The Virtual Watchers

A TRADUIRE

Joana Moll & Cédric Parizot, 2010

The Virtual Watchers is an on-going research project at the intersection of art, research and technology that questions the dynamics of crowdsourcing at contemporary State borders. It focuses on the exchanges that occurred within a Facebook group that gathered American volunteers ready to monitor US-Mexico border through an online platform that displayed live screenings of CCTV cameras. The declared aim of this operation was to bring American citizens to participate in reducing border crime and block the entrance of illegal immigration to the US by means of crowdsourcing. This initiative, a public-private partnership, was originally launched in 2008 and consisted of an online platform called RedServants [1] and a network of 200 cameras and sensors located in strategic areas along the US Mexico border. Some of these cameras were also installed in the private properties of volunteering citizens. The online platform gave free access to the camera broadcasts 24/7 and allowed users to report anonymously if they noticed any suspicious activity on the border. RedServants had 203.633 volunteer users since 2008, and resulted in 5331 interdictions, which overall represents almost 1 million hours of free labour for the authorities. The program stopped in 2012 due to lack of financial support, as announced in its official Facebook page in May 13th 2012.

This project offers an interactive window that allows the public to access some of the original video feeds recorded by the RedServant’s surveillance cameras, and dive into the conversations, jokes, and questionings of the Facebook group that gathered some of the volunteering citizens that actively used the platform [2] . By doing so, it highlights to what extent the emotional investment and exchanges of these people work as an essential mechanism in the construction and legitimization of a post-panoptic system.

1. The original name of the platform has been changed in order to protect the identity of its users.
2. All the profile pictures and real names of the Facebook group members have been faked in order to protect their identities.

Visit the project

Pierre Depaz – SimBorder

Pierre Depaz
SimBorder
2016

SimBorder est une exploration algorithmique du système complexe qui entoure les questions d’immigration et de réfugiés à un niveau international.

Le programme génère un ensemble de pays voisins les uns des autres, chacun possédant un panel de politiques publiques ayant directement rapport à l’accueil de réfugiés (contrôles au frontières, allocations financières, rassemblement des familles et naturalisation des étrangers).

L’utilisateur(e) de la simulation peut modifier chacune de ces politiques publiques a sa guise. Un moment de réflexion apparait alors au moment de choisir l’ensemble de critères d’évaluation de ces dernières. S’agit-il de croissance économique? De l’approbation de la population locale? De la survie de la population émigrée? Sans offrir de réponse, SimBorder permet néanmoins de saisir la complexité de l’appareil politique en place.

En tant que simulation, SimBorder n’est pas objective. Elle ne représente que le point de vue de son auteur, comme tout système représente la volonté de celui ou ceux qui le conçoit, qu’il soit politique ou algorithmique, que ce dernier soit législateur ou programmeur.

Pierre Depaz est un artiste et programmeur vivant actuellement aux États-Unis. Diplômé de l’Institut d’Études Politiques de Lille, il est actuellement enseignant à l’université de New-York. Son travail de recherche se concentre essentiellement sur l’utilisation de simulations digitales et de technologies interactives pouvant fournir de nouvelles perspectives sur des sujets de société et de philosophie politique.

Personnal Cinema – Banoptikon

Personnal Cinema
Banoptikon
Jeu vidéo, 2010 – 2013
Voir le projet

Le jeu vidéo Banoptikon propose de rendre visible les mécanismes de contrôle et de simuler des situations vécues par les migrants dans différents environnements -urbains et non-urbain- y compris dans le corps humain. Car les corps sont devenus les objets et les outils de la surveillance et du contrôle.

Personal Cinema est un collectif actif dans le domaine des arts numériques. Ce collectif conçoit et organise des projets et des activités qui encouragent les attitudes critiques envers les nouvelles formes de production, de présentation et de distribution des productions audiovisuelles.

Mahaut Lavoine – 407 camps

Mahaut Lavoine
407 Camps
Installation, 2015

Le projet 407 Camps est une cartographie faite d’un assemblage de photographies aériennes reprises d’Internet et cadrées dans un rapport 1 :2. Ce territoire met en forme les données mises en ligne par Migreurop sur le site closethecamps.org. Dans cette pièce, chaque photographie agit dans l’ensemble comme une cellule, une parcelle de territoire qui communique et se détache en même temps de l’ensemble crée. Ici, chaque photographie documente les flux : route, aéroport, port maritime, autant d’infrastructures destinées à communiquer et échanger avec d’autres pays. La carte met ainsi en évidence la politique d’échange mise en place notamment avec le traité de Maastricht et l’accord de Schengen. Mais elle cache en son sein ce qui l’a construite : cette partie de la population emprisonnée. Chaque photographie agit comme une cellule dans un ensemble visant à dévoiler un territoire peu visible et dédié à l’enfermement des clandestins.

La cartographie est accompagnée d’un livre, 407 camps – Index, qui commente et intègre les informations nécessaires à l’appréhension des établissements destinés à l’enfermement des étrangers à travers l’Europe. Ici les données présentes s’étalent sur les cinq dernières années, car si Migreurop tente d’harmoniser et de communiquer sur la situation des étrangers en Europe, une opacité reste présente sur toutes les données.

Mahaut Lavoine vit et travaille à Lille. Il a obtenu son DNSEP à L’ESAD de Valenciennes en 2015.

Lawrence Bird – Parallel

Lawrence Bird
Parallel

Parallel est une vidéo composée d’images satellites qui suivent la frontière séparant les Etats-Unis du Canada le long de la 49ème parallèle de latitude. Sur plus de 2000 km, le projet poursuit une trajectoire simple mais une géographie complexe sur le plan politique, technologique et temporel. Le projet traite donc de parallèles, au-delà de la simple latitude: pays parallèles, mode de pensée parallèle, politique et territoires visuellement parallèles, etc. Le projet documente donc deux régimes politiques et optiques différents à la limite qui les sépare.

Lawrence Bird est basé au Canada, il est formé en architecture, design urbain, sciences sociales et histoire et théorie de l’architecture. Ses travaux en arts visuels sont principalement des installations et des projections vidéo.

Antoine Kik – Immigration Game

Antoine Kik
Immigration Game
Installation interactive, 2016

Immigration Game est une installation vidéo-interactive qui place dans l’espace une frontière fictive entre deux espaces.
L’oeuvre propose au visiteur de passer d’un territoire à l’autre en se prêtant à des contrôles électroniques, inspirés des formulaires d’immigration ou des technologies de contrôle d’accès.

En franchissant la frontière, symbolisée par une porte au milieu de l’installation, le visiteur fait face à son avenir en tant que migrant sous la forme d’une projection vidéo.

Passer une frontière est une formalité pour la plupart d’entre nous, pour les autres c’est une nouvelle vie qui commence, un renouveau…

Cette installation questionne le rêve, l’utopie que suggèrent les frontières et les territoires qui se trouvent de l’autre côté. Ainsi que la catégorisation des personnes, la fin du rêve Américain…

Entre monde du jeu vidéo, esthétique brute et flux de pixels, Antoine BONNET « KiK » construit un univers visuel et évolutif, représentatif des enfants de l’ère numérique.

Artiste numérique, il construit des interfaces électroniques sonores et visuelles.
Son intérêt pour l’esthétique glitch l’a amené à s’intéresser à l’art vidéo, et à créer des visuels pour le groupe 8 bits, The Cheat Code (de 2009 à 2014) et Theremynt (de 2013 à aujourd’hui).

Il s’intéresse également à de nombreux autres domaines, tels que le design graphique, le graffiti, la réalisation de films, la photographie, avec cette démarche altruiste et grotesque qui le caractérise.

Il est un membre actif du Graffiti Research Lab FRANCE, et président de la Brigade Neurale.

Giovanni Ambrosio – Please do not show my face

Giovanni Ambrosio
Please do not show my face

« Please do not show my face I’m tired I look older than I really am when I call my family I tell that everything is fine »

Sébastien Louis, enseignant d’Histoire à l’Ecole Européeenne de Luxembourg 1, m’invite à l’accompagner dans son voyage scolaire à Dunkerque et Calais. Tu pourrais faire des portraits. Des visages de migrants? Pourquoi je suis ici?

Ce n’est pas une série sur la migration, sur les migrants, dont finalement je sais assez peu. Je voudrais que ce soit une réflexion sur ce que cela pourrait vouloir dire connaître quelque chose, la représenter, que ce soit un une manière de juger (to procees, comme en informatique) mon regard, ma capacité d’établir une relation avec le réel. Je ne sais pas faire autre chose que cadrer des formes dans une autre forme, celle du viseur. Puis-je raconter comment nous avons traversé des frontières? Il y a-t-il autre chose qu’une obsession formelle? Chapitres : 1. Europe. Nouveaux quartiers, parking, anciens sites industriels. 2. Tout est question de seuils et de frontières. 3. Espaces. 4 Archéologie. Dans les camps. Gens. Abris temporaires. Traces, empreintes. 5. Je suis obsédé par les formes. 6. Post photographie : l’outil clarté utilisé pour transformer une image plate en une composition spectaculaire.

Né à Naples, en Italie, en 1978, et basé à Paris. J’aime le sentiment d’être un étranger. Mon travail consiste essentiellement dans la traversée de seuils. J’ai appris la photographie à Naples, avec le cours de Photographie et Désir de Sergio De Benedittis, à l’Atelier Nigma Fotografi et plus tard j’ai été étudiant du Département de Photographie et Art Contemporain de l’Université Paris VIII. Mon parcours d’études principal s’st déroulé en littérature française et portugaise à l’Université de Naples l’Orientale. En France j’ai obtenu le diplôme du Dea de Cinéma, littérature et Société de l’Université Paris X Nanterre. Après avoir été enseignant d’italien langue étrangère, je me consacre entièrement à la photographie et à la recherche artistique depuis 2010. Mon travail personnel est basé sur l’exploitation de genres classiques de la photographie d’art auxquels je fais d’habitude référence en latin: effigies, spatium, argumenta, naturae mortae, abstracta. La photographie est l’une de mes matières préférées: elle est pas chère, facile à travailler et grâce à sa nature électronique, elle peut être infiniment remodelée. Je développe également un corpus de travaux basés sur un geste pictural minimaliste dans lesquels la photographie intervient en dernière analyse pour sédimenter toutes les matières que je rencontre: papier, peinture, poussière, déchets, liquides. D’autre part je travaille à des commandes en photographie, graphisme et communication. J’appelle cela le Studio. C’est pour moi aussi un endroit où je peux me confronter à des matière visuelles qui pourront alimenter ma recherche personnelle.

bsgart.netblack-spring-graphics.com

Recherche, arts et pratiques numériques #3: une UMR entre arts et sciences ?

Mercredi 2 mars 2016,
IMéRA
2 place Le verrier,
13004 Marseille

Comité d’organisation : Cédric Parizot (IREMAM, CNRS/AMU), Jean Cristofol (Ecole Supérieure d’Art d’Aix en Provence), Benoit Fliche (IDEMEC, CNRS/AMU), Jean-Paul Fourmentraux (LESA, AMU, Centre Norbert Elias, EHESS)

Recherche, art et pratiques numériques est une séminaire transdisciplinaire qui s’intéresse aux perturbations productives que génèrent les collaborations entre les chercheurs en sciences humaines et les artistes dans le domaine du numérique. Il s’inscrit dans la suite des réflexions et des expérimentations que nous avons menées à l’IMéRA dans le programme antiAtlas des frontières depuis 2011 tout en élargissant notre questionnement au-delà de la seule question des frontières. (Lire la suite)

Une UMR entre Arts et Sciences ?

Jean Claude Risset, directeur de Recherche émérite AMU/LMA)
Introduction

Jacques Sapiéga, maître de Conférences émérite, ASTRAM, Aix Marseille Université
Arts, sciences, numérique : jeux et enjeux de l’interdisciplinarité

Une UMR entre Arts et Sciences au sein d’AMU n’est pas un projet « dans l’air du temps ». C’est le résultat d’une histoire qui commence à Marseille dans les années 70, comme le rappelle Jean-Claude Risset, dont les travaux au sein du LMA auront des conséquences déterminantes. Dans les années 80, la naissance du futur Département des Sciences Arts et Techniques de l’Image et du Son au sein du secteur Sciences de l’Université de Provence marque une autre étape. Les forces qui se rejoignent aujourd’hui pour créer cette unité de recherche auront très tôt des contacts, notamment à partir de la publication du « Rapport Arts Sciences Technologies » sous la direction de Jean Claude Risset (mars 1998). Jacques Sapiega rappellera quelques exemples de collaborations / créations réalisées entre laboratoires à partir de la fin des années 90, avant d’aborder les problèmes théoriques et méthodologiques que posent les interactions entre Arts et Sciences, à partir de l’histoire de cet objet fondamentalement interdisciplinaire qu’est l’art cinématographique (de l’optique au numérique).

Richard Kronland-Martinet, directeur de recherche au CNRS – Laboratoire de Mécanique et d’Acoustique – Marseille
Les métaphores sonores : une approche interdisciplinaire des processus de contrôle de la synthèse sonore

L’avènement des technologies numériques, dans les années 50, a bouleversé le domaine de la synthèse des sons. Dès lors, était-il possible de manipuler avec une extrême précision les éléments constituants l’onde sonore et d’accéder aux relations intimes qui associent la structure physique des sons à leur perception. Ces connaissances se sont naturellement bâties autour de recherches menées dans des domaines aussi variés que ceux de la musique, la physique, l’informatique, les sciences cognitives… C’est grâce au croisement et à l’interaction de ces disciplines qu’une meilleure compréhension du son s’est forgée, induisant des ruptures technologiques, scientifiques et sociétales d’importance.
Aujourd’hui, les nouvelles technologies ne cessent d’accroitre les possibilités d’expérimentation, produisant des connaissances toujours plus pointues à partir desquelles une interrogation interdisciplinaire devient à la fois plus difficile mais aussi plus essentielle. Dans cet exposé, nous focaliserons la question de l’interdisciplinarité sur le problème du contrôle perceptif des processus de synthèse. Nous montrerons comment il est possible de contrôler la structure ondulatoire de sons en s’appuyant sur un paradigme issu de recherches dans les domaines de la musique et des sciences cognitives. Ce paradigme ouvre la voie à de nouvelles représentations du timbre sonore, tout en permettant un contrôle intuitif et incarné des sons réalistes mais aussi inouïs, basé sur la notion de métaphores sonores.

Peter Sinclair, artiste et enseignant Ecole supérieure d’art d’Aix en Provence
La Recherche Création (Mise) en pratique à Locus Sonus

Locus Sonus est une des premières unités de recherche permanentes rattachées aux écoles d’art et reconnues par le ministère de la culture. Peter Sinclair décrira l’approche transdisciplinaire de la recherche qui s’est développé au cours des dix années d’existence du laboratoire. Il plaidera pour une méthode de recherche qui donne une place centrale à la pratique expérimentale artistique. Il évoquera les problématiques partagées avec les autres membres du futur UMR et les perspectives qu’il voit s’ouvrir avec ce projet.

Discussion

Cyril Isnart, anthropologue, chargé de recherche, Institut d’Ethnologie et Méditerranéenne, Européenne et Comparative, CNRS/AMU)
Olivier Tourny, musicologue, chargé de recherche, Institut d’Ethnologie et Méditerranéenne, Européenne et Comparative, CNRS/AMU, Ecole Française de Rome

Image: Locus Sonus

Le Chercheur et ses doubles

Ouvrage sous la direction de Kantuta Quirós Aliocha Imhoff Sandra Delacourt Katia Schneller Vanessa Théodoropoulou Mathieu Abonnenc Kapwani Kiwanga Otobong Nkanga Emilie Villez

Au cours de ces quinze dernières années, la figure de l’« artiste chercheur » est apparue comme une catégorie hautement valorisée par le marché et les institutions artistiques occidentales. Or, alors que les accointances entre recherche artistique et académique acquièrent une aura importante, les considérations épistémologiques et politiques qu’elles impliquent occupent encore peu de place au sein des débats théoriques. Considérées de manière générique, ces incursions artistiques sur les terres traditionnelles de la recherche sont souvent indifférenciées (comme l’indique par exemple son amalgame récurent avec la figure de l’« artiste théoricien ») et questionnent le modèle politique et économique propre à la recherche académique.

C’est dans la continuité d’une riche et passionnante table ronde qui s’est déroulée en novembre 2014 à l’Institut national d’histoire de l’art à Paris qu’est apparue l’idée du livre Le Chercheur et ses doubles. Les contributeurs réunis au sein de ce projet partagent le désir de poser un regard circonstancié et distancié sur cette question et de faire émerger une réflexion pertinente sur le sujet. Pour ce faire, chaque participant a été invité à partager l’objet de ses recherches récentes ou en cours. Ainsi, Mathieu Kleyebe Abonnenc nous parle des travaux menés dans le cadre du projet qu’il exposa en 2015 au Pavillon belge de la Biennale de Venise. Otobong Nkanga s’est quant à elle attachée à présenter les recherches qui ont conduit à la réalisation de « Landversation », exposé à la Biennale de Sao Paolo en 2014. Kapwani Kiwanga est revenue sur « Maji-Maji », exposé durant l’été 2014 au Jeu de Paume à Paris, et Émilie Villez sur l’exposition Beyond the End qu’elle a accueillie à la Fondation Kadist au cours de la même période. Le peuple qui manque a offert un panorama dense des projets curatoriaux et théoriques développés depuis la publication en 2014 de l’ouvrage Géoesthétique aux éditions B42.

B42-Chercheur-doubles-cover_scaled

Recherche, arts et pratiques numériques #2: Recherche et jeux vidéo

Mercredi 3 février 2016,
IMéRA,
2 place Le verrier,
13004 Marseille

Comité d’organisation : Cédric Parizot (IREMAM, CNRS/AMU), Jean Cristofol (Ecole Supérieure d’Art d’Aix en Provence), Benoit Fliche (IDEMEC, CNRS/AMU), Jean-Paul Fourmentraux (LESA, AMU, Centre Norbert Elias, EHESS)

Recherche, art et pratiques numériques est une séminaire transdisciplinaire qui s’intéresse aux perturbations productives que génèrent les collaborations entre les chercheurs en sciences humaines et les artistes dans le domaine du numérique. Il s’inscrit dans la suite des réflexions et des expérimentations que nous avons menées à l’IMéRA dans le programme antiAtlas des frontières depuis 2011 tout en élargissant notre questionnement au-delà de la seule question des frontières. (Lire la suite)

Recherche et jeux vidéo

Cédric Parizot, anthropologue, IREMAM, CNRS/AMU et Douglas Edric Stanley, artiste et enseignant, Ecole supérieure d’art d’Aix-en-Provence)

A Crossing Industry

A Crossing Industry est un jeu vidéo qui confronte le joueur avec les mécanismes de contrôle déployés par les Israéliens en Cisjordanie depuis le début des années 2000 afin de réguler les circulations des Palestiniens. Son élaboration, toujours en cours, a été amorcée au début de l’année 2013 par une équipe transdisciplinaire articulée autour d’un anthropologue (Cédric Parizot), d’un artiste (Douglas Edric Stanley), d’un philosophe (Jean Cristofol), avec la participation de dix étudiants de l’Ecole supérieure d’art d’Aix-en-Provence (1). En revenant sur ce processus et sur les premières ébauches de l’interface, cet article s’interroge sur la capacité de la technologie vidéo ludique à générer de nouvelles formes de modélisation de la recherche et de création artistique.

(1) Yohan Dumas, Benoit Espinola, Tristan Fraipont, Emilie Gervais, Théo Goedert, Mathieu Gonella, Martin Greffe, Bastien Hudé, Thomas Molles, Milena Walter

Image: Douglas Edric Stanley, 2014

Nouvelle étape de « Moving Beyond Borders » à Arcueil (94)

Moving Beyond Borders
Photo (c) Pauline Duclos

Une exposition itinérante de Migreurop et mise en scène par la compagnie Étrange Miroir. A Anis Gras – le Lieu de l’Autre, Arcueil, du 21 janvier au 6 février 2016

Interactive, multimédia et accessible à tou.te.s, l’exposition vise à lutter contre les préjugés et les idées reçues sur les migrant.e.s ainsi qu’à dénoncer les politiques de mise à l’écart des exilé.e.s jugé.e.s indésirables sur le territoire européen.

Cette exposition, mise en scène par la compagnie Etrange Miroir, s’intéresse aux parcours des migrant.e.s et pointe les dispositifs responsables de leur périlleuse traversée, dans le Sahara, en mer Méditerranée et/ou aux frontières orientales de l’Union européenne.
Dans la continuité des campagnes Open Access Now/Close the Camps et Frontexit de Migreurop, « Moving Beyond Borders » (MBB) est un outil de sensibilisation « tout public » inscrit dans une perspective à la fois militante et artistique. Elle vise à partager dix ans d’observations et de recherches sur les entraves, les injustices et les violations des droits des personnes migrantes. Elle entend aussi promouvoir une autre vision du monde, où la liberté de circulation serait garantie pour toutes et tous, et à ce titre constituer un vecteur de changement social au profit d’une société plus juste et plus équitable.

L’exposition itinérante MBB propose une approche multimédia des réalités migratoires. Des cartes, pour saisir les parcours des personnes et la façon dont les contrôles aux frontières se déplacent et s’externalisent. Des photographies, pour illustrer les conséquences d’une gestion sécuritaire de la question migratoire, telle qu’elle s’observe en Europe et au-delà. Des paysages sonores, pour accompagner et mettre en relief les supports visuels. L’exposition est constituée de cinq modules interactifs, les trois premiers touchant des réalités contemporaines, les derniers imaginant deux scenarios opposés quant aux possibles évolutions futures des politiques migratoires européennes.

Etrange Miroir, le réseau Migreurop et Anis Gras vous invitent à découvrir l’exposition « Moving Beyond Borders » (MBB) et à participer à la rencontre « La cartographie à l’épreuve de la représentation des flux migratoires » qui aura lieu le 21 janvier.

La représentation cartographique des mouvements migratoires concentre des enjeux de formes (flux, stocks) et de fonds (cohérence et disponibilité des données). La position d’un cartographe n’étant jamais neutre, les messages proposés par les cartes relatives aux migrations de populations sont aussi le reflet d’un positionnement faisant écho à l’actualité.

La rencontre sera animée par Olivier Clochard (géographe, Migrinter, Migreurop) et Philippe Rekacewicz (cartographe, Visions Carto) – auteurs d’une partie des cartes animées qui composent MBB – ainsi que par Françoise Bahoken (cartographe, Inrets) et Elsa Tyszler (sociologue, Migreurop). Elle se tiendra de 16 h 00 à 18 h 00.

ANIS GRAS – le lieu de l’autre du jeudi 21 janvier au samedi 6 février 2016
55, avenue Laplace – 94110 Arcueil
Accès RER B station Laplace-Maison des Examens
Entrée libre

Horaires d’ouverture :
L’équipe d’Anis Gras vous accueille 1h avant les soirs de représentation (voir programmation) et tous les vendredis de 12h à 18h.

Sites web :
Migreurop | Etrange Miroir | Anis Gras

Pages FB :
Moving Beyond Borders – Paris / Arcueil 2016 | Migreurop | Etrange Miroir | Anis Gras

Regarder le teaser en ligne :
https://vimeo.com/146229544

Pour plus d’informations :
Pour Migreurop : contact@migreurop.org
Pour Anis Gras : communication@lelieudelautre.fr

source : Migreurop

Recherche, art et pratiques numériques #1: introduction

Mercredi 13 Janvier 2016,
IMéRA,
2 place Le verrier,
13004 Marseille

Comité d’organisation : Cédric Parizot (IREMAM, CNRS/AMU), Jean Cristofol (Ecole Supérieure d’Art d’Aix en Provence), Benoit Fliche (IDEMEC, CNRS/AMU), Jean-Paul Fourmentraux (LESA, AMU, Centre Norbert Elias, EHESS)

Introduction

Ce séminaire transdisciplinaire s’intéresse aux perturbations productives que génèrent les collaborations entre les chercheurs en sciences humaines et les artistes dans le domaine du numérique. Il s’inscrit dans la suite des réflexions et des expérimentations que nous avons menées à l’IMéRA dans le programme antiAtlas des frontières depuis 2011 tout en élargissant notre questionnement au-delà de la seule question des frontières. (Lire la suite)

Jean Cristofol, philosophe, Ecole supérieure d’art d’Aix-en-Provence
Art, sciences et processus exploratoires

La vieille question des relations entre arts et sciences a pris, depuis quelques années, une nouvelle actualité. Elle s’est aussi transformée, élargie, renouvelée. Il est donc nécessaire de l’aborder autrement. Il faut s’interroger sur la diversité des formes de la connaissance scientifique elle-même et sur le rôle des sciences humaines et sociales. Il faut tenir compte de l’impact des technologies de l’information et du développement des techno-sciences. Mais il fait aussi prendre en compte l’évolution des pratiques artistiques elles-mêmes. On a encore tendance, quand on pense à l’art, et en particulier aux arts plastiques ou visuels, à faire référence aux pratiques traditionnelles de la peinture, de la sculpture, du dessin et aux différentes disciplines qui leurs sont associées. Pourtant, dès le XIX° siècle avec la photographie, puis de plus en plus largement au XX° siècle avec le cinéma, la vidéo, les pratiques artistiques se sont considérablement diversifiées. Les technologies numériques ont radicalement généralisé et prolongé ce déplacement, parce qu’elles ne constituent plus un médium ni même un média particulier, mais qu’elles se développent à l’échelle de la société toute entière. Elles en pénètrent, traversent et font muter l’ensemble des pratiques, qu’elles soient de conception, de communication ou de production. Les artistes se trouvent de plein pied dans ce qui constitue la matière même dans laquelle s’articulent les relations à la connaissance et à l’action. La diversification et la transversalité des pratiques artistiques contemporaines, qu’elles fassent usage ou non des technologies numériques, ne peuvent se comprendre sans prendre en compte le caractère fondamental de ces bouleversements, parce qu’ils touchent à la matière même dans laquelle la culture s’articule.

Jean-Paul Fourmentraux, sociologue, LESA, AMU, Centre Norbert Elias, EHESS
Créer à l’ère numérique : arts, sciences, technologies

Qu’est-ce que « créer » dans un contexte interdisciplinaire hybridant arts, sciences et technologies numériques ? Depuis une vingtaine d’années le numérique bouscule les frontières entre des domaines de l’activité artistique qui étaient jusque-là relativement cloisonnés : arts plastiques, littérature, spectacle vivant, musique et audiovisuel. Nombre de projets artistiques en lien avec les technologies informatiques et multimédias mettent en œuvre des partenariats pluridisciplinaires où cohabite le théâtre, la danse, le cinéma ou la vidéo et le son. La création artistique et la recherche technologique, qui constituaient autrefois des domaines nettement séparés et quasiment imperméables, sont aujourd’hui à ce point intriqués que toute innovation au sein de l’un intéresse (et infléchit) le développement de l’autre. Les œuvres hybrides qui résultent de leur interpénétration rendent irréversible le morcellement des anciennes frontières opposant art et science. La manière inédite dont celles-ci se recomposent amène à s’interroger d’une part sur l’articulation qui, désormais, permet à la recherche et à la création d’interagir, et d’autre part sur la redéfinition des figures de l’artiste ainsi que des modes de valorisation des œuvres spécifiques à ce contexte. Car plus que de transformer seulement les modalités du travail de création, un enjeu tout aussi important de ces partenariats réside dans la nécessaire redéfinition de la (ou des) finalité(s) de ce qui y est produit. La question cruciale devenant alors celle de la clôture de l’œuvre et de ses mises en valeurs entre logiques artistiques (qualité esthétique, projet d’exposition) et technologiques (recherche et développement, transfert industriel). Le suivi d’« affaires » de recherche-création en art numérique (Fourmentraux 2013) nous permettra d’éclairer en effet ces enjeux renouvelés qui entrainent une transformation des modes d’attribution et de valorisation des œuvres, partagées entre art, science et développement technologique.

Résurgences ou éloge de la désexcellence, par Anna Guilló

Carton HDR

Vous êtes cordialement invités à l’exposition et à la soutenance d’habilitation à diriger des recherches en Arts plastiques et sciences de l’art d’Anna Guilló, Université Paris I – Panthéon-Sorbonne, UFR 04

Résurgences – Éloge de la désexcellence

Le vendredi 15 janvier à 14h – Galerie Michel Journiac
47 rue de Bergers 75015 Paris

Composition du jury – Mesdames et Messieurs les Professeurs :
Christine Buignet, Université Toulouse – Jean Jaurès
Miguel Egaña, Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne
Pierre-Damien Huyghe (garant), Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne
Karen O’Rourke, Université Jean Monnet – St Étienne
Daniel Payot, Université Marc Bloch – Strasbourg

La soutenance sera suivie d’un pot au Bal du Pirate, juste en face.

Cédric Parizot – Les murs en Méditerranée

Cédric Parizot
Les murs en Méditerranée
Décembre 2015

Depuis le début des années 1990, les rives de la Méditerranée ont vu s’élever de nombreux murs, barrières et systèmes de surveillance aux marges des États, parfois même au cœur des villes. L’espace méditerranéen n’échappe donc pas à la « téichopolitique », c’est-à-dire cette politique de cloisonnement des espaces pour renforcer le contrôle sur les territoires (Ballif et Rosière, 2009). À la fin des années 2000, selon les estimations de différentes équipes de recherche, murs, barrières, clôtures et systèmes de surveillances maritimes s’étendaient sur une longueur comprise entre 18 000 et 41 000 km de frontières terrestres et maritimes (Foucher, 2007 ; Ballif et Rosière, 2009). Les trois quarts de ces dispositifs auraient été érigés après l’an 2000. Dans l’espace euro-méditerranéen, ces clôtures, barrières et murs construits ou projetés aux marges des États couvraient déjà plus de 8 000 km de frontières (Rosière et Jones, 2012).

Si l’érection de murs n’est pas un phénomène contemporain, son ampleur et les logiques qui sous-tendent ce processus s’inscrivent en revanche dans des dynamiques propres à la globalisation (Brown 2009, Vallet 2014). Loin d’être des archaïsmes ou des marques provisoires de repli, dans un monde que certains envisageaient comme plus ouvert, ces murs témoignent de l’émergence de nouvelles formes de gouvernement des hommes et des territoires.

Des fortifications militaires aux murs de l’exclusion

Dans l’Empire romain, des murs apparaissent dès l’an 122, quand le mur d’Hadrien est construit pour marquer la limite nord de l’Empire. Il est doublé par celui d’Antonin en 140. À l’est, une ligne de fortifications est érigée, plus tard, le long du Danube et du Rhin. Établis sur des lignes de front, ces édifices visent à contenir les attaques et les incursions contre un Empire alors sur la défensive. Cette fonction militaire se retrouve aux époques moderne et contemporaine à travers l’exemple de la « ceinture de fer » de Vauban, ou celui de la ligne Maginot construite dans les années 1920-1930 sur les frontières nord et est de la France, de la Belgique à l’Italie.

Entre le XIXe et le XXe siècle, l’expansion et la généralisation des États-nations, ainsi que le processus de reconnaissance mutuelle encouragé par la charte de l’Organisation des Nations unies (ONU), ont considérablement réduit la fonction militaire des frontières : de lignes de front, elles deviennent des marqueurs entre des espaces de souveraineté (Rosière et Jones, 2012).

Dans la seconde moitié du XXe siècle, la militarisation et le déploiement de fortifications aux frontières se limitent alors aux espaces conflictuels. S’il ne reste que des vestiges de la ligne Barlev construite par Israël en 1967 le long du canal de Suez, le « rideau de fer », érigé par le bloc de l’Est de la Baltique à l’Adriatique au cours de la guerre froide, a davantage marqué son temps et les paysages, comme en témoigne le mur de Berlin construit en août 1961. D’autres lignes de front persistent encore en Méditerranée. Ainsi, à Chypre, la ligne Verte, longue de 180 km, sépare toujours, depuis 1974, les parties grecque et turque de l’île (Novosselof et Neisse, 2015). Les frontières d’Israël avec le Liban et la Syrie restent également toujours grillagées et lourdement militarisées – en 2012, les autorités israéliennes ont d’ailleurs relancé un programme pour les renforcer.

Au cours de cette période, les fonctions de ces barrières glissent également vers le contrôle des mouvements d’insurgés et de populations civiles. Le rideau de fer visait davantage à empêcher les ressortissants des pays de l’Est à fuir vers l’Ouest qu’à repousser l’avancée d’une armée ennemie. Pendant la guerre d’Algérie, les lignes de barbelés mises en place par les Français entre 1956 et 1957 le long des frontières avec la Tunisie et le Maroc sont essentiellement destinées à empêcher les déplacements et le ravitaillement des insurgés. En 1969, à Belfast, les autorités britanniques érigent les premières barrières entre les quartiers catholiques et protestants de la capitale de l’Irlande du Nord. Ces Peace Lines (lignes de paix) sont censées réduire les frictions entre les deux populations en conflit ; elles s’étendent aujourd’hui sur environ 15 km (Ballif, 2009). Enfin, en 1980, le Maroc lance la construction d’un mur de sable à l’est du Sahara occidental, cinq ans après avoir pris possession de la zone. L’objectif est de contenir les attaques des Sahraouis et de protéger le « triangle utile » comprenant les mines de phosphates et les principales villes du territoire (Mohsen Finan, 1997, p. 63-66) ; ce mur mesure aujourd’hui près de 2 000 km (Novosselof et Neisse, 2015). D’autres barrières et clôtures ont été érigées par les Américains en Irak dans les années 2000. Leur volonté était de lutter contre des infiltrations d’insurgés et les attentats terroristes au sein des zones maintenues sous leur contrôle.

Dans les années 1990, la plupart des murs abandonnent leur vocation militaire au profit de fonctions policières et sécuritaires. Désormais, ces barrières ont pour principal but de contrôler les mouvements de populations ainsi que l’exclusion de groupes considérés comme présentant des risques. En construisant, dès 1995, des barrières le long de leurs enclaves de Ceuta et Melilla, les Espagnols sont les premiers Européens à recourir aux murs pour lutter contre l’immigration clandestine et les trafics illégaux (drogue, contrebande, etc.) – utilisant ainsi le même procédé que celui employé un an plus tôt sur la frontière américano-mexicaine, et alors vivement critiqué par l’Europe.

Depuis, de nombreux autres projets ont vu le jour en Europe, au Maghreb et au Moyen Orient, dont plusieurs au cours de l’année 2015. Les cartes réalisées par les équipes de recherche d’Elisabeth Vallet et Migreurop en 2012 et celle de Alexandra Novosselof et Frank Neisse, 2015 n’arrivent d’ailleurs plus à suivre cette prolifération. En Europe, de nouveaux murs sont apparus autour de l’espace Schengen : au niveau du fleuve Évros entre la Grèce et la Turquie, entre la Slovaquie et l’Ukraine, entre la Bulgarie (candidate à l’intégration dans Schengen) et la Turquie (Quétel, 2012, p. 266-267). En 2015, suite à l’arrivée de plus en plus importante de migrants, la Hongrie a annoncé son projet d’élever un mur de 175 km le long de sa frontière avec la Serbie (Honoré 2015). Même la France n’échappe pas à cette tentation, puisqu’elle a érigé une clôture de 2 à 4 mètres de haut sur 3 km de long pour barrer l’accès des migrants au terminal d’Eurotunnel (Zerrouky 2015). Enfin, en déclarant en octobre 2015 sa volonté d’élever un mur le long de sa frontière avec la Slovénie (AFP et Vedier 215), l’Autriche inaugure le premier mur au sein de l’espace Schengen.

Au sud et à l’Est de l’Europe, d’anciens édifices construits sur des lignes de front sont même aujourd’hui « réhabilités » en vertu de leur capacité de contenir les flux des migrations. C’est le cas de la barrière de sable le long du Sahara occidental, désormais présentée comme telle par certaines autorités marocaines (Novoseloff et Neisse, 2015). En 2014, le Maroc a annoncé la construction d’un mur supplémentaire d’une centaine de kilomètres le long de sa frontière avec l’Algérie. En 2015, la Tunisie a quant à elle commencé à élever un mur de 168 km le long de sa frontière avec la Lybie (Amari 2015). La Turquie a décidé de fortifier certaines zones frontières avec la Syrie (Le Figaro et AFP 2015), au même titre que l’Egypte le long de la zone tampon entre la Bande de Gaza et le Sinaï.

Ces murs ne sont pourtant que la pointe de l’iceberg : ils sont l’équivalent terrestre de dispositifs de surveillance maritime bien plus étendus, que les différents pays membres de l’Union européenne ont déployés le long du détroit de Gibraltar, de l’île de Lampedusa, de Malte ou encore entre les îles grecques et la Turquie (Rosière et Jones, 2012, p. 227-228). L’un des plus élaboré de ces « murs liquides » est sans doute le système SIVE (Sistema Integrado de Vigilancia Exterior), entourant les côtes espagnoles et portugaises : reposant sur des systèmes de détection très sophistiqués, ainsi que sur des patrouilles maritimes et aériennes, il vise à intercepter les migrants et les contrebandiers en provenance du Maghreb.

Présentées avant tout comme des dispositifs sécuritaires, les barrières érigées par Israël, à partir des années 1990, s’inscrivent elles aussi dans une logique de régulation des mouvements de populations et de leurs espaces de vie. La première à être construite est celle de Gaza en 1995. En filtrant et en régulant les entrées des Palestiniens vers Israël, les autorités ont voulu à la fois empêcher les intrusions d’individus considérés comme des risques sécuritaires, mais surtout réguler l’accès de cette population au marché du travail israélien. Au cours du second soulèvement palestinien (2000-2004), face à la vague d’attentats suicides dans les villes israéliennes, les autorités israéliennes ont décidé de renforcer la barrière de Gaza (2001 et 2002) et de lancer la construction d’une autre autour de la Cisjordanie (2002). Officiellement, les objectifs restent identiques : faire obstacle aux attentats, réduire l’importance de la main-d’œuvre palestinienne en Israël et séparer, une fois pour toutes, les deux populations. Mais rapidement le mur de Cisjordanie a intégré d’autres objectifs : démographiques et territoriaux. Il doit s’étendre sur plus de 700 km. Sur la majeure partie de son parcours, ce dispositif est constitué de grillages, de barbelés, de routes de patrouille et de systèmes de détection très sophistiqués. Il faut ajouter 61 km de mur de béton, principalement dans les zones urbanisées. Enfin, en 2011, pour mettre un terme aux entrées d’immigrants clandestins africains en provenance d’Égypte, Israël a lancé la construction d’une barrière supplémentaire le long de sa frontière avec le Sinaï. Un nouveau projet de clôture entre Israël et la Jordanie a été annoncé en 2015.

Migration, danger sécuritaire, repli sur soi : à quoi répondent vraiment les murs de la globalisation ?

Qu’ils soient présentés comme des moyens de lutte contre des flux migratoires, les trafics illégaux ou encore les attaques terroristes, ces murs s’inscrivent tous dans une même logique : répondre au sentiment croissant de perte de souveraineté de l’État qui se développe au sein de l’opinion publique de ces pays (Brown, 2009). Les facteurs qui contribuent à entretenir cette inquiétude varient en fonction des contextes ; ils sont cependant étroitement liés aux processus qui ont accompagné la globalisation (Vallet 2014).

En Europe, l’accroissement des flux transnationaux de personnes, de marchandises, d’informations et de capitaux par-delà les frontières est souvent perçu comme un risque par les citoyens des pays les plus favorisés. Les frontières leur semblent plus poreuses et échapper au contrôle de l’État. À une époque où les distances se sont considérablement réduites, ces populations se sentent plus exposées aux dangers venus de l’extérieur. Ce sentiment est renforcé par le rôle croissant que jouent les organisations transnationales infra-étatiques (firmes multinationales, organisations non gouvernementales de défense des droits de l’homme, mouvements politiques et religieux transnationaux, etc.) et les institutions de gouvernance politiques, économiques et juridiques supranationales (Union européenne, Fonds monétaire international, Cour européenne de justice) dans les affaires politiques nationales (Brown, 2009).

Toutefois, les inquiétudes liées à la perte de contrôle des frontières semblent se cristalliser sur certains phénomènes plutôt que d’autres tels que l’augmentation des flux migratoires en provenance des pays les plus pauvres. Les réactions de rejet et d’hostilité que l’on a pu observer, au cours de l’année 2015, en France et en Europe à l’égard des migrants en provenance de Syrie illustrent parfaitement cette tendance. Ceci n’est pas nouveau, Évelyne Ritaine soulignait il y a quelques années (2012, p. 6) qu’en « Méditerranée, comme ailleurs, la question du contrôle de la frontière est largement ramenée à celle du contrôle de l’immigration, et la notion de risque presque toujours corrélée au problème de l’immigration clandestine ». L’impression selon laquelle ces flux représentent des menaces économiques, sociales et sécuritaires s’est accentuée dans le contexte des crises économiques successives et de l’apparition de formes de terrorisme plus violentes et plus spectaculaires, comme ce fut le cas lors des attentats de New York (11 septembre 2001), mais aussi de ceux de Madrid (11 mars 2004), de Londres (7 juillet 2005), de Bombay (27 et 28 novembre 2008) et plus récemment de Sousse (26 juin 2015) et e Paris (7 janvier et 13 novembre 215). Cette impression a également été renforcée par certains politiques qui, à des fins électoralistes, n’hésitent pas à instrumentaliser ces phénomènes déjà très médiatisés. Ainsi, les populations mobiles se trouvent tenues responsables de processus et de mutations qui leur échappent pourtant largement.

Dans d’autres contextes, comme celui du conflit israélo-palestinien, c’est également pour répondre au sentiment de perte de souveraineté de l’État d’Israël sur son territoire ou de perte de contrôle sur le destin du pays que les autorités ont élevé des barrières avec les Palestiniens (Parizot, 2009 ; Latte Abdallah et Parizot, 2011). Cependant, cette inquiétude a émergé dans un contexte conflictuel spécifique avec le second soulèvement palestinien (2000-2004) et l’augmentation sans précédent du nombre d’attentats suicides palestiniens dans les villes israéliennes au printemps 2002. Non seulement ces attentats avaient remis en cause la capacité de l’État d’Israël de défendre ses citoyens, mais ils étaient venus également brouiller les frontières entre ce qui est alors considéré comme l’intérieur et l’extérieur. En outre, ce projet était envisagé comme un moyen salutaire pour le futur de l’État juif et la pérennité du projet sioniste : la démarcation de façon unilatérale des futures frontières d’Israël devait permettre d’exclure la majeure partie des Palestiniens, tout en annexant un maximum de terres et de colons juifs de Cisjordanie. Ses promoteurs envisageaient donc à la fois d’agrandir le territoire israélien tout en préservant une majorité juive dans ses limites. Les raisons évoquées en 2011 par le gouvernement Netanyahu pour justifier la construction d’une barrière supplémentaire le long de la frontière avec l’Égypte répondent à des inquiétudes similaires. Il s’agit de faire obstacle à des tentatives d’attentats organisés par des groupes terroristes à partir du Sinaï et de prévenir une invasion migratoire en provenance d’Afrique, laquelle, selon certains hommes politiques israéliens, mettrait en cause la sécurité et le caractère juif de l’État d’Israël.

Érigées par les pays les plus riches, le long des fractures où prévalent les inégalités économiques les plus fortes, ces barrières sont conçues par leurs promoteurs comme des dispositifs de protection des privilégiés contre des populations qu’ils envisagent comme des « masses dangereuses » (Rosière et Jones, 2011). Ces murs entre États font donc écho aux murs des villes dont s’entourent les quartiers les plus favorisés depuis le début des années 1990. Certains ont d’ailleurs été particulièrement médiatisés, tels celui de la ville tchèque d’Usti nad Laberm en 1999, construit pour isoler des Roms, ou celui de Padoue érigé en 2006 pour séparer un quartier de migrants (Quétel, 2012, p. 279). Ce genre de murs s’est très largement répandu sur le pourtour méditerranéen. Alors que ce phénomène ne touchait au départ que les quartiers riches, il s’est étendu aux quartiers les plus modestes. C’est le cas dans de nombreuses villes du Sud de la France : à Marseille, en 2010, une étude réalisée par des géographes évaluait le nombre de ces résidences fermées à plus de 1 000 (Dorier et al., 2010). Les rives sud et est ne sont pas non plus épargnées : ce genre de résidences se multiplie au Maroc, en Tunisie, en Égypte (Almatarneh, 2013) ou encore, en Israël (Salenson, 2009). Érigés aux frontières, aux marges des États ou au cœur des villes, les murs matérialisent les tensions et les fractures au sein d’une Méditerranée globalisée.

L’édification de ces murs en Méditerranée contribue enfin à générer des espaces asymétriques (Ritaine, 2009). En effet, la décision de la séparation est souvent prise par la partie la plus forte, l’autre se retrouvant de facto séparée. En outre, ces murs permettent de mettre en œuvre un filtrage asymétrique. D’un côté, ils bloquent ou réduisent les mouvements de populations jugées indésirables, tandis qu’ils s’efforcent, de l’autre, de ne pas gêner la fluidité des ressortissants des pays qui les dressent : ils fonctionnent donc comme des membranes. Le mur de Cisjordanie est un bon exemple. Étant donné les nombreuses colonies israéliennes qui restent enclavées du côté palestinien de ce mur, les contrôles effectués dans les différents « points de passage » sont opérés de telle manière à maintenir un strict contrôle des Palestiniens sans pour autant gêner la fluidité des mouvements israéliens (Parizot, 2009).

L’efficacité des murs en question

Comme pour toute politique frontalière, l’efficacité des murs doit d’abord être mesurée en fonction de son impact sur l’opinion publique du pays qui la met en œuvre. L’objectif d’une telle politique est avant tout de mettre en scène et de matérialiser l’action de l’État aux yeux des citoyens. C’est en mobilisant l’imaginaire de la frontière, en réalisant et en médiatisant sa fermeture, que la construction d’une barrière ou d’un mur à la frontière rassure.

Pourtant, si les murs peuvent bel et bien rassurer, sur le terrain, leur efficacité reste à démontrer. Les autorités policières, civiles et militaires qui gardent ces édifices sont rarement dupes. Les murs ne sont qu’un dispositif parmi de multiples systèmes de surveillance et de réglementation : systèmes de visa, systèmes biométriques, camps de rétention, projections de patrouilles au-delà des frontières de l’État, etc. Bien qu’étant beaucoup moins médiatisés, ces autres dispositifs jouent souvent un rôle plus déterminant dans la gestion de l’immigration clandestine et des trafics ; ils ont aussi des effets plus néfastes sur la vie des populations qu’ils ciblent.

Les murs et les barrières ne peuvent pas réaliser seuls les objectifs qui leur sont attribués. L’escalade sécuritaire et le blindage des frontières n’ont d’ailleurs pas mis fin aux flux d’immigration clandestine ou aux différents types de trafics transfrontaliers. Et pour cause : la plupart des migrants ou des trafiquants ne passent pas par les frontières terrestres, mais par les aéroports et les ports, le plus souvent munis de documents valides. C’est en restant dans le pays d’accueil, au-delà du temps qui leur était alloué, que la majorité des migrants deviennent clandestins. Quant à ceux qui cherchent à passer clandestinement par les frontières terrestres, ils s’adaptent aux nouveaux obstacles : ils s’en remettent à des filières de passeurs qui inventent de nouveaux moyens de contournement, obligeant en retour les autorités à réajuster leurs systèmes de contrôle. Mais ces dispositifs de surveillance extrêmement lourds et sophistiqués sont beaucoup moins flexibles que les techniques et les stratégies utilisées par les passeurs.

L’édification de murs ne fait donc que rendre plus difficiles, plus longs et beaucoup plus dangereux les parcours des migrants. Comme le souligne Peter Andreas (2001), l’escalade sécuritaire favorise le développement de nouvelles activités informelles et de nouvelles formes de trafics. Elle accroît le nombre de drames humains, comme l’ont tristement montré ces quinze dernières années ceux liés au blindage des rives sud de l’Europe. Si le nombre de morts aux frontières de l’Europe ne s’élevait qu’à quelques dizaines au début des années 1990, il atteint plusieurs milliers par an à la fin des années 2000 (Migreurop, 2012).

Si des migrants arrivent à déjouer les dispositifs de surveillance, on comprendra que des organisations désirant commettre des attaques terroristes puissent aisément s’infiltrer malgré la présence de ces dispositifs. Contrairement aux discours des autorités israéliennes, ce n’est pas la construction de la barrière en Cisjordanie qui a permis de faire chuter les attentats suicides palestiniens de l’éclatement de la seconde Intifada (2000), mais des dispositifs de contrôle et de surveillance moins médiatisés qu’a déployés Israël bien au-delà du mur, jusqu’au cœur des enclaves palestiniennes (Parizot, 2009).

Enfin, si les murs peuvent nourrir l’illusion de restaurer la souveraineté de l’État et ainsi faire rempart aux processus liés à la globalisation, ils sont en réalité les lieux d’expression de ces mêmes processus (Brown, 2009). Le blindage des frontières de l’espace Schengen illustre la perte partielle de souveraineté des États membres, car ce type de politique n’est pas mis en œuvre de manière autonome, mais en coordination et avec le cofinancement d’agences européennes ou d’autres pays membres. La construction de ces murs met également en œuvre des formes complexes de partenariats entre des institutions publiques et des multinationales privées qui affectent profondément les choix technologiques et sécuritaires des États. L’organisation du contrôle autour de ces édifices et au niveau de leurs points de passage est quant à elle fréquemment déléguée à des compagnies de sécurité privées. C’est le cas en Israël où les points de passage avec la Cisjordanie sont surveillés par des gardes privés supervisés par des fonctionnaires du ministère de la Défense. Enfin, ces murs ne protègent plus uniquement des États, mais également des constellations supranationales, comme dans l’espace Schengen, ou infranationales au niveau des gated communities. Présentés comme les derniers remparts des États-nations, les murs contribuent au contraire à les intégrer plus profondément dans les processus liés à la globalisation.

Cédric Parizot,
Chargé de recherche,
IREMAM (UMR 7310, CNRS/AMU)

Bibliographie

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Recherche, arts et pratiques numériques: introduction

Comité d’organisation

Cédric Parizot (IREMAM, CNRS/AMU), Jean Cristofol (Ecole Supérieure d’Art d’Aix en Provence), Jean-Paul Fourmentraux (LESA, AMU, Centre Norbert Elias, EHESS), Anna Guillo (LESA, AMU), Manoël Penicaud (IDEMEC, CNRS/AMU)

Thématique du séminaire

Ce séminaire transdisciplinaire s’intéresse aux perturbations productives que génèrent les collaborations entre les chercheurs en sciences humaines et les artistes dans le domaine du numérique. Il s’inscrit dans la suite des réflexions et des expérimentations que nous avons menées à l’IMéRA dans le programme antiAtlas des frontières depuis 2011 tout en élargissant notre questionnement au-delà de la seule question des frontières.

Dans le domaine des sciences humaines et sociales, le recours aux pratiques numériques conduit à de nombreux bouleversements que ce soit dans la collecte, la production et le traitement de données, ainsi que l’élaboration de nouvelles formes de narration et d’édition. Le tournant numérique conduit les chercheurs à reconsidérer leurs méthodes, leurs catégories, leurs paradigmes, leurs orientations théoriques, leurs objets, leurs formes de labellisation et les cadres des champs disciplinaires[2]. D’ailleurs, compte tenu des collaborations toujours plus nombreuses qu’implique le recours au numérique entre d’un côté les sciences humaines et de l’autre les sciences exactes et expérimentales, il semble plus pertinent de parler de Digital Studies que Digital Humanities.

Dans le domaine de l’art, le numérique ouvre également des champs de pratiques radicalement nouveaux. Il transforme la relation des artistes aux outils qu’ils utilisent et aux connaissances qu’ils convoquent, produisent ou questionnent. Il transforme le statut et les formes des œuvres. En introduisant de nouvelles modalités pour assurer leur circulation, il modifie également leur relation avec le public. Le numérique bouleverse la place de l’auteur qu’il place dans une relation dynamique par rapport aux flux d’information, de circulation des images, des sons et des formes. Il donne ainsi une nouvelle importance à l’invention de dispositifs dans lesquels ces formes sont données à l’expérience, ouvrant d’infinies possibilités d’interaction avec l’œuvre. Il donne enfin une nouvelle dimension au travail collectif, à des formes diverses de collaborations, d’échanges et de contributions. D’une façon générale, on peut dire que le numérique déplace les pratiques artistiques et conduit à réfléchir autrement les relations entre arts et sciences.

Ce séminaire rassemblera des chercheurs en sciences humaines (sociologues, anthropologues, politologues, géographes, historiens, littéraires), en sciences dures (informaticiens, physiciens, mathématiciens, etc.), des artistes (designers, hackers, programmeurs, média tactique, etc.) ainsi que des professionnels (industriels, chargés de communication, etc.). Notre objectif est de favoriser des croisements, des emprunts et des déplacements qui seront propices à l’identification de nouvelles pistes de réflexion et de recherche, voire à la mise en œuvre d’expérimentations collaboratives.

Chaque mois, des participants seront invités à présenter leurs expérimentations d’outils numériques de collecte (applications mobiles, capteurs oculaires, systèmes SIG, etc.) ou d’indexation et de traitement des données recueillies (bases de données, systèmes de visualisation ou de sonification, etc.). Certains feront part de leurs explorations de dispositifs d’écriture et de modélisation de la connaissance (jeux vidéo, machinima, web documentaires, etc) ou encore de nouvelles formes d’édition électroniques.

Trois types de questions seront développés :

1) Il s’agira tout d’abord de voir comment, et jusqu’à quel point, ces pratiques et instruments transforment notre rapport au monde, nos méthodes de recherche, la construction de nos objets, la modélisation et la diffusion de notre connaissance et de nos oeuvres.

2) Nous nous interrogerons aussi sur l’impact des processus collaboratifs qu’impliquent les pratiques numériques entre chercheurs, artistes et professionnels. L’objectif est d’évaluer les apports que chaque démarche (scientifique, artistique, professionnelle) apporte aux autres.

3) Nous verrons enfin comment ces processus collaboratifs bouleversent les champs disciplinaires, les points de vue et les formes d’autorité qui organisent notre recherche et notre pratique et conduisent à repenser de manière créative de nouvelles formes de rencontre entre les disciplines scientifiques et entre celles-ci et les non-spécialistes.
Commençant en janvier 2016, ce séminaire fonctionnera selon un rythme de rencontres mensuelles, d’une durée de trois heures.

Partenariats

Institut Méditerranéen de Recherches Avancées (AMU)
Institut de Recherche et d’Etudes sur le monde arabe et musulman (CNRS, AMU)
Centre Norbert Elias (EHESS, AMU, CNRS)
Ecole Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence,
Institut d’Ethnologie Méditerranéenne Européenne et Comparative (CNRS, AMU)

David Lagarde – Le centre d’accueil temporaire d’Eleonas à Athènes : un camp d’étrangers au statut hybride sur la route de l’Europe occidentale

David Lagarde
Le centre d’accueil temporaire d’Eleonas à Athènes : un camp d’étrangers au statut hybride sur la route de l’Europe occidentale
décembre 2015

Face à l’augmentation du nombre d’arrivées en Grèce au cours de l’année 2015, le gouvernement a décidé d’ouvrir plusieurs centres d’accueil temporaire pour loger les exilés de passage à Athènes. Des terrains municipaux et des gymnases inutilisés ont ainsi été réquisitionnés par les autorités pour y installer des camps au statut et au mode de fonctionnement hybrides, placés sous le contrôle de l’État, mais gérés essentiellement grâce à l’intervention de bénévoles. Depuis quelques semaines, les parcours individuels et les statuts juridiques des individus qui s’y croisent témoignent de la nouvelle politique de tri appliquée à la frontière gréco-macédonienne entre migrants et réfugiés.

Image ci-dessus : porte 1 du port du Pirée. C’est ici qu’arrivaient les réfugiés et les migrants en provenance des îles jusqu’il y a quelques semaines à bord de ferries spécialement affrétés par les autorités grecques. Avec la baisse du nombre d’arrivée depuis le début du mois de novembre, les arrivées se font désormais à bord de lignes régulières dont les ferries arrivent à quelques centaines de mètres de la station de métro qui relie le Pirée au centre ville d’Athènes.

Le centre ville d’Athènes, première étape sur le continent européen pour une majorité d’exilés arrivés en Grèce depuis la Turquie

Entre le 1er janvier et le 1er décembre 2015, selon les estimations conjointes du HCR et des autorités locales, plus de 750 000 personnes seraient entrées irrégulièrement en Grèce depuis la Turquie, principalement par voie maritime via les îles de Lesvos, Leros, Kos, Chios, Samos ou bien encore de Rhodes. De là, elles sont enregistrées et une autorisation de séjourner dans le pays de six mois pour les Syriens et trente jours pour les autres nationalités leur ait délivrée. Mais pour ces individus fuyant les combats et la misère économique qui frappent leurs pays d’origine, l’objectif n’est pas de rester en Grèce mais de se rendre en Allemagne, un pays devenu pour eux synonyme d’espoir qu’ils cherchent à rejoindre le plus rapidement possible. Pour cela, ils doivent commencer par se rendre sur le continent, soit par voie aérienne directement jusqu’à Thessalonique, soit à bord des ferries qui relient quotidiennement les îles de la mer Égée au port du Pirée pour l’écrasante majorité d’entre eux.

Une fois arrivés au Pirée, les exilés en transit rejoignent ensuite le centre d’Athènes en métro. Si certains repartent directement vers le nord du pays, d’autres préfèrent séjourner quelques jours dans la capitale, le temps d’organiser la suite de leur voyage. C’est le cas en particulier des Afghans et d’autres migrants et demandeurs d’asiles originaires d’Asie centrale, du Maghreb ou d’Afrique sub-saharienne. A la différence des Syriens et des Irakiens qui n’en sont qu’au début de leur parcours lorsqu’ils arrivent en Grèce, les exilés originaires de territoires plus lointains profitent généralement de leur passage dans la capitale pour se faire envoyer de l’argent par leurs proches restés au pays ou les ayant précédé dans l’exil afin de financer la suite de leur périple. L’absence de résolution du conflit en Syrie et en Irak, ainsi que la baisse du prix des passages clandestins suite à l’accroissement de la demande depuis le début de l’année a entraîné une augmentation considérable du nombre d’arrivées dans la capitale au cours de l’été 2015. Les individus ne disposant pas de suffisamment d’économies pour se loger dans les hôtels à bas prix du quartier d’Omonia se sont installés dans le square Victoria et le parc Pedión tou Áeros. Ces deux lieux situés dans le centre d’Athènes se sont ainsi rapidement transformés en d’immenses dortoirs à ciel ouvert pour des centaines de migrants et de réfugiés en transit dans la capitale.

L’ouverture de camps comme réponse à l’augmentation du nombre d’étrangers en transit dans la capitale

Face au mécontentement grandissant d’une partie des riverains incommodés par les conditions de vie insalubres dans lesquelles étaient contraintes de vivre ces personnes, les autorités grecques ont pris la décision de créer plusieurs centres d’accueil dans différents quartiers de la capitale. Le camp d’Eleonas est le premier à avoir vu le jour, le 16 août 2015, dans la zone industrielle du faubourg de Votanikos. Dans les semaines suivantes, des installations sportives construites pour les jeux olympiques de 2004 et rarement utilisées depuis ont également été réquisitionnées par le gouvernement. C’est ainsi que le stade de Tae Kwon Do de Faliro, le gymnase de Galatsi ou bien encore le complexe olympique d’Helliniko ont été reconvertis en structures d’accueil temporaire. Actuellement, le gymnase de Galatsi n’est plus utilisé pour l’accueil des étrangers. Toutefois des rumeurs lassaient entendre ces derniers jours qu’il pourrait bientôt rouvrir afin de répondre à l’arrivée de migrants qui rebroussent chemin d’Athènes après avoir été victimes du système de tri destiné à ne laisser passer en Macédoine que les ressortissants originaires de pays en guerre (Afghans, Irakiens et Syriens).

Zone industrielle du quartier de Votanikos. Le camp d’Eleonas se trouve à quelques centaines de mètres d’ici, le long de cette route bordée d’entrepôts de stockage de matériaux de construction et d’entreprises de transport.

La structure qui semble aujourd’hui être la plus susceptible de se pérenniser est le camp d’Eleonas. Après avoir pris contact avec les gestionnaires de ce centre afin d’obtenir des informations sur les conditions légales d’accès au lieu, on m’indique qu’aucune autorisation particulière n’est exigée pour s’y rendre. Contrairement à la plupart des lieux de mise à l’écart des étrangers généralement éloignés des centres urbains, le camp d’Eleonas est situé à deux stations de Monastiraki, l’un des centres historiques d’Athènes. Mais le paysage au milieu duquel il a été installé contraste radicalement avec les vestiges archéologiques du centre ville. Situé au milieu d’une zone industrielle où règne une intense circulation de poids lourds charriant derrière eux d’épais nuages de poussière grise, on ne peut pas dire qu’il s’agisse d’un lieu particulièrement adapté à l’accueil d’êtres humains.

Un groupe d’exilés arrive au camp d’Eleonas où ils séjourneront de quelques jours à plusieurs semaines selon leur nationalité et les opportunités de départ qui s’offriront à eux.

Pourtant, quelques jeunes concentrés sur la lecture d’une carte affichée sur l’écran de leurs smartphones et chargés de sacs à dos desquels dépassent des couvertures frappées du logo du HCR laissent présager de la proximité immédiate du centre d’accueil. Établi à environ 500 mètres de la station de métro du même nom, le camp d’Eleonas borde une route qui dessert des entreprises de transport et des entrepôts de stockage de matériaux de construction. Un petit mur d’enceinte au dessus duquel on entraperçoit les toits en tôle des bungalows où sont logés les habitants du lieu sépare le camp du reste de la zone industrielle. Une voiture de police est stationnée au niveau de l’entrée marquée par un grand portail coulissant. Un bungalow situé à l’extérieur de l’enceinte semble quant à lui servir de réception. Mais en cette heure matinale du mois de décembre, personne ne se trouve à l’intérieur. Un groupe de Marocains de retour dans la capitale après avoir été refoulés à la frontière macédonienne patiente devant l’entrée. Quelques secondes après que je les ai rejoint, le portail s’ouvre devant nous. J’en profite pour leur emboîter le pas et nous pénétrons ensemble à l’intérieur du camp.

 Entrée du camp d’Eleonas. Si les personnes qui y résident sont libres d’entrer et de sortir des lieux comme elles le souhaitent au cours de la journée, un gardien surveille en permanence l’entrée des lieux afin d’assurer la sécurité des résidants.

Entre centre de transit pour réfugiés et centre d’accueil pour refoulés. Eleonas, un camp au mode de gestion et au statut hybrides

Un homme en civil nous accueille de l’autre côté du portail. Il commence par se renseigner sur l’objet de ma visite, puis me demande de patienter quelques instants le temps qu’il aille informer le responsable du site de ma présence. Un homme à la carrure imposante sort quelques secondes plus tard d’un bungalow installé sur la gauche de l’entrée et devant lequel sont posées quelques vieilles bobines de câbles électriques faisant office de tables basses. Il commence par se présenter comme étant un employé du ministère de l’immigration, également gestionnaire du lieu, puis me signale que je ne pourrais pas accéder au reste de l’enceinte ni m’adresser à ses habitants en l’absence d’autorisation spéciale émanant du ministère de l’intérieur. Je lui indique avoir fait part de ma venue à ses collègues quelques jours plus tôt et lui rappelle qu’ils m’avaient affirmé qu’aucune autorisation particulière n’était exigée pour accéder au camp. Il campe malgré tout sur ses positions, mais accepte de m’accorder quelques minutes de son temps pour répondre à mes questions.

Aussi brève fut elle, ma conversation avec le responsable du camp s’est révélée particulièrement intéressante dans la mesure où son discours illustre parfaitement le caractère hétéroclite de ce type de lieu. Ouvert par le gouvernement grec et placé sous le contrôle conjoint des ministères des migrations, de la santé et du travail, ce centre peut accueillir jusqu’à 720 personnes. Quatre vingt dix bungalows achetés par les autorités grecques pour reloger les sans-abris victimes du violent séisme de 1999 et inutilisés depuis ont été installés sur ce terrain vague appartenant à la mairie d’Athènes. Chaque bungalow peut accueillir 8 personnes et dispose d’un bloc sanitaire commun. Une immense tente sert par ailleurs d’espace d’activité pour les enfants, tandis qu’une autre abrite un centre de soin. Depuis son ouverture en août dernier, environ 10 000 personnes – en majorité des Afghans – auraient transité par ce camp. La plupart n’y séjourne que pour trois ou quatre jours avant de reprendre la route en direction de la Macédoine. Très peu de Syriens et d’Irakiens sont passés par le camp d’Eleonas depuis son ouverture. D’après le responsable du site, les rares ressortissants venus de Syrie ou d’Irak y à avoir séjourné sont des familles avec des femmes étant sur le point d’accoucher. Lorsqu’une personne a été portée disparue lors de la traversée entre la Turquie et la Grèce, il arrive également que ses compagnons de voyage séjournent à Eleonas le temps de retrouver sa trace, démarche qui dans la majorité des cas n’abouti malheureusement pas.

Si le camp a été ouvert par les autorités, il fonctionne en revanche grâce à la solidarité de volontaires grecs touchés par la situation des exilés de passage dans la capitale. Depuis le début de la crise économique qui touche le pays, le nombre de collectifs de solidarité et de soutien aux étrangers et aux Grecs les plus démunis s’est multiplié. Basé sur un mode de fonctionnement en réseau à la structure horizontale, ce genre d’initiatives portées par différents groupes de volontaires locaux assure désormais une partie des prérogatives de l’État en portant assistance aux personnes dans le besoin. Ainsi, à chacune des étapes qui marquent le parcours des exilés au sein de la capitale, que ce soit sur les docks du port du Pirée, les places et les parcs du centre ville au cours de l’été et désormais au sein des camps ouverts par le gouvernement, des volontaires se relaient pour fournir des repas, des vêtements ou bien encore assurer des services de traductions pour les étrangers. Cet activisme politique s’affiche aussi sur de nombreux murs des quartiers populaires du centre ville d’Athènes, en particulier du côté d’Exarchia ou de Metaxourghio, où fleurissent de nombreux tags en soutien aux étrangers.

Intérieur du camp d’Eleonas. Les bungalows dans lesquels vivent désormais les habitants du camp ont été acheté à l’origine par le gouvernement grec afin de loger les déplacés athéniens victimes du violent tremblement de terre qui a frappé la capitale et sa région en 1999.

Environ 600 personnes résident actuellement dans le camp d’Eleonas, mais avec la décision prise le 19 novembre dernier par la Serbie et la Macédoine d’autoriser le passage sur leur territoire aux seules personnes fuyant les zones de guerre, le nombre de refoulés en provenance de la frontière nord augmente chaque jour considérablement. Pour éviter de laisser ces personnes à la rue et se retrouver confronté aux problèmes rencontrés au cours de l’été, le gouvernement grec envisage de réquisitionner des parcelles de terrain attenantes au camp d’Eleonas afin d’agrandir le centre et augmenter sa capacité d’accueil de 500 places. Ainsi, dans le contexte actuel, le statut de ces « camps de réfugiés » est en train de changer. En effet, s’ils ont été ouverts pour servir de centres de transit, ils se transforment progressivement en centre d’accueil pour refoulés. Face à cette situation, les exilés qui arrivent en Grèce et qui ne sont pas Afghans, Irakiens ou Syriens font tout pour dissimuler leur véritable nationalité. Le discours du responsable du camp à ce sujet dénote considérablement de l’élan de solidarité dont font preuve les volontaires qui se relaient à Eleonas afin d’améliorer les conditions de vie de ses habitants.

« Tu vois ce mec (le responsable du camp me désigne un jeune qui patiente à deux mètres à peine de la table où nous sommes installés) ? Il est arrivé dans le centre il y a trois jours en affirmant qu’il était Syrien. Mais il n’a pas cessé de nous répéter qu’il avait perdu ses papiers avant d’arriver au centre. Donc je lui ai dit que sans ses papiers, on ne pouvait pas l’aider. Et ce matin, il vient nous voir la tête basse en me disant qu’il a finalement retrouvé son passeport. Et il s’avère que non seulement il n’est pas Syrien mais Libanais, mais en plus, il n’arrive pas des îles mais de la frontière nord où il a été empêché de franchir la frontière pour entrer en Macédoine. Ces enfoirés (sic) sont tous pareil, tu ne peux pas leur faire confiance, ils mentent tous autant qu’ils sont. T’essaie de les aider et ils te mentent. Ils me rendent fou ! C’est comme à longueur de journées. Je n’en peux plus de ces enfoirés ! C’est comme les Marocains, ils sont de plus en plus nombreux à arriver parce qu’ils n’arrivent pas à entrer en Macédoine. Mais ils devraient réfléchir à deux fois avant de quitter leur pays. Pourquoi est-ce qu’ils sont venus jusqu’ici ? En vérité, ils ne le savent même pas eux mêmes. Et pourquoi est-ce qu’ils viennent jusqu’en Turquie pour aller en Allemagne alors qu’il pourrait passer directement par l’Espagne ? Mais au lieu de ça, maintenant qu’ils ne peuvent plus passer en Macédoine, ils échouent ici et c’est à nous de trouver une solution pour les tirer de cette situation. »

La Grèce, nouvelle impasse migratoire aux confins du territoire européen ?

Avec le tri actuellement effectué à la frontière par les autorités macédonienne, la Grèce semble se transformer progressivement en impasse migratoire pour un nombre croissant de migrants économiques et de demandeurs d’asile originaires d’Asie centrale en particulier, et dans une moindre mesure du Maghreb et d’Afrique sub-saharienne. Les victimes de cette politique de fermeture de la frontière gréco-macédonienne se retrouvent dans l’incapacité de continuer leur route vers l’Europe de l’ouest et sont contraintes de faire marche arrière pour revenir vers Athènes afin de trouver des solutions d’hébergement. L’éventail des nationalités présentes dans le camp d’Eleonas devient ainsi de plus en plus large. Si les Afghans et quelques Syriens et Irakiens continuent de transiter pour de courtes périodes par ce centre, de plus en plus d’Iraniens, de Marocains, d’Algériens et de Pakistanais – entre autres – se retrouvent contraint d’y séjourner pour une période indéterminée et sans réelle perspective de départ. Face à cette situation, la durée moyenne des séjours dans le camp  augmente considérablement. Si elle n’était que de trois ou quatre jours avant le début des blocages observés à Idomeni, lors de mon passage, certaines personnes étaient actuellement bloquées à Eleonas depuis plus de deux semaines. Si le gouvernement grec envisage de financer des vols de « retours volontaires » à destination du Maroc, pour les demandeurs d’asile, un retour vers leur pays d’origine est totalement inenvisageable. Dans ce contexte, il en revient aux autorités grecques, voir peut-être plus encore aux volontaires athéniens de gérer la présence d’une population prise en étau entre un territoire qu’elle cherche à quitter et un autre qu’elle ne peut actuellement rejoindre. Bloquées en Grèce sans opportunités d’emploi et donc d’installation durable, ces personnes se retrouvent contraintes de patienter dans ce pays pour une durée indéterminée, dans une situation qui témoigne une nouvelle fois de ces parcours migratoire par étape devenus le lot d’une majorité d’exilés en quête de meilleures conditions de vie.

Intérieur du camp d’Eleonas. De plus en plus de personnes refoulées à la frontière macédonienne reviennent vers Athènes et se retrouvent bloquées dans l’un des trois camps de la capitale, ouverts à l’origine pour servir de centres d’accueil temporaire.

David Lagarde est doctorant en géographie au sein du LISST (Laboratoire interdisciplinaire solidarités, sociétés, territoires) à l’Université de Toulouse. Ses recherches visent à identifier les réseaux de lieux et les réseaux de personnes autour desquels s’articulent les mobilités des réfugiés syriens à différentes échelles de l’espace euro-méditerranéen (locale, régionale, transnationale). La cartographie, occupe une place importante dans ses recherches et lui permet de mieux appréhender la complexité et la diversité des dynamiques socio-spatiales qui résultent de la mise en mobilité des Syriens depuis 2011.

David Lagarde is a Phd candidate in geography at the LISST (Laboratoire interdisciplinaire solidarités, sociétés, territoires) in Toulouse University. His researches question the links between social and spatial networks in Syrian refugees’ journeys, focusing mainly on the conditions of movement at different scales of the Euro-Mediterranean space (local, regional and transnational). On the other hand, his work pays a particular attention to the question of cartography and visualization in order to represent the complexity and diversity of these spatial and social dynamics.

Marges et Numérique/Margins and Digital Technologies

Journal des anthropologues, n° 142-143

Dossier coordonné par Tristan Mattelart, Cédric Parizot, Julie Peghini et Nadine Wanono
 
Lire l’introduction en anglais/Read the introduction in English

Résumé

Les enjeux sociaux, politiques, culturels et économiques que recèlent les outils numériques sont le plus souvent analysés à partir des réalités des jeunes adultes urbains les plus instruits et aisés d’Amérique du Nord ou d’Europe occidentale. L’appel à propositions pour ce numéro du Journal des anthropologues s’est inscrit à rebours de ce prisme. Nous voulions inviter à décentrer la perspective en interrogeant les défis dont sont porteurs ces instruments issus du numérique depuis les « marges ». Il s’agissait d’abord d’étudier nord-américains et européens, de cerner celles-ci dans des espaces construits comme étant à la marge du monde. Quelles formes diverses prend, dans ces espaces, l’économie liée au numérique, qu’elle se diffuse au travers des circuits formels ou informels ? Comment les individus s’y approprient-ils la variété des produits provenant de cette économie ? L’objectif était également de saisir la manière dont, tant à la « marge » qu’au « centre » du système global, des acteurs minorisés mobilisent les outils du numérique à des fins d’intervention sociale, politique, culturelle ou économique, tout en se montrant toutefois attentifs à saisir les limites de cette mobilisation.

Abstract

The social, political, cultural and economic issues raised by digital tools are usually seen from the perspective of highly-educated and wealthy young urban adults in North America and Western Europe. The call for papers for this issue of Journal des Anthropologues sought to encourage authors to take a different approach. We wanted them to problematize the challenges raised by digital technologies and their utilization ‘at the margin’. Thus, contributors were first asked to seize the significance of the digital technologies outside American and European societies or, at least, at the margins of these societies. What forms does the digital economy take in these spaces? How do individuals adopt products in this economy? Our objective was also to understand how, whether at the ‘margin’ or in the ‘centre’ of the global system, minority actors mobilize digital technologies to achieve their social, cultural and political goals, while being conscious of the limits of these mobilizations.

David Lagarde – Donner à voir le monde des camps

David Lagarde
Donner à voir le monde des camps

Lorsque Michel Agier et Olivier Clochard m’ont proposé au printemps 2013 de réaliser une « carte globale des camps » dans le cadre du projet de recherche Mobglob, j’ai trouvé leur sollicitation aussi séduisante que périlleuse. En tant que cartographe, il ne me semblait pas exister de meilleur moyen pour alerter l’opinion publique sur la banalisation du phénomène d’enfermement des populations migrantes. Mais au vue du temps et de l’énergie consacrée par les membres du réseau Migreurop à la réalisation de la carte des camps en Europe se lancer dans le recensement de l’ensemble des lieux d’enfermement d’étrangers de la planète me semblait être un projet extraordinairement ambitieux. En effet, on dénombrait à l’époque environ 500 camps de réfugiés, 1 500 camps de déplacés internes et 1 000 centres de rétention administrative, sans compter les camps de travailleurs et les campements auto-installés par les migrants et les réfugiés à proximité des frontières. En partant de ce constat, la première question que nous nous sommes posée était de savoir comment cartographier ce paysage global de camps de la manière la plus précise et objective qui soit.

Des données qui ne donnent à voir qu’une image très réduite de l’encampement du monde

Nos objectifs de rigueur scientifique et d’harmonisation des données nous ont contraint de procéder par élimination. Nous avons donc choisi de laisser de côté un certain nombre de camps « éphémères » ou au statut informel particulièrement difficiles à identifier et donc à recenser avec précision. Pour cette raison, les camps de déplacés internes, les camps de travailleurs ou bien encore les « squats » et les campements de migrants aux frontières n’ont pas été pris en compte dans cette étude. Quitte à donner une vision « à minima » de la réalité de ce phénomène, le message nous paraissait plus fort en ne faisant apparaître sur la carte que des camps dont nous étions certains de l’existence et de leur caractère pérenne.

Ce dernier critère nous a également amené à faire des choix dans notre travail de recensement des camps de réfugiés. En ce qui concerne cette catégorie, seuls les lieux ayant une reconnaissance institutionnelle ont été répertoriés. Parmi eux, l’écrasante majorité est constituée de camps gérés par le Haut commissariat aux réfugiés des Nations Unies (HCR). Viennent ensuite les camps administrés par les autorités du pays où ils sont installés. C’est le cas notamment en Inde où 101 camps de réfugiés tamouls sont gérés par le gouvernement indien dans le sud du pays et au sein desquels le HCR n’intervient pas. Parmi les autres formes de camps de réfugiés que nous avons laissés de côté, on trouve les centres d’accueil pour demandeurs d’asile (installés essentiellement dans les pays occidentaux), les centres de transits (localisés à proximité des frontières et dans lesquels les réfugiés sont maintenus pour une durée limitée en attendant d’être transférés dans des camps), ou bien encore les campements auto-établis par les réfugiés (qui sont de loin les plus nombreux et aussi les plus précaires).

En ce qui concerne les centres de rétention administrative, seuls les lieux utilisés de manière régulière et d’où les migrants ne peuvent absolument pas sortir ont été pris en compte. Dans le but d’harmoniser les données dont nous disposions à l’échelle mondiale, nous n’avons recensé que les centres à la capacité connue et supérieure à 50 places. Si nous disposions d’informations précises sur les « petits » lieux d’enfermement en Europe grâce au travail du réseau Migreurop, à l’échelle mondiale, il est plus difficile d’identifier ce type de structures. Pourtant, elles ont tendance à se multiplier, en particulier dans les pays du sud et au sein des États fédéraux qui réservent souvent quelques dizaines de places dans des prisons de droits communs pour y enfermer des étrangers en situation irrégulière. Dans le cas de l’Allemagne, de la Suisse, du Canada ou bien encore des États-Unis, même si nous disposions d’informations sur ce type de lieux, ils n’apparaissent toutefois pas sur la carte.

Une division nord-sud du monde visible à travers la localisation des différents types de camps

Une fois cette liste de critères établie, l’essentiel du travail a été de se procurer des informations sur ces lieux d’enfermement et d’identifier précisément leur localisation. Un travail de fourmi qui a nécessité plus d’un mois de recherches. Je me suis pour cela essentiellement basé sur des rapports publiés par des organisations internationales, des ONG et des associations de défense des Droits humains. Les informations concernant les centres de rétention en Europe et sur le pourtour méditerranéen proviennent intégralement du site Close the camps. Si dans ce cas précis les données sont assez exhaustives, ce n’est pas le cas pour toutes les régions du monde. En l’absence d’informations en ligne sur les centres de rétention de plusieurs pays d’Asie du sud-est, j’ai réussi à contourner cette limite en établissant des contacts directs avec des organisations ayant accès à ces lieux et qui ont accepté de partager leurs données avec nous. Toutefois, il faut souligner l’existence d’importantes zones d’ombres sur la carte. C’est le cas en particulier pour l’Amérique du sud, la Russie et les autres États d’Asie centrale où, même s’il existe très probablement des lieux d’enfermement d’étrangers, je n’ai pas réussi à les identifier tant l’opacité règne autour de ces structures de mise à l’écart.

Au total, plus de 400 camps de réfugiés ont été cartographiés. Au niveau de leur localisation, ils sont majoritairement implantés dans les pays du sud, plus particulièrement en Asie et en Afrique où résident aujourd’hui 85% des réfugiés de la planète. Notons que sur le continent africain, la majorité des camps sont auto-installés par les réfugiés et ne figurent donc pas sur cette carte. C’est le cas également au Liban où le HCR répertoriait à l’époque près de 350 campements informels de réfugiés syriens. Sur le millier de centres de rétention estimé à l’échelle planétaire, seuls 315 ont été cartographiés. Le nombre de lieux représentés est donc très en dessous de la réalité du phénomène, puisqu’à l’échelle du continent européen et du pourtour méditerranéen, plus de 411 centres ont été identifiés en 2012. Ainsi, même si cette carte ne représente qu’une vision réduite du phénomène d’encampement du monde, on voit qu’un paysage global de camps se dessine à l’échelle de la planète. Comme le faisait remarquer Nicolas Demorand sur France Inter au moment de la sortie du livre Un monde de camps dans lequel figure une ancienne version de cette carte, la division du globe qu’elle donne à voir entre centres de rétention au nord et camps de réfugiés au sud « en est presque caricaturale ».

Entre ces deux mondes, on distingue l’émergence de zones tampons où se multiplient les campements de migrants en transit vers l’Occident. A l’image des camps de réfugiés et des centres de rétention, ces lieux d’attente tendent eux-aussi à s’inscrire durablement dans l’espace et dans le temps. Ils constituent ainsi des étapes qui structurent les parcours migratoires et les biographies de dizaines de milliers d’individus qui y séjournent de quelques jours à plusieurs années. Situés dans les interstices des villes ou à proximité des frontières, il est toutefois difficile de les localiser avec précisions. C’est pourquoi nous avons décidé de réaliser une deuxième version de la carte originale – qui accompagne ce texte – à l’occasion du colloque Un paysage global de camps. Avec l’aide de Tristan Bruslé, cette seconde édition nous a permis de représenter les principales zones d’implantations de campements de migrants et de camps de travailleurs. Ce projet est donc à considérer comme le point de départ d’un travail collectif à poursuivre et à enrichir afin d’obtenir une vision exhaustive de cette réalité du monde contemporain qui fait des camps l’expression physique d’une politique constante de mise à l’écart des indésirables.

Biographie

David Lagarde est doctorant en géographie au sein du LISST (Laboratoire interdisciplinaire solidarités, sociétés, territoires) à l’Université de Toulouse. Ses recherches visent à identifier les réseaux de lieux et les réseaux de personnes autour desquels s’articulent les mobilités des réfugiés syriens à différentes échelles de l’espace euro-méditerranéen (locale, régionale, transnationale). La cartographie, occupe une place importante dans ses recherches et lui permet de mieux appréhender la complexité et la diversité des dynamiques socio-spatiales qui résultent de la mise en mobilité des Syriens depuis 2011.

David Lagarde is a Phd candidate in geography at the LISST (Laboratoire interdisciplinaire solidarités, sociétés, territoires) in Toulouse University. His researches question the links between social and spatial networks in Syrian refugees’ journeys, focusing mainly on the conditions of movement at different scales of the Euro-Mediterranean space (local, regional and transnational). On the other hand, his work pays a particular attention to the question of cartography and visualization in order to represent the complexity and diversity of these spatial and social dynamics.

Postcommodity – Repellent Fence [EN]

Postcommodity (Raven Chacon, Cristóbal Martínez & Kade L. Twis)
Repellent Fence
Visit the project

The Repellent Fence is a project by Postcommodity, an interdisciplinary arts collective. The initiative is a social collaborative project among individuals, communities, institutional organizations, publics, and sovereigns that culminate with the establishment of a large-scale temporary monument located near Douglas, Arizona and Agua Prieta, Sonora. This land-art work is comprised of 28 tethered balloons, that are each 10 feet in diameter, and float 50 feet above the desert landscape. The balloons that comprise Repellent Fence are enlarged replicas of an ineffective bird repellent product. Coincidently, these balloons use indigenous medicine colors and iconography — the same graphic used by indigenous peoples from South America to Canada for thousands of years. The purpose of this monument is to bi-directionally reach across the U.S./Mexico border as a suture that stitches the peoples of the Americas together—symbolically demonstrating the interconnectedness of the Western Hemisphere by recognizing the land, indigenous peoples, history, relationships, movement and communication.

Postcommodity is an interdisciplinary arts collective comprised of Raven Chacon, Cristóbal Martínez, and Kade L. Twist. Postcommodity’s art functions as a shared Indigenous lens and voice to engage the assaultive manifestations of the global market and its supporting institutions, public perceptions, beliefs, and individual actions that comprise the ever-expanding, multinational, multiracial and multiethnic colonizing force that is defining the 21st Century through ever increasing velocities and complex forms of violence. Postcommodity works to forge new metaphors capable of rationalizing our shared experiences within this increasingly challenging contemporary environment; promote a constructive discourse that challenges the social, political and economic processes that are destabilizing communities and geographies; and connect Indigenous narratives of cultural self-determination with the broader public sphere. Postcommodity are the recipients of grants from the Telluride Institute (2007), American Composers Forum (2008), Arizona Commission on the Arts (2009), Elly Kay Fund (2010), Joan Mitchell Foundation (2010), Creative Capital (2012), Art Matters (2013), and the Native Arts and Cultures Foundation (2014). In 2011 the collective’s work was featured in “Close Encounters,” an international Indigenous exhibition exhibited in multiple venues throughout the city of Winnipeg, CA; Contour the 5th Biennial of the Moving Image in Mechelen, Belgium; Nuit Blanche, Toronto, CA; “Half Life: Patterns of Change,” Santa Fe Art Institute, Santa Fe, NM; “The Night is Filled With the Harmonics of Suburban Dreams,” Lawrence Art Center, Lawrence, KS; “Here,” Pennsylvania Academy of Fine Arts Museum; 18th Biennale of Sydney in Sydney, Australia; Adelaide International in Adelaide, Australia; and Time Lapse, Site Santa Fe, in Santa Fe, NM. In 2013, Postcommodity will exhibit their work at the Headlands Center for the Arts, as well as open their art space, Spirit Abuse in Albuquerque, NM. Throughout 2015, Postcommodity will prepare to stage a site-specific 2 mile long land installation at the US./Mexican border near Douglas, AZ.

Postcommodity acknowledges the important contributions of its previous collaborators: Steven Yazzie (2007-2010), Nathan Young (2007-2015), Andrew McCord (If History Moves at the Speed of Its Weapons, Then the Shape of the Arrow is Changing, and Promoting a More Just, Verdant and Harmonious Resolution), Annabel Wong (Dead River) and Existence AD (Dead River).

Frontières au Moyen-Orient

Colloque international
Lundi 12 octobre 2015
Hôtel de Ville, Paris

Un évènement CCMO en partenariat avec EUborderscapes, Mairie de Paris, PACTE (CNRS/Universités de Grenoble)

9h – 9h30 – Ouverture
Présentation et remerciements: Mairie de Paris

Introduction/Présentation: Sébastien Boussois (CCMO)/ Daniel Meier (PACTE – EUBORDERSCAPES)

9h15 : Michel Foucher
Enjeux frontaliers actuels au Moyen-Orient

9h30 Keynote Speaker: Richard Schofield (King’s College – Londres)
Boundaries and Borderlands in the Middle East: balancing materialities and representation

Panel 1

Impacts des conflits sur les espaces frontaliers
Discutant / Chair Daniel Meier (Euborderscapes)

Cyril Rousse : Frontières jordaniennes dans le conflit syrien
Diana Zeidan : La frontière comme lieu de légitimation : le Sud-Liban
Loulouwa Al Rachid : La guerre contre l’EI ou la résurgence des frontières intérieures en Irak

Panel 2 – Les espaces frontières comme enjeux politiques

Discutant/Chair Sébastien Boussois (CCMO)

Pierre Berthelot : L’enjeu hydrique dans la délimitation des frontières d’Israël
Irène Salenson : Multiples frontières de Jérusalem
Clémence Lehec : Graffitis palestiniens et frontières incorporées
Dima Alsajdeya : Un regard sur des villages palestiniens sapés par l’édification du mur de séparation

Panel 3 – Les frontières et marges des Etats face aux révolutions arabes

Discutant/Chair Stéphane Cartier (PACTE)

Clément Steuer : Rôle des frontières dans la construction des scènes politiques arabes
Sami Ben Fguira et Taher Dhif Allah : Bengardane, une ville à l’épreuve de la révolution
Ali Bensaad : Libye, reconstruction étatique et bouleversements territoriaux

Panel 4 – Etats et communautés: les usages de la frontières

Discutant/Chair Manon Nour Tannous (CCMO)

Jordi Tejel : De l’usage des frontières: le cas kurde
Rukiye Tinas : Caractère frontalier de la Turquie et impact sur sa politique étrangère
David Rigoulet-Roze : La frontière méridionale saoudo-yéménite

Participants

– Loulouwa Al Rachid , Docteure en science politique, chercheur dans le programme WAFAW au CERI-Science Po.
– Dima Alsajdeya, Doctorante en relations internationales à Paris II.
Sami Ben Fguira, Doctorant à la Faculté des Lettres et science humaines de Sfax.
– Ali Bensaad, Chercheur CNRS à l’IDEMEC (Aix-en-Provence) et à l’Ecole Française de – Rome.
– Pierre Berthelot, Enseignant, chercheur-associé à l’IPSE, membre de l’Académie de l’eau, secrétaire général du CCMO.
– Sébastien Boussois, Président du CCMO, chercheur associé à l’ULB (Bruxelles), CJB (Rabat), et OMAN (UQAM Montréal).
– Stéphane Cartier, Chercheur au laboratoire PACTE (Grenoble) et à l’IFPO (Beyrouth).
– Michel Foucher, Professeur de géopolitique appliquée, Collège d’études mondiales, Fondation Maison des Sciences de l’Homme (Paris).
– Clémence Lehec, Doctorante en géographie à la Faculté de l’Université de Genève.
– Daniel Meier, Docteur en Sociologie politique (IHEID), ingénieur de recherche au CNRS -PACTE, programme EUBORDERSCAPES.
– David Rigoulet-Roze, Enseignant et chercheur, consultant en relations internationales, rattaché à l’Institut d’Analyse Stratégique (IFAS) et chercheur associé à l’Institut européen de recherche sur la coopération Méditerranéenne et Euro-arabe (MEDEA) de Bruxelles.
– Cyril Roussel, Docteur en géographie, chercheur CNRS au laboratoire MIGRINTER
– Irène Salenson, Docteur en urbanisme, chercheur associé au Centre de recherches français de Jérusalem.
– Richard Schofield, Maître de conférences en géographie politique au King’s College (Londres), éditeur émérite de la revue Geopolitics en 1996 et co-initiateur de l’International Boundaries Research Unit (Durham).
– Clément Steuer, Chercheur en science politique, CEDEJ (Le Caire) et Institut Oriental de l’Académie des sciences de la République tchèque.
– Taher Dif Allah, Doctorant à la Faculté des Lettres et science humaines de Sfax.
– Manon Nour Tannous, Doctorante en relations internationales rattachée au centre de recherche Thucydide (Paris II, Panthéon-Assas), chercheur associé à la Chaire d’histoire contemporaine du monde arabe du Collège de France et responsable éditorial du CCMO.
– Jordi Tejel, Professeur boursier au Département d’Histoire internationale du Graduate Institute (IHEID), Genève.
– Rukiye Tinas, Docteur en science politique de l’Université de Lyon et enseignante à l’Université Eskişehir Osmangazi et  à  l’Université Galatasaray.
– Diana Zeidan, Doctorante en sociologie à l’Ecole des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS/ IRIS).