watch the Med. Avec la participation d’Isabelle Arvers.

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En septembre, l’antiAtlas s’exporte à Berlin dans le cadre du programme Secession, un projet itinérant aux dimensions littéraires, philosophiques et artistiques qui se concentre sur l’espace européen pour explorer sa multiplicité, ses « entre-deux », et se détacher de la conception actuelle de l’Union Européenne et des nations qui la constituent. Secession se déroule en deux événements, une soirée de lectures et performances le 23 septembre et une exposition du 16 septembre au 10 octobre 2014.

Photographs © Mittel Europa

Œuvres exposées

Simona Koch, Borders, since 2010

Hackitectura, Critical cartography of the straits of Gibraltar, 2004

Cédric Parizot et Douglas Edric Stanley, A Crossing Industry, 2013

Philippe Recacewicz, L’Europe se fond dans l’Asie dans une immense étreinte, 2013

Stéphane Rosière, Planisphère des frontières fermées, 2012

Partenariats

Allianz Kultur Stiftung, Centre Marc Bloch, Institut Français de Berlin

La Compagnie, Marseille, 2013-2014

Exposition collective
Du 13 décembre 2013 au 1er mars 2014
La Compagnie, lieu de création, Marseille

Œuvres de Boats 4 people & Forensic Oceanography, Collectif Daar, Masaki Fujihata, Atelier hypermédia, Nicola Mai, Stephanos Mangriotis, Migreurop, Ken Rinaldo. Commissaires Isabelle Arvers et Paul-Emmanuel Odin

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Photos : Myriam Boyer

L’antiAtlas des frontières présente une approche inédite des mutations et du vécu des frontières terrestres, maritimes, aériennes et virtuelles au croisement de la recherche, de l’art et de la pratique. Cette manifestation est l’aboutissement d’un programme de recherche exploratoire art-science qui a donné lieu à l’organisation de 10 séminaires depuis 2 ans. En septembre 2013 ont eu lieu à Aix-en-Provence un colloque international et l’exposition #1 au musée des Tapisseries. L’exposition #2 est co-produite par l’IMéRA (Institut Méditerranéen de Recherches Avancées), l’École Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence, PACTE (Université de Grenoble), Isabelle Arvers (commissaire indépendante) et La compagnie, lieu de création.

L’antiAtlas des frontières met en jeu plusieurs niveaux de lecture, différentes formes d’implication et de participation. À la compagnie, les visiteurs sont invités à évoluer dans un espace de documentation transmédia. Ils peuvent ainsi expérimenter des propositions aussi diverses qu’un jeu vidéo critique sur l’industrie du passage clandestin aux frontières, la vidéo du projet The Lawless Line (collectif DAAR), l’approche photographique de Stephanos Mangriotis autour de la ville portuaire de Patras en Grèce, les cartes interactives des collectifs Watch the Med et Migreurop. Sont aussi présentées les œuvres d’artistes internationaux : Kenneth Rinaldo mêle drones et aspirateur dans une création robotique pour évoquer l’intrusion des technologies sécuritaires dans le privé (une création pour l’antiAtlas) ; Masaki Fujihata associe images de synthèse et données GPS dans un espace immersif en 3D où le visiteur expérimente un nouveau rapport au champ et contrechamp des images vidéo prélevées autour de la frontière alsacienne. Deux oeuvres transdisciplinaires inédites ont été produites : Samira, une ethno-fiction de l’anthropologue Nicola Mai qui déjoue subtilement les stéréotypes et les discours discriminants sur la prostitution, le transsexualisme et l’exil (œuvre présentée dans une pièce séparée) ; un jeu vidéo sur la traversée des frontières, A Crossing Industry, réalisé par l’atelier hypermédia de l’Ecole Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence sous la direction de Douglas Edric Stanley et à partir des enquêtes de terrain de l’anthropologue Cédric Parizot.

Œuvres

Ken Rinaldo, Drone eat drone: American scream, 2013

Collectif Daar, Decolonizing Architecture, 2012

Boats 4 people & Forensic Oceanography, Watch the Med, 2013

Migreurop, Carte dynamique des étrangers détenus aux frontières des États, 2012

Stephanos Mangriotis, Europa Inch’Allah, 2009-2010

Nicola Mai, Samira, 2013

Cédric Parizot & Douglas Edric Stanley, A Crossing Industry, 2013

Masaki Fujihata, Field Work@Alsace, 2004-2005

Soirées, rencontres, projections

Samedi 14 décembre de 16h à 19h
Rencontre avec les artistes, les chercheurs, les organisateurs : Masaki Fujihata, Nicola Mai, Cédric Parizot, Douglas Edric Stanley et l’atelier hypermédia et les membres du comité scientifique et artistique

Vendredi 17 janvier à 19h : Fiction de la frontière
Projection du film Sleep Dealer avec Alex Rivera, présentation par Isabelle Arvers

Lundi 27 janvier de 9h-12h 14h-18h : Topology, Territory and Border Spaces
Séminaire de l’IMéRA organisé par Gabriel Popescu (Résident IMéRA, Indiana University, South Bend) ouvert au public, en anglais, avec Alessandro Petti du collectif DAAR : à la compagnie

Jeudi 30 janvier à 19h : soirée Rivesaltes
Projections de La guerre est proche de Claire Angelini (2011) et de Un camp, cinq stèles de Serge Le Squer (2009), en présence des artistes et en dialogue avec Jean Cristofol.

Mercredi 19 février à 19h
Projections et rencontre avec Avec Morgane Guiard, Stephanos Mangriotis et Laurence Pilland, Nicola Mai.

Jeudi 20 février à 19h : Economie de la frontière
Projection du film De outro de lado de Lucas Bambozzi (2004), présentation par Nicola Mai et Cedric Parizot.

Jeudi 27 février 2013 à 19h Soirée antiAtlas des frontières
Rencontre-discussion autour du prochain numéro « Frontières » de la revue Hommes & Migration.

Atelier

Vacances de février : Atelier machinimas. Films conçus à partir de jeux vidéo comme GTA, Halo, Far Cry, frontiers the game – avec l’artiste égyptien Ahmed El Shaer et Isabelle Arvers. Films conçus autour des thématiques de la migration, de la frontière et de leur vécu.

Galerie en ligne

Cette galerie vient compléter et augmenter les expositions avec des œuvres de net.art, des œuvres interactives en ligne, des œuvres de vidéastes ou de photographes qui traitent des questions posées par l’antiAtlas :

Clémence Lehec, Laurent Davin, Street art on the separation wall

Magali Daniaux & Cédric Pigot, Cyclone Kingkrab & Piper Sigma

Magali Daniaux & Cédric Pigot, Arctic tactic

Julie Chansel et Michaël Mitz, La machine à expulser

Patrick Lichty, The private life of a drone

Alban Biaussat, The Green(er) Side of the Line

Romain de l’Ecotais, Au pied du mur

Ben Fundis, Clara Long, John Drew, <Border stories

Olga Kisseleva, Arctic Conquistadors

Martin De Wulf, Migrations map

Joana Moll, AZ: move and get shot

L’atelier Limo (Simon Brunel, Nicolas Pannetier et Maya Keifenheim), Border Bistro et enquête frontalière

Production

Institut Méditerranéen de Recherches Avancées (AMU), Marseille
Ecole Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence
Laboratoire PACTE (Université de Grenoble Alpes/CNRS)
Isabelle Arvers, commissaire d’exposition indépendante, Marseille
La compagnie, lieu de création à Marseille

Partenariats

Aix-Marseille Université (AMU), Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Réseau Français des Instituts d’Études Avancées (RFIEA), Labex RFIEA+, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Euborderscapes (Union Européenne, FP7), Institut de Recherches et d’Études sur le Monde Arabe et Musulman (IREMAM – AMU/CNRS), Laboratoire Méditerranéen de Sociologie (LAMES – AMU/CNRS), Laboratoire d’Économie et de Sociologie du Travail (LEST- AMU/CNRS), Laboratoire d’Études et de Recherche sur le Monde Anglophone (LERMA-AMU), Laboratoire d’Arts, Sciences, Technologies pour la Recherche Audiovisuelle Multimédia (ASTRAM-AMU), Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme (MMSH), LabexMed, Information Media production, Aviso Events, MarseilleProvence 2013 (MP 2013), ville d’Aix-en-Provence, Organisation Mondiale des Douanes (OMD)

Partenariat média

Télérama, Arte, PARIS Art, Culture Science en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Journal of Borderlands Studies, Perspectives (journal du RFIEA), L’Espace Politique, Ventilo (journal culturel bimensuel), MCD (Musiques et Cultures Digitales), Digitalarti, Poptronics, Digicult

Musée des Tapisseries, Aix-en-Provence, 2013

Exposition collective
du 1er octobre au 3 novembre 2013
Musée des Tapisseries, Aix-en-Provence

Avec Ian Howard, Amy Franceschini, Ken Rinaldo, Hackitectura, Claude Chuzel, Stéphane Rosière, Philippe Rekacewicz, RYBN, Gold Extra, Till Roeskens, Dana Diminescu, Nicola Mai, Sigalit Landau, Heath Bunting, Joana Moll & Heliodoro Santos, The Electronic Disturbance Theater 2.0 / b.a.n.g. lab., Micha Cardenas, Brett Stalbaum, Ricardo Dominguez, Amy Sara Carroll, Elle Mehrmand, Francis Alys, Fabien Fischer, Lauriane Houbey, Sarah Mekdjian et Anne-Laure Amilhat-Szary, Marie Moreau, Simona Koch. Commissariat Isabelle Arvers.

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Photos © Myriam Boyer

Projet

L’exposition L’antiAtlas des frontières est un projet construit en relation avec un processus de recherche consacré aux mutations du fonctionnement et du vécu des frontières au 21e siècle. Cette recherche s’est développée sur deux années, elle a rassemblé des chercheurs de différentes disciplines, de différents pays, mais aussi des artistes et des auteurs, dans une démarche profondément interdisciplinaire. L’une des caractéristiques de cette démarche a été le choix de ne pas opérer de hiérarchie préalable entre les formes de savoir, de faire se rencontrer des disciplines différentes, mais aussi de ne pas considérer les dimensions symboliques, culturelles ou les pratiques de création comme des épiphénomènes secondaires. Il s’est agi de réunir les différentes approches, celles des disciplines scientifiques, des acteurs de terrain, des artistes, comme des éléments indispensables à la compréhension de transformations qui ne touchent pas seulement à tel ou tel secteur de la vie sociale, mais aux représentations que nous nous faisons du monde dans lequel nous vivons et de nos propres identités.

L’exposition vise à rendre sensible la réalité complexe de ces mutations. Associant des productions élaborées en collaboration entre des chercheurs en sciences humaines et en sciences dures, des professionnels et des artistes, elle propose aussi un véritable décloisonnement entre les champs de la connaissance. Cette « hybridité » conduit l’exposition « antiAtlas des frontières » à proposer plusieurs niveaux de lecture et de participation. Différents moyens d’accès aux contenus sont ainsi mis à la disposition du public : des œuvres dont certaines ont été créées pour l’exposition, des expérimentations interactives, des cartes, des témoignages, un espace de documentation transmedia. L’exposition trouve dans son site internet (antiatlas.net) une extension virtuelle. Ce site est aussi un espace de recherche et de ressources, un lieu de débat et de partage des connaissances et des expériences.

Scénario des expositions

Escalade sécuritaire et technologique à la frontière

On a pu penser, avec la chute du mur de Berlin, que les frontières disparaissaient. Depuis, on n’a jamais autant construit de murs et de barrières. L’escalade sécuritaire aux frontières, sur terre, en mer, dans les airs et sur la toile, en Europe et dans le reste du monde, a radicalement transformé la nature des frontières et leur mode de fonctionnement. Dans le contexte du développement des flux de personnes, de marchandises et d’informations, les dispositifs de contrôle se détachent des territoires pour donner aux frontières des formes réticulaires, ponctiformes, ou même s’inscrire dans le corps des individus. C’est ce qu’il s’agit d’expérimenter au travers de Finger Print Maze de l’artiste Amy Franceschini. Donner son empreinte digitale pour ensuite pouvoir jouer dans le labyrinthe de notre identité. Ou nous faire prendre en photo à notre insu par les Paparazzi bots de Kenneth Rinaldo tout en nous plongeant dans la cartographie des frontières fermées  de Stéhane Roziere ou en nous enfermant dans l’installation X Ray de Claude Chuzel.

Frontières, flux et réseaux

Les dispositifs de contrôle créent des disjonctions entre les flux de personnes, de marchandises et les mouvements financiers, ainsi que des disjonctions entre leurs niveaux de fluidité. Si les circulations des marchandises et des flux financiers sont facilitées, celles des hommes sont en revanche assujetties à des contrôles de plus en plus stricts. Ces dispositifs ont bouleversé et profondément réorienté les flux et les dynamiques migratoires. Ils ont enfin multiplié les drames humains aux frontières. RYBN avec son robot trader ADM9 nous invite à découvrir les flux financiers qui dépassent frontières et vitesse de la lumière, la carte dynamique des étrangers détenus d’Olivier Clochard nous permet quant à elle une prise de conscience du marché global de la rétention humaine.

Contrôles, espaces et territoires

Le durcissement du contrôle des mobilités, dans un monde où se développent des moyens de communication de plus en plus rapides, favorise la création d’espaces et de mondes asymétriques et décalés. Il s’agira ici de montrer comment les populations mobiles, mais aussi ceux qui décrivent leurs expériences (chercheurs et artistes) réagissent et s’adaptent en développant de nouvelles formes de sociabilités et de pratiques de l’espace. Les oeuvres exposées souligneront également les limites de la cartographie classique pour cerner les espaces vécus et reconstruits par les populations frontalières et mobiles. Tels Francis Alys se jouant de la ligne verte ou Tll Roeskens proposant à des habitants de camps en Palestine de se réapproprier leur espace au travers du dessin.

Incorporation et biographisation de la frontière

En se complexifiant, la frontière tend à se disséminer, à se déployer au delà de son rapport au territoire pour s’inscrire jusque dans les corps. L’individualisation du contrôle et la définition de profils bio-sociaux et psychosociaux ne conduit pas uniquement à créer de nouvelles hiérarchies définissant des droits à la mobilité distincts entre les citoyens et les non citoyens. Elle provoque également une incorporation du contrôle et une « biographisation » de la frontière. Pour ne plus être identifiés ou fichés par l’intermédiaire de leurs empreintes digitales certains migrants n’hésitent pas à se brûler ou se limer les doigts ; d’autres entreprennent de transformer leur identité nationale, leur histoire personnelle et parfois leur identité sexuelle pour pouvoir bénéficier de programme de protection et d’assistance humanitaire, et ainsi ne pas être victimes de déportation.  C’est le cas de Samira, personnage réel rejoué pour l’installation Emborders de Nicola Mai  . Parce qu’il veut devenir femme, il doit fuir l’Algérie et obtient alors le statut de réfugié politique. Lorsqu’il souhaite revenir au pays, c’est à la transformation inverse qu’il procède afin d’obtenir des papiers et une nouvelle identité de chef de famille.

Détournements de frontières

L’État n’est cependant plus le seul acteur aux frontières. Les politiques migratoires et les systèmes de contrôle  sont mis en œuvre dans le cadre de coopérations complexes entre les États et une multitude d’acteurs infra et supra-étatiques, publics et privés. De même, le renforcement du contrôle pousse les populations vivant aux frontières et celles qui les traversent à réajuster leurs activités, leurs parcours et leurs modes de passage. Faute de moyens, ces populations sont souvent contraintes de se tourner vers des individus ou des groupes spécialisés dans le contournement des obstacles physiques (murs, barrières, etc.), des systèmes de surveillances (radars, drones, systèmes biométriques), des réglementations juridiques (visas, systèmes de permis de déplacement, contrats de travail, etc.) ou encore des barrières virtuelles. L’escalade sécuritaire à la frontière ouvre donc toujours des opportunités pour des passeurs, des contrebandiers, des fabricants de faux papiers, mais aussi pour des agences spécialisées dans le recrutement d’employés étrangers, etc. En tirant profit de cette demande et des failles de ces systèmes, ces acteurs contribuent à faire émerger une économie sociale et politique complexe. Que ce soit pour l’étudier, la perturber ou encore mettre en lumière les dynamiques qui la structurent, les chercheurs et les artistes participent directement à cette économie. The Transborder Immigrant Tool imaginé par The Electronic Disturbence Theater, est une application d’aide aux migrants pour déjouer les contrôles à la frontière mexicaine. Le collectif Forensic Oceanography imagine quant à lui une application en ligne pour documenter de manière participative les morts des migrants en mer médierranée.

L’antiAtlas des frontières  constitue l’une des « étapes» du parcours Ulysses, événement majeur de Marseille-Provence 2013 porté par le Frac (Fonds régional d’art contemporain). L’ensemble de la manifestation est co-produite par l’Institut Méditerranéen de Recherches Avancées (IMéRA), l’École Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence (ESAA), le laboratoire PACTE (Université de Grenoble-CNRS), le lieu de création La compagnie, et Isabelle Arvers, commissaire d’exposition indépendante.

Artistes et travaux de recherche exposés

Francis Alys, Sometimes doing something poetic can become political and sometimes doing something political can become poetic, 2004-2005

Heath Bunting, BorderXing, 2002

Claude Chuzel, X-ray, 2006

Dana Diminescu, E-diasporas, 2012

The Electronic Disturbance Theater 2.0 / b.a.n.g. lab., Micha Cardenas, Brett Stalbaum, Ricardo Dominguez, Amy Sara Carroll, Elle Mehrmand, The Transborder Immigrant Tool, 2009

Fabien Fischer, Lauriane Houbey, Sarah Mekdjian et Anne-Laure Amilhat-Szary, Marie Moreau, Crossing Maps, Cartographies transverses, 2013

Amy Franceschini, Finger Print Maze, 2003

Gold Extra, Frontiers the game, 2012

Hackitectura, Cartographie critique de Gibraltar, 2004

Ian Howard, Chinese Border Fence, 2004-2011

Simona Koch, Borders, 2010

Sigalit Landau, Barbed Hula, 2000

Nicola Mai, Samira (Emborders 1), 2013

Joana Moll & Heliodoro Santos, The Texas Border, 2010

Philippe Rekacewicz, Cartographie, 2012

Ken Rinaldo, Paparazzi Bots, 2009

Stéphane Rosière, Planisphère des frontières fermées, 2012

Till Roeskens, Videomappings : Aida, Palestine, 2009

RYBN, Robot ADM8, 2011

Galerie en ligne

Cette galerie vient compléter et augmenter les expositions avec des œuvres de net.art, des œuvres interactives en ligne, des oeuvres de vidéastes ou de photographes qui traitent des questions posées par l’antiAtlas :

Alban Biaussat, The Green(er) Side of the Line

Julie Chansel et Michaël Mitz, La machine à expulser

Magali Daniaux & Cédric Pigot, Cyclone Kingkrab & Piper Sigma

Magali Daniaux & Cédric Pigot, Arctic tactic

Martin De Wulf, Migrations map

Ben Fundis, Clara Long, John Drew, Border stories

Olga Kisseleva, Arctic Conquistadors

Romain de L’Ecotais, Au pied du mur

L’atelier Limo (Simon Brunel, Nicolas Pannetier et Maya Keifenheim), Border Bistro et Enquête frontalière

Patrick Lichty, The private life of a drone

Joana Moll, AZ: move and get shot

Presse

La frontière en question, Digitalarti

L’antiAtlas des frontières explore les mutations du XXIè siècle!, Marseille Face B

AntiAtlas des frontières, Télérama Plus, sept. 2013

Ventilo

Antiatlas de las fronteras, El proyecto es contraste con las libertades humanas logradas en buena parte del planeta, La Opinion, sept. 2013

Temps libre, avec Jean Cristofol sur l’antiAtlas des frontières, Radio Grenouille, 27 septembre 2013

Lettre d’information de l’INSHS (CNRS) N°25

Bypassing cartography, interview d’Isabelle Arvers par Marc Garett pour Furtherfield

Aux confins des frontières, Mouvement

Intervention d’Isabelle Arvers , Pechakucha

La frontière en ligne de mire, Poptronics

Extrait du journal 19/20, France 3 : reportage de M. Frey, R. Gasc, B. Joubert

L’antiAtlas des frontières, à la pointe du dialogue art-science, Lettre d’AMU, no. 16, septembre 2013, p. 20

L’antiAtlas des frontières, présentation par Cédric Parizot dans Perspectives, le journal du RFIEA (télécharger le numéro entier)

A La compagnie, un antiAtlas pour faire reculer les frontières, La Provence

Deuxième épisode de l’antiAtlas des frontières à Marseille, Digitalarti

Evénement, Paris Art

Evénement Marseille-Provence 2013

L’antiAtlas des frontières #2, MCD

L’antiAtlas des frontières, Marseille expos

Migreurop lance le site participatif closethecamps.org, Migreurop

Interventions créatives entre art et science, Causes communes

Les frontières et leur antiAtlas, Med’in Marseille

Le (sens dessus) dessous des cartes, Ventilo n. 330, p. 21

L’armée des drones, article d’Annick Rivoire sur Arte Creative

antiAtlas des frontières, Carnets de l’IREMAM

Production

Institut Méditerranéen de Recherches Avancées (AMU), Marseille
Ecole Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence
Laboratoire PACTE (Université de Grenoble Alpes/CNRS)
Isabelle Arvers, commissaire d’exposition indépendante, Marseille
La compagnie, lieu de création à Marseille

Partenariats

Aix-Marseille Université (AMU), Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Réseau Français des Instituts d’Études Avancées (RFIEA), Labex RFIEA+, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Euborderscapes (Union Européenne, FP7), Institut de Recherches et d’Études sur le Monde Arabe et Musulman (IREMAM – AMU/CNRS), Laboratoire Méditerranéen de Sociologie (LAMES – AMU/CNRS), Laboratoire d’Économie et de Sociologie du Travail (LEST- AMU/CNRS), Laboratoire d’Études et de Recherche sur le Monde Anglophone (LERMA-AMU), Laboratoire d’Arts, Sciences, Technologies pour la Recherche Audiovisuelle Multimédia (ASTRAM-AMU), Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme (MMSH), LabexMed, Information Media production, Aviso Events, MarseilleProvence 2013 (MP 2013), ville d’Aix-en-Provence, Organisation Mondiale des Douanes (OMD)